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De la supériorité de la monarchie constitutionnelle

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Cité par le Lien légitimiste dans sa dernière livraison (n°52), le père Daniel-Ange de Maupéou d’Ableiges proclame la supériorité de la monarchie à l'occasion du couronnement du roi Philippe Ier de Belgique. Son titre : L’actuelle Pertinence d’une monarchie constitutionnelle annonce un "débat" en dix points duquel le vainqueur est sans surprise le modèle westminstérien. Il n'est pas habituel de lire ce type de synthèse claire et documentée qui ne recoure pas aux poncifs d'usage et n'engage pas dans sa démonstration les lois fondamentales du royaume. Il faut dire que le modèle belge est tout neuf. Daniel-Ange de Maupéou (appelez-le Daniel-Ange) dirige l'Ecole catholique internationale de prière et d'évangélisation Jeunesse-Lumièreà Pratlong dans le diocèse d'Albi. On ne l'attendait pas sur ce terrain. Le voici donc (son article complet est sur son blogue :

I.- Le prince héritier est préparé dès l’enfance à son métier, recevant une éducation, une formation ad hoc sur le long terme, y étant au long des ans initié par son père (ou, pour Philippe, par son oncle). Et assumant pendant des années déjà nombre de missions diplomatiques et de prestations publiques, de réceptions officielles. Assisté qu’il est par différents conseillers politiques. Donc, toujours parfaitement au courant de l’actualité nationale et internationale.

II.- Le peuple le connaît dès sa naissance, a suivi toute sa croissance, sa lente maturation. Ce n’est pas un individu débarquant d'on ne sait où...

III.- Le roi est au-dessus de toutes les querelles, mesquineries, magouilles, guéguerres des partis politiques. Il en est totalement indemne. Il peut vraiment être le représentant, mieux : comme la personnification de son peuple, étant ainsi tout à tous. Un roi partisan est impensable. Il est sans-parti. Hors parti.

IV.- Un roi est reçu, accueilli, car donné. Normalement, sans contestation. Il n’est pas le résultat mathématique d’une implacable, féroce, meurtrière bataille électorale, coûtant des sommes exorbitantes, où les candidats se gargarisant de promesses fallacieuses (dont on sait bien qu’ils ne pourront les tenir), mitraillent leurs adversaires, les salissant à coups de médisances ou de calomnies, tous les coups bas étant permis. Faisant honte à leur pays. Où la victoire n’est emportée au plus juste qu’à quelques centaines de mille voix près, et souvent grâce aux nombreuses abstentions. Victoire au prix de la moitié du peuple vaincu, humilié, amer, si ce n’est révolté. Comment un tel vainqueur peut-il oser ensuite se prétendre le représentant de la nation, le président de tous ? C’est inhumain. Contre-nature.

V.- Les présidents se succèdent à cadence rapide. Les régimes s’effondrent les uns après les autres. Les gouvernements sont sans cesse remaniés, les ministres valsent, les chambres sont régulièrement dissoutes. Les programmes sociaux et économiques, les politiques scolaires et diplomatiques ne cessent de changer au gré des caprices d’un ministre. En République, rien n’est stable. Personne n’assure la continuité ni la stabilité, ne veille sur la fidélité au patrimoine national, à l’héritage des siècles, à l’histoire de la nation. Parfois même on s’en f... À peine a-t-on reconnu la valeur d’un bon président, que son mandat est achevé. Et s’il est mauvais, bonjour les dégâts dans l’attente impatiente des élections. Bref, présidents et gouvernements passent. Le roi demeure. Comme la nation.

VI.- Les présidents ont besoin de beaucoup de temps pour trouver leurs marques, découvrir le pays, autant dans son histoire que dans son actualité. À peine le travail fait : dehors ! Et de devoir recommencer à zéro avec un nouveau. À échelle plus réduite, il en va de même pour ministres, préfets, ambassadeurs. Comment est-ce possible de les muter tous les deux ans maximum ? À peine commence-t-on à connaître à fond son domaine, son département, sa région, le pays auquel on est accrédité : au suivant !

VII.- Une monarchie "moderne", dite constitutionnelle, met à l’abri de toute dérive arbitraire, de toute tentative dictatoriale, le souverain ne pouvant s’arroger aucune prérogative non précisée par la Constitution, dont il n’est que l’interprète et le garant. Alors qu’un système républicain électoral ne met aucunement un président à l’abri d’un totalitarisme idéologique dictatorial ou virant à la dictature, comme nous en faisons l’amère expérience en cette France, se gargarisant pourtant des droits de l’homme. (Hitler a été démocratiquement élu).
Pour revenir à l’actualité belge : le roi y a beaucoup moins de pouvoirs effectifs que les présidents des États-Unis ou de France, mais bien davantage que les monarques de Grande-Bretagne ou des pays scandinaves. Car le discernement et le choix des Premiers ministres qui lui reviennent s’avèrent stratégiquement décisifs.

VIII.- Un roi ne gouverne pas : il règne. Mais joue tout de même un rôle décisif et magistral en politique, par sa seule autorité morale, par l’ascendant que lui donne sa longue expérience, lui conférant une sagesse et un discernement des personnes et des situations unanimement reconnus par la classe politique. Ce fut flagrant pour le roi Baudouin. C’est dire que le côté spirituel, moral l’emporte sur la fonction. Le pouvoir d’un roi tient davantage de sa stature, que des statuts juridiques de son pays. Et son influence personnelle sur les partis et les politiciens est renforcée par sa popularité : le peuple est derrière lui. Cela même est une exigence pour lui. Impérative. S’il veut avoir une vraie influence politique, il lui faut être à la hauteur de la charge, être parfaitement digne de sa fonction — bref, le plus irréprochable possible. S’ajoutant à sa légitimité, son intégrité personnelle est garante de son autorité.
Mais, par ailleurs, sa légitimité n’est pas dépendante de sa popularité. Il n’est pas comme un président, livré, pieds et poings liés aux sondages, aux applaudimats. Il en est royalement (évidence) libre. Politiquement correct. Il n’est pas esclave de petits lobbies, ou des gros magnats des media fabriquant la soi-disant opinion publique. Il est Souverain. Son autorité découle de son intériorité.

IX.- Le roi n’est pas un individu isolé. Il est une famille. Inséparable non seulement de son épouse, mais de ses enfants, frères, sœurs, cousins. C’est toute sa famille que l’on connaît depuis toujours. Cela donne à la vie d’un peuple une dimension familiale très forte. Exigence là aussi, pour le souverain, d’avoir une vie de famille la plus irréprochable possible, vraie école de sainteté pour lui. C’est tout autre chose qu’un président imposant sa concubine comme première dame.

X.- Enfin, un roi ou une reine, on l’aime. On aime sa famille. Cet élément affectif humanise tellement la vie d’un peuple. On peut admirer un bon président. Mais difficilement l’aimer : il ne fait que passer la durée d’un ou deux mandats. Donc, mieux vaut ne pas trop s’y attacher. Baudouin et Fabiola, Paola et Albert ont été profondément aimés. Philippe et Mathilde le seront certainement. Qui a vu lors de l’encièlement du roi Baudouin, tout un peuple, unanime, en larmes, des grands-parents aux petits-enfants, sait de quoi je parle.




Les amateurs auront noté les "entorses" à l'orthodoxie légitimiste ; malgré tout, ce texte parle à la multitude sans interprète obligé. C'est du direct. Merci à Gérard de Villèle d'avoir piqué ce panégyrique au bon endroit.

Le Lien légitimiste
2, Le Petit-Prix
37240 La Chapelle-Blanche-Saint-Martin
(Edition électronique 10 euros les 6 numéros)


 



Sandrine Pico en clôture de l'UDT AR

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Un texte qui mérite d'être lu et relu, et que Royal-Artillerie archive aujourd'hui pour s'y référer plus tard. C'était en clôture de l'université d'été du parti royaliste qui s'est tenue à Paris les 31 août et 1er septembre 2013. Sandrine Pico–Deprez, déléguée régional de l’Alliance Royale pour l’Alsace est aussi Déléguée général du parti pour toute la France.


Nous voilà arrivés au bout de cette Université d’été. Ce moment est un point d’orgue de notre mouvement et il est en tout cas le fruit de beaucoup d’investissement de la part de nos cadres et de nos membres : qu’ils en soient ici remerciés très sincèrement.

J’espère que cette rencontre a été un moment formateur pour les participants. Nous avons essayé d’apporter les idées, les moyens et la motivation pour proposer des éléments de discours constructifs. En effet, il s’agit non seulement d’analyser la société, de la décrypter pour mieux la comprendre, mais aussi et surtout d’apprendre des moyens simples et concrets pour mettre en application un projet politique qui est à terme de changer la France, de créer une contre-culture.

Pour mettre en œuvre une ligne politique il faut, au préalable, poser un diagnostic.
Nous constatons d’abord l’épuisement progressif d’un élément mobilisateur et dynamisant qui faisait l’Histoire – celui de la Gauche. Qu’on le veuille ou non c’était bien le discours de la gauche qui depuis 1789 était un moteur historique. Or, nous observons en ce moment des éléments de rupture qui tournent le dos à deux cents ans d’idéal républicain.

Les idées des Lumières avaient représenté, pendant plus de deux siècles, le grand principe dynamique de l’histoire occidentale. Aujourd’hui l’Histoire est en train de se faire contre ce qui, par facilité, porte encore le nom de « Gauche » et qui n’est en fait qu’une facilité de langage puisque la gauche n’est que situationnelle par sa position sur l’échiquier politique. Le véritable clivage, qui fera à terme éclater tous les partis républicains est celui de la dignité de l’homme et de sa place dans la Création.

Tout le spectre politique français est de gauche car c’est elle qui a créé les règles du jeu. La droite n’est que la locataire, la gauche est la propriétaire.
On est frappé de l’accélération de l’histoire en train de se faire. Il n’y a jamais de progression linéaire mais des phases de pallier et d’accélération : il ne vous a pas échappé que nous sommes dans cette phase de grande accélération, pied au plancher !

« Et depuis, toutes les catégories politiques usuelles sautent, tout paraît usé, creux et nul. Quelque chose de neuf émerge et aspire à se matérialiser. Mais quoi donc ? Le peuple le vit et le sent, mais il manque de mots pour dire ce qu’il vit, ce qu’il attend, ce qu’il espère.. Mais il y faudra bien du temps et tout ne sera clair que quand tout aura été accompli. En tout cas, un immense mouvement anime le peuple, doté d’une universalité supérieure, rendant un avenir à l’humanisme, traversant tous les partis. Et le pouvoir n’y voit rien, n’y comprend rien. C’est pourquoi il est condamné. Il rentre à reculons dans le néant.

C’est par rapport à ce mouvement que tous seront forcés de prendre position, et de se redéfinir. C’est pour cela que certaines questions n’ont plus de sens comme celles de savoir : « Comment le mouvement social doit-il se situer par rapport à tel ou tel parti? » ou : « Comment doit-il se rapporter à la fraction de la Gauche qui se rapproche de lui ? » Car dès lors qu’existe un vrai dynamisme historique, doté d’un vrai principe spirituel, enraciné dans la Raison, la seule question est de savoir si on est dedans, ou dehors. Ainsi donc, à terme, le PS éclatera en deux. L’UMP éclatera en deux. Le FN éclatera en deux. Etc.

Et l’Histoire ira de l’avant.
En outre, il ne faut pas oublier que le mouvement pour le mariage et la famille ne représente qu’un des trois pôles de ce mouvement social nouveau où un nouvel esprit est en train de se faire jour.

Le parti socialiste français, dont nous parlons sans aucun esprit partisan, tout comme de la Gauche dans son ensemble, se trouve au pouvoir en 2013, et il y offre un exemple accompli de ce qu’est une structure morte et mortifère, dont l’esprit et la vie se sont retirés. Leurs dirigeants ne sont objectivement qu’une des factions d’une bourgeoisie libertaire et antisociale, qui alterne avec une autre, grâce au détournement des mécanismes de la représentation, permettant de faire valider indéfiniment par un peuple découragé la politique de l’oligarchie libertaire au moyen de procédures formellement démocratiques. On ne saurait mieux dire que la démocratie est à recréer, parce que la ruse a remplacé la vérité, et que tous les êtres vivants et de bonne foi ont leur place et leur vie dans le mouvement qui nous conduit vers la nouvelle République.

Une République nouvelle en France ne se définira pas par un nouveau numéro : 6, ou 7, ou par une réanimation d’idéologies tombées dans le coma.

En fait, les dirigeants du PS ne sont pas socialistes, mais individualistes. Non pas ouvriers mais bourgeois. Faisant une politique ultra-libérale au niveau global, et pratiquant en même temps un socialisme régional ou municipal difficile à différencier d’un simple clientélisme. Non pas libérateurs mais dogmatiquement libertaires et très intolérants. Non plus moraux mais sans éthique, et plus moralisateurs que jamais. Non pas rationalistes, mais ayant renoncé à toute philosophie sérieuse au profit du nihilisme transgressif (où se cristallise en concepts le simple arbitraire individualiste). Là est le point important, celui auquel va s’appliquer le travail de remise en cause, celui dont la négation fait surgir la nouveauté imprévue.

