C'est à juste raison que les syndicats du groupe français Areva redoutent leur submersion par la China Guangdong Nuclear Power Holding Co. Ltd. Selon Challenges, le protocole d'accord préliminaire entre cette entité publique chinoise, qui exploite déjà des réacteurs français, et les groupes EDF et Areva prévoit des transferts de savoir-faire des segments chauds, puisque c'est ce qui intéresse d'abord les patrons chinois. La chaudronnerie et le béton nucléaires, ils connaissent.
Sauf si le réacteur de troisième génération dont la technologie sera transférée était construit sous licence domestique exclusive de territoires extérieurs (voir ci-dessous l'état du marché), il est presque sûr que nous nous trouverons dans dix ou quinze ans en concurrence avec des sociétés nucléaires chinoises dans les appels d'offres internationaux émis par l'Amérique latine, l'Afrique, voire même dans la zone OCDE, comme on l'a vu déjà sur le Golfe persique avec les Sud-coréens. Nonobstant le fait que d'autres peuvent aussi leur transférer de la technologie chaude, et sans tenir compte d'un lâchage d'EDF de l'industrie française faisant avec CGNPC le coup de Serge Tchuruk chez Alcatel, qui décida d'expatrier toute la fabrication. Des détails indispensables dans La Tribune du 29/05/2012 (Marie-Caroline Lopez).
Certes, le marché domestique chinois est énorme, à la hauteur des besoins exprimés et anticipés par la deuxième économie mondiale, et n'en déplaise à nos écologistes de croisière, l'énergie nucléaire est la seule à relever le défi. Ce qui n'empêche nullement les pays des piémonts himalayens d'équiper leurs pentes de centrales hydrauliques et de couvrir leurs déserts de fermes solaires, mais ça ne suffit pas. Au plan stratégique - vu que les questions de terreur atomique sont déjà actées pour la Chine et l'Inde - la future production nucléaire d'électricité soulagera la demande excédentaire sur les autres sources d'énergie et contribuera fortement à la réduction de la pollution atmosphérique de ces empires à charbon.
En 2007, un contrat a été signé entre Areva et la CGNPC pour deux EPR à la centrale de Taishan. Mais à la centrale de Xianning, CGNPC construira deux réacteurs AP1000 de Toshiba-Westinghouse (génération III+) avec un fort coefficient d'intégration locale. Quatre AP1000 sont déjà en construction à Sanmen et Haiyang pour CNNC et CPI respectivement (deux autres sociétés chinoises). Au moins huit autres AP1000 sur quatre sites suivront ; et derrière eux s'en planifient trente de plus, en améliorant chaque fois le coefficient d'intégration.
Les Chinois jouent à la perfection des attentes concurrentes de leurs partenaires obligés, surtout quand l'un d'eux est sensiblement à la traîne. Il s'agit bien sûr du club infernal EDF-GDF-Suez-Areva-Vinci qui a fait des étincelles à Abou-Dhabi.
Dans dix ou quinze ans, M. Montebourg ne sera plus aux affaires, aussi la perte d'avantage de la filière française et le contrecoup submersif attendu ne l'empêchent-ils pas de dormir, puisqu'on ne l'entend pas sur ce dossier qui est en négociation depuis un an, nous dit le président d'Areva, Luc Oursel. C'est qu'à sa décharge, il vient de se faire larguer par sa copine qui ne le supporte plus après tant d'années de lutte pour l'indépendance. Il doit ranger le désordre de son coeur. A moins que dans ce dossier comme dans celui de Peugeot, d'Arcelor-Mittal ou de Sanofi, M. Montebourg, qui ferait un mauvais coiffeur, n'y comprenne toujours rien.
La France dispose encore d'atouts, avant qu'elle n'en crée d'autres par la recherche fondamentale et appliquée indispensable à notre survie, et parmi ces atouts - aéronautique, astronautique, missiles, ferroviaire, agro-alimentaire, luxe, télécoms, biochimie, bancassurance... - il y a la technologie nucléaire "maison" qui affronte les meilleurs. C'est un diamant plus gros que le Youkounkoun. Parler de patriotisme industriel et laisser négocier pareils échanges sans contrôle d'une intelligence supérieure serait stupéfiant. Malheureusement c'est déjà arrivé !
