Les difficultés du temps sont en passe de tourner à la tragédie économique, ce qui interdit de s'en réjouir même si certains effets induits pourraient nous plaire, comme la déconsidération définitive d'une classe politico-médiatique qui fait tout et rien dans ce pays. L'embarras du nouveau pouvoir à tailler dans la dépense publique (seule politique viable), mais qui reviendrait à charger au sabre ses propres clients, plus encore, la dislocation de la coalition d'intérêts politiques portée aux affaires - les gauchistes et les écologistes parvenus aux prébendes se mettent à angle droit du mandat électoral - annoncent un désordre sérieux au plus haut niveau de l'Etat, ce qui impactera la vie quotidienne des gens écrasés de soucis, avec l'espérance zéro de s'en sortir.
Ce désordre sera principalement déclenché par une explosion du chômage favorisé par la conjonction de quatre facteurs : la remontée des taux des bons du Trésor français (réclamée par Warren Buffet) qui va dévorer les rentrées fiscales, le refus d'investir du petit patronat qui n'a aucune perspective fiable, l'affaissement du carnet de commandes des grandes entreprises tributaires des commandes publiques, et accessoirement l'inadéquation des métiers demandeurs et des savoirs disponibles.
Les défilés revendicatifs organisés par les centrales syndicales pour passer au Vingt-Heures vont s'atténuer après les premières manifestations d'ampleur, parce que le sentiment général d'une banqueroute du modèle social prédominera. A quoi bon se lever tôt et faire des pancartes que plus personne en responsabilité ne lira !
La moitié latine du pays pourrait s'en sortir mieux que la moitié franque dès lors qu'elle se mettra en position de survie par la réaction millénaire d'une submersion de l'économie de proximité. La vie quotidienne va rapidement basculer dans la fréquentation du marché noir et une grande partie du travail va passer sous les radars des caisses sociales et fiscales précarisant encore plus leurs bilans. Une estimation sérieuse de la Funcas espagnole (Fundación de las cajas des ahorros) indiquait l'an dernier qu'un quart du PIB réel avait été obtenu au noir jusqu'en 2008. Qu'en est-il cette année ? Personne ne veut vraiment le savoir et surtout pas les institutions qui verraient tous leurs résultats faussés et leurs réclamations mises au panier.
La France n'est pas moins "irrégulière", "informelle" ou submergée" même si les proportions nuit-jour sont moindres, mais rien ne s'oppose à ce que la disparition d'activités ne cache une submersion si le matraquage fiscal n'est pas inversé. Et le gouvernement ne le peut pas ! Verrons-nous fleurir des économies de substitutions ? Probablement, à commencer par le retournement des pelouses pour y planter des choux hors-taxes. Mais plus sérieusement par la ruée des gens vers l'économie alternative représentée par les banques de temps, les SEL et les AMAP, plus d'autres systèmes D franco-français. Un petit mot sur chacune de ces bouées sociales :
- les banques de temps
Ces systèmes émettent virtuellement de la monnaie. Ils contreviennent au sacro-saint principe du monopole monétaire qui longtemps permit aux Etats dispendieux de vivre grassement aux dépens du peuple niais, par l'inflation des prix succédant à celle du numéraire. L'intrusion de l'euro dans les économies européennes a supprimé ce monopole du vol légal, interdisant aux Etats nationaux de monétiser leur gabegie. Nos braves souverainistes s'insurgent contre cette restriction au pillage sous diverses revendications stupides dont ils ont le secret. Mais même sous le régime de l'euro, de plus en plus menacé par la gangrène économique de la social-démocratie, les Etats ne peuvent longtemps laisser disparaître les assiettes fiscales et sociales, même si le régime politique se meurt. L'Etat lui survit toujours. Aussi est-il à prévoir, comme le dit Georges Kaplan sur son blogue, que l'Etat-providence ruiné teste en faveur d'un Etat-gendarme très offensif qui mettra moins de gants à débusquer les flux submergés qu'il n'en prend pour sortir les kalachnikov des cités. Les affrontements pourraient devenir rapidement inciviques et rappeler des pertes anciennes¹ chez les représentants de l'ordre établi.
En général, je termine ce genre de billet de manière positive, en osant proposer une autre voie, une solution, un rêve... mais devant l'impéritie d'un pouvoir complètement obsolète, encagé dans des schémas antiques dépassés, et plus disant que faisant, je me limiterai pour notre pays au pronostic réservé selon la formule hospitalière. La France subira la rupture d'un déclassement définitif qu'elle recule maladroitement depuis trente ans. Nous venons de disparaître du classement mondial de compétitivité.
Ce désordre sera principalement déclenché par une explosion du chômage favorisé par la conjonction de quatre facteurs : la remontée des taux des bons du Trésor français (réclamée par Warren Buffet) qui va dévorer les rentrées fiscales, le refus d'investir du petit patronat qui n'a aucune perspective fiable, l'affaissement du carnet de commandes des grandes entreprises tributaires des commandes publiques, et accessoirement l'inadéquation des métiers demandeurs et des savoirs disponibles.
