A choisir une chambrière, autant prendre long. Un modèle de cirque fera l'affaire. Puis vous ajouterez un licol, une longe de sept mètres, deux brosses, un cure-pied et un sac de carottes bio. N'oubliez pas le caparaçon, la couverture de la couleur de la robe - pas la vôtre - brodée aux initiales de votre meilleur ami, qui ne vous veut aucun bien étant par construction au-delà du bien et du mal, mais intelligent et doté d'une mémoire prodigieuse. Nous voilà donc partis au cheval, qui paît peinard avec deux copains de son âge dans un paddock loin de partout, pour garantir sa tranquillité. C'est mardi, jour hippologique de la guerre, on dérouille et lave la bête que possède mon hôte. Mes lecteurs lusitaniens savent tout cela en naissant.
A quoi servent les carottes ? A attraper le cheval au pré. Le licol, à le ramener au manège ; et la longe, à le mettre à distance puis à passer la piscine à la sortie du manège. Un protocole du Cadre Noir tout simplement. Mais je ne vous ai pas fait venir sur le troisième article du voyage pour vous dresser au dressage. Il y a des maisons pour ça, qui ont aussi des chambrières ! Revenons à nos chevaux-vapeur.
Juste échappés de l'Inquisition audoise, nous demandâmes l'asile à Foix chez ce vieux salopard de Gaston Phœbus qui trahissait tout le monde sauf ses chiens de chasse. Il en reste un beau château d'une ville endormie au bord de l'Ariège, même à pied en cherchant bien au centre-ville, les rares habitants vous regardent, peu habitués aux étrangers. Mais les Pyrénées sont tout proches, le pays des Macaboundéous, le bout du monde quoi ! Ce qui explique sans doute l'apathie des manants que nous croisons, écrasés par les cimes. Passé le col del Bouich, qui nous permet de vérifier la souplesse des barres de stabilisation et le déclenchement pertinent du correcteur de trajectoire au-delà des limites autorisées par le gouvernement des emmerdeurs, nous nous arrêtons à His après Saint-Girons (RAS) pour consulter la wikipedia car on ne peut s'appeler "His" sans raison particulière. Le contributeur à l'encyclopédie numérique ne s'y est pas trompé qui nous fait tout un paragraphe sur l'origine du bled (223 habitants dont 11 conseillers municipaux - on ne rit pas). Qu'est-ce qu'His ?
Qui a dit que l'Ancien Régime était un foutoir indescriptible, "assemblage bizarre d'institutions féodales et de lois césariennes où rien ne coïncidait, où tout était disparate" ? Boiffils de Massanne pardi ! C'est le Second Empire qui arracha ce pays perdu au désordre royal entre construisant une halte voyageurs sur la Transpyrénéenne nommée "His-Mane-Touille" une minute d'arrêt ! Ça ne s'invente pas. Le moteur est froid et deux salades au thon plus tard, nous démarrons pour un non-stop autoroutier vers Tarbes. Parc magnifique où des parachutistes, halés comme le légionnaire d'Edith Piaf, se promènent avec la même devise ou presque que l'Olympique de Marseille : "Droit Devant", ce sont des artilleurs. Soumoulou enfin ! : voici la civilisation du maïs : Soumoulou, du baillage de Pau et canton de Pontacq. Nœud routier avec accès autoroutier, dernière ville païenne avant Lourdes, la ville est un grand marché étiré sur la nationale N117 où l'on trouve de tout, de l'aspirine, de la Corona, de la viande de bœuf (d'ailleurs indiquée sur les armoiries féodales de la ville) et même un réparateur de mobylette. Hôtel, restaurant, journaux, tout pour le pèlerin. Et partout autour, du maïs... Un vrai pays de cocagne où la chaleur du sud et la pluviométrie béarnaise se conjuguent pour économiser l'eau d'arrosage, ralentir le compteur et augmenter le bas de bilan du paysan tranquille. J'en ai vu un en Aston Martin. En fait, je dois vous dire que je ne suis venu jusque-là pour ne rien faire d'autre que de consulter l'Ermite du gave, le Vieux de la montagne, le Siddhartha Gautama de Pontact, et même si la consultation s'est terminée devant un demi tiède sur le front de mer écrasé de soleil de Saint-Jean-de-Luz, j'ai quand même appris des choses.
