Voir l'abstraction lyrique d'un tableau Gutaï en fin de parcours soulage le visiteur de l'oppression d'outrenoir qu'il endure dans le musée de Rodez. La supercherie au goudron, brou de noix et autres noirs monochromatiques s'est déployée par le verbe. Il faut une imagination d'enfer pour "parler" du génie de Pierre Soulages. Le marché ne s'y est pas trompé qui a acheté, "le marché a toujours raison" dit le marchand, affaire de fric.
Mais le musée est beau, intérieur comme extérieur, et à l'instar de son aîné ruthénois, le Denys-Puech qui a rangé les sculptures du Grand Prix de Rome au sous-sol, il pourra dans trente ans s'utiliser pour exposer d'autres peintres, d'autres œuvres, du bel art, du grand art. Le multiplexe cinématographique qui voisine avec le musée est tout à fait en harmonie, l'ensemble est réussi. Merci Monsieur Censi.
La remontée vers le nord nous a laissé le temps d'errer en plaine de Garonne, un pays vide de gens entre Toulouse et rien, qui m'a fait revenir bien des souvenirs d'enfance et d'après. La souche de ce côté de l'arbre généalogiqueétait à Samatan et à Pins-Justaret, mais mon aîné s'y ressource avec courage et écologie pour déplacer la montagne d'une rénovation immobilière qui tourne au barrage cambodgien de Marguerite Duras. La famille mettra Sisyphe dans ses armoiries !
Muret bientôt et un lycée Pierre d'Aragon qui commémore certainement la mort au combat en 1213 du roi Pierre II, venu prêter main forte au comte de Toulouse dans la première croisade des Albigeois. Plus fin tacticien que lui, Simon de Montfort, qui a son tour périra devant Toulouse cinq ans plus tard, l'y tuera à un contre dix. La rocade extérieure de la capitale aéronautique passée, c'est tout droit vers la A68, Rabastens AOC, Gaillac AOC etc...
Arrivés tard à Rodez, nous nous risquâmes en ville pour dîner. Ville ? La "ville" était vide de chez Néant ! Aussi vide que Saint-Martial au quinze août (voir le numéro 2/4). Il faisait douze degrés à l'ombre et la bise du nord ne nous laissait aucune autre chance que d'entrer dans une crêperie... bretonne ! Bon, ça reste celtique quand même. C'est le lendemain au saut du lit que nous courûmes au Soulages, surtout pour dire après que nous l'avions vu.
"Alors, alors ?"
Pas compris ! Désolé.
Rodez, ville malade : la moitié basse de la Rue Béteille, une très longue pente (en fait la RN88) qui monte à la cathédrale de grès rose que le monde entier nous envie, est sinistrée. C'est Alep. Tous les commerces sont fermés et les vitrines passées au blanc d'Espagne. Soit la mairie a projeté une opération immobilière d'ampleur, mais avec quel argent, les impôts locaux socialistes d'ici sont si démentiels qu'ils chassent les contribuables ; soit personne ne rachète fonds et murs au décès des propriétaires qu'on enterre dans des boîtes en carton biodégradable pas cher ! Des promoteurs privés construisent en revanche de gros ensembles sur le tour de ville pour sans doute achever de vider le département de ses habitants qui viennent tous s'agglutiner dans le Grand Rodez à proximité des cliniques, et dans le même temps ruiner les propriétaires fonciers d'aujourd'hui en faisant s'effondrer les loyers dans l'ancien, loyers qui sont déjà parmi les plus bas de France. Il faut dire que l'Aveyronnais, capitaliste né, s'est jeté dans les dispositifs d'acquisitions immobilières à compte de locataires sans trop mesurer le stock de preneurs disponibles. Il y a pléthore d'offres, et les locataires ne veulent entrer que dans un logement neuf ou récent. Dix euros/mois le mètre-carré du trois-pièces traversant et ensoleillé, refait neuf aux normes actuelles, charges comprises. On descend à six ou sept euros si la surface augmente ; et c'est bien moins cher encore dans la ville étroite. Pas d'issue !
