L'astrolabe de Chaucer (début XV°) est-il andalou comme semblerait le revendiquer l'Institut du Monde arabe ? Certes, l'instrument à viser le ciel qu'inventèrent les astronomes grecs de l'Antiquité fut bien perfectionné par les savants arabes et spécialement par Al-Zarqali à Tolède, mais on admet que c'est le collège Merton (Oxford) qui fit la meilleure synthèse des traités d'astrolabe jusqu'à ce que les Portugais en produisent une version embarquée pour améliorer la navigation hauturière. Dans un tout autre domaine, Jean de La Fontaine fit son miel des fables d'Esope mais aussi de celles du Kalila wa Dimna, pompées du sanskrit par les Perses qui les passèrent aux Arabes, traduits à leur tour par les Castillans, leurs voisins de palier, qui les passèrent aux Français en 1644. D'où viennent les bains turcs de Budapest ? Des thermes romains peut-être ? ETC...
On apprend que notre pape Francesco aurait hésité à proclamer les "racines chrétiennes" de l'Europe. Et pourtant ! Quelle mouche a piqué le pontifex romain à se risquer sur ce terrain pour aussitôt retirer son pied ? On dirait du Hollande. Mon petit doigt me suggère qu'il n'a pas voulu remettre du charbon dans les chaudières polonaise et autrichienne qui font une crise d'urticaire musulman carabinée et parce qu'aussi la chose est en débat au Parlement européen. Benoît XVI était plus courageux... à Ratisbone. Bien sûr, aucun continent n'a vu pousser qu'une seule espèce d'arbre. Même l'empire chinois - le plus ethnocentré avec l'Egypte pharaonique - a été labouré en tous sens par des civilisations allogènes. Qu'on se souvienne que les clercs tibétains avaient la haute main sur les affaires spirituelles de la maison impériale et que les jésuites européens contribuèrent grandement au progrès de la dynastie mandchoue des Grands Tsings (la dernière).
L'Europe commence à l'Île de Fer (longitude 18°W de Greenwich aux Canaries), c'est d'ailleurs son méridien zéro traditionnel - n'en déplaise aux Rosbifs - et elle se termine à la ligne de partage des eaux que constitue la chaîne des Monts Oural, soit à la ville de Magnitogorsk (59°E) pour fixer un peu mieux les idées. A l'exception de la Thrace turque, de l'Albanie et de la Bosnie Herzégovine, retournées en profondeur par les Ottomans, l'Europe actuelle a toujours un socle chrétien. Mais si elle embrassa la foi chrétienne à mesure que les empereurs romains d'orient et d'occident se convertirent, des temples, édicules et fontaines sacrées préexistaient en ville comme en forêt par tout le continent. Les grandes religions polythéistes classiques et barbares, qui construisirent ces édifices et ces mythologies, tinrent le pays très longtemps avant la conversion ; imaginez que Troie fut prise au XIIè siècle av.JC.
Les monothéismes qui les écrasèrent parvinrent à régner sans partage jusqu'au XIXè siècle, en s'entre-déchirant au nom du même Dieu, ce qui est rare dans l'histoire de l'Humanité. Oui, les racines chrétiennes de l'Europe y existent indubitablement, elles portent les fondations des cathédrales, elles ont bu le sang des schismatiques et des impies, elles ont gardé les ossements des croyants à millions, mais le sol en contient bien d'autres qui les ont plus ou moins nourries. Les fontaines en alcôve de nos forêts ont vécu le remplacement de leur statue miraculeuse tant qu'elles ont coulé. Qui était celle qui précéda le druide gaulois ? Qui lui fut substituée par le prêtre romain ? Quelle sainte catholique y fut accueillie ? Par chance les imams détestent les statues.
Si l'Europe fut un continent en guerre civile perpétuelle - elle en mourra en 1945 - l'histoire retiendra d'abord dans les grandes épopées ses opérations extérieures : le combat acharné des armées croisées contre les armées arabo-musulmanes qui se firent une guerre de deux cents ans au Proche Orient. Les conséquences en furent grandes tant sur le développement de l'occident médiéval que sur celui de l'orient islamique, mais on n'en retient aujourd'hui que l'humiliation des Arabes alors qu'à la fin ce sont eux qui vainquirent ! Comme quoi, la mauvaise foi est la chose la mieux partagée. L'Europe renvoyée sur ses terres allait s'élancer à la Renaissance sur toute la planète et son empreinte y demeure presque partout.
Alors pourquoi l'Europe cherche-t-elle ses racines ?