Le nihilisme transgressif est devenu la doctrine officielle de ce Gouvernement, et d’une grande partie de la classe politique. Or, non seulement le Gouvernement de la France, aujourd’hui, a adopté cette philosophie nihiliste et transgressive, mais il a entrepris de l’imposer de force à toute la jeunesse de la nation.
Nous devons donc nous attaquer à ce nihilisme et mettre en place une contre-culture.

La Gauche nihiliste et transgressive n’a pourtant pas oublié les lois de la politique pure. Elle sait que garder l’initiative est la condition pour conserver le pouvoir. Ayant perdu tout critère et tout dynamisme ascensionnel, , elle se livre à la fois à l’instinct de plaisir et à l’instinct de mort, et choisit d’appeler « nouvelle civilisation » la descente en vrille dans cette barbarie. Elle fuit en avant pour tenter de garder le pouvoir dans un monde qui lui échappe. Elle choisit une voie de démesure, mêlant prosélytisme et dictature. Mais, cette fuite en avant est ce qui à la fois la condamne à n'être plus que du passé, et ce qui fait surgir sa négation sublime. » H. Hude tiré de son article la "république des veilleurs".

Ce nihilisme transgressif devient le noyau d’une culture officielle qui prétend installer une République nihiliste et une République de la transgression, et uniformiser le pays entier sous son contrôle, avec une agressivité et une intolérance qu’on n’avait plus connue à ce degré depuis 1793.

Par habitude, la République entretient une fausse conscience et un discours creux, comme si on était encore aux temps héroïques du jacobinisme, ou aux temps du Front populaire. Mais sa rhétorique, vidée de tout son sens moral et traditionnel, couvre désormais exactement le contraire de ce qu’elle exaltait autrefois – tout comme les discours d’Hitler reprenant la philosophie de la SDN et invoquant le droit des nations à disposer d’elles-mêmes couvraient en réalité son contraire, un impérialisme bestial.

La situation politique en France comporte ainsi quelque chose de totalement inédit. La seule contestation du Système ne suffirait pas à produire un mouvement de la nature de celui que nous observons. Un principe surnaturel est ici à l’œuvre . C’est en cela que nous sommes en pleine révolution copernicienne qui doit accoucher d’un Nouveau Monde. C’est une mutation soudaine qui s’est produite, et ce qu’on en voit n’est qu’un début. Nous ne sommes plus en présence d’un affrontement droite/gauche traditionnel en France, avec d’un côté les « conservateurs », ou la « réaction », et de l’autre un « front progressiste ». Nous avançons au contraire à fronts renversés, dans un renouvellement complet des règles du jeu. Et l’oligarchie libertaire n’a rien à opposer à ça si ce n’est la répression !

En un mot, une lame de fond est en train d’émerger . La France est en train de faire sa mue et se dégage péniblement de sa vieille peau. Elle est susceptible d’unir à terme toutes ses traditions et de la refonder, à la fois structurée, noble, libre, conforme à son caractère historique.

« La prise de conscience des familles n’est que le début d’une prise de conscience nationale demain unanime. Celle-ci va se produire lorsque convergeront :
- D’une part : l’indignation des couches populaires économiquement opprimées par l’ordre libertaire, et la ferme détermination des familles culturellement opprimées, par ce même ordre libertaire.
- D’autre part : la résistance des patrons et des entrepreneurs écrasés par l’ordre fiscal et administratif, qui constitue un véritable système de privilèges au bénéfice de l’oligarchie libertaire.
Quand ces deux grands courants sociaux convergeront, quand l’ennemi commun aura été identifié, l’oligarchie ne pourra plus régner en divisant et il se produira un renouvellement profond à la fois de la démocratie et de la doctrine républicaine aujourd’hui corrompue. La France refera son unité, elle retrouvera un dynamisme et son Histoire, dans une nouvelle résistance mettant à bas un despotisme » H. Hude (ibid)

Conclusion : Nous sommes les prédicateurs de l’espérance

Nous sommes en face d’une logique de la transgression qui a commencé en 1789. La nécessité empirique d’un changement de régime apparaît aujourd’hui dans toute son évidence. La résistance populaire qui se dessine est un refus politique plus général d’un système de domination oligarchique. Il doit déboucher sur une action politique qui est un changement de régime ; car il ne sert à rien de changer les hommes, il faut changer d’institutions. Notre vision politique est institutionnelle et défend la légitimité du pouvoir, la justice et la souveraineté. Contester la légitimité du régime républicain est la vocation de l’Alliance royale qui est par essence de nature dissidente.

Tant qu’ils ne seront pas relayés par une structure politique, les actes de dissidence n’atteindront pas leur but. Seule l’Alliance royale propose un véritable changement institutionnel, à la différence de la contestation des autres partis, tous républicains, qui ne va pas au fond des choses et ne remet pas en cause le système et son idéologie. Ce changement institutionnel est indispensable pour soutenir la résistance des hommes.

Le peuple est la seule réalité qui dure. En tant que parti royaliste, le propre de l’Alliance royale est d’orienter sur le long terme ces forces dans le sens d’une réforme institutionnelle radicale et non d’une insurrection qui changerait les hommes mais pas les ressorts idéologiques.

Ainsi, par-delà la colère légitime, gardons l’espérance : tout n’est pas écrit une fois pour toute, comme si l’action des hommes ne comptait pour rien. La question n’est pas ce qui va arriver mais ce que nous allons faire. Et ce qui arrivera dépendra de ce que nous aurons fait… ou pas.

La France nouvelle se prépare dans la nuit. Le chemin qui mène à Reims, vers la lumière, vers l’aube royale commence donc maintenant. Voulez-vous faire ce bout de chemin avec nous, voulez-vous être nos compagnons de route ?. Nous sommes l’avant-garde, nous venons peut-être trop tôt mais nous montrons le chemin pour construire cette France régénérée : accompagnez-nous, êtes-vous prêts ?


Merci de votre attention, vive le Roi.

Sandrine Pico-Deprez



40 ans sous la couronne SKF

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Ce billet est paru il y a dix jours dans l'Action française 2000 du 5 septembre 2013 (n°2869) sous le titre Quarante ans de règne pour annoncer le jubilé du roi de Suède Charles XVI. Il entre en archives Royal-Artillerie dans sa version originale.

Charles XVI Bernadotte de Suède
On astique les grands landaus noirs au palais royal de Stockholm et la Garde recoud ses boutons de vareuse. La fête du jubilé dans dix jours s'annonce populaire puisque les comptes publics du pays sont à l'équilibre. C'est d'ailleurs une routine chez les royaumes du Nord que d'avoir cette sérénité budgétaire. Les pays scandinaves sont "socialistes" en diable, redistribuent beaucoup, chôment peu et partagent un handicap terrible : leurs habitants sont rares sur de vastes territoires inhospitaliers que le soleil boude la moitié du temps. Hormis les bords de mer, l'Etat y gère un désert mais dégage de l'excédent budgétaire ; cherchez l'erreur. La théorie des climats nous dirait après Montesquieu que l'Arctique forge des caractères sérieux alors que les pays de cocagne latins induisent l'indolence et la procrastination, mais pour ce qui concerne le royaume de Suède, on peut parler aussi de maturité citoyenne ancienne et de perspicacité d'une classe politique honnête, non engoncée dans des principes à déclamer comme nous en assène ici la logorrhée républicaine.
Deux observations étayent cette qualité mature du modèle froid : de vieille tradition parlementaire – leurs Etats généraux remontent au Moyen-Âge - le pays a reconverti son système représentatif en parlement monocaméral économique, la Diète royale où les députés entrent à la proportionnelle. On ne truque donc pas les scrutins.
Deuxième observation, le droit social ne subit pas l'effet de cliquet qui interdit chez nous de mordre sur les "avantages acquis". Quand l'ombre de la banqueroute du fameux modèle suédois s'est dessinée dans les années 90, la société fut réformée complètement, et on peut discuter aujourd'hui d'un projet de départ à la retraite à 75 ans sans que les interlocuteurs ne se sautent à la gorge.
Les Suédois sont pragmatiques et ennuyeux, à l'image du "mobilier national" (IKEA), mais au moins ont-ils un projet de pays à leur taille, bordé, réalisable. Neutre depuis la Grande Guerre du Nord au XVIII° siècle, ce qui fut jadis une grande nation militaire se replia sur ses intérêts essentiels et traversa deux guerres mondiales à l'abri. Mais le royaume n'était pas coupé du monde et les opportunités saisies à l'occasion. Le Marché commun s'offrait-il en zone de libre échange bien plus vaste et riche qu'un hypothétique marché anglo-scandinave, que la Suède, après avoir changé son volant de côté¹, le rejoignit sans états d'âme. L'intégration monétaire risquait-elle de miner l'autonomie des politiques budgétaires et brider sa compétitivité internationale, qu'elle fut en revanche refusée.
Les aléas d'une collaboration euro-américaine sont amortis par la coopération inter-baltique sous la forme du Conseil nordique². Celui-ci reprend des couleurs depuis la crise des budgets latins et la germanisation de l'Eurogroupe ; à tel point que « L’État fédéral du Norden », dernier bouquin de l'historien Wetterberg qui remet en situation une vieille tentation scandinave, est un bestseller ! Si l'Allemagne réussit l'anschluss économique et financier de ses "clients" on reparlera sérieusement du Norden.

la famille en charge

Mais le royaume de Suède n'est pas qu'un pays de luthériens affairés. On y entend des rumeurs sur la Cour, on brûle des voitures à Husby et l'Etat peut montrer les dents comme dans l'affaire de Pirate Bay³. Le communautarisme y fait les beaux jours du parti xénophobe (20 députés) et on a essayé de tuer Lars Vilks pour ses caricatures du Prophète ; le chômage en banlieue est de 8,8% contre 3,6% en ville ! Entre-temps les Chinois ont racheté Volvo et Saab est mort. A travers ces vicissitudes, la Suède néanmoins ne se désunit pas. Sa croissance est positive (0,8% en 2012), le commerce extérieur rapporte des couronnes (6% du pib), ils vendent des roulements à billes (skf) et de l'air comprimé (Atlas copco) à tout le monde, et des avions de chasse aux Suisses. Que demande le peuple ?
Un roi, mais pas celui des grenouilles. Un roi accessible qui les aime et les représente bien. Une famille qui incarne la pérennité de la Nation, la continuation du Projet, une présence immuable qui permet de traverser l'obscurité de l'hiver, un phare dans la brume. Carl XVI Gustaf est roi de Suède depuis quarante ans (15/9/1973). Sa fille Victoria lui succédera, et sa fille ensuite, depuis le retrait de la primogéniture mâle de la loi de dévolution de la couronne. Le jubilé des 40 ans fêtera le 68ème roi de Suède et la pertinence d'une saga nordique inaugurée sur ce même territoire par Fjölnir, fils de Njörd, dieu de la Mer, du Vent et du Feu, au tout début de l'Histoire.



(1) La circulation passa de gauche à droite au matin du 3 septembre 1967
(2) Islande, Danemark (et Groenland), Féroe, Norvège, Suède, Finlande, Îles Åland, Estonie, Lettonie, Lituanie.
(3) Pirate Bay est un gros site multiplexé de téléchargement mondial dont les acteurs ont été traduits en justice en 2010.

Le 75 Mle 1897 comme promis

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Je romps le silence et rouvre le blogue pour une contribution de Royal-Artillerie à la commémoration de l'Armistice, ce que nous fîmes chaque année¹. Il n'est pas sûr que le blogue soit encore en ligne dans cinq ans pour le centenaire. Les contributions s'amassent partout dans le mouvement d'accaparement lancé par le pouvoir actuel pour masquer son incurie crasse dans les domaines économique et social. Nous avions promis l'an dernier le canon de 75 qui, dans la collection, fait le pendant du char Renault. Le voici donc sur Royal-Artillerie (normal !)



Le propre d'une arme de guerre étant de la finir, le canon de 75 Mle 1897, comme le char Renault FT1917, a conquis ses lauriers sur sa résilience aux pires conditions de combat avec maintien de ses capacités de suprématie. L'un et l'autre mettent en valeur le haut niveau technologique de l'industrie française de la Belle Epoque, un souvenir. Des armes légères ont elles-aussi convaincu leurs utilisateurs dont le fusil à répétition français MAS36 et le fusil automatique Kalashnikov AK47 russe. Nous verrons dans ce billet, successivement l'avantage technique apporté par ce canon et l'avantage tactique.

La technique du 75

On comprend bien que, le canon d'artillerie étant une arme de destruction à longue portée, le rapport capacité de choc/manoeuvrabilité est le paramètre primordial d'un canon dit de campagne, donc mobile. La contrainte de taille et de poids et donc forte ; il faut investir beaucoup d'intelligence pour y donner aussi la puissance. La destruction visée devant être opérée dans un carré précis, il importe que la mise à feu et la détonation de la cartouche n'altère pas les données de pointage, ou le moins possible, car il en va du réglage du coup suivant et in fine de la cadence de tir, et donc de la masse destructrice expédiée à destination dans le délai imparti.