Deux bouteilles de Marcillac AOC à l'épicerie du coin et roule bolide... On dévale la rue Saint-Cyrice à pic pour rentrer par Conques, tout droit... Mazette ! "Il" a frappé ici aussi : les vitraux de remplacement à l'église sont du même faisan, ondulations voire barres noires sur verre transparent et bleuté. Les moines ont payé ça ? Quelqu'un leur a dit de faire plus moderne, plus dans le vent du progrès... et le miracle roman de l'abbatiale de Conques a été sérieusement entamé par le vulgaire et le lucre. Quand on sait ce que fut l'abbaye de Conques, son lien spécial avec Saint-Jacques de Compostelle, son rôle dans la Reconquista au sein de la maison d'Aragon, j'en pleure ! On donne l'ouvrage à un baratineur sans talent qui fait marcher son petit monde au bagout sans cesser de compter. Il ne reste plus qu'à espérer la visite de quelque Rockefeller pour mobiliser des crédits d'indignation et revenir aux couleurs d'origine qui changeaient avec les heures du jour et le temps qu'il fait. Décidément Soulages n'est que vent qui passe par la tuile à loup.
Dans l'après-midi, nous franchissons le col de la Fageole pour entrer bientôt en "France" en laissant derrière nous le dernier évêché méridional, Saint-Flour : contrairement à ce que disent les mauvaises langues, les Sanflorains ne chuintent pas. Le reste du voyage est sans intérêt, Bison fûté a vu orange vif ; il ne s'est pas trompé. La route est de plus en plus longue qui permet de rêvasser aux pays quittés. Au fier et luxurieux comté de Foix par exemple, où "sévit" jadis la plus lascive et amoureuse des Croyantes du XIIIè siècle sous l'Inquisition occitane. Béatrice de La Gleize, successivement barouneto de Roquefort-les-Cascades puis de Dalou, que sautait son confesseur, Pierre Clergue, curé de Montaillou, une paroisse infestée d'hérétiques. Le brigand usait d'une magie contraceptive dont on a perdu la composition et qui nous aurait sauvés de la loi Veil. Je cite le carnet d'inquisition de Jacques Fournier, futur Benoît XII (cf. le manuscrit 4030 de la Vaticana pour qui aime les procès croustillants). C'est elle qui se confesse pour l'absolution de ses pêchés et accessoirement éviter le bûcher (ça a marché):
Comme un fait exprès, on approche du pays de la Pucelle. Il faut contourner Orléans par la droite sauf à dormir dans la voiture. On finit par s'embrouiller en ville et sur les voies du tramway avant que de choisir de monter au compas. Soleil à gauche c'est le nord. Ouf ! La retenue de trafic a ceci de bien qu'en aval il n'y a plus personne. Afin de décrasser la vanne EGR, nous avons pu remonter la A10 par la file de gauche au grand galop avec des modèles rapides qui s'ennuyaient autant que nous. Finalement Maserati c'est bien, on ne voit jamais que le coffre et c'est une voiture trop rapide pour mon petit rétroviseur. Y en-t-il d'abordables sur le Bon Coin ? Des comme ça par exemple au prix d'une Twingo GT :
Mais le musée est beau, intérieur comme extérieur, et à l'instar de son aîné ruthénois, le Denys-Puech qui a rangé les sculptures du Grand Prix de Rome au sous-sol, il pourra dans trente ans s'utiliser pour exposer d'autres peintres, d'autres œuvres, du bel art, du grand art. Le multiplexe cinématographique qui voisine avec le musée est tout à fait en harmonie, l'ensemble est réussi. Merci Monsieur Censi.
