Le Premier britannique est bien obligé de promettre aux peuples de la grande île une consultation générale quant au devenir de l'Europe anglaise, tant les indices de satisfaction sont bas chez les Rosbifs - 60% voient l'UE comme un mauvais choix. N'est-ce pas un peu quand même manière de charger la mule de maux qualifiés d'européens comme nous aimons à le faire en France alors que nous sommes nous-mêmes fautifs ? Quand l'Europe dit que l'eau nitraté que l'on fait boire aux gens dans certaines provinces d'agriculture intensive va les tuer, est-ce de l'ingérence après tant d'années d'inaction nationale ? N'a-t-elle pas raison ? Et de voir de longues cohortes de tracteurs au gasoil fumant manifester pour le droit primordial de polluer durablement nos terres arables me met en colère. On pourrait citer l'hygiène des marchés couverts et de plein vent qui demande à protéger les banques et à les refroidir pour certains périssables comme les viandes. C'est l'Europe ! Pareil pour les hôtels où le client en étage n'est plus condamné à l'ardente incinération en cas de feu puisque les escaliers résisteront désormais à l'incendie plus longtemps. D'accord pour le calibre des boîtes à camembert ! Mais n'a-t-on pas vu aussi nos fabricants de shampoing dissimuler des hausses de prix indues en réduisant leurs conditionnements ? En quoi sommes-nous contraint au fond ? Le plus souvent à débloquer des améliorations sanitaires et commerciales qui tardent à venir par la résistance corporatiste d'oligopoles juteux. J'attends que l'Europe se mêle du scandale des taxis parisiens engoncés dans leur numerus clausus puisque personne ne sait mettre au pas cette corporation de parasites ! Et la liste est longue ici de coups de pied au cul qui se perdent.
Mais ce qui sans doute nourrit le plus l'ire anglaise, c'est l'immixtion dans leur droit plus que la métrication des poids et mesures. Le vote des prisonniers demandé par la CEDH (Cour européenne des droits de l'homme) a hérissé toute la classe politique ; l'appel à Strasbourg de jugements rendus par les tribunaux de la Couronne est ressenti comme une humiliation. N'a-t-on pas vu une audience contre le Royaume-Uni concernant la condamnation à perpétuité pour assassinat de trois requérants qui y voient un traitement inhumain et dégradant en ce qu’ils n’ont aucun espoir d’être libérés ? On a mobilisé 17 juges pour ça ! Il y a eu aussi des empiettement continentaux sur le droit coutumier dont les Anglais sont jaloux. A telle enseigne qu'est régulièrement évoquée le retrait britannique de la CEDH, cour lointaine, inutile et bigarrée¹, la Couronne s'en étant passée durant des siècles !
Si les Britanniques se braquent, c'est contre une attaque de leur identité, une critique de leur mode de vie, une atteinte à leurs particularismes. Et ils en ont plus que tous les autres. Qui se souvient du scandale du lait UHT en lieu et place du lait frais cru laissé par le laitier le matin ? Ils ne sont pas pour autant victime d'un complexe autarcique puisqu'ils sont nombreux à partir épouser des moeurs exotiques en se retirant en Dordogne, au Portugal ou en Méditerrannée ; mais ils détestent être contraints.
Or la crise européenne de la social-démocratie oppose deux réactions, soit la réforme en profondeur de l'Etat-providence en faillite, soit la solidarité européenne pour sauver les cigales, et pas un peu des deux comme on veut le faire en France car ça ne marche pas. La Grande Bretagne n'est pas sur cette épure. Indépendante hors de l'Eurogroupe, elle améliore ses comptes en réduisant la dépense publique, en manipulant sa devise et en actionnant la Banque d'Angleterre pour les liquidités. Les Anglais n'ont pas de principes mais des intérêts. Leur première industrie étant la banque, on comprend qu'ils soient hyper-sensibilisés à tout carcan des transactions et des bilans (règles de Bâle). Son autre "industrie" est la créativité et l'esprit entrepreneurial. Tout ce qui touche à la liberté d'entreprendre les fait hurler. C'est la seule économie européenne à créer des emplois en nombre en pleine récession ! Le guide Angleterre.org fait la liste des avantages dont dispose l'économie :
Les réactions du ministre français des Affaires étrangères à la déclaration britannique sont pour la galerie. M. Fabius a tort de dire que l'Europe n'est pas à la carte, alors que les dérogations foisonnent (cf. le Danemark), à commencer par la monnaie commune. Quant à Mme Merkel qui s'empresse d'inviter M. Cameron à la rencontrer pour parler franchement des griefs anglais, elle dévoile sans y toucher son positionnement de leader naturel du continent. La Commission européenne et les présidences croupions de Bruxelles n'ont pas moufté. Alors M. Cameron fera-t-il son référendum ? Rien n'est moins sûr. La Grande Bretagne tire des bénéfices importants de l'Europe puisque le continent est son débouché naturel. Napoléon s'en était aperçu. Rester dans la zone de libre-échange, l'Espace économique européen (comme la Norvège et la Suisse), sans les contraintes institutionnelles est un voeu pieux. L'imbrication des économies est poussée plus loin qu'on ne l'imagine et l'Europe continentale délaissée ne fera pas de cadeaux aux "traîtres". Peut-être révisera-t-elle les conditions d'accès à son marché commun. Auquel cas, les investisseurs étrangers, nombreux au Royaume Uni, acteront de la perte du débouché continental gratuit de plusieurs millions de consommateurs solvables pour y transporter leurs usines. Bien des projets d'investissements sur crédits européens s'arrêteront aussi. L'économie britannique n'est plus assez autonome ni riche pour faire ce caprice. Par contre, l'occasion est donnée aux Anglais de poser la question institutionnelle carrément et d'emmerder les fédéralistes, en exigeant sans jamais mollir que les peuples soient enfin consultés sur le régime futur de la grande communauté européenne, confédération ou fédération. On sait d'avance les réponses épidermiques de l'électorat et cette déstabilisation des certitudes bruxelloises obligera au débat de fond, à tous les niveaux, ce qui pourrait prendre deux ans au moins, le temps que M. Cameron gagne les prochaines élections. Car c'est aussi de ça qu'il s'agit.
