La guerre ce sont des cartes d'abord. Nous présentons la zone d'intérêt qui nous occupe ce matin, celle d'un immense désert libre de traits-points-traits, un territoire tel qu'il apparaît au sol, de la mer à la mer, sans frontières naturelles. C'est sur cette épure que planchent certains états-majors occidentaux dans l'intention louable de faire gagner les armées de droit contre les rezzous islamistes enkystés au Nord-Mali.
Qui sont-ils ?
En vrac...
AQMI (al-Qaïda au Maghreb islamique),
ANSAR DINE (Les Partisans de la Religion),
MUJAO (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest ),
MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad),
Les trois "villes" du désert :
GAO (87 000 hab)
C'est un carrefour caravanier d'origine songhaï, mais surtout un pont sur le fleuve Niger.
C'est la capitale de l'Azawad oriental utile ; elle vivait du tourisme et de sa fonction de marché régional.
KIDAL (26 000 hab)
C'est une ville de montagne (alt. 525m) de l'Adrar des Ifoghas, en plein pays targui.
Sa position en fait le "château d'eau" du quartier, même si la ressource hydrique n'arrivait plus à suivre le développement économique.
C'est un carrefour tribal et un centre artisanal de services. Le tourisme est son avenir.
TOMBOUCTOU (55 000 hab)
Elle aussi sur le fleuve Niger par un canal remis en eau sur crédits libyens, plus qu'une ville, une légende.
Targuie ou songhaïe selon les époques, c'est la capitale du brassage nord-sud et surtout celle de toute la région Nord. Elle abritait les sièges des ONG investies au Nord-Mali et tous les services régionaux de l'Etat malien. Sa perte par l'armée malienne est inexcusable et il est trop tôt pour lui demander des comptes. Les touristes y reviendront certainement.
La guerre annoncée
Sont convoqués à réfléchir et à agir parfois ceux dont les noms suivent :
- La Mauritanie, le Maroc, les Sahraouis de Tindouf, l'Algérie, le Fezzan lybien, le Tchad, le Niger, le Burkina Faso et le Sénégal (en gras ceux qui se battront, le voulant ou pas).
La CEDEAO sous mandat de l'ONU a convoqué des bataillons de la valeur d'une brigade de 3300 hommes provenant des armées régulières noires, supposée épauler une armée malienne renvoyée à l'instruction et remise à niveau par des conseillers européens. La France fournira les Atlantics de recherche et poursuite, et sans doute des "facilitateurs" au sol, plus les moyens classiques d'écoute. Reste à savoir comment sera traîté le renseignement et sous quel délai au niveau des états-majors tactiques. Il est à prédire que les groupes islamistes (les Touaregs du MLNA et d'Ansar Dine s'étant ralliés aux vainqueurs) n'attendront pas l'arme au pied l'assaut de leurs villes-pivots. Les katibas vont essaimer par sections dans toute la région, récupérant au passage vivres et munitions disposés sur le territoire à l'effet de mener une guerre longue (DOT Basique). C'est l'hypothèse guerrière, mais il se pourrait tout autant que les chefs de katiba disparaissent avec le pognon tout simplement, laissant derrière eux les tapis de prière et les kalashnikovs aux fidèles-djihadistes qui se feront massacrés par les drones.
Dans le premier cas, l'Algérie est indispensable au projet puisqu'elle forme le mur d'écrasement des groupes islamistes. Ceux-ci ne pouvant s'échapper par la mer à l'ouest, tâcheront de forcer les lignes tchadiennes à l'est vers le Soudan intégriste. Mais il n'est pas dit qu'ils y parviennent, les unités tchadiennes étant fort aguerries au combat dans les cailloux. AQMI et MUJAO peuvent être éradiqués au Tibesti sauf à passer au Fezzan, en payant cher la douane. L'Algérie bloquera-t-elle ? Elle en a les moyens militaires mais aucune volonté politique. Son gouvernement de pleutres privilégie encore le "retournement" des groupes islamistes. On dit même que ses services instrumentalisent le MUJAO à des fins inexplicables comme toujours. Certains observateurs résidents affirment même que l'Algérie, menacée dans son identité arabo-musulmane par sa propre imagination, a complètement occulté son "patrimoine" berbère et saharien qu'elle découvre à chaque période de tensions. Elle y a pourtant des obligations qu'elle n'a jamais remplies. Mais c'est une autre histoire.
A suivre !