La remontée vers le nord nous a laissé le temps d'errer en plaine de Garonne, un pays vide de gens entre Toulouse et rien, qui m'a fait revenir bien des souvenirs d'enfance et d'après. La souche de ce côté de l'arbre généalogiqueétait à Samatan et à Pins-Justaret, mais mon aîné s'y ressource avec courage et écologie pour déplacer la montagne d'une rénovation immobilière qui tourne au barrage cambodgien de Marguerite Duras. La famille mettra Sisyphe dans ses armoiries !
Muret bientôt et un lycée Pierre d'Aragon qui commémore certainement la mort au combat en 1213 du roi Pierre II, venu prêter main forte au comte de Toulouse dans la première croisade des Albigeois. Plus fin tacticien que lui, Simon de Montfort, qui a son tour périra devant Toulouse cinq ans plus tard, l'y tuera à un contre dix. La rocade extérieure de la capitale aéronautique passée, c'est tout droit vers la A68, Rabastens AOC, Gaillac AOC etc...
Arrivés tard à Rodez, nous nous risquâmes en ville pour dîner. Ville ? La "ville" était vide de chez Néant ! Aussi vide que Saint-Martial au quinze août (voir le numéro 2/4). Il faisait douze degrés à l'ombre et la bise du nord ne nous laissait aucune autre chance que d'entrer dans une crêperie... bretonne ! Bon, ça reste celtique quand même. C'est le lendemain au saut du lit que nous courûmes au Soulages, surtout pour dire après que nous l'avions vu.
"Alors, alors ?"
Pas compris ! Désolé.
Rodez, ville malade : la moitié basse de la Rue Béteille, une très longue pente (en fait la RN88) qui monte à la cathédrale de grès rose que le monde entier nous envie, est sinistrée. C'est Alep. Tous les commerces sont fermés et les vitrines passées au blanc d'Espagne. Soit la mairie a projeté une opération immobilière d'ampleur, mais avec quel argent, les impôts locaux socialistes d'ici sont si démentiels qu'ils chassent les contribuables ; soit personne ne rachète fonds et murs au décès des propriétaires qu'on enterre dans des boîtes en carton biodégradable pas cher ! Des promoteurs privés construisent en revanche de gros ensembles sur le tour de ville pour sans doute achever de vider le département de ses habitants qui viennent tous s'agglutiner dans le Grand Rodez à proximité des cliniques, et dans le même temps ruiner les propriétaires fonciers d'aujourd'hui en faisant s'effondrer les loyers dans l'ancien, loyers qui sont déjà parmi les plus bas de France. Il faut dire que l'Aveyronnais, capitaliste né, s'est jeté dans les dispositifs d'acquisitions immobilières à compte de locataires sans trop mesurer le stock de preneurs disponibles. Il y a pléthore d'offres, et les locataires ne veulent entrer que dans un logement neuf ou récent. Dix euros/mois le mètre-carré du trois-pièces traversant et ensoleillé, refait neuf aux normes actuelles, charges comprises. On descend à six ou sept euros si la surface augmente ; et c'est bien moins cher encore dans la ville étroite. Pas d'issue !
Deux bouteilles de Marcillac AOC à l'épicerie du coin et roule bolide... On dévale la rue Saint-Cyrice à pic pour rentrer par Conques, tout droit... Mazette ! "Il" a frappé ici aussi : les vitraux de remplacement à l'église sont du même faisan, ondulations voire barres noires sur verre transparent et bleuté. Les moines ont payé ça ? Quelqu'un leur a dit de faire plus moderne, plus dans le vent du progrès... et le miracle roman de l'abbatiale de Conques a été sérieusement entamé par le vulgaire et le lucre. Quand on sait ce que fut l'abbaye de Conques, son lien spécial avec Saint-Jacques de Compostelle, son rôle dans la Reconquista au sein de la maison d'Aragon, j'en pleure ! On donne l'ouvrage à un baratineur sans talent qui fait marcher son petit monde au bagout sans cesser de compter. Il ne reste plus qu'à espérer la visite de quelque Rockefeller pour mobiliser des crédits d'indignation et revenir aux couleurs d'origine qui changeaient avec les heures du jour et le temps qu'il fait. Décidément Soulages n'est que vent qui passe par la tuile à loup.
