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Une fièvre de cheval !

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Les puceaux économiques "découvrent" le monde du trading. Le seul à y comprendre quelque chose à l'antenne est le député Bové parce qu'il a fait un rapport sur les filières agro-alimentaires intra-européennes le 4 mai 2010 au parlement de Strasbourg. Rapport adopté. Il préconisait les filières courtes pour dégraisser le prix producteur des marges en cascade à suivre afin de hausser mécaniquement le revenu du paysan. Dans le Scandale Findus, nous y sommes en plein même s'il n'y a aucun paysan dans le schmilblick cette fois. Remontons la montre.

Il est fort improbable qu'un abattoir, homologué EU où que ce soit, trafique sur la viande, car c'est le grand marché commun qui est son seul respirateur contre l'asphyxie des importations des pays émergents à bas coûts. Il ne va pas étiqueter "boeuf" une viande que tout professionnel de la cheville va identifier en couleur et texture comme de la viande équine. Elle peut aussi être bloquée en douane car il ne s'agit pas ici de cent kilos mais de tonnes qui ne passent pas inaperçues. Pourquoi le patron de l'abattoir risquerait-il le suicide économique et la case prison. Mafia ?
C'est la chaîne physique qu'il faut suivre car la chaîne de trading ne voit pas le produit, elle travaille sur factures, certificats de qualité-quantité, documents de transport et douane électronique. Quand la maison Spanghero de Castelnaudary dit à la radio qu'elle n'a pas ouvert les paquets et s'est contentée de faire suivre (ndlr: sous ses propres factures et son numéro de TVA intracommunautaire), elle avoue un malaise car un préparateur de viande ne doit pas jouer au trader aveugle : dans la chaîne de transformation, sa marque imprimée sur le produit est jugée comme une garantie par les acteurs d'aval. C'est comme une pièce de sous-traitance automobile qui est emboutie avec le losange chez Renault, quelle que soit sa provenance elle devient une pièce Renault, donc top-qualité (clic).
On peut croire aussi que la Tavola (Comigel) de Capellen n'a pu être trompée sur la race que si la viande a été transformée chez Spanghero, car couleur et texture toujours, ne peuvent pas tromper une chaîne de traitement final, sauf...sauf si le cheval était incorporé volontairement dans la préparation finale à base de boeuf ; mais faire cela ne peut pas passer inaperçu des ouvriers qui parlent. C'est un peu ce qu'indiquent les prélèvements anglais, la teneur en cheval est variable de 0 à 60 et 100%. Il y a mélange quelque part et on ne voit pas où, sinon à Castelnaudary ou à Capellen. Les traders même inutiles dans la filière sont à mon avis hors-course.

La question peut se poser maintenant sur l'appel au trading de la part d'une société aussi établie que Spanghero (plus rien à voir avec la famille rugbystique). Les grandes maisons traitent au plus près de la source (coopérative) sinon à la source. C'est vrai dans l'acier comme dans le colza. Très peu de produits sont captifs du trading¹. Tout intermédiaire a un prix de chaîne, tant de marge commerciale que de coût de contrôle. Les "traders" sont utilisés par de petites structures multi-produits qui n'acquièrent jamais une stature impressionnante sur un seul marché-produit pour pouvoir entrer à la source. Les acteurs de la chaîne travaillent à faible marge sur des dossiers import-export nombreux, si possible répétibles, et sont rompus aux opérations de transport et douane qu'ils exécutent très vite, comparé parfois aux services achats stratifiés des grosses entreprises qui remuent monts et montagnes à peu d'effet, la preuve. Soit l'acheteur de Spanghero est un fainéant, soit il a un intérêt personnel à acheter au trading, car son entreprise de toute façon y perd. Un coup de fil au directeur de l'abattoir Dracula & Co de Transylvanie pour quatre ou dix camions-frigo de découpes bovines prend dix minutes quand on a cette notoriété. Mais aussi, rappelons aux jeunes générations que la filière viande française n'a jamais été exempte d'un soupçon mafieux dans le passé, le circuit de la cheville étant artificiellement long par rapport à nos voisins.

La phénylbutazone est le risque : un moment administré aux humains contre la goutte et les entorses, cet anti-inflamatoire puissant est aujourd'hui interdit en pharmacie et utilisé comme analgésique et antipyrétique pour les chevaux de course, parfois les chiens. En clair, c'est le remède de cheval déconseillé aux hommes ; il tue les globules blancs. Or les Anglais ont découvert de la phenylbutazone dans les résultats d'analyse, ce qui leur a mis la puce à l'oreille du cheval. Or le cheval de Dracula est un vieux trait !





(1) Les produits "pur trading" sont rares : dans les années 80, l'urée est arménienne, les pistaches iraniennes, les noisettes chinoises, les champignons en boîtes pour pizza (pieces and stems) grecs pour ne parler que des denrées. Le sucre, le thé sont aussi des produits de trading avec des chaînes par origine. Sans en être captif, le trading non alimentaire passe du fer à béton, du bitume, du jute, des sacs PP, du ciment, et une foultitude des pièces de rechange, composants etc...

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