On dit partout que SAR le prince Sixte-Henri de Bourbon Parme aurait claqué la porte de la messe de requiem pour Louis XVI à la basilique de Saint-Denis le 21 janvier dernier. Qu'a-t-il entendu qui le fasse sortir de ses gonds ? Une déclaration du prince Louis de Bourbon absent, lue par un diacre en préambule de l'homélie du Père Pic : dans la déclaration, le prince Louis s'annonce "duc d'Anjou" et "successeur légitime des Rois de France". Le régent de la Communion carliste qui lui dénie tout avenir, a failli faire une attaque et a quitté la nef par l'allée centrale (outrage pour les croyants). Le microcosme est aux cent coups ! On trouvera la relation de ce scandale dans le bulletin climatique du Conseil dans l'espérance du roi en date du 25.01.2016 sous la plume de Franz de Burgos.
Rappelons l'esclandre du prince au barbecue bourbonnien organisé l'an dernier par le prince Charles-Henri de Lobkowicz au château de Bostz, au motif de la présence de l'usurpateur isabélitain Luis-Alfonso de Borbon à l'ascendance de qui il impute les 400000 morts des guerres carlistes (faut jamais mollir). Sa déclaration incendiaire lui avait valu les remontrances acides des docteurs de la Loi.
Ce qu'il supportait jadis dans sa navigation du mouvement royaliste, lui apparaît-il aujourd'hui insupportable ? Ses préférences marquées pour la branche d'Orléans et le mouvement d'Action française s'accommodent-elles de la thèse interruptive qu'il promeut contre les Bourbons d'Espagne ?
Après tout, la Monarchie de Juillet n'a-t-elle pas sombré comme sa sœur aînée laissant la famille en déshérence si « le Roi ne meurt pas en France »?
Sixte-Henri de Bourbon Parme est le champion de la thèse interruptive, qui fonde sa conviction sur la devise percutante de la succession capétienne : « Le Mort saisit le Vif » : si la main du mort ne trouve que le vide, les compteurs sont remis à zéro. Dans un entretien donné il y a treize ans au Libre Journal de la France Courtoise (n°283 du 17.01.2003 - clic - merci Vexilla Regis), il développait cette rupture dynastique. Mais il y a deux ans, à Var Matin, le prince élaborait les conditions de ses propres prétentions à régner :
Il remonte le principe de non-interruptibilité aux rois carolingiens. On comprend bien qu'à sa mort, le décès sans héritier du roi carolingien permettait d'ouvrir le champ des possibles et qu'une lignée nouvelle était choisie sur des critères multiples de naissance, de position sur l'échelle féodale, de possessions foncières et de forces disponibles. L'écho le plus récent de cette coutume disruptive est l'élection d'Hugues Capet à Senlis en 987 à la couronne des Francs. Naîtront alors, au fil des questions dynastiques, les lois de dévolution de la couronne de France pour préserver la lignée capétienne tout en évitant les désordres successoraux. Ces lois formeront plus tard un corpus constitutionnel appelé "Lois Fondamentales du Royaume De France". Les amateurs pressés peuvent cliquer ici.
Mgr Sixte-Henri part du principe que le royaume de France a disparu corps et biens et qu'on efface l'ardoise. Il n'y a pas de rois souterrains. Mort, c'est mort. Prétend-il n'est pas sûr et certain, d'autant que célibataire sans enfants, il ne pourrait réparer une interruption que pour en créer une autre quelques temps plus tard. Mais quand on lui demande où se situe-t-il sur l'échiquier politique, il répond sans ambages : Les rois sous l'Ancien régime n'ont jamais été de droite ou de gauche.
Le prétendant pointe l'oreille, à moins que nous ne soyons dans la posture d'un vieux monsieur solitaire qui s'ennuie.
Ph.I des Francs |
Nous abordons là aux rivages du rêve éveillé, et sans doute n'y croit-il pas plus que ça. Mais en cas d'ouverture de la fenêtre d'opportunité, le principe de non-interruptibilité sera invoqué par le plus motivé des outsiders prétendant accéder : le Roi est mort de si longtemps, le Roi c'est moi ! Finalement, qui s'opposerait à Pharamond II de Lorraine-Habsbourg s'il apparaissait à Reims avec l'ADN des Troyens, puisqu'il est de la famille de Priam à la mode de Bretagne ? Un vieux prince de Parme irritable et malpoli ? Et pourquoi pas moi, se sont dit tant de cadres du mouvement royaliste un jour, au second armagnac du soir.
Il me plairait bien ce Mérovingien caché qui réglerait une bonne fois pour toutes cette Querelle dynastique qui nous empoisonne tant.
Postscriptum du lundi soir : Communiqué Duc d'Anjou qui a mis le feu aux poudres à Saint-Denis :
« Monseigneur le duc d’Anjou, Chef de la Maison de Bourbon, successeur légitime des Rois de France, s’associe à la prière des membres de sa famille, du Président et des membres du Comité du Mémorial de France à Saint-Denys comme de tous ceux qui sont venus assister à cette messe célébrée à la Mémoire du Roi Louis XVI en ce jour anniversaire de sa mort. Puisse le Roi-Martyr intercéder pour la France ! »
Le début du texte me signale une fabrication, même si on se doute que le prince Louis ne rédige pas d'habitude ses communiqués lui-même. Celui-ci nous rappelle l'époque du secrétaire Bureau qui ne manquait pas une occasion de proclamer les droits imprescriptibles de son maître. Le prince arrivant à Paris le dimanche suivant pour la messe de la Chapelle Expiatoire organisée elle-aussi par l'IMB des Beauffremont, le communiqué du jeudi était inutile, surtout en ces termes grandiloquents. Quelqu'un avait-il intérêt à cette "provocation" après avoir invité le doyen de Parme au sang chaud, Mgr Sixte-Henri ? Le trouver expliquerait tout.