Cette conservation des éléments de pointage est apportée par l'amortisseur de recul (et un peu par le frein de bouche mais c'est une autre histoire, le 75 d'origine n'en eut pas). Plus la loi de recul est longue, meilleur est l'amortissement. Ce recul long était le vrai défi. Deux ingénieurs français de l'armement, Deport et Sainte-Claire Deville, le relevèrent avec succès aux Ateliers de Puteaux en 1895.
Il s'agit d'actionner par le recul du fût un cylindre-piston hydraulique parallèle disposé en dessous, qui comprimant l'air d'un tube esclave fait frein progressif et renvoie l'énergie comprimée au fût qui reprend sa place. Ce principe est très répandu aujourd'hui dans les amortisseurs automobiles. Rosalie Lebel qui a tous les croquis, nous offre une description synthétique du principe :
« Un piston, lié au canon, coulisse dans un réservoir cylindrique rempli d'huile oléonaphte. Ce réservoir communique avec un autre réservoir cylindrique dans lequel de l'huile et de l'air sous pression sont séparés par un piston libre. Au départ du coup le canon recule entraînant le piston, l'huile est refoulée au travers d'un petit orifice, ce qui freine l'ensemble. Dans le cylindre inférieur l'huile comprime aussi l'air, dont la détente à la fin du coup va repousser le canon à sa position initiale, et qui participe aussi au freinage ». Et elle nous offre aussi le schéma :


On comprend donc que plus le cylindre est long, moins brutal est l'encaissement du choc de départ du coup par l'affût immobilisé au sol. Les canons de l'empire reculaient sur leurs roues déréglant le pointage, le canon Deport à recul élastique permet de tirer sur un affût soudé au sol par des freins de roues à abattage et une bêche de timon. Le rechargement en culasse par cartouche prête à l'emploi permet de tirer 12 coups par minutes (20 cpm théoriques), ce qui est considérable pour l'époque. On arrive à la tactique, mais signalons avant cela que notre qualité de fabrication de l'époque permettait de tirer 15000 coups avant de réformer le tube !

Courtoisie L&F Funcken Ed.Casterman


La tactique du 75

Outre son "immobilité" d'axe, le canon Deport dispose d'un dispositif de pointage en site et hausse très précis qui dispense d'une visée à vue directe, celle-ci restant possible. Le tir peut donc être réglé par un observateur déporté ou avancé qui, lui, voit l'impact et communique ses corrections. A la limite, le canon peut tirer de n'importe où pourvu qu'il y accède avec son caisson à munitions.



La batterie de 75, hippomobile au départ, est formée de deux voitures.
Une voiture-canon (avec 24 coups - photo ci-dessus) et une voiture-caisson de 96 coups, dont les trains-avant reprennent le vieux principe de dissociation des trains de Gribeauval ; ils sont détachables pour la mise en batterie mais le train-avant reste attelé pour sortir de batterie sans retard. Ils mobilisent douze chevaux (2x6) pour s'affranchir des mauvais chemins, mais peuvent se déplacer avec huit seulement sur route carrossable. Pendant la guerre, on les tractera derrière des camions ou dans des bennes.

On voit donc qu'une batterie réglementaire à quatre pièces de 75 Mle 1897 dispose d'une puissance de 480 coups livrables à 8 kilomètres à la cadence de 50 coups/minute, ce qui justifie amplement la définition de canon à "tir rapide". La mise en batterie prend une minute, le pointage autant. Le canon rapide de 75 Mle 1897 est aussi une batterie rapide.
Le premier engagement de ce canon fut réalisé par le corps expéditionnaire français en Chine lors de la révolte des Boxers. On en vendra à tout le monde, sauf à la Prusse (?!) mais le III° Reich en prendra beaucoup en 1940 qu'il redéploiera en Russie et sur le mur de l'Atlantique.

Courtoisie Rosalie Lebel


Les liens utiles sont en bas de page. Nous ne pouvons terminer sans rendre un hommage appuyé aux millions de soldats tués, cassés, gazés, mutilés et aussi rescapés de la Grande Boucherie. D'aucun bord qu'ils furent, ils y allèrent de "bon cœur" au début du moins, prouvant en cela un attachement sincère à leurs valeurs, coutumes et terroirs ; et pour certains venus des antipodes, une indéfectible fidélité à leur serment. Puis vint vite le terrible éclaircissement des rangs et l'enthousiasme mécanique le céda à la peur au ventre, les bourdonnements d'oreille, le cœur au bord des lèvres ; mais toujours vaillants, ils sortirent de la tranchée, à l'assaut d'une tranchée d'en face pareille à la leur, jour après jour, dans la boue et la pourriture, la glace ou la sueur, au milieu des cris, des pleurs, des vociférations, sous le fusant de l'obus coup parti.
Profond respect.

Il y eut aussi l'arrière qui tint bon. Honneur aux femmes de France.

L'an prochain, si nous faisons un billet le 4 août 2014, nous chercherons à comprendre le ralliement de Charles Maurras à l'Union sacrée, et nous briserons là.



(1) Billets du 11-novembre antérieurs :
2012 - Le char Renault FT1917
2011 - Onze au cube
2010 - Nous nous souvenons
2009 - Onze novembre 2009
2008 - Onze novembre 2008
2007 - Onze novembre
RA n'avait pas fait d'articles sur le 11-novembre dans les années antérieures à 2007


Aquarelle de Pierre Comba


Sources :
http://canonde75.free.fr/intro.htm
http://basart.artillerie.asso.fr/article.php3?id_article=345
http://rosalielebel75.franceserv.com/canon-campagne-75.html
http://www.materielsterrestres39-45.fr/fr/index.php/artillerie-legere-de-campagne/15-france-artillerie-campagne/393-canon-de-75-modele-1897
http://canonde75.free.fr/canonsmodifies.htm
affut de bord 1 : http://jemepromaisne.free.fr/75/75-1.jpg
affut de bord 2 : http://jemepromaisne.free.fr/75/75-2.jpg
DCA : http://aldfs.bb-fr.com/t44-canon-de-75-mle-1897-sur-plateforme-puteaux-mle-1915



Le doute républicain

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Ce texte a été publié par le site de La Faute à Rousseau, la veille de Noël. Il fait suite à un signalement du Lien légitimiste, grand fureteur internautique devant l'Éternel. Il entre en archives Royal-Artillerie, avec la photo de notre interlocuteur, pour nous servir de billet de la Saint-Sylvestre.

Sur le site de Riposte laïque, un des responsables de l'association Résistance républicaine¹, du nom très offensif de Philarcheïn, poursuivi par le MRAP pour hétérodoxie, commence à allumer la lampe du doute. Républicain sincère - il faut l'être pour cotiser - il se croyait en 1789 et se réveille en 1793. Ce n'est plus le même tabac à priser, on l'a coupé de piment rouge. Le jacobinisme fait rage et l'ennemi n'est plus à la frontière mais carrément dans les caves du régime ! Si la terreur ne saigne pas le corps de ses contempteurs elle en saigne les comptes, et à coup d'assignations avance inexorablement comme le désert chanté jadis par France Gall. Il y a de quoi s'insurger, vous savez "celle qui vient" comme ils disent à Tarnac.

M. Philarcheïn se tâte :« A choisir entre une République immonde, comme celle d’aujourd’hui, où la terreur exercée contre le peuple est cogérée par la racaille et par l’État, et une monarchie absolue où la police ferait enfin son boulot, où la justice ne servirait qu’à coffrer de vrais méchants, je serais prêt à faire mes bagages pour rejoindre cette monarchie absolue ! »
Et je lève le doigt. Ne partez pas, monsieur Philarcheïn - il envisage l'Espagne - faisons-la donc ensemble ici. Vous cherchez la liberté en monarchie, vous ne pouviez pas mieux tomber. C'est fait pour !

La liberté ne foisonne que dans un écosystème bien réglé où le bien commun prime pulsions et caprices et bride le malin, et d'expérience, le meilleur système social n'est-il pas celui où les cadres fondamentaux sont préservés de la dispute partisane, des ligues et des clans ? Arrachons la police et la justice au jeu des dépouilles post-électorales et stabilisons-les en les mettant hors de portée des vibrations de l'alternance politique ; comme on a su le faire mais pas complètement de notre diplomatie et de notre défense. Quand nous serons redevenus sérieux, peut-être même reprendrons-nous la main d'une façon ou d'une autre sur notre monnaie. Police, justice, diplomatie, guerre et monnaie sont les pouvoirs "régaliens".

Et puis il y a tout le reste. Les rapports sociaux, la défense des intérêts catégoriels, les contraintes des métiers, les espérances des créateurs, la paresse des rentiers, la vie des familles, les problèmes de conscience de chacun, la foi, la douce anarchie des libre-penseurs, la dure besogne aussi, que l'on convoque au jour-dit pour décider ensemble du cadre spécifique à un projet, un défi, une nécessité, une prévision : c'est la démocratie. Plus bas est l'étage de débat, meilleur est le procédé. Il en fut ainsi pendant tout l'Ancien régime où l'on votait bien plus souvent qu'on ne vous l'a dit.

Pourquoi, dans cette sphère publique, qui n'est pas du tout subordonnée à la sphère régalienne mais sa soeur équipotentielle, ne serait-il possible d'essayer la démocratie directe à la suisse. Ce n'est pas notre tempérament, disent nos représentants aux Chambres haute et basse, mais on peut essayer de faire un peu de pédagogie pour former le caractère des jeunes générations à l'intelligence d'une certaine autonomie. En général, ça plaît.

Alors, ce que je vous propose, monsieur Philarcheïn, c'est de marcher de conserve vers un régime nouveau où nous laisserons une famille royale préparée à sa charge passer des nuits blanches en ses conseils pour nous garantir la paix civile essentielle, tandis que nous débattrons, nous, de tavernes en tavernes sur les mesures absolument indispensables que réclament le travail, l'industrie, nos exportations, l'investissement, les routes et canaux, le trottoir des péripatéticiennes et dix mille choses passionnantes que nous porterons ensuite au choix de nos concitoyens dans notre sphère d'intérêts communs par la "votation".
Chiche ?

(1) Signalé par M. de Villèle dans le Lien légitimiste n°54


Marcher pour le Roi Mort

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Ce texte a été publié par le site de La Faute à Rousseau, la semaine dernière, dans sa rubrique "La Patte à Catoneo". C'est une patte de chat qui cache des pattes de mouche. Il entre en archives Royal-Artillerie. Ce billet est le second commis par le piéton du roi pour le site de propagande de la Restauration Nationale ; le titre annonçait le cortège Action Française de dimanche dernier.


Dans son Journal d'une femme de cinquante ans¹, la marquise de La Tour du Pin relate son 21 janvier 1793 ; ils étaient réfugiés chez une amie à Passy, village alors hors les murs.
Pour les situer : Gouvernet, son mari, avait été colonel du Royal-des-Vaisseaux, puis après un poste diplomatique à La Haye fin 1791, il parvint après bien des péripéties à émigrer en famille aux États-Unis. L'Empire et Talleyrand ayant sollicité son concours, il ne purent obtenir son accord que tardivement pour la préfecture de Bruxelles ; la Restauration lui confia les ambassades des Pays-Bas puis de Sardaigne après le Congrès de Vienne où il négocia dans la délégation française, puis il refusa l'usurpation de 1830 ce qui lui valut la prison. Elle-même avait été dame de compagnie de la reine à Versailles, comme sa propre mère auparavant ; c'était une Dillon de grand caractère, capable de tout faire et experte en chevaux, Dillon du régiment irlandais, Dillon aujourd'hui du rhum Dillon de Martinique. Les voici à la fenêtre de Mme de Poix :
« Le matin du 21 janvier, les portes de Paris furent fermées, avec l'ordre de ne pas répondre à ceux qui en demanderaient la raison au travers des grilles. Nous ne la devinâmes que trop, et appuyés, mon mari et moi, sur la fenêtre de notre maison qui regardait Paris, nous écoutions si le bruit de la mousqueterie ne nous apporterait pas l'espoir qu'un si grand crime ne se commettrait pas sans opposition. Frappés de stupeur, nous osions à peine nous adresser la parole l'un à l'autre. Nous ne pouvions croire à l'accomplissement d'un tel forfait, et mon mari se désespérait d'être sorti de Paris et de ne pas avoir admis la possibilité d'une semblable catastrophe. Hélas le plus grand silence continua à régner dans la ville régicide. A 10 heures et demie, on ouvrit les portes, et tout repris son cours comme à l'ordinaire. Une grande nation venait de souiller ses annales d'un crime que les siècles lui reprocheront !... et pas une petite habitude n'était dérangée » (T.I-ch.XIII-§.II).

Le sang de Louis XVI devait être, selon son dernier vœu rapporté par Sanson, le « ciment du bonheur des Français ». Hélas, nous entrâmes dans un tunnel de cent cinquante ans de guerres et de dévastations ! Que l'on croit ou non en la justice immanente, le sang du roi est retombé sur nos têtes. Nous sommes les héritiers indivisaires du péché monstrueux de nos pères qui est plus difficile à laver que le péché originel, racheté, lui, par la venue du Christ. Est-ce pour cela que nous en sentons encore le poids ?

