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Le violon de M. Montebourg

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A quoi lui servirait-il sauf à pisser dedans ? Des analystes sérieux payés au mois égrènent les revers du ténor des prétoires et nous en montrerons quelques exemples pour nos lecteurs de l'Ardèche. Attaquant les "patrons-voyous" - il n'y en a pas d'autres - d'avoir plombé tous ses espoirs de démondialisation protégée en ayant caché leurs intentions funestes, l'amant d'Audrey a porté le fer où ça devait faire mal : le blocage ex-abrupto des décisions économiques de ces entreprises irresponsables. Sauf que depuis la mort de M. Mitterrand, la gestion des affaires a été retirée à l'Etat Français, les performances ayant été absolument époustouflantes : Crédit lyonnais de M. Haberer (supervisé par M. Trichet!), France-Télécom de M. Bon, la liste fait 1 mégaoctet, je vous en fais grâce, mais rajoute aussitôt que les mêmes, une fois privatisés comme Dexia, ou mises entre les mains des mêmes hauts-fonctionnaires se croyant "à la coule", comme la Générale des Eaux, ont couru à de nouveaux désastres¹.

Ainsi donc M. Doux, menacé personnellement par le bouillant ministre, dépose en catastrophe le bilan du groupe à Quimper pour le vendre par appartement, démantèlement explicitement exclu par le ministère ! Mise en cause tout aussi personnellement au motif présumé d'avoir pillé la société malade, la famille Peugeot fut déférée au tribunal d'un expert incontestable (dit-on), M. Sartorius, qui s'est empressé d'avaliser le plan de redressement de M. Varin, pdg de PSA, au grand dam de M. Montebourg qui n'avait dès lors plus de coupable à montrer du doigt. Qu'à cela ne tienne, le génie de la Bastille a retourné le fût du canon encore tiède contre le hollandais Unilever pour lui arracher l'usine marseillaise de Fralib et sa marque de thé "L'Eléphant", en les priant en plus d'acheter la production du repreneur du site, la Communauté urbaine de Marseille. M. Poman, pdg d'Unilever, n'a toujours pas compris pourquoi il devrait perfuser une usine subventionnée (à Marseille en plus) qui veut entrer en concurrence avec ses autres productions et à laquelle il aurait dû faire cadeau d'une marque. C'est sans compter avec l'énergie du désespoir, Arnaud se jette alors sur Sanofi pour lui intimer l'ordre d'employer en France. Le directeur général Viehbacher ne cherche même pas à expliquer que sa firme se retirait d'un certain segment de marché devenu stérile pour se développer ailleurs, ce qu'on ne peut lui interdire. Sanofi est mondial. Ensuite, en vrac, Air France, Arcelor-Mittal, Carrefour, Alcatel-Lucent, Electrolux, Pierre & Vacances, groupe Dim-Playtex-Wonderbra, Société Générale, Coop Alsace, Petroplus, Lohr, Caddie, SNCM, Rio Tinto, Sodimédical, Technicolor..., il en manque c'est sûr, comme Good Year, LyondellBasel, etc.

Seulement, derrière le décor, il y a des gens qui perdent leur travail. Ce qui en soit ne serait qu'un mauvais moment à passer s'ils ne vivaient pas dans une société de plus en plus figée dans des principes désuets. Les ouvriers sont pris dans la nasse idéologique. L'économie moderne est organisée sur un modèle de régénérescence perpétuelle. Les activités obsolètes meurent et leur mort dégage des moyens de développement pour des activités nouvelles. Les soutiens bancaires, les investissements ancillaires et les moyens de production libérés par les cadavres sont redistribués aux vivants. La force de production fait partie de ses moyens, elle en est même le premier atout. S'il peut y avoir des décalages pour chaque situation particulière entre la mort d'activités et la renaissance des autres, dans l'adéquation aussi des compétences, la masse globale de l'économie vivante assure un renouvellement des emplois. La seule condition est de ne pas freiner la renaissance et quand on peut, l'aider. D'où l'importance du foisonnement des innovations, de la créativité des personnes et des équipes, de leur motivation, et d'un soutien à la recherche. Sauf que le modèle soviétique français ne s'y prête pas du tout, à preuve on continue à vouloir punir le succès, la surtaxe de 75% est emblématique ; on se demande même, au vu de la minceur probable de la collecte, si ce n'est pas seulement l'emblème qui était recherché ! A destination de qui le message, reste un mystère.

En attendant la révolution des moeurs économiques - c'est à dire le départ des incapables - il faut parer au plus pressé pour sauver du travail. Et la seule voie ouverte qui aurait quelque effet serait un choc fiscal pour écraser le coût final de production par transfert des contributions patronales vers la plus large assiette fiscale possible, permettant aux entreprises de réafficher des tarifs plus attrayants. Ceci annoncerait une hausse de la CSG, de la TVA, les deux modérées par des réductions drastiques des dépenses inutiles de l'Etat au sens large, un des plus dispendieux d'Europe.
A quoi M. le ministre Sapin répond que « le sujet ce n'est pas l'ensemble des entreprises françaises, c'est le commerce extérieur. Le secteur qui est dans la compétition internationale, il faut le soutenir, il y a des mesures à prendre, y compris des mesures qui peuvent porter sur le coût du travail » ignorant ce disant que tous les plans sociaux ne sont pas des plans "export", il y a aussi une défense contre l'import à assurer. Il dit, pense et réfléchit, reporte ses conclusions en janvier 2013, pendant que l'économie saigne. Lui et ses copains de la promotion Voltaire déambulent de rapports en conférences, se donnent du temps, temps qu'ils n'ont plus. En vérité, il leur est impossible de reconnaître que les dernières mesures du gouvernement Sarkozy-Fillon (tva sociale) étaient sur le bon axe, quand leur président a déroulé comme seul programme électoral l'impéritie des prédécesseurs et l'annulation obligatoire des décisions prises. Gouvernés par des freluquets, nous allons payer très cher nos choix démocratiques. Cela devrait-il nous servir de leçon ? J'en doute !


(1) Cette difficulté est due en particulier à toute une génération de hauts fonctionnaires ultralibéraux. Bien que dépourvus de toute expérience du marché et de la concurrence, ils se sont imaginés, à partir de la fin des années 1980, que, puisqu’ils avaient été bons élèves à l’école pendant leur adolescence et qu’ils avaient passé avec succès des concours très difficiles à l’âge de 20 ans, ils allaient pouvoir sans problème faire des miracles sur le marché mondial si on les propulsait du jour au lendemain à la tête de grandes entreprises nouvellement privatisées. Mais quand les clients, les fournisseurs et les banquiers n’ont plus été des copains de promo de l’ENA, les choses se sont rapidement gâtées… (Guillaume Duval)


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