Billets de soutien RA libellés "Jean Lassalle" à cliquer:
- Un berger à l'Elysée du 15/03/2017
- Jean Lassale, note liminaire du 19/03/2017
- But de la manœuvre du 22/03/2017
- Libertés basses du 24/03/2017
Voici la deuxième contribution programmatique à la campagne de Jean Lassalle, elle porte sur l'Union européenne, qui a fêté le soixantième anniversaire du Traité de Rome hier. L'avatar actuel de l'empire carolingien ne serait pas reconnu par les pères-fondateurs du Marché commun et c'est peu dire. Le constat de carence que fait le candidat sur son site est partagé à cent pour cent par le Piéton du roi. Nous n'allons pas abonder au tonneau et délayer les arguments, c'est inutile puisque déjà fait, mais ouvrir l'angle étroit d'un futur possible. Voici ce qu'en dit Jean Lassalle :
« l’Union Européenne a échoué à affronter la mondialisation. Elle a accepté la dictature financière. Les institutions européennes se sont limitées à gérer des budgets et à écrire des normes. Nous payons aujourd’hui trente années d’Europe sans projet politique, sans démocratie. Nous n’avons ni une Europe solide, ni des États solides, alors que le général de Gaulle espérait les deux à la fois : une « Europe des nations », une Europe d’États démocratiques et responsables.
C’est dans cette direction que nous devons réfléchir ensemble, sans tabous, pendant cette campagne et dans les années qui viennent. La nouvelle génération, qui va et vient à travers l’Europe plus facilement que je ne me déplaçais hier moi-même à travers la France, n’a pas voulu jusqu’ici se préoccuper de gouverner. Mais tôt ou tard, elle prendra ses responsabilités et imaginera une construction européenne adaptée au monde d’aujourd’hui.
Aujourd’hui, c’est à nous, la France, de nous relever. Elle a besoin de retrouver des marges d’action politiques et financières. À nous de dire ce que nous sommes, ce que nous voulons, dans la discussion avec nos voisins. » (in Retrouvons nos marges de manœuvre en Europe)
C’est dans cette direction que nous devons réfléchir ensemble, sans tabous, pendant cette campagne et dans les années qui viennent. La nouvelle génération, qui va et vient à travers l’Europe plus facilement que je ne me déplaçais hier moi-même à travers la France, n’a pas voulu jusqu’ici se préoccuper de gouverner. Mais tôt ou tard, elle prendra ses responsabilités et imaginera une construction européenne adaptée au monde d’aujourd’hui.
Aujourd’hui, c’est à nous, la France, de nous relever. Elle a besoin de retrouver des marges d’action politiques et financières. À nous de dire ce que nous sommes, ce que nous voulons, dans la discussion avec nos voisins. » (in Retrouvons nos marges de manœuvre en Europe)
Il n'est jamais trop tôt pour réfléchir à l'Europe de demain matin parce que le reste du monde ne nous attend pas, ou ne nous attend plus ; sauf quelques pays ou communautés en déshérence qui nous implorent de continuer les virements. Si nous devons redevenir forts, c'est pour continuer à peser sur le destin de la planète à notre propre bénéfice, des fois qu'on aurait enfin compris que personne d'autre ne le ferait à notre place, et aujourd'hui plus que jamais avec le retour de l'isolationnisme américain. Mais aussi pour protéger d'autres peuples du monde avec qui nous avons des affinités civilisationnelles acquises par l'histoire, je pense à l'Afrique et à tout le Bassin méditerranéen, en fait à l'empreinte impériale romaine.
