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Acqua Alta au Grand Canal

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Venu voir la grande marée d'automne qui préfigure le naufrage d'une cité promise au fond depuis toujours mais qui jamais ne sombre, je m'étonnais d'entendre derrière les carreaux la pulsation du Grand Canal dont on ne distinguait plus au bord que les pieux de quai dans la lumière grise du soir. On eut dit que la ville se lavait dans un immense bidet. Les palazzi éclairés qui dansaient sur l'eau participaient de cette éternité vénitienne que rien ne trouble, un miracle unique au monde. Et mon portable tinta. Quelqu'un rompait le charme pour me rappeler qu'on était vendredi et que rien n'était fait pour le billet promis :

Si jamais un consensus monarchique se fait en France, je ne l’imagine pas passéiste, mais au contraire éblouissant de nouveautés (Vladimir Volkoff dénoncé par Cheyenne Carron).

Et c'est bien là que tout commence !

Les royalistes français sont-ils un obstacle à la restauration monarchique ?
Question subsidiaire : pourquoi cela n'a pas vraiment d'importance ?

Soyez concis, je ramasse les copies dans trois quarts d'heure.


Le royalisme français est-il capable de porter un projet monarchique gagnant au XXI° siècle, c'est la question que ne se posent plus la majorité de ceux qui furent un temps et souvent demeurent, monarchistes. Non. Si le principe prime le prince, il n'a aucune concurrence de ce côté, les descendants de la vieille dynastie sont largement under average et le savent, mais les chapelles veulent ignorer ce défaut dirimant des projets royalistes !

Les chapelains pourraient brandir une autre citation de Vladimir Volkoff : Le discrédit des valeurs traditionnelles est destructeur de l'identité d'un peuple, même sans mauvaises intentions de la part d'un tiers (VV in La Désinformation), sauf que les valeurs traditionnelles du pays ne gisent pas toutes dans ce qui procède aujourd'hui des derniers Capétiens. La nation a expulsé de son corps une race finie et à défaut d'avoir pu la remplacer par une dynastie nouvelle aux yeux grand ouverts, instruite et décidée à commander, elle a dû se débrouiller pour faire avec ! Avec rien. Avec elle-seule ! Avec un régime pour lequel elle ne fut jamais faite, sauf à périr comme en 40. Elle va depuis lors comme un bateau sans capitaine de Charybde en Scylla jusqu'à attendre sans même y croire sa submersion par des peuples jeunes et pleins de vie, qui peut-être l'enterreront, du moins s'ils ne s'intègrent pas dans la matrice française. Nous en doutons de plus en plus. Dans Peuples & Patries Nietzsche n'anticipait pas la négrification de l'espace français mais sa probable germanisation sous la pression démographique, suivie d'une assimilation. Il fondait sa réflexion sur les valeurs éternelles de la France, mère de toutes les civilisations à l'ouest de l'Oural, et nous croyait capables de liquéfier le Hun, de digérer la barbarie importée. Il ne savait rien bien sûr des temps actuels et serait étonné de voir aujourd'hui qui digère qui. Mais sous la république faillie, à moitié dévorée, les valeurs sont toujours là ; il suffirait pour les sauver d'y ajouter la force de les défendre en imposant leur apprentissage, mais l'Etat nous tuerait plutôt, tant l'Ailleurs qui vient de loin a beau mentir !

La plus reconnue de nos valeurs est la finesse d'esprit portée par une langue mathématique qui l'améliore ; un art consommé aux fourneaux ; puis une certaine frivolité jusque dans le malheur qui permet de renaître ; un furieux enthousiasme à l'assaut malgré l'indiscipline génétique gauloise ; une prodigalité générale mâtinée de générosité ; un caractère inventif ; l'amour éperdu des chevaux et des femmes qui nous le rendent bien. Cette nation est faite d'ingénieurs-escrimeurs galants. Elle mérite sa perpétuation.


Pourquoi la monarchie est-elle la solution ? Pourquoi le retour de l'ancienne ne l'est pas ?

D'abord et surtout parce que dans le tumulte de la mondialisation, notre nation au tempérament dispersé a besoin de tenir le cap sur la longue durée si elle veut se retrouver en elle-même à la fin de la grande guerre des migrations. Mais tenir le cap, ce n'est pas résister aux éléments cramponnés à la barre comme le Cdt Delage sur le Danton, mais les créer ! Ceux qui ont lu l'histoire de France de Jacques Bainville savent que le pays avança autant que le roi tirait le char. Dès qu'il y montait pour se laisser conduire, ça partait en tous sens. Les Lois n'ont pas toujours choisi un Louis XI au moment décisif. Quand il eut fallu un politique immoral, elles nous offrirent Louis XVI le pieux. Malheureux roi qui porte une part de responsabilité dans la mort du principe parce qu'il ne sut prendre à bras-le-corps la Révolution annoncée par les meilleurs esprits du temps (qu'il avait lus en plus). Il disposait des hommes pour le faire et aurait pu acheter ceux qui lui manquaient. Dominer la Constituante en l'abreuvant de réformes pour lui montrer que l'imagination était au pouvoir (selon une formule récente) aurait consolidé sa fonction nouvelle. Tout changer, que rien ne change ! La plupart sinon toutes les réformes votées pendant ces deux années de transition étaient dans les tiroirs des ministres des trois derniers rois. Il fallait oser. Il préféra une carrière de saint que Rome ne canonisa pas, bien qu'il ait refusé la constitution civile du clergé qui participait du démontage de la charpente féodale mais demeurait subalterne en politique.

