Cette semaine est décisive de par la tenue du G7 2018 au Québec ce vendredi 8 juin (clic). Normalement cette réunion devrait acter la rupture entre l'équipe Trump et le reste du monde libre dès lors qu'il est clairement établi que toute communication positive est impossible entre l'homme-au-chien-de-prairie-mort-sur-la-tête et les grands dirigeants. Il est encouragé dans son caprice par une clique de courtisans comme Bolton, le plus con d'entre tous mais de peu, qui prennent leur revanche sur quoi d'ailleurs, on se le demande.
Mais pour ce qui nous concerne, nous vivrons en léger différé la première station du chemin de croix de Jupiter : Macron tombe pour la première fois, et qui va compter double :
D'une part, il n'est plus le fringant jeune dirigeant cajoleur qui ferait plier le vieil animateur de téléréalité - l'autre le hait maintenant pour avoir dû entendre au téléphone une critique insupportable de sa transgression des règles de l'OMC ; mais d'autre part, dans le contexte européen actuel, les trois autres pays présents (RFA, Royaume-Uni et Italie) se positionnent déjà en renfort direct de la Chancellerie allemande, que la France y vienne ou pas ne comptant pour rien dans leur décision, leur destin immédiat n'étant en rien lié au nôtre.
Comme laissé en commentaire sur le blogue du Conseil dans l'espérance du roi, les sœurs latines se recentrent sur leurs propres problèmes, l'aventure napoléonienne d'Emmanuel Macron est terminée, le pont d'Arcole est en travaux.
Les sujets de discorde ne manquent pas au G7 et le moindre n'est pas la question du retrait américain de l'accord nucléaire iranien pour satisfaire les revendications du Likoud de Netanyahou et accessoirement l'humeur d'Ivanka et Jared Kushner. L'Europe et la France d'abord vont y perdre beaucoup de plumes (Peugeot, Renault, Total) et si une parade efficace n'est pas déclenchée ce week-end depuis Charlevoix, le prestige des diplomaties européennes sera ruiné, pour le plus grand plaisir du gouvernement israélien qui pète plus haut que son cul parce qu'il s'est mis le grand faisan dans la poche ! Qui ne se méfierait pas ? Apparemment ni Netanyahou ni Liberman qui se contentent d'encaisser les bénéfices au jour le jour, ne voyant pas la dégradation rapide de leur situation géopolitique.
A entendre les porte-paroles israéliens, toute critique du projet sioniste accéléré actuel confine à de l'antisémitisme radical. Comme c'est facile ! Il ne manque que les les lamentations du CRIF et de ses affidés. A trop en faire dans la saloperie, il se pourrait que l'opinion internationale change de ton et ne s'arrête plus à ses précautions de rosières et appelle un jour le pouvoir israélien, le Reich hébreu. Il n'y a pas besoin de falsifier l'actualité pour rendre compte des exactions israéliennes qui en rappellent d'autres. La dernière en date est le Palestinien de Cisjordanie qui vient d'être abattu pour avoir soulevé une "grosse pierre" en visant un soldat juif.
Entre-temps, les manœuvres misérables de la Fédération israélienne de football déplaçant le match contre l'Argentine de Haïfa à Jérusalem pour asseoir le statut capitale de la ville ont été sanctionnées comme il se doit par l'annulation de la rencontre sportive. Selon Associated Press au Japon, après la chaîne Mitsukoshi qui avait interdit la présentation dans ses magasins de produits israéliens l'an dernier à Tokyo, le grand magasin Daimaru a refusé à l'importateur Naturael de vendre ses produits à la foire aux vins de Méditerranée au mois de mai car les vignes sont sur le Golan. Et ce n'est qu'un début puisque le meilleur agent du BDS est le gouvernement d'Israël qui annonce de nouvelles constructions en zone occupée.
Reste l'affaire du siècle entre les mains de Donald Trump : la Corée du nord le 12 juin à Singapour. Kim Jong-un a parfaitement endossé le costume avantageux du faiseur de paix en détruisant (plus ou moins) un site d'essais atomiques et en participant activement à la dénucléarisation de la péninsule. Mais il va lui falloir des contreparties, et on se doute bien que les exigences légitimes de Pyongyang sont endossées par Pékin qui demeure le super poids lourd dans le coin obscur de la pièce.
A parler franchement, je ne vois pas l'intelligence binaire d'un Trump (qui en plus veut tout trancher par lui-même) capable d'assimiler en live la progression d'une négociation asiatique. Voit-il (mais il s'en fout, me dit-on dans l'oreillette) les espoirs levés en Corée du Sud, au Japon et en Chine par la démarche surprenante du jeune dictateur nord-coréen ? Le vrai deal est une reconstruction du pays arriéré contre la bombe ! La Chine voit s'éloigner l'effondrement d'un régime jurassique qui la menace d'un tsunami humanitaire à sa frontière du nord-est, la Corée du sud peut s'atteler au développement des frères séparés et faire tourner ses usines à fond, avant de commencer à désarmer progressivement, le Japon reprend le contrôle de la mer éponyme et prend sa marge sur la cash-flow généré dans sa zone d'intérêt. Reste l'intrus : les Etats-Unis ! Je pense que l'enjeu dépasse le seuil d'acquisition du locataire de la Maison Blanche.
Pour finir, Jens Stoltenberg confirme une proposition américaine de déploiement rapide baptisée "4x30" dans le cadre transatlantique : sous 30 jours, 30 bataillons mécanisés, 30 escadrilles aériennes, 30 navires de guerre sur un seul théâtre d'opérations. Le dispositif vise explicitement la Russie, il rassure tous les pays de l'Est libérés. Si Poutine ne lève pas le pied en Ukraine, il va finir par le payer cher, sinon lui-même, les Russes certainement !
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