Les défilés revendicatifs organisés par les centrales syndicales pour passer au Vingt-Heures vont s'atténuer après les premières manifestations d'ampleur, parce que le sentiment général d'une banqueroute du modèle social prédominera. A quoi bon se lever tôt et faire des pancartes que plus personne en responsabilité ne lira !
La moitié latine du pays pourrait s'en sortir mieux que la moitié franque dès lors qu'elle se mettra en position de survie par la réaction millénaire d'une submersion de l'économie de proximité. La vie quotidienne va rapidement basculer dans la fréquentation du marché noir et une grande partie du travail va passer sous les radars des caisses sociales et fiscales précarisant encore plus leurs bilans. Une estimation sérieuse de la Funcas espagnole (Fundación de las cajas des ahorros) indiquait l'an dernier qu'un quart du PIB réel avait été obtenu au noir jusqu'en 2008. Qu'en est-il cette année ? Personne ne veut vraiment le savoir et surtout pas les institutions qui verraient tous leurs résultats faussés et leurs réclamations mises au panier.
La France n'est pas moins "irrégulière", "informelle" ou submergée" même si les proportions nuit-jour sont moindres, mais rien ne s'oppose à ce que la disparition d'activités ne cache une submersion si le matraquage fiscal n'est pas inversé. Et le gouvernement ne le peut pas ! Verrons-nous fleurir des économies de substitutions ? Probablement, à commencer par le retournement des pelouses pour y planter des choux hors-taxes. Mais plus sérieusement par la ruée des gens vers l'économie alternative représentée par les banques de temps, les SEL et les AMAP, plus d'autres systèmes D franco-français. Un petit mot sur chacune de ces bouées sociales :
- les banques de temps
Héritières du "Time Dollar" américain lancé en 1987, puis des Bancas del Tempo italiennes et espagnoles, les banques de temps françaises échangent des "équivalheures". Ce sont des unités de mesures universelles pour échanger des services et des moyens. La minute fonctionne bien comme une monnaie allant et venant de compte à compte. Voir le site de l'Arnic.- Les SEL (Système d'échanges locaux)
C'est le plus vieux système français d'échanges "démonétisés". Il y en aurait cinq cents en France, ce qui est relativement peu. Le site SEL'idaire expose mieux que je ne le ferais le fonctionnement de ces communautés fermées.- les AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne (bio)
Comme le nom l'indique, la "communauté" est créée pour subvenir aux besoins alimentaires des ménages en bypassant la grande distribution et sa prédation de marges iniques. Le fonctionnement par contrat producteurs-consommateurs est très bien expliqué ici. Les échanges sont réglés en bon argent, mais on devine qu'a l'explosion de la Crise, la tentation sera grande d'évader une forte proportion des flux et que les communautés se mobiliseront facilement pour défendre leurs acquits.- les repas de rue
C'est un exemple de rapprochement des intérêts personnels de proximité. Ils débouchent très souvent sur l'échange de services par la publicité des compétences individuelles faite à l'occasion de cette petite fête annuelle. J'ai expérimenté le procédé et ça marche très bien, de l'élagage d'arbres au dépannage informatique.
Ces systèmes émettent virtuellement de la monnaie. Ils contreviennent au sacro-saint principe du monopole monétaire qui longtemps permit aux Etats dispendieux de vivre grassement aux dépens du peuple niais, par l'inflation des prix succédant à celle du numéraire. L'intrusion de l'euro dans les économies européennes a supprimé ce monopole du vol légal, interdisant aux Etats nationaux de monétiser leur gabegie. Nos braves souverainistes s'insurgent contre cette restriction au pillage sous diverses revendications stupides dont ils ont le secret. Mais même sous le régime de l'euro, de plus en plus menacé par la gangrène économique de la social-démocratie, les Etats ne peuvent longtemps laisser disparaître les assiettes fiscales et sociales, même si le régime politique se meurt. L'Etat lui survit toujours. Aussi est-il à prévoir, comme le dit Georges Kaplan sur son blogue, que l'Etat-providence ruiné teste en faveur d'un Etat-gendarme très offensif qui mettra moins de gants à débusquer les flux submergés qu'il n'en prend pour sortir les kalachnikov des cités. Les affrontements pourraient devenir rapidement inciviques et rappeler des pertes anciennes¹ chez les représentants de l'ordre établi.
En général, je termine ce genre de billet de manière positive, en osant proposer une autre voie, une solution, un rêve... mais devant l'impéritie d'un pouvoir complètement obsolète, encagé dans des schémas antiques dépassés, et plus disant que faisant, je me limiterai pour notre pays au pronostic réservé selon la formule hospitalière. La France subira la rupture d'un déclassement définitif qu'elle recule maladroitement depuis trente ans. Nous venons de disparaître du classement mondial de compétitivité.
(1) Montredon, 4 mars 1976, Saussignac, 2 septembre 2004 et Montpellier, 25 juin 2008.