Elu député de Saint-Affrique (Aveyron) à la Chambre bleu horizon du 16 novembre 1919, le général Edouard de Castelnau chuta aux élections suivantes de 1924. Et pourtant il emplissait les salles, les halles, préaux et marchés. L'engouement populaire continua même après l'élection perdue et son mouvement ultra-catholique mobilisa des manifestants dans toute la France en prévisions des élections de 1928, par exemple : 10000 à Saint-Etienne le 22/02/1925, 6000 à Evreux le lendemain et jusqu'à 100000 à Nantes le 3 mars. La Fédération nationale catholique assembla jusqu'à 1832000 électeurs dans ses meetings en 1925 et 1926 mais s'abstint de former un parti politique puissant, par haine du régime des partis, source déjà de tous les maux de la IIIè République.
Le général de Castelnau était un croyant dévoré par sa foi comme Jean Lassalle est un berger passionné par son païs. "Catholiques et Français toujours" chantait-on dans les rogations, et pourtant sur une terre aussi enracinée dans le catholicisme que le Rouergue (qui jamais ne passa ni aux Cathares, ni à la Réforme), Castelnau perdit ! Le fonds catholique rouergat était par endroit recouvert par les aspirations au mieux-vivre d'une classe ouvrière malmenée comme dans le Millavois ou le Bassin houiller. Les politologues savent qu'il y a une énorme différence entre les spectateurs en meetings, convaincus, curieux, hostiles s'informant, et les électeurs dans le secret de l'isoloir. Bien sûr que les fils des Ruthènes entendaient parfaitement la logique intransigeante de Castelnau, son aversion de la franc-maçonnerie et sa posture de "force" face à l'Allemagne déclarée génétiquement belliqueuse malgré la ruine du Reich. Mais comme partout ailleurs, les hommes en avaient assez de la guerre. Chaque village avait maintenant son monument aux morts, bien rempli, chaque famille les photos des pères, oncles et fils barrés d'un crêpe noir sur le buffet, et si la vigilance était acceptée, la promesse de paix de la Société des Nations était plus attrayante. Alors les catholiques se divisèrent à maints motifs, et les intérêts particuliers de chacun l'emportèrent.
La campagne présidentielle 2017 de Jean Lassalle fut celle des convictions de bon sens enracinées dans la sincérité et portées avec truculence et vigueur. Elle a obtenu un grand écho partout où le candidat s'est présenté, mais dans les urnes l'électeur a réagi de façon utilitariste, gérant son avenir en fonction des probabilités d'interférence avec ses préoccupations personnelles. C'est un des défauts du suffrage universel, la qualité ne sert à rien pour convaincre le citoyen confronté dans l'isoloir à ses propres soucis ! A preuve, le niveau très insuffisant du personnel politique élu.
Sur le fond, on peut être déçu du faible score d'un candidat si bien planté dans le décor. Un million de voix était, à notre avis, le seuil déclenchant quelque chose de pérenne. Le score du ministère est de 432.915 voix, très en dessous de nos espérances ; à rapprocher des 649.934 bulletins blancs qui auraient trouvé plus d'écho en votant Lassalle. L'aventure du bon géant s'arrête là.
Que Jean Lassalle soit ici remercié pour sa participation opiniâtre à l'élection présidentielle et pour son discours de vérité. Pour un vieil occitan comme moi, son monde est aussi le mien et ce fut un réel bonheur de l'entendre et de comprendre tout ce qu'il y avait de non-dit derrière son propos. Il fut (au sens viril) un des rares hommes à temps plein de cet exercice, cela ne pouvait suffire. Le second tour sent déjà le pipi de la vieille politique politicienne, les prébendiers se ruent, les tocards s'échauffent, on combine les prochaines législatives. Je vais tailler mes bambous (de Prafrance) et rafraîchir mes esches tortillantes pour dimanche en huit. Quittons-nous sur un hymne à l'Aubrac et à ses buronniers, bien loin de la vallée d'Aspe mais si proche du cœur puisque ces cantons du haut plateau ont donné beaucoup plus de voix à Jean Lassalle que la moyenne nationale.