Figurez-vous que Brigitte et Emmanuel Macron auraient passé un contrat de convenance sociale en se mariant afin d'aboutir où on les trouve aujourd'hui, au Fort de Brégançon. J'avoue que Bertrand Delanoé avait été plus franc, qui était venu à Rodez avec son futur époux. La tronche des Ruthénois qui font cent cinquante kilomètres pour aller aux putes, fut inoubliable. On y repasse "demain". Outre l'abondement à la rumeur qui prêtait au candidat des écarts cachés, j'ai appris du Sphinx des choses insoupçonnées quoique sans intérêt immédiat. Sachez que la police nationale d'Alicante a naturalisé un paquet d'Allemands de la Stasi en fuite vers l'Amérique du sud. La crise des subprimes a privé le commissariat central de la baignoire commandée pour les garde-à-vue, aussi use-t-on (c'est bien le mot) la résistance psychologique du mis-en-cause dans la plus pure tradition de "L'Aveu" de Costa-Gravas - vous savez bien ? les lunettes de soudeur sous la lampe à bronzer. Ayant tant à me reprocher, j'ai donc reconfiguré mon GPS pour déclencher l'alarme cent kilomètres avant Alicante. Faut pas nous croire des demeurés non plus !
Entretemps nous avons pris la route à vomir du Pays basque, pas cinquante mètres de droit ni de plat - le rêve du cyclecariste - pour verser sur le port de Saint-Jean de Luz tout au bout du chaos basque. On n'imagine pas que ce fut un port aux baleines. La ville affiche un certain orgueil national de bon aloi. Le bâti est impeccable, les plaques de rue rappellent l'histoire riche de ce pays qui aimanta l'Espagne et la France pour le meilleur (le mariage du jeune Louis XIV) et le pire (la guerre de Succession d'Espagne que nous perdîmes à Utrecht). Les autochtones sont hyperactifs, le piment d'Espelette peut-être, et j'ai admiré de très près l'emballage de deux michetons étrangers à la nación par deux amazones du cru à qui tout autre que moi aurait donné le bon dieu sans confession. Du grand art, la modestie de la tenue sur talons compensés quand même, l'œillade timide au rimmel discret, la coupe de champ au lieu de la bouteille direct, la récupération du cendrier sur la table voisine afin de présenter la marchandise promise, le soutif Ulla/90C avec décolleté grande chaleur justifié, une séquence à la Godard, j'ai cherché la caméra en vain, et n'eus pas le temps de confirmer mon pressentiment au moment de la carte bleue. Derrière, la mer et ses beautés, toujours les mêmes et jamais les mêmes...
En revenant vers les bateaux, l'église m'appelle en pleine rue. Fatchecon ! comme on dit à Rodez, la nef est magnifique avec sa triple galerie haute, une voûte en carène inversée et un monstrueux retable surchargé d'or en bois, comme on en voit dans les monastères birmans. Il y a foule. Pas d'office en cours, un prédicant à l'ancienne tient sous son charme touristes et luziens par la seule exégèse du Nouveau Testament. Un âge avancé, la chevelure abondante, une barbe de cent ans et la voix bien placée qui porte, derrière une table surchargée d'ouvrages de sa composition peut-être. Cela ne vous rappelle rien ? Le Bon Chrétien n'a plus le bâton lourd du Sermon sur la Montagne mais on s'amuse à voir un civil à l'œuvre, en lieu et place des clercs occupés aux "pauvres". Décidément le diocèse a une large marge de progression. Et savez-vous qu'en Pyrénées atlantiques quarante pour cent du clergé séculier est en ménage ? Et que les fidèles (ceux qui paient le Denier du culte) protègent leurs ménages. C'est une affaire qui reviendra quand nous reparlerons du mariage des prêtres. Mais le soleil se couche, il faut rentrer déjà... par l'autoroute.
A quoi servent les carottes ? A attraper le cheval au pré. Le licol, à le ramener au manège ; et la longe, à le mettre à distance puis à passer la piscine à la sortie du manège. Un protocole du Cadre Noir tout simplement. Mais je ne vous ai pas fait venir sur le troisième article du voyage pour vous dresser au dressage. Il y a des maisons pour ça, qui ont aussi des chambrières ! Revenons à nos chevaux-vapeur.
