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Syrie, acte III

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Fin du "petit break" avancée, le compteur ayant dépassé 3000 lectures/semaine pendant trois jours. Il est difficile de faire la pose avec l'aggravement de la situation au Proche Orient et quand le gouvernement Ayrault part en vrille sur le conflit de Florange et dans sa coalition rose-verte. On rallume les feux.

« Il serait absurde de prétendre que la Grande-Bretagne ou les États-Unis sont de véritables démocraties ; mais, dans ces deux pays, l'opinion publique peut influencer la politique et, tout en commettant nombre d'erreurs mineures, elle évite probablement les plus grosses. Si l'Allemand ordinaire avait eu son mot à dire dans la conduite de la guerre [de 39-45], il est fort peu probable, par exemple, que l'Allemagne aurait attaqué la Russie alors que la Grande-Bretagne restait en lice et, plus improbable encore, qu'elle aurait commis l'absurdité de déclarer la guerre à l'Amérique six mois plus tard. Quand on voit comment le régime nazi a réussi à s'autodétruire en une douzaine d'années, on peut difficilement croire à la valeur de survie du totalitarisme.» (George Orwell, A ma guise, Chroniques 1943-1947)

Les Assad... acte I... acte II... 
C'est ici que nous sommes rendus aujourd'hui avec Bachar el-Assad. Lui ose tout, le totalitaire est "inférieur" par essence. Serait-il seul que l'affaire serait vite réglée, mais sa Garde alaouite souffre d'un complexe de supériorité entretenu par l'arme fatale, le gaz sarin. Le même qu'Ali le Chimique utilisait contre les insurgés kurdes d'Irak. Le président syrien me fait penser de plus en plus à son oncle du Baas, Saddam Hussein, ne ratant aucune occasion de s'enfoncer : alors que France, Russie, Chine faisaient des pieds et des mains pour lever l'embargo onusien et l'amener à la table commune, la provocation du raïs de Bagdad ne tardait jamais pour mettre en l'air les bonnes intentions de ses amis, jusqu'à s'inventer des armes de destruction massive qu'il n'avait pas !

Le renseignement occidental a détecté le conditionnement d'ogives chimiques dans un ou deux arsenaux syriens. La Maison Blanche a formellement signifié au génie de Damas que l'utilisation de ces armes entraînerait des conséquences, que nous, nous traduisons par la vitrification des vecteurs possibles et plus encore. Qu'a-t-il trouvé comme réponse ? "Je ne tirerai pas sur mon peuple !" laissant penser à tous qu'il va quand même tirer cette merde sur quelqu'un après l'avoir déclaré "non syrien" !

On peut craindre (ou pas) après une première passe, un remake de Bagdad 2003, avec destruction au sol des forces aériennes syriennes et incinération du palais présidentiel au cruise missile afin de stopper toute vengeance désespérée. Ce qui finalement serait le moins pire pour le peuple syrien parce que les choses sont en train de se gâter terriblement.

Après avoir méthodiquement détruit tout village ou quartier habité d'opposants présumés, le régime est militairement aux abois sur un champ de ruines. Il recule partout. Selon le reporter de La Croix, François d'Alançon, la Syrie des Assad se résume aujourd'hui à Damas centre-ville, son aéroport, le palais présidentiel, la route du nord-ouest vers Homs, Tartous (basse navale russe) et Lattaquié (fief alaouite), et quelques arsenaux fortifiés. Les unités territoriales lèvent leurs barrages pour rejoindre Damas bientôt menacée par la rébellion. La bataille de Damas s'annonce comme un carnage, les communautés assiégées étant entraînées par les différents belligérants à se battre entre elles pour survivre. Même avec la disparition hypothétique de Bachar el-Assad, la guerre civile des sunnites contre les chiites-alaouites entraînera celle de tous contre tous sauf miracles, et durera autant que les cartouches, avant que les puissances étrangères impliquées ne s'accordent.

Pour le moment, selon le New York Times, l'Iran continue de fournir de la ressource par avions-cargos avec la bénédiction de l'Irak, devenu lui-même un maillon chiite dans la Grande Dispute, et par conséquent impliqué désormais. En face, le Golfe arme les rebelles en continu, les roquettes sol-air commencent à toucher leurs cibles, refoulant les aéronefs lents comme les hélicoptères d'attaque au sol. Au nord, la Turquie redoute un coup de folie du tyran déchu qui pourrait se venger à lâchant sur le pays sa dernière salve, comme Saddam Hussein l'avait fait sur Israël lors de la première guerre du Golfe, et c'est bien la raison de précaution qui a décidé l'OTAN à disposer des batteries de contre-missiles Patriot à la frontière syro-turque.

Lors de sa visite au palais de Dolmabahçe à Istanbul lundi dernier, le président russe a réitéré sa demande d'une solution pacifique avec une mauvaise foi à la limite de la provocation. Nul n'en veut sur place ; le combat est à mort désormais. Bachar el-Assad a hérité de son père la Syrie, elle est sa chose, son fief, sa raison de vivre. Il habite le palais remarquable que son père a construit pour sa dynastie sur les hauteurs de Damas. Nul n'est plus chez lui que lui. Ses fidèles, resserrés autour des points stratégiques, lui masquent une solitude accrue et poussent à la roue pour amasser le plus de cartes en mains leur assurant une survie prospère... avant le grand marchandage entre Etats-Unis et Russie. Mais ils se trompent. Sauf à faire un coup d'Etat à la Ceaușescu pour arrêter les combats aujourd'hui maintenant afin d'apparaître comme des facilitateurs, leurs positions résiduelles ne seront pas négociables car tout le monde est allé trop loin dans l'horreur et les groupes rebelles sont en concurrence entre eux dans la sauvagerie. Leurs positions seront soit enlevées à la baïonnette sans éthique ni humanité, soit carrément incinérées. On a déjà vu ce film dans le passé.


Palais Al-Shaab, complexe présidentiel à Damas


Ce pays hébété mettra dix ans à s'en remettre, sans garantie d'une issue propice à la réconciliation générale ni d'un accès à la prospérité, et vingt à se reconstruire. Une société totalitaire n'est pas plus forte qu'une société libre, disait Orwell. Elle n'apporte pas plus de tranquillité à ses clients car la paix civile dans la crainte est un leurre. L'autre conserve une capacité critique pour s'ajuster en permanence alors que la première s'aveugle de présupposés dogmatiques à dépense d'experts. La Syrie des Assad, dont le régime policier était réglé comme une montre par des professionnels de l'oppression, s'achève en 2012 dans un chaos indescriptible, pour trois fois rien au départ : un semblant de démocratie, l'écume d'un léger désordre bon enfant, ce que le fils du raïs avait promis quand il avait accédé au pouvoir en provenance de Londres (comme Seif el-Islam Kadhafi d'ailleurs). Il suffisait à l'oculiste de faire semblant !


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