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Tout en camion !

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Latil TAR 4x4 1915
La guerre ouverte fut déclarée à pied, à cheval et en train. C'est sur voie ferrée que les régiments furent remontés à la ligne bleue des Vosges, l'approche de l'ennemi (sous la menace de son artillerie) se faisant à pied. L'armée française avait un charroi automobile symbolique et si le général Galliéni retourna la situation de Joffre sur la Marne ce fut en enrôlant les compagnies de taxis parisiens. De même vit-on des autobus urbains monter des renforts au front, s'y maintenir le temps d'évaluer la situation... et revenir pleins de blessés vers l'arrière.

Rapidement un grand charroi militaire devint nécessaire pour déplacer rapidement l'artillerie et obtenir une meilleure mobilité des unités en soutien. L'industrie française répondit avec ses meilleures productions. Aujourd'hui nous faisons un billet mécanique du camion Berliet à partir des photos d'époque et des planches de la Fondation Marius Berliet. A l'entrée en guerre, la marque lyonnaise était le premier fabricant de camions au monde. Il est intéressant de comprendre les choix techniques d'un camion de guerre dont la doctrine d'emploi n'est pas celle d'un poids lourd civil.

Le cahier des charges demande un porteur solide, économique et simple d'entretien à l'échelon compagnie. La maison Berliet y répondra magnifiquement, comme il en sera souvent dans le futur. Ce camion à tout faire sera un châssis-cabine de 3T5 capable d'emporter une charge utile de 4 tonnes et jusqu'à 10 tonnes avec sa remorque. Dans la limite de poids autorisée tous les composants de fatigue seront surdimensionnés à commencer par le moteur.


Le châssis BERLIET CBA



C'est un châssis échelle riveté avec tous ses ancillaires boulonnés, supports, berceaux, etc... La traverse accueillant le pédalier et les commandes par levier (rapports de vitesse, frein sur roues) est en aluminium. Elle se démonte d'un bloc.
Le châssis est posé sur quatre ressorts à lames.


Le moteur Z



Quatre cylindres en ligne bi-bloc à soupapes latérales du même côté, d'une cylindrée de 4400cm³ (réalésé ensuite à 5300cm³), bridé à 1200 t/mn par un régulateur ferroviaire à masselottes agissant sur le papillon du carburateur. Graissage sous pression et non par barbotage. Vilebrequin, paliers, bielles, arbre à cames sont plus gros que ceux des modèles civils.
Le moteur délivre 22 HP et emporte la bête à 25 km/h jusqu'au bout du monde.


La cinématique



Technique transaxle avant la date (Porsche 928, Alfa Romeo Alfetta):
Moteur et embrayage à l'avant envoyant le couple à une boîte-pont au niveau des paliers de chaînes arrière.
La boîte est une 4-vitesses (prise en 4ème) et marche arrière. Ses engrenages surdimensionnés sont en acier nickel-chrome.

La traction par chaînes Berliet est préférée à la technique Cardan plus fragile, en plus de la facilité de réparation d'un maillon de chaîne sans faire retour à l'échelon.
Le différentiel peut-être freiné (au pied) et joue un rôle de ralentisseur.

Les roues à bandage sont du modèle artillerie en 940x130 devant et jumelées en 1000x130 derrière.



Même si le CBA fut proclamé "camion de la victoire" d'autres constructeurs français livreront de bons camions militaires, Renault, De Dion, Ariès, le puissant Latil à quatre roues motrices et directrices, et on vit même des camions américains. Mais la moitié du trafic de la Voie Sacrée sera du Berliet CBA. Le modèle sera amélioré constamment pour les services publics après-guerre jusque dans les années 30. La maison Berliet en produira 40000 !


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