Juste échappés de l'Inquisition audoise, nous demandâmes l'asile à Foix chez ce vieux salopard de Gaston Phœbus qui trahissait tout le monde sauf ses chiens de chasse. Il en reste un beau château d'une ville endormie au bord de l'Ariège, même à pied en cherchant bien au centre-ville, les rares habitants vous regardent, peu habitués aux étrangers. Mais les Pyrénées sont tout proches, le pays des Macaboundéous, le bout du monde quoi ! Ce qui explique sans doute l'apathie des manants que nous croisons, écrasés par les cimes. Passé le col del Bouich, qui nous permet de vérifier la souplesse des barres de stabilisation et le déclenchement pertinent du correcteur de trajectoire au-delà des limites autorisées par le gouvernement des emmerdeurs, nous nous arrêtons à His après Saint-Girons (RAS) pour consulter la wikipedia car on ne peut s'appeler "His" sans raison particulière. Le contributeur à l'encyclopédie numérique ne s'y est pas trompé qui nous fait tout un paragraphe sur l'origine du bled (223 habitants dont 11 conseillers municipaux - on ne rit pas). Qu'est-ce qu'His ?
« Au XVIe siècle, la localité était désignée sous la dénomination de Lieu d'Ahis. Cette appellation semble découler du fait que le village était construit en grande partie sur un léger promontoire, au-dessus de la vallée du Salat. Des documents portant le cachet du seigneur de Roquefort laissent supposer que le lieu d'Ahis dépendait de cette seigneurie. Une famille Déqué portait au XVIIe siècle le titre de « Déqué de Moncaup ». Lors de la vente de la baronnie d'Aspet (1642-1643), Géraud Déqué, sieur de Moncaup, acheta le 1er mars 1643 les seigneuries d'Affis (ou His) et de Mauvezin pour le compte de Jacques de Nostenx. Il acquit Montastruc, Rouède, Arbas et Saint Martin pour celui de Jacques de Tersac. Il garda pour lui Saleich dont il devint le seigneur. En 1667, par édit du mois d'avril, le roi Louis XIV (ndlr : son intendant plutôt) ordonne le rachat des dix-huit paroisses engagées en 1642 et 1643. Elles rentrèrent toutes dans le domaine royal. Mais par la suite, certaines furent revendues (Castelbiague - Pointis Inard - Alas Agert Balagué). D'autres restèrent en paréage avec le roi (Affis, Arbas, Ganties, Mauvezin, Montastruc et Rouède) ou restèrent définitivement sous la main du roi, seul seigneur, comme Aspet, Chein, Escaich, Estadens, Montgauch-Bareilles et Saleich.»
Qui a dit que l'Ancien Régime était un foutoir indescriptible, "assemblage bizarre d'institutions féodales et de lois césariennes où rien ne coïncidait, où tout était disparate" ? Boiffils de Massanne pardi ! C'est le Second Empire qui arracha ce pays perdu au désordre royal entre construisant une halte voyageurs sur la Transpyrénéenne nommée "His-Mane-Touille" une minute d'arrêt ! Ça ne s'invente pas. Le moteur est froid et deux salades au thon plus tard, nous démarrons pour un non-stop autoroutier vers Tarbes. Parc magnifique où des parachutistes, halés comme le légionnaire d'Edith Piaf, se promènent avec la même devise ou presque que l'Olympique de Marseille : "Droit Devant", ce sont des artilleurs. Soumoulou enfin ! : voici la civilisation du maïs : Soumoulou, du baillage de Pau et canton de Pontacq. Nœud routier avec accès autoroutier, dernière ville païenne avant Lourdes, la ville est un grand marché étiré sur la nationale N117 où l'on trouve de tout, de l'aspirine, de la Corona, de la viande de bœuf (d'ailleurs indiquée sur les armoiries féodales de la ville) et même un réparateur de mobylette. Hôtel, restaurant, journaux, tout pour le pèlerin. Et partout autour, du maïs... Un vrai pays de cocagne où la chaleur du sud et la pluviométrie béarnaise se conjuguent pour économiser l'eau d'arrosage, ralentir le compteur et augmenter le bas de bilan du paysan tranquille. J'en ai vu un en Aston Martin. En fait, je dois vous dire que je ne suis venu jusque-là pour ne rien faire d'autre que de consulter l'Ermite du gave, le Vieux de la montagne, le Siddhartha Gautama de Pontact, et même si la consultation s'est terminée devant un demi tiède sur le front de mer écrasé de soleil de Saint-Jean-de-Luz, j'ai quand même appris des choses.