Le temps existe-t-il ou n'est-il que convention de la Relativité ? Nos mœurs, nos choix d'aujourd'hui ont-ils pesé jadis ? Vraie question si l'on abolit l'abscisse des temps : sommes-nous maintenant coupables en pensées et en actions de laisser retentir en nous les désordres révolutionnaires d'antan ? Que renvoyons-nous aux mânes des suppliciés de Septembre de plus que nos petites lâchetés et une prière rapide chaque 21 janvier ? L'acceptation discrète de notre asservissement moral et matériel, le confort du jacobinisme transmuté en social-démocratie orwellienne, le laisser-passer donné à de nouvelles hordes sans combattre ! Sommes-nous dignes de leur martyre ? Moi, j'en doute, et c'est en ce sens que j'éprouve une gêne à chaque anniversaire du 21 janvier 1793.

Le marquis de La Tour du Pin Gouvernet, pourtant habitué au carrousel des régimes, lui, n'accepta pas les Trois-Glorieuses. A 73 ans, il se jeta sans hésiter dans la révolte de Marie-Caroline de Bourbon-Siciles quoiqu'il ait dû lui en coûter fors l'honneur. Il prit trois mois de forteresse !

Marcher pour le Roi Mort est une manifestation nostalgique de tradition. En conscience, elle nous semble nécessaire et le serait sans doute davantage si nous la vivions comme une expiation, non tant du crime que de notre réserve. C'est ce qu'évoque la chapelle érigée par Louis XVIII au cimetière de la Madeleine vers laquelle nous devrions marcher la tête couverte de cendres, du moins s'en oindre le front et ranger les bannières, à défaut de pouvoir prendre les armes.

La conjuration du mauvais sort passe par l'instauration d'un roi qui renouera les fils de notre destin. Prions pour nous d'abord ! Louis-Auguste de France est, lui, tiré d'affaire. Pas nous !

Messes partout (cf. La Faute à Rousseau).


Note (1): Cet ouvrage est en accès libre chez la Gallica.


France-Chine la longue marche

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Sous le titre Partenariat en perspectives, ce billet a été publié dans l'Action française 2000 du 16 janvier 2014 dans le dossier "Noces d'or franco-chinoises" à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'ouverture de relations diplomatiques normales entre la France et la Chine populaire, sous le premier septennat du général De Gaulle. Il entre en archives Royal-Artillerie.

Le 27 janvier 2014, l’orchestre symphonique de la Garde républicaine de Paris donnera un concert au Musée national de Chine à Pékin, et le 28 au Grand Théâtre de Shanghaï à l'initiative de la Fondation Charles de Gaulle et de l'Institut des Affaires étrangères du Peuple chinois. Suivront des expositions itinérantes. On eut aimé faire mieux pour le cinquantenaire de la réouverture de relations diplomatiques établies par le roi Louis XIV et l'Empereur Kang-Hi, relations affaiblies par les traités inégaux puis interrompues par la guerre sino-japonaise et ses conséquences ; mais notre aisance financière nous bride. Charles de Gaulle est le seul président français imprimé dans les mémoires célestes, le côté "théâtre ambulant" y étant pour beaucoup car le paraître est une qualité recherchée en Chine. Le mettre en avant dans cette commémoration est à la fois juste et avisé si on veut tirer l'événement par le haut, après l'avalanche de cuirs et couacs de cette décennie. Nous n'avons pas tant d'atouts en Chine pour ne pas les utiliser tous.

Cinquante ans de partenariat diplomatique, puis stratégique à partir de 2001, ne laissent d'étonner, mais la Chine a une considération particulièrement avantageuse de la France qu'elle voit plus grande qu'à la toise. Cette péninsule du bout du monde, où le soleil accepte de se noyer, cumule la géographie inédite d'un finistère et la réelle beauté de paysages contradictoires et inédits. Son histoire, longue quand même de la moitié de celle de l'éternel empire, est la construction inlassable sur le même coin de Terre d'un petit empire à lui seul, indépendant et arrogant toujours, envahissant parfois, en bien des points semblable à l'enracinement continu des Hans sur leur sol. Et pour les maîtres d'aujourd'hui, elle fut l'inventeur de tous les communismes originels. Kampé ! Le pays fait riche, la culture impressionne, ses atouts sont inimitables ; et sa gastronomie universellement prisée est le meilleur label qui puisse convaincre un Chinois converti aux crus bourgeois du Bordelais.

Si leur partenaire est le plus petit des Cinq Grands ou dit-tels qui veulent juger les nations au Conseil de Sécurité, la France y ajoute le gouvernement de l'Afrique, soit directement par sa gendarmerie coloniale, soit indirectement par le travail de réseaux inavoués et de services rompus au métier. Ce tropisme français nous vaut d'ailleurs des bataillons de locuteurs français chez les Chinois qui commencent leur carrière en Afrique francophone, et un peu de respect aussi. Le Mali à cet égard nous a fait beaucoup de bien, comme Bouteflika au Val-de-Grâce.

✝ Paul BERLIET
L'autre intérêt porté à notre pays est à l'image des produits de luxe dont nous sommes si fiers et à juste raison : la technologie de pointe appliquée. Notre cousin germain est apprécié au poids de son sérieux et à l'épaisseur de ses carrosseries, quand nous-mêmes le sommes aux fulgurances de l'innovation. Transport ferroviaire, énergie électrique nucléaire, missiles, gros porteurs aériens les appâtent, même s'ils ne passeront pas de contrat d'exclusivité à notre bénéfice. Et dans des domaines moins évidents, nos relations sont plus développées qu'on ne le dit pour des raisons de confinement technique, au sein de groupes de travail permanents abordant les questions militaires. D'où leur totale incompréhension de contrats mercantiles passés jadis avec Taïwan dans le domaine des armements, Mirages et frégates La-Fayette, affaires visant à contrer sur sa zone d'effort le complexe militaro-industriel américain ! Les effets pervers de ces contrats qui se font encore sentir chez nous, suggèrent à nos interlocuteurs, largement commissionnés pour se taire, de ne pas nous dire : on vous l'avait bien dit. Ceci nous amène à considérer notre handicap majeur : le défaut de vista et l'impermanence.

Avec tous les atouts dont nous disposons et malgré une taille globale devenue modeste au pantographe de la mondialisation, nous avons la main dans certains domaines, l'eau par exemple. Tout le monde n'en peut dire autant. Mais nous entamons gravement cet avantage qualitatif par la faiblesse de notre régime politique fondé sur les zigzags de l'alternance qui montrent à l'envi foucades et demi-tours, en face d'un empire ayant aboli le temps sur un vecteur de développement inchangé depuis l'aube du monde. Le surgissement démocratique d'amateurs ou de parvenus ignorant toute étiquette, voire d'une grossièreté inexplicable chez les héritiers de la "France des Lumières", n'est pas compréhensible pour des dirigeants chinois formés sur plusieurs lustres à la compétence et à la sérénité exigées par de hautes fonctions de responsabilités. Rappelons qu'il s'agit rien moins que d'administrer sous une même loi un milliard et trois cent cinquante millions de gens ! Du jamais vu sur Terre.
Le "China Dream" du président Xi Jinping n'est que la feuille de route des anciens empereurs, on n'en pourrait dire autant du nôtre. Finalement le peuple français a la redoutable imbécillité d'élire ceux qui obéreront au mieux ses chances, ce qui suffit à convaincre les Chinois que notre démocratie doit rester cantonnée chez ses fondateurs, ce dont ils tirent grand avantage.

Jean-Pascal TRICOIRE
Cet affolement constant des élites chez nous - ne citons pas les trépidations de ces jours-ci (ndlr : au moment, Dieudonné, Valls et Julie Gayet) - et l'impermanence des politiques menées entament plus qu'on ne croit la confiance de nos partenaires, et ce, même au niveau du chef d'entreprise chinois intéressé à se développer en France. Ils sont tentés de ne saisir qu'une opportunité à court terme au lieu de privilégier l'avenir, au simple motif que nul ne sait de quoi sera fait le lendemain chez nous. Les désordres en voirie ne les effraient pas - ils connaissent les leurs, parfois plus sanglants - mais la déconsidération des cadres, l'anarchie syndicale, l'apathie de l’État à réprimer les désordres industriels, la complexité mouvante des procédures, les réticences à l'achat de valeurs patrimoniales captives comme les vignes, qu'on n'emportera donc jamais, et un code du travail monstrueux freinent l'élan alors que l'intention est là. D'où l'intérêt d'une diplomatie parallèle établie sur la durée et menée par des connaisseurs, diplomatie sans dentelles capable de limer les aspérités et les surprises d'une politique au jour le jour, d'un niveau parfois affligeant.

Cette diplomatie parallèle mérite d'être renforcée, le Comité France-Chine fondé par Paul Berliet et présidé aujourd'hui par le patron de Schneider Electric n'y suffit plus. D'autres capteurs de marchés dans les mains d'acteurs économiques validés par le business - un langage que les Chinois comprennent sans explications - doivent investir l'espace à côté des réseaux classiques d'influence que sont les chambres de commerce, les PEE, Ubifrance, Invest in France Agency (IFA), Sopexa, Atout France ou le French Centre for Research on Contemporary China de Hong Kong. Notre présence se renforce déjà au niveau des piétons. Les expatriés permanents se comptent eux-mêmes vingt mille à Shanghai, quinze mille à Hong Kong et sept mille à Pékin. Ils se disent contents. Cinquante ans de mariage sont des noces d'Or. Champagne !


Dans ma tasse à thé

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Ce billet paraît aujourd'hui, sans iconographie, sur le site de Lafautearousseau dans la tribune libre "La Patte à Catoneo". Il ne reflète pas l'opinion de la Restauration nationale qui ne s'est pas exprimée à ce sujet. Il entre en archives Royal-Artillerie.


Qui suis-je ? Le débat identitaire fait rage. Succède aux éditocrates des plateaux télé la majorité silencieuse convertie à la marche, découvrant la joie sous les bannières et calicots de tradition. Elle y défend son identité sans trop savoir qu'elle en a beaucoup et sans doute devra-t-elle progresser mentalement pour ne pas retomber dans l'état cataleptique antérieur, celui du silence grognon. Car on ne va pas passer toute la soirée sur le nombre des marcheurs. Continuer, oui mais comment ? C'est ça le problème. Cette question (piège) traverse tous les rangs de La Manif Pour Tous. La dispute se forme. Pause !

Chaque individu est lié serré au faisceau de ses identités multiples jusqu'à ne plus savoir laquelle prioriser en cas de gros temps. Ces identités nous branchent sur des communautés d'intérêts, de croyances ou simplement d'opinions différentes parfois antagonistes. Par exemple, vous serez niçois de souche, réformé de religion, breton par votre épouse catholique, père de famille par vos enfants, libéral de profession, bordelais d'adoption, fan de basket, anarchiste par défi mais vous voterez Bayrou pour sa seule perspicacité, et vous vous réfugierez dans une abstention boudeuse au second tour. On peut rajouter une bonne dizaine d'identités à celles-là et vous devenez "un petit monde" à vous tout seul. Chacune de ces communautés d'intérêts est susceptible de vous convoquer à sa défense et déclencher à l'occasion un conflit intérieur.

Il n'est donc pas efficace de s'en tenir à "promener" le dimanche une ou deux de ses "identités" pour défendre sa place dans la société. Le 19 janvier, je marche contre l'assassinat des petits d'hommes sous une bannière espagnole ; le 26 janvier, je marche contre la Ferme socialiste et ses croquants aux cris dans mon dos de "CRIF, LICRA, on n'en veut pas" qui n'ont rien à voir avec le contrôle fiscal de ma boîte ; le 2 février, je reprends l'autocar contre la politique sociétaliste des écolo-socialistes et leurs gynécées IKEA pour incapables. J'obtiens des résultats parfois, parfois aucun !

Ce qui nous réunit, nous ? Défendre le Bien commun, une société de bon sens récompensant l'effort individuel, défendre la loi naturelle, la vie, la liberté d'entreprendre, celle de réussir, vivre en paix... tout cela ne peut se faire longtemps par la marche. Sauf à vouloir son nom dans le Guinness des Records, on n'a jamais vu le paysan et son chien mener au pré leurs vaches bordées de cochons entourés de chevaux, le tout précédé d'une horde de chats ! Il faut y mettre de l'ordre, et quand au-delà du moi on veut parler du "nous", le niveau où toutes ces choses se décident est celui du gouvernement de la Cité. Politique d'abord !

Arrêtons de marcher. Il faut structurer le vecteur politique de ces revendications, en prendre son parti, et c'est bien là que ça bloque dit-on dans les arrière-salles de café. Dès que se profile la constitution d'un parti politique explosent les ego. Moi, moi, moi ! Nous sommes en Gaule où chaque hutte loge un parti. Nous sommes en France où chaque club de boules à son président. Pendant le débat, s'agrègent à ceux qui ont marché - une sorte d'anciens combattants - les pompiers de toute espérance, dépêchés par les partis en cour, les partis rationnaires de la république, ceux qui en vivent. Et commencent les contorsions sémantiques parfois doctrinales de prébendiers repus venus phagocyter les velléités de concurrence des mécontents, sauvages se moquant du cursus honorum, hurons de sous-préfectures, gens capables de tout foutre en l'air dans les phynances puis de s'en retourner à la besogne, laissant derrière eux les ruines d'une fortune bourgeoise chèrement acquise par entregent et corruption.