Si Louis XVIII parvint à recoller les morceaux d'une nation fatiguée, son frère Charles X n'osa pas être intelligent ; son propre fils Angoulême était un chevalier pré-Renaissance avec une belle tenue au feu mais moins attentif à la nation ; son neveu Chambord n'osa jamais quoique ce soit de plus que la chasse et un voyage discret à Versailles pour attendre les ordres de la chambre des députés. Du côté de l'Usurpation, on avait fini couleur muraille, claquemuré dans une masure à guetter la malle du Havre et embarquer incognito pour l'Angleterre. Cette dynastie passée par pertes et fracas dans trois guerres civiles devint une étude notariée où se pèsent les droits de chacun à régner sur du vent. La querelle actuelle entre Bourbons d'Espagne ou de partout et les D'Orléans de Juillet est le parangon du ridicule, puisqu'il s'agit de départager qui portera jamais une couronne que personne n'a les moyens (ni peut-être l'envie) de rapporter.

C'est quoi déjà le scénario du film ?

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Il sera une fois quelqu'un de plus intelligent que la moyenne, qui ressentira un amour profond du pays où il vit, la France, et qui construira le projet de le maintenir au premier rang des nations sur un demi-siècle. Outre un esprit supérieur et une résilience à toute épreuve, il aura prouvé des capacités de leader et des compétences d'innovation dans les domaines du futur, ceux qui donneront forme demain aux civilisations de cette planète. Afin de poursuivre le projet national jusqu'à son terme, on lui laissera du temps sans autre limite que celle de sa vie ou de son propre mental. Et cerise sur le gâteau, il emportera l'enthousiasme, non des foules, mais de tous les innovateurs qui comptent en son "royaume". Y reconnaissez-vous quelqu'un ? Moi, pas pour l'instant ! Mais c'est bien celui-là que j'attends, sans compter sur la "Providence" que je suis las d'espérer.

Bien sûr nous entrons dans un monde quantique où les mathématiciens français ont une place éminente, mais on me dit aussi dans l'oreillette qu'Elon Musk lance un tracteur semi-remorque électrique de 40 tonnes et 500 milles d'autonomie. Tiens, un Français, Alain Thébault, va lancer sous régime VTC un taxi hydroptère Sea Bubble sur la Seine à Paris pour décongestionner le trafic. Uber et la NASA planchent sur un taxi volant sans pilote pour s'approcher du Cinquième Element de Luc Besson. Des licornes françaises performantes sautent dans le grand bain des GAFA (clic). Mon neveu est une pointure dans l'intelligence artificielle de la Silicon Valley. Les exemples de réussites françaises sont nombreux (ESA, Airbus Group...). Les pépinières innovatrices sont pleines. C'est dans le vivier de l'intelligence que l'on doit puiser les éléments du renouveau national, sans chercher à répéter des schémas perdants (les royalistes ont le choix) ni à suivre des parcours encombrés de renonciations honteuses comme les fameuses "carrières" politiques. On peut avoir une évocation concrète de cette révolution culturelle dans le succès inattendu d'Emmanuel Macron, même s'il n'a pas tracé à l'équerre l'épure qui nous sera indispensable pour continuer avec les autres grands pays. Mais ce sera un bon début pour nous s'il parvient à mettre en décharge les termites insatiables de la république obèse puis de comprimer la voracité de l'Etat ramené au régalien.

Est-ce pour autant l'homme providentiel qu'attend la France ? Oui, en un sens, à cause du vieux fonds gaulois, et c'est pourquoi le scrutin présidentiel donne au pays parfois un homme différent de la sélection autorisée, parce qu'il est désespéré et joue son va-tout. L'époque n'est plus à Cincinnatus ou au général Boulanger mais plutôt à Solon d'Athènes, un visionnaire constructif ex-nihilo. Un autre exemple plus proche de notre obsession nationale est Vladimir Poutine qui a ramassé la vieille Russie au ruisseau et l'a ramenée à la table des décisions, au prix d'un despotisme intérieur pas toujours éclairé mais efficace, ce qui lui vaut la reconnaissance des Russes humiliés. Notre pays a beaucoup d'atouts, outre sa légendaire beauté, mais consomme son capital en bien-être indu au lieu de l'augmenter pour le faire fructifier. Il faudra une main de fer pour rompre l'accumulation des facilités à compte d'autrui, autrui étant les enfants de nos enfants. Honte !

Comme nous l'ont montré les trente dernières années du déclin français, nous attendrons d'être rendus aux dernières extrémités pour donner l'exequatur au vidangeur de toute cette merde ! Cela ne se fera pas sans larmes de sel parce que la "longue maladie" est bien trop avancée parmi la nation. Elle a métastasé dans les propres cerveaux de ceux qui la dénoncent pour l'extirper, même le mien ; je m'en rends compte à l'occasion par des réflexes pavloviens de collectivisme, acquis au fil de l'immersion sociale, que je combats quand je me réveille ensuite.

L'avenir pourrait aussi s'écrire en deux temps et deux personnages : nettoyage à l'acide d'une démocratie usée et construction d'une France nouvelle par l'aristocratie scientifique du moment qui nommerait... peut-être un Doge, même si un prince de tradition issu de la génération montante faciliterait le plébiscite de la nation en transmettant dix siècles d'histoire. Les voyages forment la jeunesse s'ils déforment le pli du pantalon.


FIN


Reste plus qu'à attendre la note !





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