Sans préjuger des réponses adroites que la direction d'Areva prépare, je conseillerais humblement aux délégués syndicaux de l'assigner en justice immédiatement en déposant un recours en référé devant le Tribunal de grande instance de Paris, parce que les textes officiels sont toujours en retard sur les décisions verbales actées dans des memorandum of understanding séparés, établis au fil des négociations. Faudra-t-il encore comprendre le texte du protocole actuel qui peut être limpide, ou réserver les précisions "ennuyeuses" dans des annexes pas toujours disponibles ou finies. C'est un travail de professionnel des contrats d'ingénierie. Si les Chinois négocient le transfert de l'EPR depuis un an, les syndicats sont déjà en retard, pour ne parler que d'eux. Le ministère en remorque de la bandaison industrielle, c'est sans intérêt ! Sur les quinze réacteurs en production en Chine, six sont français (source AIEA compilée Wiki pour la suite).
Sauf si le réacteur de troisième génération dont la technologie sera transférée était construit sous licence domestique exclusive de territoires extérieurs (voir ci-dessous l'état du marché), il est presque sûr que nous nous trouverons dans dix ou quinze ans en concurrence avec des sociétés nucléaires chinoises dans les appels d'offres internationaux émis par l'Amérique latine, l'Afrique, voire même dans la zone OCDE, comme on l'a vu déjà sur le Golfe persique avec les Sud-coréens. Nonobstant le fait que d'autres peuvent aussi leur transférer de la technologie chaude, et sans tenir compte d'un lâchage d'EDF de l'industrie française faisant avec CGNPC le coup de Serge Tchuruk chez Alcatel, qui décida d'expatrier toute la fabrication. Des détails indispensables dans La Tribune du 29/05/2012 (Marie-Caroline Lopez).
AP1000 n°1 de Sanmen |
En 2007, un contrat a été signé entre Areva et la CGNPC pour deux EPR à la centrale de Taishan. Mais à la centrale de Xianning, CGNPC construira deux réacteurs AP1000 de Toshiba-Westinghouse (génération III+) avec un fort coefficient d'intégration locale. Quatre AP1000 sont déjà en construction à Sanmen et Haiyang pour CNNC et CPI respectivement (deux autres sociétés chinoises). Au moins huit autres AP1000 sur quatre sites suivront ; et derrière eux s'en planifient trente de plus, en améliorant chaque fois le coefficient d'intégration.
Les Chinois jouent à la perfection des attentes concurrentes de leurs partenaires obligés, surtout quand l'un d'eux est sensiblement à la traîne. Il s'agit bien sûr du club infernal EDF-GDF-Suez-Areva-Vinci qui a fait des étincelles à Abou-Dhabi.
Dans dix ou quinze ans, M. Montebourg ne sera plus aux affaires, aussi la perte d'avantage de la filière française et le contrecoup submersif attendu ne l'empêchent-ils pas de dormir, puisqu'on ne l'entend pas sur ce dossier qui est en négociation depuis un an, nous dit le président d'Areva, Luc Oursel. C'est qu'à sa décharge, il vient de se faire larguer par sa copine qui ne le supporte plus après tant d'années de lutte pour l'indépendance. Il doit ranger le désordre de son coeur. A moins que dans ce dossier comme dans celui de Peugeot, d'Arcelor-Mittal ou de Sanofi, M. Montebourg, qui ferait un mauvais coiffeur, n'y comprenne toujours rien.
La France dispose encore d'atouts, avant qu'elle n'en crée d'autres par la recherche fondamentale et appliquée indispensable à notre survie, et parmi ces atouts - aéronautique, astronautique, missiles, ferroviaire, agro-alimentaire, luxe, télécoms, biochimie, bancassurance... - il y a la technologie nucléaire "maison" qui affronte les meilleurs. C'est un diamant plus gros que le Youkounkoun. Parler de patriotisme industriel et laisser négocier pareils échanges sans contrôle d'une intelligence supérieure serait stupéfiant. Malheureusement c'est déjà arrivé !
un EPR de Flamanville |
Sans préjuger des réponses adroites que la direction d'Areva prépare, je conseillerais humblement aux délégués syndicaux de l'assigner en justice immédiatement en déposant un recours en référé devant le Tribunal de grande instance de Paris, parce que les textes officiels sont toujours en retard sur les décisions verbales actées dans des memorandum of understanding séparés, établis au fil des négociations. Faudra-t-il encore comprendre le texte du protocole actuel qui peut être limpide, ou réserver les précisions "ennuyeuses" dans des annexes pas toujours disponibles ou finies. C'est un travail de professionnel des contrats d'ingénierie. Si les Chinois négocient le transfert de l'EPR depuis un an, les syndicats sont déjà en retard, pour ne parler que d'eux. Le ministère en remorque de la bandaison industrielle, c'est sans intérêt ! Sur les quinze réacteurs en production en Chine, six sont français (source AIEA compilée Wiki pour la suite).