Est-ce un quelconque signe ? Oui. De décadence ! De dévirilisation ! Les Portugais de la circumnavigation, les Espagnols de la Conquête, les Hollandais, les Anglais, les Français des empires coloniaux ne cherchaient pas leurs racines. Ils étaient en phase de découverte du monde et d'asservissement des peuples nouveaux, captant le plus possible de matières, marchandises et denrées à transformer et consommer. De nos jours, on dirait qu'ils étaient dans leur phase de "mondialisation". D'ailleurs Royal-Artillerie avait fait un article célèbre en ce sens (L'Esprit de l'horizon).
Mais l'expansion est terminée pour l'Europe*. Il faut dire que deux guerres mondiales atroces provoquées par elle ont fini par l'assagir, sans la guérir quand même d'une certaine arrogance : l'Europe s'invite presque partout dans la solution de conflits, pour proposer aussi son modèle démocratique et ses codes sociaux comme remèdes ultimes aux imperfections de l'espèce humaine. Une civilisation est toujours satisfaite de sa propre supériorité et répute ses marges en barbarie. Elle cherche à bloquer le temps de sa suprématie jusqu'à ce qu'il s'échappe de ses mains par la supériorité acquise sur le limes contre elle. C'est d'Ibn Khaldoun (Tunis, 1332 - Le Caire, 1406), premier analyste anormatif des sociétés humaines et théoricien des civilisations.
Contrairement à nos frayeurs, ce ne sont pas les Musulmans dispersés et largement en retard aujourd'hui dans tous les compartiments du jeu (sauf les maths) qui vont nous supplanter dans les enceintes décisionnaires, mais les empires nouveaux et renaissants, à diverses raisons que nous avons maintes fois exposées sur ce site. L'affaire se joue entre la thalassocratie anglo-saxonne, l'empire continental chinois et l'empire vide des glaces russes. Les Musulmans sont-ils du renfort dans ce choc des quatre mondes (j'y compte encore l'Europe) ? J'en doute. Du moins ils n'ont rien prouvé en ce sens jusqu'ici. Qu'ils ne cherchent pas en revanche à imposer leurs modes sociétaux, perclus d'obsessions génitales et de discriminations sexistes. Merci. Nous allons garder nos clochers et nos fontaines miraculeuses où l'on jette des pièces de monnaie, nos martyrs et nos saints dans des statues en plâtre, toutes nos racines antiques et modernes, nos femmes en jambes et en cheveux et notre joie de vivre !
« Nos ancêtres les Gaulois » par Toutatis, on n'en démordra pas !
- Vous reprendrez bien un peu de sanglier ?
- Désolé, j'ai piscine.
On apprend que notre pape Francesco aurait hésité à proclamer les "racines chrétiennes" de l'Europe. Et pourtant ! Quelle mouche a piqué le pontifex romain à se risquer sur ce terrain pour aussitôt retirer son pied ? On dirait du Hollande. Mon petit doigt me suggère qu'il n'a pas voulu remettre du charbon dans les chaudières polonaise et autrichienne qui font une crise d'urticaire musulman carabinée et parce qu'aussi la chose est en débat au Parlement européen. Benoît XVI était plus courageux... à Ratisbone. Bien sûr, aucun continent n'a vu pousser qu'une seule espèce d'arbre. Même l'empire chinois - le plus ethnocentré avec l'Egypte pharaonique - a été labouré en tous sens par des civilisations allogènes. Qu'on se souvienne que les clercs tibétains avaient la haute main sur les affaires spirituelles de la maison impériale et que les jésuites européens contribuèrent grandement au progrès de la dynastie mandchoue des Grands Tsings (la dernière).
L'Europe commence à l'Île de Fer (longitude 18°W de Greenwich aux Canaries), c'est d'ailleurs son méridien zéro traditionnel - n'en déplaise aux Rosbifs - et elle se termine à la ligne de partage des eaux que constitue la chaîne des Monts Oural, soit à la ville de Magnitogorsk (59°E) pour fixer un peu mieux les idées. A l'exception de la Thrace turque, de l'Albanie et de la Bosnie Herzégovine, retournées en profondeur par les Ottomans, l'Europe actuelle a toujours un socle chrétien. Mais si elle embrassa la foi chrétienne à mesure que les empereurs romains d'orient et d'occident se convertirent, des temples, édicules et fontaines sacrées préexistaient en ville comme en forêt par tout le continent. Les grandes religions polythéistes classiques et barbares, qui construisirent ces édifices et ces mythologies, tinrent le pays très longtemps avant la conversion ; imaginez que Troie fut prise au XIIè siècle av.JC.