Dans l'après-midi, nous franchissons le col de la Fageole pour entrer bientôt en "France" en laissant derrière nous le dernier évêché méridional, Saint-Flour : contrairement à ce que disent les mauvaises langues, les Sanflorains ne chuintent pas. Le reste du voyage est sans intérêt, Bison fûté a vu orange vif ; il ne s'est pas trompé. La route est de plus en plus longue qui permet de rêvasser aux pays quittés. Au fier et luxurieux comté de Foix par exemple, où "sévit" jadis la plus lascive et amoureuse des Croyantes du XIIIè siècle sous l'Inquisition occitane. Béatrice de La Gleize, successivement barouneto de Roquefort-les-Cascades puis de Dalou, que sautait son confesseur, Pierre Clergue, curé de Montaillou, une paroisse infestée d'hérétiques. Le brigand usait d'une magie contraceptive dont on a perdu la composition et qui nous aurait sauvés de la loi Veil. Je cite le carnet d'inquisition de Jacques Fournier, futur Benoît XII (cf. le manuscrit 4030 de la Vaticana pour qui aime les procès croustillants). C'est elle qui se confesse pour l'absolution de ses pêchés et accessoirement éviter le bûcher (ça a marché):
« Le curé portait quelque chose d'enroulé et de ficelé dans une étoffe de lin, de la grosseur et de la longueur d'une once ou de la première phalange de mon petit doigt, auquel était attaché un cordon qu'il me passait autour du cou. C'était, paraît-il, une plante. Il la faisait descendre entre mes seins jusqu'au bas du ventre. Toutes les fois qu'il voulait me connaître, il la plaçait à cet endroit, et l'y laissait jusqu'à ce qu'il eût fini. Quand il se levait, il me l'ôtait du cou. Si dans la même nuit il voulait me posséder plusieurs fois, il me disait : "Où est la plante ?". Je la retrouvais en la tirant par le fil que j'avais au cou. Il la prenait et me la mettait de nouveau au bas du ventre, la ficelle passant toujours entre mes seins... Je lui demandais un jour de me confier cette plante, il me répondit qu'il s'en garderait bien parce que je me hâterais, n'ayant plus peur de devenir enceinte, de me donner à d'autres hommes...»Il la connaissait bien ! La belle se sauvera par le récit de ses aventures amoureuses devant un tribunal très attentif, et confiera s'être à la fin mariée, veuve de Dalou, en Aragon devant notaire, hors de l'Eglise et du sacrement obligatoire, avec un certain Barthélémy Amilhat, précepteur de ses filles du second lit, et prêtre catholique bien sûr. Une vraie nature.
Comme un fait exprès, on approche du pays de la Pucelle. Il faut contourner Orléans par la droite sauf à dormir dans la voiture. On finit par s'embrouiller en ville et sur les voies du tramway avant que de choisir de monter au compas. Soleil à gauche c'est le nord. Ouf ! La retenue de trafic a ceci de bien qu'en aval il n'y a plus personne. Afin de décrasser la vanne EGR, nous avons pu remonter la A10 par la file de gauche au grand galop avec des modèles rapides qui s'ennuyaient autant que nous. Finalement Maserati c'est bien, on ne voit jamais que le coffre et c'est une voiture trop rapide pour mon petit rétroviseur. Y en-t-il d'abordables sur le Bon Coin ? Des comme ça par exemple au prix d'une Twingo GT :
Une Quattroporte Sport GT à V8 Ferrari, quel design et le son ! |
0.- Prologue du voyage
1.- Poursuite du voyage
2.- Au soleil couchant du Languedoc
3.- Jusqu'à l'océan !
4.- En remontant le méridien
TERMINÉ ! REMETTRE LA CLÉ DE CONTACT AU CLOU !