Olivier Véron réédite Boutang aux Provinciales. Après La Politique comme souci dont nous avions parlé, voici le pamphlet de 1977 Reprendre le Pouvoir. L'éditeur se fendant d'une quatrième de couverture tirée de la conclusion du bouquin, nous aurions mauvaise grâce à vous imposer la nôtre, nous limitant à achever le chapitre.
À l’instant élu la communauté tout entière, par l’effet de l’universelle agression qu’elle a subie, peut être capable de consentir à la décision d’initier un nouvel âge héroïque. Il ne sera certes pas celui des philosophes, nouveaux ni anciens. Les philosophes, s’ils se délivrent de leur préjugé que l’Esprit doit être sans puissance et que tout pouvoir est mauvais, y pourront jouer un rôle moins absurde, finalement, que celui de Platon à Syracuse. Quant aux spirituels, c’est l’un d’eux, Martin Buber, qui prophétisait la bonne modification du pouvoir en un nouvel âge :
« Je vois monter à l’horizon avec la lenteur de tous les processus dont se compose la vraie histoire de l’homme, un grand mécontentement qui ne ressemble à aucun de ceux que l’on a connus jusqu’ici. On ne s’insurgera plus seulement, comme dans le passé, contre le règne d’une tendance déterminée, pour faire triompher d’autres tendances. On s’insurgera pour l’amour de l’authenticité dans la réalisation contre la fausse manière de réaliser une grande aspiration à la communauté. On luttera contre la distorsion et pour la pureté de la forme, telle que l’ont vue les générations de la foi et de l’espoir. »
Un "nouveau Moyen Âge" comme l’ont entrevu Berdiaeff et Chesterton ? Les ricorsi ne sont pas de pures répétitions ni même de simples renouvellements. Sûrement : une manière de rendre vaine l’opposition de l’individualisme et du collectivisme, telle qu’en usent, pour leurs courtes ambitions, les barbares et les freluquets. L’âge des héros rebâtira un pouvoir ; il n’est pas de grand siècle du passé qui ne se soit donné cette tâche : même aux âges simplement humains, où les familles, lassées de grandeur, confiaient à quelque César leur destin, à charge de maintenir le droit commun, le pouvoir reconstruit gardait quelque saveur du monde précédent. Notre société n'a que des banques pour cathédrales ; elle n'a rien à transmettre qui justifie un "appel aux conservateurs" ; il n'y a d'elle, proprement dite, rien à conserver. Aussi sommes-nous libres de rêver que le premier rebelle, et serviteur de la légitimité révolutionnaire, sera le Prince Chrétien.
A commander pour 20 euros seulement sur le site des Provinciales en cliquant ici.
Pour avancer sur Boutang et le pouvoir légitime, on peut consulter la notice de François Huguenin, insérée dans le livre d'Antoine-Joseph Assaf en cliquant là.
À l’instant élu la communauté tout entière, par l’effet de l’universelle agression qu’elle a subie, peut être capable de consentir à la décision d’initier un nouvel âge héroïque. Il ne sera certes pas celui des philosophes, nouveaux ni anciens. Les philosophes, s’ils se délivrent de leur préjugé que l’Esprit doit être sans puissance et que tout pouvoir est mauvais, y pourront jouer un rôle moins absurde, finalement, que celui de Platon à Syracuse. Quant aux spirituels, c’est l’un d’eux, Martin Buber, qui prophétisait la bonne modification du pouvoir en un nouvel âge :
« Je vois monter à l’horizon avec la lenteur de tous les processus dont se compose la vraie histoire de l’homme, un grand mécontentement qui ne ressemble à aucun de ceux que l’on a connus jusqu’ici. On ne s’insurgera plus seulement, comme dans le passé, contre le règne d’une tendance déterminée, pour faire triompher d’autres tendances. On s’insurgera pour l’amour de l’authenticité dans la réalisation contre la fausse manière de réaliser une grande aspiration à la communauté. On luttera contre la distorsion et pour la pureté de la forme, telle que l’ont vue les générations de la foi et de l’espoir. »
Un "nouveau Moyen Âge" comme l’ont entrevu Berdiaeff et Chesterton ? Les ricorsi ne sont pas de pures répétitions ni même de simples renouvellements. Sûrement : une manière de rendre vaine l’opposition de l’individualisme et du collectivisme, telle qu’en usent, pour leurs courtes ambitions, les barbares et les freluquets. L’âge des héros rebâtira un pouvoir ; il n’est pas de grand siècle du passé qui ne se soit donné cette tâche : même aux âges simplement humains, où les familles, lassées de grandeur, confiaient à quelque César leur destin, à charge de maintenir le droit commun, le pouvoir reconstruit gardait quelque saveur du monde précédent. Notre société n'a que des banques pour cathédrales ; elle n'a rien à transmettre qui justifie un "appel aux conservateurs" ; il n'y a d'elle, proprement dite, rien à conserver. Aussi sommes-nous libres de rêver que le premier rebelle, et serviteur de la légitimité révolutionnaire, sera le Prince Chrétien.
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Pour avancer sur Boutang et le pouvoir légitime, on peut consulter la notice de François Huguenin, insérée dans le livre d'Antoine-Joseph Assaf en cliquant là.
On terminera par un témoignage de Juan Asensio sur l'éditeur, dans un de ses rares bons jours, qui n'en a que plus de prix :Les Provinciales, sous forme de lettres confidentielles au rayonnement cependant certain, ont fait du travail d’écriture de quelques-uns le véritable visage littéraire d’une France défigurée.
Juan Asensio, Le Stalker