Il faut passer outre, sinon sur le ventre. Chez le Great Old Party (entendez les Républicains américains) c'est exactement cette résistance de l'establishment à une vigueur régénératrice qui a créé le Tea Party de Sarah Palin. Le Tea Party a littéralement bouffé le GOP en convertissant ses éléphants à une honnête simplicité populaire. La révolte a commencé à l'échelon local pour remonter tout le champ politique par osmose. En s'attaquant aux communes, le Tea Party français pourrait bouffer l'UMP devenu le parti des désordres, et même le FN rénové avec lui ! Il a défilé dans les rues de Paris, mais il ne le sait pas et il se fait tard.

Sur quoi le fonder durablement pour rebondir plus tard ? Peut-être sur le faisceau identitaire individuel statistiquement le plus fréquent en France, en commençant par les racines. Gréco-romaines-chrétiennes, tout le monde est d'accord. Sur l'éducation familiale des enfants et leur établissement social, pas une voix ne manque. Sur les libertés publiques de plein droit avec contrôle a posteriori, sauf Charles X tout le monde opine. La même justice pour tous en appliquant strictement les codes, personne n'est contre. Une honnêteté scrupuleuse exigée des représentants et leur expulsion de la sphère politique à défaut, RAS. A chacun de continuer ici en prenant soin de rester majoritaire.

Oublions la racaille mentale d'aujourd'hui qui croit nous gouverner en progressant en crabe, ne cherchons pas à contrer pied à pied son prurit législatif. Refondons plutôt une nouvelle France « classique » qui redonnera du tonus à ce cher vieux pays, à partir des atouts qu'il a toujours nombreux. Le programme ? Il est au début de ce billet : le Bien commun etc.

Reste à trouver en France le "Sarah-Palin" capable de descendre un grizzli de face tout en nous criant "Don't retreat, reload !". J'ai bien une idée, mais elle ne plaira pas sur ce site où l'on croit au leadership des princes. Il n'est pas au programme de compromettre un scion dynaste dès le début ; on le vendra plus tard. On ne recrute pas demain matin l'envoyé de la Providence, un puits de science, encore moins un génie ; il y faut du culot, de l'allure, de la résilience et une image avenante. Avez-vous trouvé ? Moi, je n'entends pas qui vient mais rien ne sortira des partis à l'affût.


NB: Ce billet est pur jus de crâne du rédacteur ; on l'enrichira diablement par les consultations suivantes :
- L'Identité malheureuse d'Alain Finkielkraut, Stock 2013
- Les Embarras de l'identité de Vincent Descombes, NRF 2013
- Machiavel, la vie libre d'Emmanuel Roux, Raisons d'agir 2013


Abrégé de gouvernance, très abrégé

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Paraît ce matin sur le site de La Faute à Rousseau dans la rubrique La Patte à Catoneo ce billet sur la corruption publique. Il n'est pas différé sur Royal-Artillerie comme d'habitude car l'actualité commande ! Il entre en archives RA.

L'approche des élections municipales déterre des affaires qui visent à discréditer, souvent à raison, des candidats venus blanchir leur CV par un succès démocratique. On en trouve dans tous les partis, bien que la République ait été proclamée le régime de l'indispensable Vertu à défaut de quoi elle tourne en satrapies confédérées pour l'établissement de quelques-uns. L'affaire emblématique qui fait rage aujourd'hui mine le premier syndicat parlementaire. Voler des millions d'euros de cotisations par sur-facturation de services ne vient à l'idée de personne au Sentier tant elle est facile à débusquer. A gruger le souverain peuple, faudrait-il avoir du talent, il s'en faut de beaucoup. L'amateurisme règne en maître par construction puisque nous subissons le pouvoir des médiocres partout. Consolons-nous. Plutôt que de dispenser un cours supérieur de bonneteau qui me sera reproché par M. Cazeneuve, faisons le saut d'un demi-monde :

Wang Qishan
La corruption des bureaucraties est le cancer du gouvernement des hommes, disait un sage indien dont j'ai perdu le nom. Depuis l'avènement du fils d'Immortel Xi Jinping, la lutte anti-ripoux a pris des tours en Chine. L'empire céleste de la prévarication est en train de réactiver la radiothérapie des cadres. La méthode a fait ses preuves : le détecteur immobile observe sans ciller la pyramide bureaucratique et quand un électron change d'orbite, il le bloque pour examen ; du moins s'y essaie-t-il.
C'est le Livre Bleu de l'Etat de droit, dans sa 14ème édition publiée par l'Académie chinoise des sciences sociales (CASS), qui a promu cette méthode de tir instinctif. La présentation du Livre Bleu est un énorme raout chaque année à Pékin¹ où il est utile de se montrer pour être prévenu du genre d'armes utilisées.
La compilation des affaires classées a fait comprendre au nouveau pouvoir qu'environ huit cents milliards de RMB (= 95Mds€) avaient été volés par 18000 fonctionnaires en voyage entre 1995 et 2008 et déportés à l'étranger hors des griffes du Fisc chinois. Rien que pour l'année 2011, l'Etat central a arrêté 1631 fugitifs chargés de huit milliards de RMB (1Mds€) qu'il a récupérés. C'est beaucoup.

Tous les enfants de parvenus chinois, qu'ils soient issus du monde de l'entreprise ou de la bureaucratie, terminent leurs études à l'étranger dans un pays de l'OCDE. Les transferts assurant leur subsistance sont normaux, il suffit de régler l'alarme, assez haut quand même car ils dépensent beaucoup, jusqu'à s'acheter l'appartement d'étudiant et tout l'immeuble qui va autour. Mais l'intelligence génétique de la race perce tous les dispositifs de surveillance et l'effort de collimation des services est fait sur les pays étrangers exempts pour le moment de traité d'extradition ou d'entraide fiscale qui sont autant de miroirs aux alouettes. L'évasion pourtant s'aggrave aux dires des "experts".

C'est Wang Qishan (en photo) le chef de la traque. Appointé secrétaire du Comité central pour l'Inspection disciplinaire du Parti communiste chinois afin de le nettoyer de ses éléments les plus corrompus, normal, il est le septième pilier de la sagesse à Zhongnanhaï, un des hommes-dieu de l'empire. Crédité de compétences avérées en finances et en gestion de crise, son air affable et accessible dissimule une poigne de fer et une énorme capacité de travail, parfaitement nécessaire dans ce métier très réactif². Il a aussi un parler franc qui dénote, surtout pour ceux qui ont connu Hu Jintao playmobil, son précédent maître ; un trait de caractère rare : le "prince rouge" sait s'excuser publiquement si ça foire ! Ne faisons pas de comparaisons déloyales avec ceux qui passent et repassent dans nos lucarnes bleues à user de ridicule une confiance depuis longtemps évaporée. Nos foutriquets ne jouent pas dans la même cour. Mais ce sont les autres qui le savent.

La seule limite de ce combat anti-corruption, de l'aveu même des rédacteurs du Livre Bleu, est la crainte d'une déstabilisation de la société dont on arracherait les racines ! Car la corruption est endémique en Asie. On ne conçoit pas la vie quotidienne sans huile de facilitation, sans le petit présent innocent donné par courtoisie pour que les choses du lendemain n'en soient que meilleures. La maîtresse d'école, le policier qui fait traverser les enfants, le facteur s'il monte l'escalier, le guichet d'assistance publique, tous ont leurs étrennes, multipliées. La coutume grimpe l'échelle sociale, à tel point qu'il est des sociétés spécialisées qui font fortune dans les gratifications ; à tel point-bis que l'administration a mis le hola et de manière brutale pour ce qui concerne les fonctionnaires, soumis désormais à une grille de frais très surveillée ; à tel point-ter que l'industrie du luxe dit en pâtir.

Mais l'appétit peut devenir boulimique, et des fois, l'ogre pète la sous-ventrière et dégorge, jusqu'à finir d'une balle dans la nuque sur la place du marché à onze heures, face au soleil.
Alors Wang Qishan met une croix sur un nom de la grande pyramide, essuie ses lunettes, et la vie continue.
Essayons !


Notes :


Staatssicherheit Ersatz

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Ce billet était destiné au Crapouillot mais on me dit dans l'oreillette que ce canard de combat a de longtemps fondu les plombs et que je devrais demander une mise à jour des lobes temporaux. Il entre donc frais et moulu en archives Royal-Artillerie dans la catégorie des astrakans.

- la vie passionnante des autres -
Oui, le mot, l'injure, l'insulte étaient à dessein trop forts. Non tant par ce qu'il évoque dans l'imagination populaire, quasiment rien, mais parce qu'il rime avec "nazi". Le "S" est en plus majuscule, ce qui signale l'avatar, le duplicatum, la renaissance. Avec une minuscule, peut-être serait-il mieux passé. Pour être honnête, on doit quand même balayer d'un coup de projecteur la belle France des Droits, qui à la vérité se révèle être une franquisie en peine d'agonir. Sans remonter à la Barbouzeraie de la para-France gaulliste, on notera en marge du papelard les écoutes antiterroristes privées de la cellule élyséenne sous François Mitterrand, un type bien sous tout rapport, élevé à l'ombre portée de la Cagoule. Ce n'était pas la Stasi, Carole Bouquet, feu Jean Edern-Hallier, Edwy Plenel (déjà!) pouvaient en témoigner. Tout au plus un succédané, quelque sorte de Staatssicherheit Ersatz.

On n'imagine pas les successeurs du grand florentin s'en priver, pas même le Petit Reître qui balance avec quelque talent son pamphlet dans Le Figaro de ce matin, dont la meilleure critique au moment est celle inattendue de Bernard Tapie. Qu'un roi de la combinazione comme François Normal de Tulle s'en tienne loin, personne n'y croit. La facilité est carrément irrésistible : « Sarkozy, je le surveille, je sais tout ce qu'il fait » (FH, Elysée - 17.2.14). D'ailleurs je conseillerais amicalement au Crétin de Solférino de passer son bureau au magnétomètre pour chasser le bip ; son portable, lui, est déjà plombé.
Dans notre jour de bonté, nous conseillons également à ceux qui admirent dans le miroir de leur salle de bains le reflet d'une position nationale au sein du gouvernement remanié d'apprendre le langage des fanions de marine dont nous reproduisons ci-dessous la table alphabétique afin de communiquer sans bruit. Inutile bien sûr pour qui connaît le langage des sourds.



Sans minorer le "coup d'Etat verbal" de M. Sapin (faut oser!), Staatssicherheit Ersatz il y a quand même un peu :

  1. Quand les Compagnons républicains de la sécurité sociale bloquent les manifestants du Jour de Colère au moment de la dispersion pour en rafler 250, c'est de la Staatssicherheit Ersatz ;
  2. Quand la police politique (antenne de Viroflay) met le marché en main taupe-passeport à une étudiante russe requérant sa naturalisation, c'est de la Staatssicherheit Ersatz ;
  3. Quand La DGSE a table ouverte chez France-Télécom-Orange pour pénétrer jusqu'à point d'heure les armoires de stockages des données téléphoniques de tous les abonnés, c'est de la Staatssicherheit Ersatz ;
  4. Et quand pour finir, ne parvenant pas à saisir ou salir suffisamment l'ancien président de la République (qui n'est pas ma tasse de thé, loin s'en faut) on met à la mer un système de chalutage des soupçons comme à l'époque de François Mitterrand, on se dit que la boucle est bouclée et que c'est bien là de la Staatssicherheit Ersatz.

Alors les cris de pucelles de la Gauche morale ressemblent de plus en plus aux crécelles des lépreux.


Libérer les communes d'abord !

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Billet paru hier sur La Faute à Rousseau dans la rubrique La Patte à Catoneo (n°8). Archivé !

Plage de Mancinu à Propriano

« Propriano a quenellé » le Conseil Constitutionnel, dit-on à la paillote U Mancinu de la plage. Qu'on se souvienne de Madame Bartoli le mois dernier sur FR3-Corse, ânonnant trois mots écrits par son mari empêché pour comptes de campagne, qui fit le buzz sur la toile. C'était à se tordre¹.
Elle est élue maire dès le premier tour avec un score de 69,49% par la grâce d'une participation de 91% de ses concitoyens ! Elue pour deux mois : « En acceptant de conduire la liste qu'aurait dû diriger mon époux, je n'ai qu'une seule ambition : permettre la poursuite d'une politique menée depuis douze ans au service exclusif de l'intérêt général. Les Proprianais ont bien compris qu'en raison des circonstances, j'assumerai un intérim qui n'excédera pas deux mois ».

Le mari-maire, rad-soc tentaculaire - il s'appelle Paul comme le poulpe - président de l'Office des Transports insulaires, président de l'intercommunalité du Sartenais-Valinco, membre du Conseil exécutif de la Corse, ancien conseiller général, inéligible pour un an, emporta la mairie en 2008 sur un score balkanique de 96% ! Même le cimetière en était tout retourné, c'est dire s'il est aimé, et si les juges parisiens sont méchants.

Justement, les Français aiment bien faire la nique au Système qu'ils considèrent intrusif dans leurs affaires municipales, se sachant capables d'y mettre de l'ordre par eux-mêmes en prenant la voie démocratique, sans qu'il soit nécessaire de clouer l'indélicat à la porte de la grange. Les piloris ont été démontés partout, l'urne les remplace.