La guerre n'est heureusement pas sûre si les "résidents" rebellés viennent sous l'arbre à palabres. Les autres, les "étrangers", seront le gibier de distraction de colonnes sahéliennes pour une fois bien équipées, éclairées et soutenues par des feux d'appui. Une grande manoeuvre multinationale, de quoi flatter l'orgueil des colonels en campagne.
Comme le fait remarquer Bernard Lugan, il ne sert à rien de pacifier le Nord-Mali s'il n'est pas possible d'aboutir sur le plan politique à un gentlemen agreement entre les Touaregs de l'Azawad et le gouvernement de Bamako. La balle est dans chaque camp des parties en cause, chacune ayant explicitement un don de mauvaise foi.
Quoiqu'il en soit, les dés sont jetés, l'ONU donnera le top-départ avant la Noël. Quant à l'armée malienne, il lui est conseillé de bien observer... pour plus tard se mettre au niveau exigé par la défense des prétentions souveraines de son (trop) grand pays.
Qui sont-ils ?
En vrac...
AQMI (al-Qaïda au Maghreb islamique),
avatar du Groupe algérien pour la prédication et le combat, repoussé au désert par les services algériens.
En mouvement perpétuel à la lisière du Sahel, le groupe s'est financé par les rançons et le "convoyage" de drogue. Armé sur les stocks lybiens, il déploie quatre katibas dont trois arabes et une targuie commandée par un cousin d'Iyad ag Ghaly, patron d'Ansar Dine. Les katibas sont en concurrence sur le marché du pillage et du trafic mais solidaires en cas d'attaque.
Effectif d'automne : 1000 combattants actifs dont la moitié sur zone d'intérêt, le reste en Algérie dans les Aurès (source Lepac)
ANSAR DINE (Les Partisans de la Religion),
groupe targui dérivé du MNLA historique qui s'est radicalisé après le séjour de son chef en Arabie séoudite sur un poste diplomatique malien. Iyad ag Ghaly est un combattant réputé des "guerres" de 1990 qui dispose maintenant des soutiens financiers du Golfe persique. L'accès aux stocks lybiens et l'argent lui permettent de recruter en profondeur dans les républiques noires pour gonfler ses effectifs et compter lors de la phase finale. Son pivot est Kidal. A noter qu'il est entré en négociations avec le président burkinabé et a envoyé des émissaires à Alger. Il est dans une logique de "paix des braves" avec quelques postes politiques pour ses cadres.
Effectif d'automne : 400 combattants aguerris (source pifométrée)
MUJAO (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest ),
groupe arabe algérien dérivé d'AQMI, a fait son trou par des rançons et des attentats au Sahara algérien. Apparaît très mouillé dans le narco-trafic qui reste sa première source de revenus. Le noyau de départ étant maigre en effectifs (moins d'une centaine de combattants), il recrute lui-aussi sur les républiques noires jusqu'au Nigéria chez Boko Haram, mais aussi des Songhaïs et des Peuls pour "naturaliser" son combat. Groupe maintenant à 50% noir. Deux pivots, Gao et Tombouctou.
Effectif : 2000 combattants, en progression mais beaucoup d'enrôlements alimentaires
MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad),
en quelque sorte les "résidents" touaregs. En lutte depuis toujours contre le pouvoir noir de Bamako, il est dirigé par Bilal Ag Acherif. Ils ont repris du poil de la bête quand un chef de tribu au service de Kadhafi est rentré de Lybie à la tête d'une colonne de tacticals lourdement armés. Ils ont chassé l'armée régulière malienne du Nord du pays mais, peu capables de tenir leurs positions (au moins sur une ville), ont été à leur tour chassés par les trois mouvement islamistes. Ils sont déployés en repli à la frontière mauritanienne et dans l'Adrar, attendant... savent-ils seulement quoi ? Ils viennent de prendre une râclée du MUJAO à Ménéka, mais 60 tacticals font depuis peu le siège de Gao pour donner au MNLA son pivot avant les négociations finales. Une délégation sera reçue au Quai d'Orsay jeudi 29 à la St Saturnin.
Effectif à ce jour : 1000 combattants aguerris mais en clans
Les trois "villes" du désert :
GAO (87 000 hab)
C'est un carrefour caravanier d'origine songhaï, mais surtout un pont sur le fleuve Niger.
C'est la capitale de l'Azawad oriental utile ; elle vivait du tourisme et de sa fonction de marché régional.
KIDAL (26 000 hab)
C'est une ville de montagne (alt. 525m) de l'Adrar des Ifoghas, en plein pays targui.