Mais ce qui sans doute nourrit le plus l'ire anglaise, c'est l'immixtion dans leur droit plus que la métrication des poids et mesures. Le vote des prisonniers demandé par la CEDH (Cour européenne des droits de l'homme) a hérissé toute la classe politique ; l'appel à Strasbourg de jugements rendus par les tribunaux de la Couronne est ressenti comme une humiliation. N'a-t-on pas vu une audience contre le Royaume-Uni concernant la condamnation à perpétuité pour assassinat de trois requérants qui y voient un traitement inhumain et dégradant en ce qu’ils n’ont aucun espoir d’être libérés ? On a mobilisé 17 juges pour ça ! Il y a eu aussi des empiettement continentaux sur le droit coutumier dont les Anglais sont jaloux. A telle enseigne qu'est régulièrement évoquée le retrait britannique de la CEDH, cour lointaine, inutile et bigarrée¹, la Couronne s'en étant passée durant des siècles !
Si les Britanniques se braquent, c'est contre une attaque de leur identité, une critique de leur mode de vie, une atteinte à leurs particularismes. Et ils en ont plus que tous les autres. Qui se souvient du scandale du lait UHT en lieu et place du lait frais cru laissé par le laitier le matin ? Ils ne sont pas pour autant victime d'un complexe autarcique puisqu'ils sont nombreux à partir épouser des moeurs exotiques en se retirant en Dordogne, au Portugal ou en Méditerrannée ; mais ils détestent être contraints.
HCBC à Canary Wharf |
Grande flexibilité, bureaucratie relativement simple, faibles charges sociales, fiscalité attractive pour les entreprises, faible coût total du travail - par exemple les salaires + charges + éléments non-salariaux atteignaient en moyenne 20,1€ de l'heure fin 2011, comparé à 34,2€ en France, d'après Eurostat - facilité de création d'entreprises, main d'oeuvre anglophone, souvent créative, positivisme à l'égard du travail, avancement au mérite ancré dans les moeurs, climat social plutôt consensuel (peu de grèves), bons réseaux informatiques, très bonne intégration entre universités, recherche et entreprises, assez bien placée dans les secteurs d'avenir et sas de décompression entre zone euro et zone dollar.
Ils ont quelques désavantages aussi :Manque d'employés qualifiés par endroit, faiblesses des compétences en langues étrangères parlées, productivité moyenne (tea time), routes et rail souvent saturés par insuffisance de l'investissement en infrastructures de transports, transports publics chers, surtout les trains, déséquilibre démographique trop fort entre les provinces, banques timorées dans les prêts aux entreprises, cherté des études supérieures et écart croissant dans la répartition des richesses.
Un Defender en pleine "crise" |
la Horseguard |
(1) composition de la Grande Chambre de 17 juges et 3 suppléants dans l’affaire Vinter et autres c. le Royaume-
Uni :
Dean Spielmann (Luxembourg), président,
Josep Casadevall (Andorre),
Guido Raimondi (Italie),
Ineta Ziemele (Lettonie),
Mark Villiger (Liechtenstein),
Isabelle Berro-Lefèvre (Monaco),
Dragoljub Popović (Serbie)
Luis López Guerra (Espagne),
András Sajó (Hongrie),
Mirjana Lazarova Trajkovska (Ex-République Yougoslave de Macédoine),
Nona Tsotsoria (Géorgie),
Ann Power-Forde (Irlande),
Nebojša Vučinić (Monténégro),
Linos-Alexandre Sicilianos (Grèce),
Paul Lemmens (Belgique),
Paul Mahoney (Royaume-Uni),
Johannes Silvis (Pays-Bas),
Işıl Karakaş (Turquie),
Paulo Pinto de Albuquerque (Portugal),
Aleš Pejchal (République Tchèque)
Uni :
Dean Spielmann (Luxembourg), président,
Josep Casadevall (Andorre),
Guido Raimondi (Italie),
Ineta Ziemele (Lettonie),
Mark Villiger (Liechtenstein),
Isabelle Berro-Lefèvre (Monaco),
Dragoljub Popović (Serbie)
Luis López Guerra (Espagne),
András Sajó (Hongrie),
Mirjana Lazarova Trajkovska (Ex-République Yougoslave de Macédoine),
Nona Tsotsoria (Géorgie),
Ann Power-Forde (Irlande),
Nebojša Vučinić (Monténégro),
Linos-Alexandre Sicilianos (Grèce),
Paul Lemmens (Belgique),
Paul Mahoney (Royaume-Uni),
Johannes Silvis (Pays-Bas),
Işıl Karakaş (Turquie),
Paulo Pinto de Albuquerque (Portugal),
Aleš Pejchal (République Tchèque)