Il suffit de voir la masse de condamnés remis en selle par le peuple agacé : André Santini (2 ans sous appel) est réélu à Issy-les-Moulineaux ; Patrick Balkany qu'on ne présente plus, est réélu à Levallois-Perret ; Manuel Aeschliman (18 mois avec sursis) est en ballotage favorable à Asnières ; et Eric Woerth, non condamné mais malmené par la Justice et les médias collaborants, est réélu triomphalement à Chantilly (75%). Il y en a bien d'autres, mais l'inventaire des crapules avérées ou désignées n'est pas le but de ce petit billet trop court. C'est de la fronde gauloise qu'il s'agit.

Même si l'on explique que le Midi réélit facilement ses "parrains" pour tout le "bien" qu'ils font autour d'eux et qu'il les enterre sous des tonnes de fleurs comme Lucky Luciano à Naples ou Georges Frêche à Montpellier, on perçoit quand même, du nord au sud, le mauvais esprit d'un peuple amusé à jouer des tours pendables à la puissance publique. Leçon bien apprise par leurs édiles. Combien de fois a-t-on entendu un politicien condamné sortir du tribunal tout faraud annonçant l'appel prochain au corps électoral : "mon seul juge est le peuple !" ; à croire qu'il ne suffit pas d'être intègre, si on a de l'allure et du bagout, on s'en sortira toujours en pays de connaissances. C'est la démocratie après tout.

Envisage-t-on un jour de réformer nos institutions qu'il sera indispensable de conserver nos trente six mille républiques de proximité quand on voudra faire accepter le démembrement du "mille-feuille" territorial, parce que le pays est construit comme ça, fondé sur l'anarchie gauloise de ses origines. C'est un trait de caractère comme le fromage au lait cru ou le gavage des oies.

Aux royalistes, qui d'ailleurs prônent une monarchie catholique et française toujours, on ne saurait trop conseiller de la cantonner au régalien, de ne pas convoquer trop souvent la prélature et de ne pas s'immiscer ni dans les mœurs, ni dans les affaires locales. Laisser vivre la foire d'empoigne des municipalités en accroissant dans la foulée leur autonomie par une sage déréglementation ; en allant même jusqu'aux fueros consulaires s'il y a de la demande. La France c'est, outre le pinard et l'opinel, le café du commerce, le bar-tabac-loto. La démocratie directe locale est le meilleur abcès de fixation du prurit conceptuel qui refait le monde zinc par zinc, tournée après tournée. Le pouvoir serait avisé de favoriser la dispute démocratique locale dans la grande tradition de la pissotière de Clochemerle.
Cela donnera de l'air aux grands projets, aux grandes réformes. Et en plus, cette liberté retrouvée, confisquée par les étatistes, pourrait être échangée contre la pérennisation de l'espace essentiel d'une gouvernance en toiture, indépendante des lobbies et calculs partisans. Nous en avons déjà parlé ici.

Réinventer, creuser, réfléchir, innover. Le projet avancera plus vite en construction neuve qu'en ressassant les plans oubliés d'un modèle ruiné par le temps et la nostalgie. Malgré ses mérites intellectuels, l'empirisme organisateur a peut-être montré ses limites, du moins n'a-t-il produit jusqu'ici rien à vendre sur le marché politique.
Pensons, pour bientôt faire une offre lisible par tous qui coiffera la concurrence ! Soixante-deux ans après la mort de Charles Maurras, il serait temps d'y réussir.


(1) la vidéo de FR3-Corse en prime (5 minutes) :





L'Esprit de l'horizon

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Demain matin au Shangri-La Hotel de Paris se tiendra un symposium international sur l'Accord de partenariat transatlantique. Il est précédé ce soir d'un grand raout au Cercle interallié où les protagonistes viendront parler de leurs vacances de ski. L'événement a été annoncé sur LaFauteàRousseau dans la rubrique "La Patte à Catoneo" le 25 février. Il entre en archives Royal-Artillerie.

[crédit Fine Art America]

Qui se souviendrait de Hendrick van der Burch sans son tableau Les Joueurs de cartes qui récite déjà la mondialisation¹. On est en 1660. Le chapeau est en castor du Canada, le motif des carreaux de sol est chinois, le pichet en faïence de Delft imite la porcelaine de Canton, le tapis est turc, la carte marine invite à rêver, le jeune serviteur d'importation aux boucles dorées en livrée chamarrée regarde le jeu, surpris. La fillette repose son chien sur un coussin en brocart de soie italienne à l'insu de sa mère qui bluffe. Les fenêtres nous séparent de l'ailleurs qui est partout présent dans la pièce. L'officier regarde cet ailleurs d'où provient la lumière blanche de Hollande, au ras de la mer.
Nous sommes au faîte de la puissance de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Les Provinces-Unies débarrassées de la tutelle espagnole repoussent leur horizon. C'est leur Siècle d'or. Les Hollandais écriront après les Portugais une des plus belles pages d'histoire du commerce international. Les comptoirs ont disparu, l'esprit demeure.

L'horizon de l'ermite est un trait

Pour tous les autres, il bouge. Sauf à croître et embellir sur place dans un immense empire borné de montagnes et de mers comme le fit le Cathay, les nations dominantes bougent l'horizon. Irrépressible syndrome du découvreur, faim des espaces cachés, fantasmes d'immensité, richesses, épices, femmes adorables inconnues, eldorado, c'est la mondialisation annoncée. L'affaire est vieille comme la race humaine. L'homme marche, que voulez-vous.

Nos lecteurs les plus vieux se souviennent de la conquête chinoise franco-anglaise dans leurs livres d'histoire, les autres achèteront des ouvrages sur liseuse pour apprendre ce que fut la mise au joug de l'empire décadent des Grands Tsings par les barbares mécanisés que nous fûmes avant eux. On les battit au canon ; puis nous fîmes ouvrir de force leurs ports au commerce impérial jusqu'à pourrir sciemment leurs moeurs par la commercialisation de l'opium. La ratification d'accords sous la menace fut réunie sous le terme de "traités inégaux" ; et ça continue mais ici : à notre tour, nous sommes un peu les Grands Tsings du jour.

L'Europe proie

Nos empires jadis privaient de lit le soleil, l'Europe a fini de "bouger l'horizon". Elle sédimente sur place, elle vieillit et se dégrade lentement vers ce qui restera à la fin, un grand marché ouvert aux quatre vents. Sera-ce le terrain vague à tout le monde comme on le dit des filles publiques ? Non !

La fille aînée de l'Europe entend capter l'héritage décadent dès à présent pour se nourrir des derniers sucs du pré-cadavre de sa mère et ne rien laisser à ses contempteurs aussi affamés qu'elle. Elle nous force à un traité inégal, mais librement consenti par ceux qui en espèrent des avantages personnels pour eux et leurs familles. On l'appelle Accord de libre-échange transatlantique, ou Transatlantic Trade and Investment Partnership² (TTIP). Des hallucinés chantaient l'Europe de l'Atlantique à l'Oural, les Américains vont réussir l'Atlantique de Hawaï à Brest(-Litovsk) ! Même pas peur !

On parle aussitôt chez nous de boeuf aux hormones, de maïs transgénique, d'obésité et d'abêtissement culturel. A cet égard, on fait mine d'oublier certains combats réactionnaires nés aux Etats-Unis qui foisonnent maintenant sur le vieux continent pour freiner la gangrène gazeuse de nos lois. Bref, les paramètres en analyse sont nombreux. Au-delà des tracts de promotion édités par les services gouvernementaux, il serait utile, avant de continuer à brailler, de toucher du doigt ces réalités promises. Justement ça tombe bien ! On passe maintenant en mode OACI :

The Future of Transatlantic Trade sous-titré (Building an integrated transatlantic marketplace: TTIP and Beyond) est un symposium³ qui se tiendra au Shangri-La Hotel de Paris le 10 avril 2014.
Je traduis la bande-annonce :
"Tandis que la croissance des marchés économiques émergents est en train de ralentir, l'Ouest recherche des accords commerciaux régionaux tels que le TTIP entre l'UE et les Etats-Unis pour stimuler la croissance économique globale. Ce partenariat, s'il est conclu, devrait accroître le PIB global et créer des opportunités pour de nouveaux emplois. Selon le Centre de Recherche en économie politique, un accord transatlantique d'ensemble devrait accroître le PIB de l'Europe de 70 à 120 milliards d'euros et celui des Etats-Unis de 50 à 95 milliards."

Suit la liste des intervenants : Speakers
Puis l'inscription à 1290€ + TVA récupérable, si vous réglez avant le 14 mars, et 1490€ après cette date (les abonnés au Washington Post ont 30% de remise).
Coordonnées :
Dii agency - European Voice - 164 boulevard Haussmann 75008 Paris
Tel : +33 1 43 12 85 55 - Fax : +33 1 40 06 95 26
adresse email : register@europeanvoice.com

D'après les organisateurs, les questions primordiales sont au nombre de quatre :
- Quel impact attendre des élections européennes et américaines de 2014 sur les négociations transatlantiques ?
- Quels sont les obstacles possibles à cet accord ?
- Comment le TTIP affectera-t-il les émergents et le commerce mondial ?
- Quel futur pour le commerce transatlantique si l’accord n’aboutit pas ?

Il ne s'agit rien moins que d'un marché commun intégral

Cette affaire est plus importante que toutes les dérives sociétales (réversibles) et tous les reniements doctrinaux du pouvoir parisien (révocable), sans parler des élections pour de rire dont beaucoup attendent tant et qui ne changeront rien car le Système est construit contre elles.

L'accès aux salles de la négociation officielle du TTIP nous étant toujours barré, à nous et à tous autres, je suis tenté de recommander aux responsables de tout mouvement souverainiste d'envoyer son "reporter" au symposium du Shangri-La pour connaître la vérité au coeur des attentes d'acteurs économiques globaux ; cent cinquante décideurs-clés sont annoncés. Car ce ne sont pas les textes qui priment, même en droit écrit, mais la lecture qu'en font ceux qui les appliqueront. Ne pas se contenter donc du truchement de MM. Chevènement, Védrine, Quatrepoint ou Philippot ; analyser par soi-même et commenter à la source.

On peut aussi assister au pré-programme de la veille 9 avril qui réunira les principaux protagonistes du symposium au Cercle de l'Union interalliée à Paris de 17h30 à 19h00 pour 250€ seulement, sur le thème "What’s going on in Washington ?" ; pour se faire des potes.
Repousser l'horizon ? Appel aux dons.


Notes :
(1) Dix ans plus tard, Pieter De Hooch qui fut son maître et dont la cote est bien supérieure, recomposera toute la scène mais sans la 'mondialisation' dans son Couple jouant aux cartes avec une servante (clic). Pour la petite histoire, le tableau de Van der Burch était au musée de Detroit, ville ayant déclaré sa banqueroute ; il n'y est plus.
(2) Le projet de TTIP de la Commission européenne tel qu'à l'origine est ici (v.2/07/2013).
(3) Le site de l'événement au Shangri-La : Transatlantic Trade.

PS : certains sont très contre. Ils s'appellent Les moutons enragés (clic).

PPS : une réaction d'ATTAC en voirie devant le Shangri-La :




Vladimir force B

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Ce billet, prévu sur La Faute à Rousseau dans la rubrique La Patte à Catoneo, a mis le feu à l'équipe de rédaction du blogue de la Restauration nationale ; il est rejeté¹. Il fait suite à la dernière réunion du G7 consacrée à la crise ukrainienne et cherche à décoder l'état d'esprit occidental à la table de négociations qui est souvent caricaturé par la presse d'opinion, surtout à droite. Il entre en archives Royal-Artillerie.

L'empire de la Force remplace-t-il au Kremlin l'empire de l'intelligence ? L'équation ukrainienne n'est pas soluble dans la géométrie primitive du pouvoir actuel qui n'a pas compris l'énoncé du théorème. Il ne s'agit plus entre les nations du monde de comparer les tonnages des flottes, le blindage des chars, la portée des canons, même s'il est prudent d'en garder l'essentiel ; la force brute d'antan est remisée aux magasins d'accessoires à défilé pour nourrir le rêve des chasseurs de décorations. Ce qui compte et classe les nations les unes par rapport aux autres c'est la richesse économique, l'innovation et les capacités financières. L'acier de Stalingrad est oxydé. C'est ce que leur dit l'ancien cadre du parti communiste allemand Merkel au téléphone chaque jour.

Le judo suffit-il ?
Monsieur Poutine appelle à la confrontation de force qui valorisera son mandat et provoque sans relâche son cousin du sud qu'il sent mal affermi, mal allié. Il guette le faux-pas qui lui donnera le prétexte - la bombe du chemin de fer de Moukden - il sent la victoire facile, rapide, criméenne. Le chef des "coalisés" - car le nouveau Csar se croit cerné - est un nègre, élégant certes, prolixe au pupitre, mais de peu d'histoire en bagage et d'un tempérament non violent, finalement un démocrate américain à l'emblème de l'âne, un Carter. Lui Poutine, est dans la trace des empereurs de la Sainte Russie, qui voit l'opportunité d'une revanche à la liquéfaction de l'Union soviétique. Il prendra la pose pour la postérité sous les aigles décroisés. Les "occidentés" ne se battent pas ! Il en est averti par la retraite de Syrie. Les pleutres, les lâches brandissent des menaces virtuelles mais la VI° Flotte n'a pas passé les Détroits. Elle a peur, c'est sûr. Ils n'osent pas toiser la puissance nucléaire russe. La Tchétchénie, la Géorgie leur ont montré ce qu'est une Russie en guerre ! Hélas, Monsieur Poutine n'a rien compris au film, et ses thuriféraires français pas plus !

