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Nécrose du royalisme français

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Il y aura six ans cette semaine que Richard d'Amphernet fut rappelé auprès de son créateur, par on ne sait qui d'ailleurs, tant la cause monarchiste avait besoin de lui ici ! A preuve, l'hécatombe des structures de propagande royaliste et d'abord l'effacement de l'Union royaliste Bretagne Vendée militaire qu'il portait à bout de bras. L'Institut Duc d'Anjou a depuis lors disparu, précédant Le Lien Légitimiste ; le webzine Vexilla Galliæ agonise tranquillement, sans parler même de l'Action française 2000 qui a fondu les plombs de la casse, tête haute ! L'Alliance royale est à l'étiage, on n'en entend plus parler ; la Restauration nationale est sous oxygène et survit par le canal de La Faute à Rousseau ; le légitimisme apparaît modeste et silencieux lors de messes du souvenir, et les conférences des uns et des autres accueillent toujours aussi peu de monde. A filmer les manifestations maintenues par des militants bénévoles qui ont pris à cœur une mission de tradition, on serre les plans, à hauteur d'homme, pour ne pas dévoiler des chiffres étiques. Les effectifs n'ont pas bougé, nous sommes toujours quatre mille en France, toutes obédiences confondues (c'est le piton dialectique de Royal-Artillerie où pendre la dispute arithmétique). Depuis la Libération, ni les princes, ni les chapelles n'ont provoqué le rallye que des gens engagés comme Richard d'Amphernet attendaient. La liste des découragés est longue, il n'y était pas inscrit, c'était sa force. S'il reste un modèle, faut-il encore être capable de lui ressembler !


Je relis les Mémoires d'exil et de combats du défunt comte de Paris pour m'apercevoir maintenant qu'il écrivait bien et qu'il faisait passer la chaleur de la flamme intérieure qui le brûlait. Les épreuves tragiques que traversait la nation à l'époque de la Seconde guerre mondiale avaient déclenché chez lui la noble mission de rédempteur à laquelle il se voua corps et biens. La découverte (trop) tardive du caractère manipulateur de Charles de Gaulle, dont il donne témoignage dans ses mémoires avec une certaine naïveté car il lui trouve des excuses, l'a durement atteint dans l'estime justifiée qu'il pouvait avoir de lui-même par l'inlassable effort d'établir solidement sa position au plus haut niveau possible quelles que soient les circonstances du moment.

Dans l'esprit des gens, il fut sans contestation l'héritier des rois de France tout au long de sa vie active, avant de succomber aux charmes vénéneux des bois de Chérisy. Ce n'est que lors du millénaire capétien de 1987 qu'est apparu sur scène le Bourbon d'Espagne, aîné des Capétiens et de fort belle allure, qui rallia une part importante des royalistes français fatigués de la maison d'Orléans ; mais jusque là, qu'on le critique ou qu'on le loue, le roi impossible ou attendu selon l'opinion de chacun n'était autre que le comte de Paris, n'en déplaise aux gardiens des lois fondamentales.

Henri d'Orléans au Manoir d'Anjou

Ses héritiers directs portent la marque d'un certain déclassement au sein de l'aristocratie française tant par les frasques du patriarche devenu rancunier à l'endroit de tous et de sa propre famille d'abord, que dans les affaires parfois scabreuses de la fratrie qui firent les délices de la presse populaire, sans parler de mœurs parfois triviales pour qui voudrait dominer moralement la nation. La génération montante doit s'atteler à la restauration de sa crédibilité avant que d'espérer prétendre. Si le mouvement royaliste encaissa la ruine d'Orléans, il n'a pas reconstitué les gros bataillons d'autrefois, ceux de ma jeunesse (quoique !), le scepticisme l'ayant partout emporté quant au produit incarné.
Disons pour être juste que la maison concurrente ne prend pas non plus le chemin du rassemblement qui nous est nécessaire en se profilant dans la succession du dictateur Franco comme on l'a vu récemment quand la dévolution de la ducature fut ouverte par le décès de la marquise de Villaverde, María del Carmen Franco y Polo, fille unique du maudit et aïeule du prétendant de Bourbon qui l'adorait.




Indubitablement quelque chose nous fait défaut pour voir la cause du roi briller comme elle le mériterait en France, pour autant que l'on soit aussi convaincu que moi de la pertinence d'une monarchie pour réparer cette nation et le pays qui l'abrite. Richard d'Amphernet par son absence nous le laisse deviner : c'est un homme qui fait défaut ! Un homme charismatique capable d'entraîner les autres, avec une foi dans sa mission chevillée au corps et qui ne ménage pas sa peine, dans le droit fil du défunt comte de Paris de l'époque utile. La monarchie raisonnée que nous privilégions ne peut percer dans l'imaginaire collectif que si elle est portée par plus grand que nous. Nous subissons le handicap de notre sous-calibrage et nous n'emporterons pas la décision au moment voulu, dans une prochaine rupture de paradigme comme la France aime les provoquer et comme nous avons l'habitude de la regarder passer. Nous ne toisons pas !

Peut-être les chapelains seraient-ils bien avisés de délaisser un moment l'histoire ancienne et d'analyser l'ascension d'un Emmanuel Macron, parti de presque rien, qui a réussi à créer la vague de surf qui le porta au sommet tout en construisant le mouvement politique qui l'y maintient actuellement. Quelle démonstration des effets d'une volonté implacable, agissant en terrain hostile mais avec une équipe de compétences resserrées, débordant tous ses adversaires en enracinant le concept gaullien de rencontre d'un homme et d'un peuple hors des partis, tel qu'on ne l'avait plus vu sous la V° République ! A la base, il y a de l'intelligence, un management sans failles et le goût de se compromettre politiquement en dehors des codes en vigueur. Et en plus, il monarchise la fonction, le salaud !

Au texte jeté sur ce blogue à l'annonce de la mort de Richard d'Amphernet il y a six ans je ne changerais rien. Le voici tel que jadis Gérard de Villèle l'avait transmis à Vexilla Regis en cliquant ici. Mais pour savoir tout de lui, il faut revenir lire l'hommage de Claude Timmerman sur le même site en cliquant là, il en vaut la peine.

SUNT FORTIA FORTIBUS APTA


Ce lundi de Pentecôte 2018

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