Ce machin qu'est devenue l'Union européenne ressemble plus à une outre à vents bureaucratiques qui pète des normes et des tarifs douaniers. La première à venir demain est, paraît-il, la standardisation de la composition du Nutella de Laponie jusqu'à Lampeduzza. Planquez les cartouches des fois qu'on se suicide de rire ! Mais à l'essentiel elle n'est pas tenue, au prétexte de l'immobilisme des Etats membres quand ce n'est pas sous la contre-pression des lobbies industriels. Le champ d'intervention de la Commission européenne (ou de l'organisme successeur fortement dégraissé) devra être redéfini très clairement (2 pages A4) et nous éviter dans le futur les calculs de robinets, bondes et autres débits labellisées des chasses de waters. Au titre du marché unique a fleuri la normalisation des produits circulés d'un bout à l'autre de l'Union jusqu'aux fins fonds de la bêtise humaine que l'on sait insondable.Que ce marché unique devienne simplement libre et que tout y circule en franchise de droits serait bien suffisant. Que chaque pays produise sous ses normes et ses grades de qualité et que le consommateur approuve par son achat ce qui est bon pour lui à tel moment, à tel endroit. Les producteurs s'adapteront vite sous le regard exercé des ligues de consommateurs. Horizontalité, nom de dieu ! Reste le reste, et tout le reste et au-delà, ces coopérations européennes qui ne sont pas dans les couloirs de la Commission : l'UEFA mais aussi Eurotunnel, Arianespace, l'ESA, Airbus, Horizon (frégates franco-italiennes), Eurofighter, missiles franco-anglais (Scalp, Aster,Meteor) et l'Association européenne contre les leucodystrophies dont les succès respectifs puisent leur énergie dans la compétence d'intelligences spécialisées mais qui font de l'ombre à la technocratie bruxelloise. Elle cherche continûment à s'impliquer, comme à l'occasion de regroupements industriels qu'elle interdit ou entrave, au titre de la fameuse concurrence libre et non faussée qui protège chaque fois nos concurrents non européens d'une éventuelle surpuissance européenne !!! Et puis il y a la PAC.
Jean Lassalle est un candidat paysan, se définissant comme un berger. Qu'il ne s'offusque pas du terme "paysan" qui enracine son détenteur dans un pays précis. Il y avait d'ailleurs dans ma jeunesse un fort parti rural très respecté qui s'appelait "Indépendants et Paysans". Ceci pour dire que l'Europe a impacté directement son territoire à travers la politique agricole commune. On va parler de ça. Il est très facile de s'en prendre aux institutions bruxelloises dans ce domaine et d'oublier un peu vite que toutes leurs décisions ont été annoncées avec un délai préparatoire de dix ans. Mais les grands nigauds du ministère et de la FNSEA repoussaient à demain (on dit depuis Hollande : procrastiner) les ajustements exigés, attendant in fine de mettre en route le chantage aux crédits européens pour apaiser la crise insoutenable qu'ils ont laissé monter. C'est pourquoi au milieu de la carte européenne la France est aujourd'hui le couillon de la farce, tous les autres ou presque ayant viré de bord depuis longtemps avant les récifs. Ce n'est pas ici que l'on va entrer dans la réforme de la PAC, la bande passante n'y suffirait pas.
Mais on peut relever une évidence interdite : l'agriculture est une activité capitalistique, en ce qu'elle convoque énormément d'argent préalable. Depuis la Révolution française et le partage des biens nationaux fut promu le modèle de l'exploitation familiale de subsistance, pour revenir un siècle plus tard à des latifundia capables d'absorber la mécanisation des tâches. Ces dernières croissent autant que les premières meurent. Entre les deux la mutation se fait dans le tragique. On ne parle que d'argent dans ce secteur, celui que l'on doit et celui qu'on n'a pas. Le Crédit agricole ne remplacera pas la propriété pleine et entière du bien-fonds et le cash-flow privé pour faire tourner l'exploitation. Les incitations des conseillers agricoles et du génie rural sont une mauvaise assimilation de techniques gestionnaires de l'industrie, négoce et finances. En cas de malheur dans ces secteurs, on saute en marche et on change de boîte. Pas dans l'agriculture ! (on peut relire le billet Royal-Artillerie ad hoc en cliquant ici)
On doit quand même reconnaître à la PAC d'avoir promu l'agriculture de négoce international par le monde entier et d'avoir protégé l'Europe d'importations de produits de mauvaise qualité à bas prix par le crible des normes sanitaires.
