Donald Trump à la tribune des Nations Unies n'a montré aucun doute quant à son génie. Il a déroulé les bienfaits apportés à l'humanité par son courage politique et diplomatique comme un guérisseur de l'Ouest sauvage vante son élixir. Donald Trump n'a aucun problème, mis à part des histoires de sexe qui en France feraient sourire mais qui, aux Etats-Unis, donnent prise aux adversaires en mal d'arguments.
Parce qu'il n'y a pas réellement d'arguments sérieux contre Trump ! Sauf qu'il détruit la Société wilsonienne des nations et laisse du champ aux règlements de comptes régionaux. C'est la conséquence de l'unilatéralisme qui donne la part du lion au plus fort, quand il n'y a bien sûr qu'un seul "plus-fort". Par chance, le président américain exerce une dictature du bon sens plus que de caprices. Ce n'est pas un satrape parfumé à la lavande mais un entêté qui applique une politique de comptoir approuvée par les compagnons de tournée. Garçon, remettez-nous ça ! Jusqu'ici ça marche !
Ceci pour dire que le problème, c'est bien nous qui l'avons parce Trump et sa bande de chimps peuvent très bien réussir. S'il n'est pas dit qu'il arrive en même tempsà résorber le déficit commercial américain, dénucléariser la péninsule coréenne, terminer l'affaire palestinienne par l'écrasement définitif des Palestiniens et faire sauter la théocratie iranienne par une révolution, rien n'indique pour l'instant qu'il y échoue ; même si l'aboutissement de ce programme inédit exigerait de gagner les élections de mi-mandat et une réélection en 2020 à la Maison Blanche. Ce n'est pas rien, mais la bête politique qu'on a vu en campagne électorale ne va pas manger le T-bone avec des baguettes !
On en vient aux fondamentaux, ces réalités que nous avons généralement glissées sous le tapis. Aucun pays d'Europe ne fait le poids, même l'Allemagne réunifiée doute du sien dans les affaires de tarifs douaniers. Bien sûr une confédération européenne gouvernée comme les quatre autres empires* pourrait tenir tête et défendre ses intérêts sans prendre des gants. Elle n'existe pas. Eut-elle existé d'ailleurs qu'elle n'aurait pas laissé l'Iran la menacer d'un programme de bombe atomique, ni lâché la bride aux sionistes qui mettent aux fers la main d'œuvre récalcitrante en terre sainte. A la première odeur de gaz, Assad aurait été enterré sous les décombres de son palais en béton armé. Elle n'aurait pas accepté non plus le dumping d'Etat de la Chine dans des secteurs concurrentiels qui menacent son avenir, ni que le tsar nouveau s'occupe des minorités russes en pays balte. En revanche, qu'il bouffe la Crimée russse, d'accord.
Mais c'est de la fiction. Le discours d'Emmanuel Macron à l'Assemblée Générale des Nations-Unies est un catalogue de vœux, une feuille de route proposée par un pays ayant encore un semblant d'autorité morale, mais comme le moine en son couvent, incapable d'agir à l'échelle du défi extérieur.
(*) Il y a quatre empires disons-nous : la Chine, l'Inde, la Russie et les Etats-Unis. Ce qui pourrait nous arriver est que par lassitude dans leurs affrontements, ils en viennent à s'entendre sur notre dos. Qu'ils nous assignent à chacun "leur" mission, "leur" segment de la division internationale du travail comme on disait jadis. Avec un Donald Trump totalement inculte en sciences politiques, on peut s'attendre à tout, y compris à des renversements d'alliance du samedi au lundi. Qui aurait parié un kopek il y a un an sur une négociation soutenue avec Kim Jong-un, un "type formidable" aujourd'hui ?
Lors des sommets OTAN et du G7 de Taormina en 2017, la chancelière allemande avait clairement fait comprendre et publiquement que l'Europe occidentale ne pouvait plus compter sur l'automaticité d'une cohésion atlantique en cas de crise. Le temps passé à faire vivre la démocratie chez elle et dans les pays voisins a mangé celui de la réflexion approfondie sur le chemin d'une réelle indépendance de l'Europe qui se retrouve divisée pour défendre les valeurs de ses civilisations. Il serait temps que les Européens raisonnent en termes de puissance et seule une confédération des nations européennes y répondra. Le diable est bien sûr dans les détails mais pratiquement je réitère ma suggestion d'un référendum européen pays par pays sur la seule question qui les résume toutes : confédération ou fédération ?
Les pays ayant voté pour la fédération se fédéreront entre eux et entreront comme entité unique dans la confédération qu'auront préférée les autres. Sans doute est-ce trop simple. J'en parle à Trump, lui, comprendra.
On peut lire le discours de Donald Trump aux Nations Unies en cliquant ici.