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Laïcité redéfinie comme avenir du nationalisme français

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Une analyse de textes de Charles Maurras proposée par Philippe sur le site des Amis du Chemin de Paradis, Maurras.net. Il s'agit de revenir sur la notion de nationalisme bien galvaudée aujourd'hui. A partir d'ici c'est le texte de Maurras.net que nous recopions, à l'intention, entre autres, des campeurs du château d'Ailly au mois d'août prochain. D'autres billets viendront en temps utiles sur l'antisémitisme maurrassien. La page originale de l'analyse ci-dessous est accessible en cliquant ici.

[...] C'est intentionnellement, et bien sûr avec une pointe de provocation, que nous utilisons ici le mot de laïcité pour désigner ce que pourrait être une incarnation moderne du nationalisme maurrassien. Certes, ce mot de laïcité est galvaudé, polysémique autant que polémique, et tient dans maints discours une fonction de totem, de « grue métaphysique » selon l’expression de Paul Lafargue. Mais pas plus que d’autres mots semblables ; et c’est celui-ci, mieux que bien commun, mieux qu’intérêt collectif, qui transcrit au plus près, d’après nous, la pensée que Maurras exprime dans son Avenir du nationalisme français.

Nous n’y pouvons rien, mais le mot de nationalisme n’a plus, et ne retrouvera certainement jamais, le sens que Barrès lui a défini dans ses Scènes et Doctrines du nationalisme (1902). Quant à l’idéal politique que Maurras construit pas à pas dans l’Enquête sur la monarchie sous le nom si souvent mal compris de nationalisme intégral, il en donne un demi-siècle plus tard dans le même Pour un jeune Français, au chapitre 8.4, cette définition éclairante :

Lorsque nous rencontrâmes cette double notion, si riche, de l’État-Un et de son autorité-née, des États multiples et de leurs libertés-nées, nous appelâmes « Nationalisme intégral » le régime qui satisfait ainsi aux deux postulats de l’existence politique (ou indépendance nationale) et de la vie sociale (ou libertés civiles), ces deux aspirations de la France contemporaine.

Définition qui nous amène bien loin de ce « nationalisme poussé à l’extrême » auquel les adversaires de Maurras ont réduit sa pensée, sachant qu’en plus, de nos jours, le nationalisme n’est lui-même qu’un « patriotisme poussé à l’extrême ». Comme l’extrême est souvent entendu au sens du pire, et que l’extrême est ici au carré, l’extrême de l’extrême, on aura vite conclu au « pire du pire ».

Dans l’Avenir du nationalisme français, Maurras ne revient pas, bien entendu, sur le mot de nationalisme. Il rappelle d’ailleurs très simplement qu’« un mouvement de nationalisme français ne sera complet que par le retour du roi ».

Mais en attendant cette échéance, lui qui a entraîné ses amis à « travailler pour 1950 », qui ne doute pas qu’ils continueront de « travailler pour l’an 2000 », ce à quoi nous pouvons ajouter, en accord purement temporel avec les zélateurs du réchauffement climatique, « et maintenant pour 2050 », en attendant donc cette échéance, quels facteurs favorables à un dépassement des antagonismes partisans Maurras voit-il poindre à l’horizon ? C’est là qu’on le voit tourner autour du mot de nationalisme, aussi bien que de l’expression nationalisme intégral, comme s’il voulait à toutes forces établir un consensus et prévenir l’image caricaturale du pire des pires. Et il va en égrener une litanie de synonymes approchants ou imparfaits : l’intérêt national, l’intérêt français, l’intérêt public, le Bien positif, tous devenus le plus indispensable des compromis.

C’est en rentrant dans l’argumentation que le substitut le plus adéquat vient s’imposer, bien que Maurras ne l’utilise pas. D’ailleurs, le terme de laïcité est rare dans toute son œuvre, et n’y est guère utilisé qu’à propos de l’éducation. Que dit-il en effet ? Que la société française est traversée de désaccords profonds sur le plan philosophique ou religieux, et par conséquent qu’aucune décision collective ralliant l’accord de tous, ou de presque tous, n’est possible si celle-ci doit se fonder sur des prémisses ou des fins dernières d’ordre moral, philosophique ou a fortiori religieux. Il ne reste dès lors que l’intérêt commun, réduit à ce qui assure un minimum nécessaire de paix sociale, enjeu bien modeste en regard des rêves de l’esprit, mais dont Maurras refuse qu’il leur soit inférieur en mérite ou en dignité.

Ce Bien ne sera point l’absolu, mais celui du peuple français, sur ce degré de Politique où se traite ce que Platon appelle « l’Art royal », abstraction faite de toute école, église ou secte…

Le divorce, par exemple, étant considéré non plus par rapport à tel droit ou telle obligation, à telle permission ou prohibition divine, mais relativement à l’intérêt civil de la famille et au bien de la Cité…

Nous n’offrons pas au travail de la pensée et de l’action une matière trop inférieure ou trop indigne d’eux quand nous rappelons que la paix est une belle chose ; la prospérité sociale d’une nation, l’intérêt matériel et moral de sa conservation touche et adhère aux sphères hautes d’une activité fière et belle…

C’est ainsi que la France en sortira, et que le nationalisme français se reverra, par la force des choses…

Nationalisme, tout cela ? Au sens maurrassien, sans doute. Mais dans le langage actuel, les trois premières propositions ci-dessus relèvent de la laïcité de l’État, certes plus au sens où l’entend l’Église qu’à celui qu’emploient ou ont employé maints ministres laïcistes de l’Éducation.

Alors, une vraie laïcité, avenir du nationalisme français ? C’est en tous cas ce que Maurras semble bien nous suggérer.
(fin de l'analyse de texte sur Maurras.net)

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