Sa position en fait le "château d'eau" du quartier, même si la ressource hydrique n'arrivait plus à suivre le développement économique.
C'est un carrefour tribal et un centre artisanal de services. Le tourisme est son avenir.
TOMBOUCTOU (55 000 hab)
Elle aussi sur le fleuve Niger par un canal remis en eau sur crédits libyens, plus qu'une ville, une légende.
Targuie ou songhaïe selon les époques, c'est la capitale du brassage nord-sud et surtout celle de toute la région Nord. Elle abritait les sièges des ONG investies au Nord-Mali et tous les services régionaux de l'Etat malien. Sa perte par l'armée malienne est inexcusable et il est trop tôt pour lui demander des comptes. Les touristes y reviendront certainement.
Marché de Gao (Mali) |
La guerre annoncée
Sont convoqués à réfléchir et à agir parfois ceux dont les noms suivent :
- La Mauritanie, le Maroc, les Sahraouis de Tindouf, l'Algérie, le Fezzan lybien, le Tchad, le Niger, le Burkina Faso et le Sénégal (en gras ceux qui se battront, le voulant ou pas).
La CEDEAO sous mandat de l'ONU a convoqué des bataillons de la valeur d'une brigade de 3300 hommes provenant des armées régulières noires, supposée épauler une armée malienne renvoyée à l'instruction et remise à niveau par des conseillers européens. La France fournira les Atlantics de recherche et poursuite, et sans doute des "facilitateurs" au sol, plus les moyens classiques d'écoute. Reste à savoir comment sera traîté le renseignement et sous quel délai au niveau des états-majors tactiques. Il est à prédire que les groupes islamistes (les Touaregs du MLNA et d'Ansar Dine s'étant ralliés aux vainqueurs) n'attendront pas l'arme au pied l'assaut de leurs villes-pivots. Les katibas vont essaimer par sections dans toute la région, récupérant au passage vivres et munitions disposés sur le territoire à l'effet de mener une guerre longue (DOT Basique). C'est l'hypothèse guerrière, mais il se pourrait tout autant que les chefs de katiba disparaissent avec le pognon tout simplement, laissant derrière eux les tapis de prière et les kalashnikovs aux fidèles-djihadistes qui se feront massacrés par les drones.
Dans le premier cas, l'Algérie est indispensable au projet puisqu'elle forme le mur d'écrasement des groupes islamistes. Ceux-ci ne pouvant s'échapper par la mer à l'ouest, tâcheront de forcer les lignes tchadiennes à l'est vers le Soudan intégriste. Mais il n'est pas dit qu'ils y parviennent, les unités tchadiennes étant fort aguerries au combat dans les cailloux. AQMI et MUJAO peuvent être éradiqués au Tibesti sauf à passer au Fezzan, en payant cher la douane. L'Algérie bloquera-t-elle ? Elle en a les moyens militaires mais aucune volonté politique. Son gouvernement de pleutres privilégie encore le "retournement" des groupes islamistes. On dit même que ses services instrumentalisent le MUJAO à des fins inexplicables comme toujours. Certains observateurs résidents affirment même que l'Algérie, menacée dans son identité arabo-musulmane par sa propre imagination, a complètement occulté son "patrimoine" berbère et saharien qu'elle découvre à chaque période de tensions. Elle y a pourtant des obligations qu'elle n'a jamais remplies. Mais c'est une autre histoire.
Mise à jour :les Touaregs du MNLA ne sont plus dans les villes |
A suivre !
La guerre n'est heureusement pas sûre si les "résidents" rebellés viennent sous l'arbre à palabres. Les autres, les "étrangers", seront le gibier de distraction de colonnes sahéliennes pour une fois bien équipées, éclairées et soutenues par des feux d'appui. Une grande manoeuvre multinationale, de quoi flatter l'orgueil des colonels en campagne.
Comme le fait remarquer Bernard Lugan, il ne sert à rien de pacifier le Nord-Mali s'il n'est pas possible d'aboutir sur le plan politique à un gentlemen agreement entre les Touaregs de l'Azawad et le gouvernement de Bamako. La balle est dans chaque camp des parties en cause, chacune ayant explicitement un don de mauvaise foi.
Quoiqu'il en soit, les dés sont jetés, l'ONU donnera le top-départ avant la Noël. Quant à l'armée malienne, il lui est conseillé de bien observer... pour plus tard se mettre au niveau exigé par la défense des prétentions souveraines de son (trop) grand pays.