Le général de Castelnau était un croyant dévoré par sa foi comme Jean Lassalle est un berger passionné par son païs. "Catholiques et Français toujours" chantait-on dans les rogations, et pourtant sur une terre aussi enracinée dans le catholicisme que le Rouergue (qui jamais ne passa ni aux Cathares, ni à la Réforme), Castelnau perdit ! Le fonds catholique rouergat était par endroit recouvert par les aspirations au mieux-vivre d'une classe ouvrière malmenée comme dans le Millavois ou le Bassin houiller. Les politologues savent qu'il y a une énorme différence entre les spectateurs en meetings, convaincus, curieux, hostiles s'informant, et les électeurs dans le secret de l'isoloir. Bien sûr que les fils des Ruthènes entendaient parfaitement la logique intransigeante de Castelnau, son aversion de la franc-maçonnerie et sa posture de "force" face à l'Allemagne déclarée génétiquement belliqueuse malgré la ruine du Reich. Mais comme partout ailleurs, les hommes en avaient assez de la guerre. Chaque village avait maintenant son monument aux morts, bien rempli, chaque famille les photos des pères, oncles et fils barrés d'un crêpe noir sur le buffet, et si la vigilance était acceptée, la promesse de paix de la Société des Nations était plus attrayante. Alors les catholiques se divisèrent à maints motifs, et les intérêts particuliers de chacun l'emportèrent.
La campagne présidentielle 2017 de Jean Lassalle fut celle des convictions de bon sens enracinées dans la sincérité et portées avec truculence et vigueur. Elle a obtenu un grand écho partout où le candidat s'est présenté, mais dans les urnes l'électeur a réagi de façon utilitariste, gérant son avenir en fonction des probabilités d'interférence avec ses préoccupations personnelles. C'est un des défauts du suffrage universel, la qualité ne sert à rien pour convaincre le citoyen confronté dans l'isoloir à ses propres soucis ! A preuve, le niveau très insuffisant du personnel politique élu.
Sur le fond, on peut être déçu du faible score d'un candidat si bien planté dans le décor. Un million de voix était, à notre avis, le seuil déclenchant quelque chose de pérenne. Le score du ministère est de 432.915 voix, très en dessous de nos espérances ; à rapprocher des 649.934 bulletins blancs qui auraient trouvé plus d'écho en votant Lassalle. L'aventure du bon géant s'arrête là.
Que Jean Lassalle soit ici remercié pour sa participation opiniâtre à l'élection présidentielle et pour son discours de vérité. Pour un vieil occitan comme moi, son monde est aussi le mien et ce fut un réel bonheur de l'entendre et de comprendre tout ce qu'il y avait de non-dit derrière son propos. Il fut (au sens viril) un des rares hommes à temps plein de cet exercice, cela ne pouvait suffire. Le second tour sent déjà le pipi de la vieille politique politicienne, les prébendiers se ruent, les tocards s'échauffent, on combine les prochaines législatives. Je vais tailler mes bambous (de Prafrance) et rafraîchir mes esches tortillantes pour dimanche en huit. Quittons-nous sur un hymne à l'Aubrac et à ses buronniers, bien loin de la vallée d'Aspe mais si proche du cœur puisque ces cantons du haut plateau ont donné beaucoup plus de voix à Jean Lassalle que la moyenne nationale.
Amoun, amoun dins la montanha,
Al mièg de cada pastural,
Din l'èrba espessa e la ginçana,
Trobaretz un trace d'ostal.
Lo cantalès, lo vedelièr,
Amb lo pastre,
I possan de cranes aücs,
Aiqui l'avètz nostre masuc.
Quand dintraretz dins la cosina,
I veiretz coma mobilièr,
Al prèp d'una taula pauc fina,
Los badinhons e los colièrs.
E al darrièr dins lo terrièr,
La bona cava,
Dins la frescor e dins l'escur,
Garda la forma del masuc.
E tot amont jost la tiulada,
Al ras del fen dels vedelons,
Cadun plegat dins sa fleçada,
Los omes barran los uèlhons.
Se dins la nuèch bufa en gisclent,
La cantauesa,
Darrèr lo pargue rescondut,
S'enduèrm lo tropèl del masuc.
E lo matin plan revilhats,
Dins l'aubièra e los pès nuds,
Amb la gèrla e lo farrat,
S'en van los omes del masuc.
Quand los vedèles an fach un brigal,
Una tetada,
Cada tetina sul farrat,
Es una brava font de lach.
Quand a la fin d'un despartin,
Tastaretz la forma d'Aubrac,
Pensaretz que ser e matin,
Los cantaleses an trimat
Per vos donar coma dessèrt,
Lo bon formatge,
E lor diretz din un aüc :
"Viva los omes del masuc !"
Viva totes los cantaleses,
Que fan la forma e l'encalat,
Viva los pastres de las devesas,
Al mièg de lor tropèl daurat.
Viva los rols, los vedelièrs,
De la montanha,
E que tojorn sus cada truc,
Demoran dreches los masucs.