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De la supériorité de la monarchie constitutionnelle

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Cité par le Lien légitimiste dans sa dernière livraison (n°52), le père Daniel-Ange de Maupéou d’Ableiges proclame la supériorité de la monarchie à l'occasion du couronnement du roi Philippe Ier de Belgique. Son titre : L’actuelle Pertinence d’une monarchie constitutionnelle annonce un "débat" en dix points duquel le vainqueur est sans surprise le modèle westminstérien. Il n'est pas habituel de lire ce type de synthèse claire et documentée qui ne recoure pas aux poncifs d'usage et n'engage pas dans sa démonstration les lois fondamentales du royaume. Il faut dire que le modèle belge est tout neuf. Daniel-Ange de Maupéou (appelez-le Daniel-Ange) dirige l'Ecole catholique internationale de prière et d'évangélisation Jeunesse-Lumièreà Pratlong dans le diocèse d'Albi. On ne l'attendait pas sur ce terrain. Le voici donc (son article complet est sur son blogue :

I.- Le prince héritier est préparé dès l’enfance à son métier, recevant une éducation, une formation ad hoc sur le long terme, y étant au long des ans initié par son père (ou, pour Philippe, par son oncle). Et assumant pendant des années déjà nombre de missions diplomatiques et de prestations publiques, de réceptions officielles. Assisté qu’il est par différents conseillers politiques. Donc, toujours parfaitement au courant de l’actualité nationale et internationale.

II.- Le peuple le connaît dès sa naissance, a suivi toute sa croissance, sa lente maturation. Ce n’est pas un individu débarquant d'on ne sait où...

III.- Le roi est au-dessus de toutes les querelles, mesquineries, magouilles, guéguerres des partis politiques. Il en est totalement indemne. Il peut vraiment être le représentant, mieux : comme la personnification de son peuple, étant ainsi tout à tous. Un roi partisan est impensable. Il est sans-parti. Hors parti.

IV.- Un roi est reçu, accueilli, car donné. Normalement, sans contestation. Il n’est pas le résultat mathématique d’une implacable, féroce, meurtrière bataille électorale, coûtant des sommes exorbitantes, où les candidats se gargarisant de promesses fallacieuses (dont on sait bien qu’ils ne pourront les tenir), mitraillent leurs adversaires, les salissant à coups de médisances ou de calomnies, tous les coups bas étant permis. Faisant honte à leur pays. Où la victoire n’est emportée au plus juste qu’à quelques centaines de mille voix près, et souvent grâce aux nombreuses abstentions. Victoire au prix de la moitié du peuple vaincu, humilié, amer, si ce n’est révolté. Comment un tel vainqueur peut-il oser ensuite se prétendre le représentant de la nation, le président de tous ? C’est inhumain. Contre-nature.

V.- Les présidents se succèdent à cadence rapide. Les régimes s’effondrent les uns après les autres. Les gouvernements sont sans cesse remaniés, les ministres valsent, les chambres sont régulièrement dissoutes. Les programmes sociaux et économiques, les politiques scolaires et diplomatiques ne cessent de changer au gré des caprices d’un ministre. En République, rien n’est stable. Personne n’assure la continuité ni la stabilité, ne veille sur la fidélité au patrimoine national, à l’héritage des siècles, à l’histoire de la nation. Parfois même on s’en f... À peine a-t-on reconnu la valeur d’un bon président, que son mandat est achevé. Et s’il est mauvais, bonjour les dégâts dans l’attente impatiente des élections. Bref, présidents et gouvernements passent. Le roi demeure. Comme la nation.

VI.- Les présidents ont besoin de beaucoup de temps pour trouver leurs marques, découvrir le pays, autant dans son histoire que dans son actualité. À peine le travail fait : dehors ! Et de devoir recommencer à zéro avec un nouveau. À échelle plus réduite, il en va de même pour ministres, préfets, ambassadeurs. Comment est-ce possible de les muter tous les deux ans maximum ? À peine commence-t-on à connaître à fond son domaine, son département, sa région, le pays auquel on est accrédité : au suivant !