Figurez-vous que Brigitte et Emmanuel Macron auraient passé un contrat de convenance sociale en se mariant afin d'aboutir où on les trouve aujourd'hui, au Fort de Brégançon. J'avoue que Bertrand Delanoé avait été plus franc, qui était venu à Rodez avec son futur époux. La tronche des Ruthénois qui font cent cinquante kilomètres pour aller aux putes, fut inoubliable. On y repasse "demain". Outre l'abondement à la rumeur qui prêtait au candidat des écarts cachés, j'ai appris du Sphinx des choses insoupçonnées quoique sans intérêt immédiat. Sachez que la police nationale d'Alicante a naturalisé un paquet d'Allemands de la Stasi en fuite vers l'Amérique du sud. La crise des subprimes a privé le commissariat central de la baignoire commandée pour les garde-à-vue, aussi use-t-on (c'est bien le mot) la résistance psychologique du mis-en-cause dans la plus pure tradition de "L'Aveu" de Costa-Gravas - vous savez bien ? les lunettes de soudeur sous la lampe à bronzer. Ayant tant à me reprocher, j'ai donc reconfiguré mon GPS pour déclencher l'alarme cent kilomètres avant Alicante. Faut pas nous croire des demeurés non plus !
Entretemps nous avons pris la route à vomir du Pays basque, pas cinquante mètres de droit ni de plat - le rêve du cyclecariste - pour verser sur le port de Saint-Jean de Luz tout au bout du chaos basque. On n'imagine pas que ce fut un port aux baleines. La ville affiche un certain orgueil national de bon aloi. Le bâti est impeccable, les plaques de rue rappellent l'histoire riche de ce pays qui aimanta l'Espagne et la France pour le meilleur (le mariage du jeune Louis XIV) et le pire (la guerre de Succession d'Espagne que nous perdîmes à Utrecht). Les autochtones sont hyperactifs, le piment d'Espelette peut-être, et j'ai admiré de très près l'emballage de deux michetons étrangers à la nación par deux amazones du cru à qui tout autre que moi aurait donné le bon dieu sans confession. Du grand art, la modestie de la tenue sur talons compensés quand même, l'œillade timide au rimmel discret, la coupe de champ au lieu de la bouteille direct, la récupération du cendrier sur la table voisine afin de présenter la marchandise promise, le soutif Ulla/90C avec décolleté grande chaleur justifié, une séquence à la Godard, j'ai cherché la caméra en vain, et n'eus pas le temps de confirmer mon pressentiment au moment de la carte bleue. Derrière, la mer et ses beautés, toujours les mêmes et jamais les mêmes...
En revenant vers les bateaux, l'église m'appelle en pleine rue. Fatchecon ! comme on dit à Rodez, la nef est magnifique avec sa triple galerie haute, une voûte en carène inversée et un monstrueux retable surchargé d'or en bois, comme on en voit dans les monastères birmans. Il y a foule. Pas d'office en cours, un prédicant à l'ancienne tient sous son charme touristes et luziens par la seule exégèse du Nouveau Testament. Un âge avancé, la chevelure abondante, une barbe de cent ans et la voix bien placée qui porte, derrière une table surchargée d'ouvrages de sa composition peut-être. Cela ne vous rappelle rien ? Le Bon Chrétien n'a plus le bâton lourd du Sermon sur la Montagne mais on s'amuse à voir un civil à l'œuvre, en lieu et place des clercs occupés aux "pauvres". Décidément le diocèse a une large marge de progression. Et savez-vous qu'en Pyrénées atlantiques quarante pour cent du clergé séculier est en ménage ? Et que les fidèles (ceux qui paient le Denier du culte) protègent leurs ménages. C'est une affaire qui reviendra quand nous reparlerons du mariage des prêtres. Mais le soleil se couche, il faut rentrer déjà... par l'autoroute.
On remontera par Rodez !