Les élections législatives de dimanche prochain ouvrent le dilemme crucial de notre démocratie : la procédure doit-elle représenter le pays ou bien gouverner le pays ? Tout dépend du jeu de miroir entre les organes exécutif et législatif. A quoi sert-il de représenter au parlement toutes les idées du pays, même idiotes, sinon à prévenir que l'opposition ne se transporte des chambres à la rue ? L'histoire nous apprend pourtant que confiner la contestation dans les hémicycles ne garantit pas la tranquillité en voirie. Sous le quinquennat Hollande, l'expression ouverte des oppositions de tous bords au palais Bourbon n'a pas diminué les manifestations de mauvaise humeur contre la loi "travail" du ministre El-Khomri, l'agitation étant quasiment professionnelle en France dès lors que la démocratie hurlante prime sur la représentation démocratique institutionnelle, on se demande à quoi servent toutes ces précautions constitutionnalisées. Les Frondeurs du Parti socialiste ont pourri tous les débats et n'ayant obtenu gain de cause ni pu renverser le gouvernement par crainte des résultats fâcheux d'une dissolution de l'Assemblée nationale, ils ont déporté la guérilla chez les centrales syndicales et les factieux.
La France dans ses trois déficits*, écrasée par une dette souveraine incommensurable, la bombe à retardement de la démagogie rampante, ne peut plus s'abandonner à ces gamineries extrémistes avant de commencer à réduire le périmètre étatisé qui la saigne. D'un côté le gauchisme bolivarien qui a partout échoué au prix d'une paupérisation extrême des classes populaires, de l'autre le parti de la cécité camouflant un trust politique familial dont la feuille de route est d'en vivre. En attendant que la Droite construise un parti conservateur fondé sur des principes solides et permanents, principes élaborés dans une doctrine politique capable de se battre à parité sur le théâtre du monde, le choix des électeurs responsables est limité à trois partis en capacité de gouverner sinon de débattre positivement sur la réforme nécessaire du pays : LREM, UDI, LR. Voter pour quiconque d'autre est perdre son temps. Que les éructations des démagogues en mal de prébendes ne fassent pas dévier le vote d'intelligence. Cerise sur le gâteux, le président Macron n'est pas hostile aux royalistes même s'il n'est pas monarchien encore.
(*) budgétaire, commercial et social
- LREM, la République en marche, est le centre-gauche du spectre politique utile et l'amalgame rare d'une large coalition non négociée pour la réforme. Il y a de tout, porté par la jeunesse d'esprit, un angle neuf, la lassitude de voir et revoir toujours les mêmes ; les observateurs lui promettent une large victoire en sièges dans le sillage de la présidentielle régénérante sous l'ombre du messie envoyé aux hommes par la haute bourgeoisie fatiguée des connards.
- LR, les Républicains, est devenu un syndicat de perclus dont le programme recouvre celui de LREM avec des exigences plus prononcées dans le domaine économique, quoique tempérées par des sondages défavorables, en fait c'est le plan Juppé. Des états d'âme dispersés fracturent le parti, tout au moins ont fortement entravé la propagande électorale en portant en avant disputes personnelles et scandales qui l'affaiblissent. Le premier ministre du gouvernement est issu de ses rangs, ainsi que les ministres de Bercy.
- UDI, l'Union des démocrates et indépendants est l'héritière du parti giscardien. C'est le centre-droit non-godillot et européiste clairement assumé. Force d'appoint, parti charnière, parti balance, la démocratie à la merci du nombre.
Tous ceux qui gravitent autour de ces trois partis viennent faire de la figuration, ou chassent les indemnités parlementaires, à la réserve près que dans chaque circonscription peuvent se rencontrer comme ci-dessous des personnalités politiques parfaitement recommandables et méritantes qu'il serait disgracieux de saquer !
Il demeure quand même une sorte d'exception française qui n'est peut-être pas innocente dans nos déboires démocratiques : à l'inverse de tous nos voisins et concurrents de l'OCDE, ce n'est pas le parlement qui forme le gouvernement mais le président élu au suffrage universel qui forme l'hémicycle susceptible de lui donner pouvoir. C'est du Jospin, quand il a choisi l'ordre des élections législatives et présidentielle au moment de l'instauration du quinquennat, mais c'est aussi une dérive monarchique mal comprise dans l'esprit supposé des institutions. Les textes parlent autrement. Ainsi dans la configuration d'aujourd'hui le président élu n'est pas issu d'un parti installé mais plébiscité. La rencontre gaullienne d'un peuple et d'un chef trouve sa pleine expression dans l'élection d'Emmanuel Macron. L'assemblée nationale semblerait superfétatoire avec cette prime populaire à l'exécutif mais il n'est pire danger qu'un gouvernement n'ayant à répondre de rien devant aucune représentation démocratique sauf à chercher le nihil obstat de l'autocrate.
La législature va être intéressante surtout dans sa résistance à la pression de la rue d'un côté et celle d'un président actif et intelligent de l'autre. Ne mettez pas n'importe qui sur les bancs, jouez les personnalités avant les programmes ! Mais attention : voter blanc en circonscription où généralement plus d'une douzaine de candidats s'offrent aux suffrages des électeurs est proprement débile. S'abstenir ou bouder c'est donner procuration à autrui, ne pas se plaindre ensuite. Et tant pis si aucun candidat royaliste ne peut percer ; c'était écrit dans le logiciel de préparation ; on y reviendra encore et encore.
Pliez les gaules, urnez dimanche !
Arnaud Richard (UDI), un vrai bosseur ! |