VII.- Une monarchie "moderne", dite constitutionnelle, met à l’abri de toute dérive arbitraire, de toute tentative dictatoriale, le souverain ne pouvant s’arroger aucune prérogative non précisée par la Constitution, dont il n’est que l’interprète et le garant. Alors qu’un système républicain électoral ne met aucunement un président à l’abri d’un totalitarisme idéologique dictatorial ou virant à la dictature, comme nous en faisons l’amère expérience en cette France, se gargarisant pourtant des droits de l’homme. (Hitler a été démocratiquement élu).
Pour revenir à l’actualité belge : le roi y a beaucoup moins de pouvoirs effectifs que les présidents des États-Unis ou de France, mais bien davantage que les monarques de Grande-Bretagne ou des pays scandinaves. Car le discernement et le choix des Premiers ministres qui lui reviennent s’avèrent stratégiquement décisifs.

VIII.- Un roi ne gouverne pas : il règne. Mais joue tout de même un rôle décisif et magistral en politique, par sa seule autorité morale, par l’ascendant que lui donne sa longue expérience, lui conférant une sagesse et un discernement des personnes et des situations unanimement reconnus par la classe politique. Ce fut flagrant pour le roi Baudouin. C’est dire que le côté spirituel, moral l’emporte sur la fonction. Le pouvoir d’un roi tient davantage de sa stature, que des statuts juridiques de son pays. Et son influence personnelle sur les partis et les politiciens est renforcée par sa popularité : le peuple est derrière lui. Cela même est une exigence pour lui. Impérative. S’il veut avoir une vraie influence politique, il lui faut être à la hauteur de la charge, être parfaitement digne de sa fonction — bref, le plus irréprochable possible. S’ajoutant à sa légitimité, son intégrité personnelle est garante de son autorité.
Mais, par ailleurs, sa légitimité n’est pas dépendante de sa popularité. Il n’est pas comme un président, livré, pieds et poings liés aux sondages, aux applaudimats. Il en est royalement (évidence) libre. Politiquement correct. Il n’est pas esclave de petits lobbies, ou des gros magnats des media fabriquant la soi-disant opinion publique. Il est Souverain. Son autorité découle de son intériorité.

IX.- Le roi n’est pas un individu isolé. Il est une famille. Inséparable non seulement de son épouse, mais de ses enfants, frères, sœurs, cousins. C’est toute sa famille que l’on connaît depuis toujours. Cela donne à la vie d’un peuple une dimension familiale très forte. Exigence là aussi, pour le souverain, d’avoir une vie de famille la plus irréprochable possible, vraie école de sainteté pour lui. C’est tout autre chose qu’un président imposant sa concubine comme première dame.

X.- Enfin, un roi ou une reine, on l’aime. On aime sa famille. Cet élément affectif humanise tellement la vie d’un peuple. On peut admirer un bon président. Mais difficilement l’aimer : il ne fait que passer la durée d’un ou deux mandats. Donc, mieux vaut ne pas trop s’y attacher. Baudouin et Fabiola, Paola et Albert ont été profondément aimés. Philippe et Mathilde le seront certainement. Qui a vu lors de l’encièlement du roi Baudouin, tout un peuple, unanime, en larmes, des grands-parents aux petits-enfants, sait de quoi je parle.




Les amateurs auront noté les "entorses" à l'orthodoxie légitimiste ; malgré tout, ce texte parle à la multitude sans interprète obligé. C'est du direct. Merci à Gérard de Villèle d'avoir piqué ce panégyrique au bon endroit.

Le Lien légitimiste
2, Le Petit-Prix
37240 La Chapelle-Blanche-Saint-Martin
(Edition électronique 10 euros les 6 numéros)


 



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