La force brute est périmée, Barack Obama le sait, Angela Merkel le sait, Xi Jinping le sait, Shinzō Abe va le comprendre, Poutine le saura trop tard (l'opinion des autres est sans importance). Dans notre globalisation, dans notre monde interconnecté en permanence à la vitesse de la lumière, la vie et la bonne santé des nations dépendent de tous les autres. Comme le dit de la Chine Qiu Xiaolong² in Cyber China, "le monde se transforme en un gigantesque réseau de relations où chaque maillon, étroit ou distendu, visible ou invisible, unique ou multiple, ne tient que grâce au tissage serré de l'ensemble". Les exemples sont nombreux. Les hypothèques pourries détenues par Freddie Mac et Fannie Mae aux USA ont mis le feu à la planète. Le tsunami japonais a arrêté les chaînes automobiles européennes. Un krach immobilier d'une mégapole chinoise entraînera immédiatement un bridage du crédit de la BPC qui se répercutera en quelques semaines partout. Alors, quand ça ne marche plus, quand l'espérance s'éteint, quand le futur est plus gris que le présent, les peuples d'aujourd'hui se lèvent, s'organisent et remplacent leur dirigeants, dans le sang s'il le faut. Les régimes les mieux affermis tombent ; et, à l'exception du pouvoir alaouite de Damas, la liste des "tyrans" balayés s'allonge. Le chantage russe est de déchirer le gigantesque réseau qui ne pense pas comme son président et fait mine de le menacer, la Russie dut-elle en périr ! Folie.

Vladimir Poutine est un homme des années cinquante, un brejnévien qui compte ses fusées, un fana du balcon stalinien. Il a d'ailleurs stoppé les négociations de réduction du nombre d'ogives, c'est le signe d'un décalage mental. Il ne veut pas assimiler l'hypothèse que les Occidentaux puissent plier l'économie mondialisée russe à relativement peu de frais, et que, si la "folie" dénoncée par Frank-Walter Steinmeier ne cesse pas, ils vont le faire. A quoi serviront les quarante mille pions de la Sainte Russie disposés en troupes d'occupation du Donbass quand les capitaux russes et étrangers se seront faits la malle ? Avec quel argent se développera une industrie de fabrication incapable de croître seule ? D'où viendront les ingénieurs étrangers indispensables à la modernisation de l'immense fédération perdue dans les classements internationaux si les garanties locales sont annulées parce que le droit international est violé ouvertement et plusieurs fois ? Avec quoi nourrira-t-on in fine les « masses laborieuses et démocratiques » si l'édition des factures de pétrole et de gaz est sévèrement empêchée ? Le stratège s'en moque, l'intendance suivra, comme aurait dit l'Autre ! Mais ce temps est fini. Les peuples ne savent plus souffrir comme avant.

La situation de crise prolongée aura certes un impact sur le commerce mondial des énergies fossiles mais le désastre annoncé en zone russe rémunérera la posture démodée d'un ancien agent du KGB, poussé au faite du pouvoir par un pacte de non-agression et de protection de la coterie sortante, ne l'oublions pas. Enfermé dans le mental d'un dresseur d'ours, le président autiste n'écoute plus que les conseils qui le rassurent dans la victoire annoncée, victoire à portée de rêve.
Entre-temps, l'économie s'effiloche, les coffres se vident, le chômage s'étend et le troisième acte pourrait bien être à terme, après la chute du Csar au pied petit, la transformation de cette économie de rente à l'africaine en une proie du capitalisme mondial ! Quel tombé de rideau pour une pièce créée par... l'acteur Ronald Reagan !

Force B, force Brute, force Bêtise ! Le vrai sport de combat c'est la philosophie (Bourdieu) ; sans doute ne l'enseignait-on pas à l'École de la Forêt³ !

(1) c'est la bande annonce du dimanche sur la semaine à venir qui a déclenché le tumulte. La voici :
= Jeudi, la patte à Catoneo proposera une critique de Poutine.
Catoneo prendra tous les poutinophiles à rebrousse-poil; et parmi eux, n'en doutons pas, plusieurs lecteurs de ce quotidien, qui ne manqueront probablement pas de lui répondre, et c'est très bien ainsi : le ronronnement douillet d'un politiquement correct à notre façon, une vérité unique et définitive, des certitudes qui nous maintiendraient dans un "entre nous" satisfait, peut-être confortable, mais intellectuellement ravageur, serait la pire des choses dans ces colonnes, où l'on veut réflechir, et affiner les positions par le débat, pourvu qu'il soit positif et courtois. Catoneo dira donc, sans mâcher ses mots, ce qu'il pense de Poutine... et ceux qui auront des objectionss à lui opposer feront crépiter les claviers !...

(2) Qiu Xiaolong est un auteur chinois de polars. Son Hercule Poirot s'appelle Chen Cao. Cyber China est édité par les Ed. Liana Levi, Paris
(3) L'Ecole de la Forêt est le nom donné à l'Académie des Renseignements extérieurs (AVR) comme on disait la Piscine pour jadis le SDEC. Elle est toujours dans un secteur boisé de la banlieue nord de Moscou.

Jim Crow, Wazza ?

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Ce texte a été publié par le site de La Faute à Rousseau, fin janvier, dans la rubrique La Patte à Catoneo. Il fait suite à un débat radiophonique sur l'esclavage qui avait captivé l'auteur de ce billet d'humeur. Humeur assumée. Il entre en archives Royal-Artillerie la veille du 10 mai pour faire et croire ce que de droit.

J'avais prévu quelque chose pour le 10 mai, journée officielle d'hommage aux victimes de la Traite atlantique, mais passablement agacé par les lices du penser-droit qui cantonnent toute réflexion, j'ai décidé d'en mettre un grande aux négriers tout de suite. Claque ou quenelle ad libitum.
C'est en fait l'audition d'une émission de France Culture, qui pendant une heure, lundi dernier 20 janvier, a laissé parler Eric Mesnard et Catherine Coquery-Vidrovitch au sujet de l'esclavage, qui m'a décidé à l'ouvrir. Ces gens connaissent leur sujet à fond. Ils ont réponse à tout. Ils n'appellent pas à faire pénitence. Ils expliquent¹. Merci, cela devenait rare !

Depuis une quinzaine d'années, l'élite politique et morale de ce beau pays nous somme de nous repentir de la mise en esclavage du peuple noir loin de chez lui, à nous faire croire que nous avons bâti ce que nous possédons sur le Code noir de Colbert. D'autres répondent que le bois d'ébène a été acheté sur les stocks des comptoirs maritimes africains et revendu aux Caraïbes et Louisiane ; et qu'en plus, on occulte à dessein les chaînes de nègres qui remontaient l'Afrique à pied vers les paradis musulmans.
Cela ne me concerne pas.

Je n'ai à me repentir de rien et des millions de Français de souche non plus. La Traite n'est pas notre affaire. En affaires, nous n'étions pas conviés. Nos ancêtres étaient pour la plupart attachés à la glèbe, dans les deux sens du terme, et pas toujours par choix mais pour assurer l'ordinaire. Ils ne profitèrent jamais des plantations du Nouveau Monde, ne buvaient pas de rhum, que du marc de raisin ou au nord, de l'alcool de grain, ni du café mais de la chicorée, ignoraient les bananes et le sucre de canne. Ces gens qui formaient l'assiette de la dîme, de la taille, de la capitation, vivaient à l'horizon de leur bailliage, ou de leur province pour les meilleurs marcheurs, sans grandes économies, cultivant la terre et la morale dans la monotonie des travaux et des jours. Ils s'arrangeaient pour ne rien devoir à la fin quand ils rendaient le "cadeau" de leur vie au Créateur. La famille alors louait des fleurs comme à Chaminadour et un cercueil à fond-charnière pour les enterrer dignement derrière un mauvais cheval qui tirait les affligés vers le pré de l'église.
Coller la honte de la Traite sur tous les Français, sur tous ceux qui ont construit le royaume de France à la sueur de leur front, est une vaste saloperie.

Par contre, on a tous les noms !
Tous les cahiers.
Tous les plans.
Tous les registres.
Les minutes du Greffe.
On sait qui crût et embellit jadis dans le commerce triangulaire.

A Bordeaux et Nantes naquirent des fortunes mondiales. Bridées au XIX° siècle, elles furent réinvesties aux colonies, plus tard dans l'industrie, mais la gloire d'exportation s'afficha sur toutes les belles avenues de nos ports. Certaines familles existent encore. Les descendants se sont peut-être jetés maintenant dans la dénonciation des marchands d'esclaves ou des planteurs pour faire diversion, mais... je vous laisse réfléchir. Nous les gueux, manants et autres tiers, nous sommes innocents de ces crimes. Que la justice passe, ailleurs, à Bordeaux, Nantes, Lorient et j'en oublie ! Qu'on élève des piloris de mémoire en place publique financés sur la taxe foncière, sur lesquels seront gravés les noms des négriers, si ça les amuse. Même pas !

Mme Taubira a peut-être un problème avec les trafiquants nantais, les rois du Dahomey, les planteurs de Guyane, mais aucun problème qui me concerne en Rouergue ou dans mes Cévennes. Solidarité ? N'ayant pas une vocation de pleureuse universelle, je l'encourage respectueusement à retourner à ses racines. Moi, je ne me repens de rien !
Les nôtres ont payé cher déjà la "continuation" des équilibres sociaux au privilège de la Fortune triomphante dans les deux siècles passés, tant dans les guerres que dans les manufactures et les mines au bénéfice de la Banque et de la Forge.

Les négriers ? Ce qu'il en reste ? A la lanterne des ports et comptoirs incriminés. Dieu triera ! Qu'on les y pende l'hiver, ça sentira moins mauvais.

(1) Etre esclave. Afrique-Amériques, XVe-XIXe siècle, Edition La Découverte (2013)


Rengainer !

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Trois mille cinq cent quatre-vingt sept voix (source AR) se sont portées sur les listes du parti de l'Alliance Royale aux élections européennes 2014.
Il est oiseux, et doublement, de mesurer l'écart avec la fois précédente et de tirer un pourcentage, forcément fait de beaucoup de décimales.
Le pari est perdu. Comme le déclarait en 2007 Yves-Marie Adeline, fondateur de ce parti, les royalistes, que l'on espèrait quand même un peu plus nombreux, n'ont pas validé la démarche de notoriété entreprise. C'est aujourd'hui confirmé.

Ce parti sans moyens - mais pourquoi ? - riche de courage et de militants désintéressés, ne franchit pas le plafond de verre de la notoriété élémentaire. Son programme n'est pas adapté à la rhétorique démocratique et son mode de communication, indigent par manque d'argent. Même dans les provinces les plus travaillées, il ne perce pas.
Néanmoins il ne peut en aucune manière être montré du doigt par les autres chapelles royalistes qui ne remportent elles non plus aucune victoire, même minuscule, depuis soixante ans. Finalement, l'insuccès semble génétique à la Cause.

L'agitation des cadres royalistes les conforte sans doute dans une posture éthique et distinguée, mais la loi du résultat, comme on l'applique aujourd'hui de toute entreprise humaine, les détruirait. Ils se gardent bien que quérir le quitus de leurs militants. Les chapelains meurent sur la miséricorde des stalles. C'est un emploi en sacralité viagère où l'on ne se remet pas en cause, chacun étant l'oint du monseigneur d'obédience.

Cercles et cénacles, sociétés savantes ou de géographie, histoire, langues mortes, ont de tout temps fait le bonheur des longues journées d'hiver à remâcher la gnose d'une physique sociale ancienne. Il n'y faut voir aucun travers, ce n'est que distractions d'une vie lente. Mais c'est moins innocent quand on capte l'intérêt de la jeunesse et, sous l'autorité morale de la chose sue, on l'embrigade à des séances de "réinformation" et des soirées de propagande sur les heures d'études. Sachant le mouvement, s'il bouge, incapable de provoquer aucun assaut des positions retranchées de ses adversaires qui l'ignorent, projeter des lendemains fleurdelisés dans des cerveaux enchantés par l'ancienne chevalerie relève de l'escroquerie mentale. Cette révélation tarit normalement les effectifs dès avant la trentaine, mais la nostalgie d'une jeunesse agitée en recrée après cinquante. Il n'y a rien de très sérieux, bien moins que de jouer au bridge.

Messieurs les chapelains, réunissez-vous entre vous à quelques dates anniversaires ou cosmiques, mais libérez vos "ouailles" qui ont besoin d'acquérir des diplômes dans la compétition mondiale qu'ils affrontent. L'entre-soi a du bon dès qu'il ne sert à rien. Nous avons construit le catalogue de la politique raisonnée depuis l'avènement des Capétiens, avec beaucoup d'enluminures, feuilletons-le sous nos lampes à économie d'énergie pour le délassement et la fierté de nos certitudes. Cessons d'appeler à l'insurrection dans des rues vides !

Les princes ont-ils besoin de chapelles ?
Leur destin est d'abord entre leurs mains. En veulent-ils ?