Les monothéismes qui les écrasèrent parvinrent à régner sans partage jusqu'au XIXè siècle, en s'entre-déchirant au nom du même Dieu, ce qui est rare dans l'histoire de l'Humanité. Oui, les racines chrétiennes de l'Europe y existent indubitablement, elles portent les fondations des cathédrales, elles ont bu le sang des schismatiques et des impies, elles ont gardé les ossements des croyants à millions, mais le sol en contient bien d'autres qui les ont plus ou moins nourries. Les fontaines en alcôve de nos forêts ont vécu le remplacement de leur statue miraculeuse tant qu'elles ont coulé. Qui était celle qui précéda le druide gaulois ? Qui lui fut substituée par le prêtre romain ? Quelle sainte catholique y fut accueillie ? Par chance les imams détestent les statues.
Si l'Europe fut un continent en guerre civile perpétuelle - elle en mourra en 1945 - l'histoire retiendra d'abord dans les grandes épopées ses opérations extérieures : le combat acharné des armées croisées contre les armées arabo-musulmanes qui se firent une guerre de deux cents ans au Proche Orient. Les conséquences en furent grandes tant sur le développement de l'occident médiéval que sur celui de l'orient islamique, mais on n'en retient aujourd'hui que l'humiliation des Arabes alors qu'à la fin ce sont eux qui vainquirent ! Comme quoi, la mauvaise foi est la chose la mieux partagée. L'Europe renvoyée sur ses terres allait s'élancer à la Renaissance sur toute la planète et son empreinte y demeure presque partout.
Alors pourquoi l'Europe cherche-t-elle ses racines ?
Est-ce un quelconque signe ? Oui. De décadence ! De dévirilisation ! Les Portugais de la circumnavigation, les Espagnols de la Conquête, les Hollandais, les Anglais, les Français des empires coloniaux ne cherchaient pas leurs racines. Ils étaient en phase de découverte du monde et d'asservissement des peuples nouveaux, captant le plus possible de matières, marchandises et denrées à transformer et consommer. De nos jours, on dirait qu'ils étaient dans leur phase de "mondialisation". D'ailleurs Royal-Artillerie avait fait un article célèbre en ce sens (L'Esprit de l'horizon).
Mais l'expansion est terminée pour l'Europe*. Il faut dire que deux guerres mondiales atroces provoquées par elle ont fini par l'assagir, sans la guérir quand même d'une certaine arrogance : l'Europe s'invite presque partout dans la solution de conflits, pour proposer aussi son modèle démocratique et ses codes sociaux comme remèdes ultimes aux imperfections de l'espèce humaine. Une civilisation est toujours satisfaite de sa propre supériorité et répute ses marges en barbarie. Elle cherche à bloquer le temps de sa suprématie jusqu'à ce qu'il s'échappe de ses mains par la supériorité acquise sur le limes contre elle. C'est d'Ibn Khaldoun (Tunis, 1332 - Le Caire, 1406), premier analyste anormatif des sociétés humaines et théoricien des civilisations.
Contrairement à nos frayeurs, ce ne sont pas les Musulmans dispersés et largement en retard aujourd'hui dans tous les compartiments du jeu (sauf les maths) qui vont nous supplanter dans les enceintes décisionnaires, mais les empires nouveaux et renaissants, à diverses raisons que nous avons maintes fois exposées sur ce site. L'affaire se joue entre la thalassocratie anglo-saxonne, l'empire continental chinois et l'empire vide des glaces russes. Les Musulmans sont-ils du renfort dans ce choc des quatre mondes (j'y compte encore l'Europe) ? J'en doute. Du moins ils n'ont rien prouvé en ce sens jusqu'ici. Qu'ils ne cherchent pas en revanche à imposer leurs modes sociétaux, perclus d'obsessions génitales et de discriminations sexistes. Merci. Nous allons garder nos clochers et nos fontaines miraculeuses où l'on jette des pièces de monnaie, nos martyrs et nos saints dans des statues en plâtre, toutes nos racines antiques et modernes, nos femmes en jambes et en cheveux et notre joie de vivre !
« Nos ancêtres les Gaulois » par Toutatis, on n'en démordra pas !
- Vous reprendrez bien un peu de sanglier ?
- Désolé, j'ai piscine.
Piscine du harem de Jean-Léon Gérôme (1876, L'Ermitage) |
* Note : Pour mesurer le point d'aboutissement du déclin relatif de l'Occident et compléter la théorie d'Ibn Khaldoun, il faudrait lire Mass Flourishing de l'économiste américain Edmund Phelps, prix Nobel d'économie 2006, qui soutient que "le plus tragique dans notre déclin est bien que l'Occident ne soit même plus l'Occident" (Princeton University Press, 2013).