Faut-il repartir d'une page blanche ?



Minute !

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L'Union royaliste Bretagne Vendée militaire diffuse de courtes vidéos de présentation du monarchisme.
La minute en fait trois ; et Royal-Artillerie la propose au passant.

Terrible abdication

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Ainsi le roi d'Espagne est-il acculé à l'abdication par la convergence de signes négatifs accourant sur sa personne et sur sa fonstion, indissociables dans les temps modernes, les deux corps du roi ayant été fusionné par l'empire médiatique. La charnière de la succession ouvre une fenêtre de tir aux adversaires de la monarchie, ils s'y essaieront, ils s'y essaient déjà ! Leurs motifs sont les billevesées habituelles sur la citoyenneté opposée à la sujétion, le rendre-compte du pouvoir, le coût de la liste civile de la dynastie, etc...

La fonction "pointe de pyramide" d'un monarque ne les effleure plus. L'incarnation pérenne de la Nation, le commandement en chef des armées, l'arbitre en dernier ressort totalement désintéréssé, sont des notions trop abstraites pour un peuple secoué par la crise comme un prunier par l'orage ; les grands capitaines franquistes sont enterrés, le danger de revenir aux heures les plus sombres de leur histoire fait sourire. Pourtant les chefs politiques actuels sont monarchistes, tant à gauche qu'à droite, mesurant sans doute l'avantage de dépolitiser la clef de voûte et de faire l'économie d'une élection présidentielle dévastatrice chaque 5 ou 6 ans. Mais il est des moments dans l'histoire des peuples où la raison ne suffit plus ; et Juan Carlos a des torts.

Si les débuts de son règne ont été "adroits" pour réussir la transition entre une monarchie absolue franquiste héritée de son père politique et une monarchie parlementaire du style de celle de Westminster, le roi, d'un tempérament sportif pour ne pas dire léger, s'est installé ensuite dans les avantages du poste en oubliant la réflexion de son ancêtre Ferdinand VII qui mettait au défi quiconque de gouverner un royaume de douze millons de rois ! Si les vacances nautiques aux Baléares, la résidence protégée en forêt au palais de la Zarzuela, les soupers publics avec Corrina et quelques couacs moins drôles comme d'abattre un ours russe ivre de vodka à bout touchant, restaient "acceptables" dans une Espagne en pleine euphorie du PIB facile, ce n'est plus pareil dans un pays qui souffre. L'éléphant du Botswana, les soupçons de comptes en Suisse hérités de Don Juan et d'autres peccadilles que je tairai deviennent insupportables.

Les dynasties, surtout en pays latin, doivent être irréprochables. La dynastie espagnole s'est liquéfiée, d'abord par la dégénérescence physique du titulaire et les attaques précoces de la sénilité, ensuite par les "révélations". L'affaire Urdangarin aurait dû être traitée brutalement et le gendre exilé aux îles Zaffarines. On peut faire une erreur, mais pas dix ! Trop diminué physiquement, il fallait partir et installer Felipe au Palais Royal de Madrid, au milieu de son peuple. Les rois tiennent autant par l'affect qu'ils suscitent que par la constitution qui les protège. Ils sont le recours mental et moral du déshérité, l'invocation du pauvre, l'intention du rachat pour le pécheur, le soleil des âmes simples.

Le meilleur roi moderne serait un moine-chevalier, mais l'hérédité de la fonction s'y oppose. Un roi d'Espagne, savant et productif dans son palais de l'Escorial (comme son alter-ego français au Mont Saint-Michel) n'aurait rien à craindre de l'Histoire. Qu'a produit SM Juan-Carlos Ier pour étayer la monarchie, quelle vision du monde a-t-il communiqué au monde ? Qu'a-t-il inventé ? Le temps des rois faibles ou distraits compensés par des ascendants et des successeurs plus capables est révolu. Ils doivent tous être bons, le peuple ne juge plus sur la moyenne ! Celui qui s'en va a montré une adresse politique exceptionnelle et un pugnacité surprenante dans les premières années de son règne. La constitution de 1978 une fois consolidée, le roi s'est abandonné à lui-même.

L'Espagne peut très bien se retrouver en République à la Noël. Dès le printemps suivant les Espagnols sauront ce qu'ils ont perdu. Pour le moment, ils ne le voient pas. Ils se passionnent pour le zapping.

Le silence de Royal-Artillerie est rompu à l'occasion de cette catastrophe annoncée pour la maison de Bourbon.

Minute seconde

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C'est la deuxième minute produite par l'Union royaliste Bretagne Vendée militaire et il en faudra soixante pour être à l'heure. De ma vie de militant, on ne m'a jamais posé cette question. Raison de plus pour connaître les réponses du Chouan qui s'y colle.


A dire vrai, la première question fut le plus souvent : Qui ?
Ce qui signale par défaut qu'un roi serait possible dans l'esprit de beaucoup, sauf à connaître l'impétrant. On se méfie, c'est normal. N'est-ce pas Jack Lang, né au pays des violons mais agrégé de droit public, qui concédait devant moi qu'un roi lui irait bien pour fermer la pyramide institutionnelle, lequel résoudrait beaucoup de problèmes. Le réglage le plus fin d'un régime politique s'obtient par la monarchie constitutionnelle. Son seul défaut est d'être un régime d'exception pour peuples matures. C'est un autre débat.

La troisième minute

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Troisième minute de l'Union royaliste Bretagne Vendée militaire, ça se corse puisqu'on y vante la décentralisation. Et c'est un gros sujet. Non seulement parce que la monarchie française fut à son apogée centralisatrice mais parce que le parlementarisme provincial croise à quatre-vingt-dix degrés l'antiparlementarisme de référence et renoue avec l'époque des grands féodaux qui ne fut pas partout un succès. Mais les avantages de la décentralisation sont bien là :


S'il est un argument qui plaide en faveur d'une décentralisation (réelle), c'est l'histoire économique de l'Europe qui s'est déroulée sur deux millénaires dans un enchevêtrement de modèles. Le modèle le plus florissant fut à plusieurs époques celui de l'anarchie créatrice de liens productifs sur des territoires peu "étatisés". Le système emblématique fut celui de la Hanse que les jeunes Etats-nations parvinrent à écraser au traité de Westphalie.
La centralisation, tentée à plusieurs reprises par des autocrates, aboutira à la stérilisation de la société. Le royaume de Louis XIV finira dans les embarras financiers et connaîtra une déqualification industrielle que le Colbertisme parviendra à masquer un temps. Sous Louis XV nous ne savions plus fondre nos canons sans produire un énorme rebut.
La décentralisation va de pair avec la réduction a minima de l'Etat afin de provoquer un sursaut de responsabilités individuelles, mouvement anesthésié par le Conseil national de la Résistance en 1945 qui a soviétisé les consciences et le courage commun.

On poursuivra ce micro-billet avec profit en lisant d'un oeil critique et attentif ce bref opuscule de Léonard Liggio, Si l'Europe m'était contée...

Bouvines 14

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Ce billet a paru dans la rubrique "La Patte à Catoneo" sur le site LaFauteaRousseau le 18 février 2014. Les griffes du chat sortent un peu, mais pour la bonne cause. Il entre en archives Royal-Artillerie à la veille de la commémoration de cette bataille qui vit précipiter la nation française en un composé chimique qui jamais ne se liquéfia. Depuis cette date (18.2.14) des préparatifs ont eu lieu chez les royalistes pour faire mentir ce billet. Voir l'annonce en pied d'article.

Où serons-nous le 27 juillet ? Peut-être au village de Bouvines dans le Nord, dont l'équipe municipale a fait des pieds et des mains pour commémorer dignement la bataille qui (c'est notre avis) fonda la nation française. Avec seulement 750 habitants et une quête inlassable de soutiens, ils ont réussi à monter une kyrielle d'événements du 16 mars au 27 juillet 2014.

Un site très accueillant vous dit tout : www.bouvines2014.fr duquel j'extrais le premier argument :
"L’association BOUVINES 2014 a été créée pour commémorer le 800ème anniversaire de la bataille (1214-2014). Nous souhaitons faire de cet anniversaire un événement majeur sur le plan régional, national et européen. Ces événements recouvreront trois thèmes forts : la paix, la jeunesse et l’Europe."
Mais ce n'est pas pour "lancer" le cycle Bouvines 2014 que je me suis levé ce matin. Nul n'a besoin de moi.

Qu'ont préparé les royalistes pour cette commémoration ? Deux articles en double page centrale du journal ? Une conférence discrète à la Maison des Mines ? Une messe à Saint-Denis ? Huit siècles de nation méritent quand même mieux et ils sont l'occasion de promouvoir une cause française qui commence à recueillir de l'écho dans la population, à ce que rapportent les tests d'opinions : la nation, pas si bête finalement ! Mais pourquoi s'arrêter là ?

A reprendre l'Ouvrage où la raison l'a laissé la dernière fois, on retrouve une devise révolutionnaire qui fit entrer le royaume de force dans la modernité, avant que tout ne se gâte. Cette devise était frappée sur les pièces de monnaie:

Le Roi en saint Michel
La Nation, La Loi, Le Roi

Sur le premier pilier nous avons beaucoup à dire, c'est notre spécialité, ne nous en privons pas, les milices bourgeoises rejoignirent l'Ost royal pour la première fois depuis... Bouvines justement ;
sur le deuxième pilier en pleine débâcle morale encore plus, sur une justice étique, on peut faire cent pages avec un seul verre d'eau ;
et nous saurons bien expliquer ensuite pourquoi le troisième est le meilleur serre-file.
De vous à moi, ça a plus de gueule que le triptyque actuel qui ne lie que des contradictions aux frontons du régime.

J'ai noté qu'aucun prince n'avait mis Bouvines au programme. Peut-être attendent-ils une invitation gratuite du maire de cette modeste commune si courageuse. Il s'appelle Alain Bernard, quelqu'un de bien. 1214 est aussi l'année de naissance de Louis IX (25 avril), petit-fils du vainqueur de Bouvines et saint de surcroît. Conjonction utile à la propagande ou hasard du calendrier.

Alors, une grande fête champêtre royaliste ? Avec baraques à frites et super-sono ? Tonneaux en perce. Des gosses qui courent partout. Fanions et bannières en plein vent. Un concours de tee-shirts mouillés sur Harley Davidson. Quelque sorte de Biennale Blanche aérée ! Au mois de juillet n'importe quel dimanche, il fait bon dans le Nord.

Reste à trouver un champ à rave-party dans le canton de Cysoing et un peu de logistique pour ramasser les ordures.

Entre-temps voici une petite vidéo présentant l'église du village et ses vitraux. Sans prétention, mais bien faite.

Et un opuscule très illustré du monsieur qui cause dans la caméra :
Bouvines 1214 - Une bataille aux portes de Lille de Jean-Louis Pelon, chez la Voix du Nord 2014 (diffusion Decitre 6,90€)

Billet lié : La Belle histoire du chevalier Tristan


Bonus RA

Extrait du récit à la veillée que faisait Philippe-Auguste à son petit-fils, futur Louis IX (recensé par Philippe de Villiers dans Le Roman de saint Louis) :

Ils sont plus de quatre-vingt mille combattants. Nous ne sommes que vingt-cinq mille. Regarde, Louis, en face, l'Occident tout entier s'est réuni : Jean, le roi d'Angleterre ; Othon, l'empereur ; Ferrand, le comte de Flandre. Au bivouac, ils se sont tous déjà partagé le royaume. Chacun en a pris un morceau Le choc de Bouvines fut terrible et longtemps indécis. Jusqu'au moment où se joignirent à nous les communes qui portaient l'oriflamme de Saint-Denis. Mais toute cette gent de boutiquiers et de laboureurs faisait pitié à voir, effrayée par les figures terrifiantes des animaux légendaires qui décoraient les boucliers et les cimiers des nobles Saxons. Et puis, quand le soleil se leva, je les semonçai comme le renfort qui me manquait. La force était allemande. L'astuce était française. Mes hommes, une massue à la main, m'observaient avec inquiétude, ils regardaient mon bliaud blanc et ma tunique bleue déchiquetée par une chute de cheval, mon haubert d'acier éventré. J'attendis que le soleil vînt rejoindre nos troupes et se placer derrière nous, à pic de notre arrière-garde. Alors commença l'assaut des communes qui avaient le soleil derrière elles, tandis que, dans les rangs ennemis, ils l'avaient dans les yeux. Les Impériaux éblouis, aveuglés par le jeu de reflets et d'étincelles sur les casques, cottes de maille, épées et boucliers, ne pouvaient plus avancer. Nos étendards écarlates progressaient sans cesse. Un peu plus tard, j'aperçus l'empereur, au loin, de dos, en fuite. Le retour fut triomphal. Paris chantait. Sur le parcours, à Douai, Bapaume, les moissonneurs se livraient à des transports de joie, levant leurs faux et faisant tournoyer leurs faucilles ; les jouvencelles nous jetaient des brassées de boutons d'or, etc, etc (récrit sur LLL56).

La France est née à Bouvines. Jusqu'ici avions-nous le roi et cent duchés, le roi et ses barons. Au soir de l'attaque des milices communales le pays était devenu une Nation. Rien ne serait pareil ensuite.




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