L'Union européenne a d'autres missions utiles si on applique bien le principe de subsidiarité. Faire à plusieurs ce que l'on fait moins bien seul. Contre-exemple : le traité de Lisbonne a créé une diplomatie européenne. Elle ne pourra jamais remplacer les vieilles diplomaties toujours actives de Grande Bretagne, France, Allemagne et Suède par exemple. Au bout du conflit ce sont bien la France et la Grande Bretagne qui siègent au conseil de guerre qu'est devenu aujourd'hui le Conseil de Sécurité de l'ONU, pas l'Europe. Et justement au plan de la Défense, le traité de Lisbonne a aussi ouvert la voie vers une défense communautaire, à la réserve près que personne n'en veut quand la question lui tombe dessus. Aucun pays de l'Est ne troquera une défense européenne franco-allemande contre la défense atlantique actuelle, quelle que soit l'augmentation des contributions demandées ! La Grande Bretagne non plus, le Danemark non plus, l'Espagne et l'Italie et les autres on ne sait. Donc nos politiques insultés par Donald Trump perdent du temps à agiter un fantôme alors que nous disposons d'un outil de guerre ouverte qui fonctionne bien et qui sème la terreur quand on l'évoque à l'étranger, ce qui est le but recherché dans des activités de Défense ; c'est l'OTAN.
L'Union européenne est irremplaçable dans le domaine douanier : la force tient à ce que les attaques étrangères ne peuvent pas cibler un pays en particulier puisqu'il s'agit de droit communautaire intégral et donc, c'est toute la géographie douanière qui est touchée par une attaque et l'ensemble réagit. Il suffirait juste qu'un office central des échanges internationaux de biens et denrées ait le pouvoir de bouger les droits douaniers comme aux Etats-Unis quand des pays tiers se moquent ouvertement de nous par du dumping étatique. Un autre domaine communautaire est la sûreté publique : nul n'est une île au temps du terrorisme et, laissés chacun à nous-mêmes, nous voyons le danger trop tard. Inutile d'épiloguer. On pourrait en dire autant des secteurs stratégiques comme l'énergie pour éviter les négociations abusives et le chantage des fournisseurs (de gaz).
Un domaine communautarisé d'évidence est la pêche, tant pour gérer la ressource continentale que pour négocier avec plus de poids les droits de pêche hauturière (et bientôt britanniques). Un autre domaine où la communautarisation serait utile est l'administration du marché des médicaments, domaine où certaines agences nationales sont impuissantes ou corrompues. L'Agence européenne du médicament existe mais au-dessus des agences nationales (dans une fonction fédérative et de production de rapports) alors qu'il faudrait éradiquer toutes celles-là. On ne devrait pas non plus faire l'économie de normes sanitaires communautaires pour des consommations de base telles que l'eau. C'est la Commission qui a imposé à la France de distribuer de l'eau de consommation humaine propre (on l'oublie); sans quoi les services français multipliaient à l'infini excuses et promesses pour ne pas heurter les régies locales. Communautariser le droit des sociétés, le code de commerce et leur plan comptable ne serait pas idiot, du moins en Europe occidentale. On peut aussi réfléchir (on y vient) à des corps de garde-frontières et de garde-côtes communautaires pour renforcer la vigilance et décharger les budgets nationaux de certains pays en difficultés qui ne peuvent remplir la mission dans la fenêtre géographique qui leur incombe. Tenir les frontières nationales intra-européennes est un leurre, facilement démontré par toutes les contrebandes de l'époque bénie des postes de douane. Quant aux domaines qui devraient être radiés des responsabilités communautaires, il sont très nombreux, chacun en connaît. Pour n'en citer qu'un avec humour : la gestion de la bio-diversité par compensation du bétonnage en zones humides ! Nos lecteurs anglophones peuvent rigoler au bétonnage de Regent's Park à Londres dans cette vidéo parodique (clic).
Beaucoup de coopérations économiques, culturelles peuvent être montées en réseaux inter-étatiques sans en appeler à la bureaucratie de Bruxelles. Et cela évite aussi d'y intégrer des pays peu intéressés mais qui veulent avoir leur mot sur tout. Par exemple, mutualiser l'exploitation des grands ports du range atlantique nord-est n'intéresserait que quatre pays. Les Français y apprendraient beaucoup, eux qui ont été capables de creuser au Havre une grande darse dans le lit du fleuve (Port 2000) sans aucun accès à la batellerie d'éclatement des cargaisons (nous avons aussi nos propres technocrates à tuer). Ainsi en va-t-il de la protection des mers qui baignent les côtes de l'union. Lignes de ferroutage trans-nationales, trains-blocs etc... pour rester dans la logistique... à l'exemple de la nouvelle ligne ferroviaire chinoise de la Soie qui va faire du Pékin-Londres en 18 jours (clac). Bref ! S'il faut ouvrir l'angle au village mondial, rien n'oblige à l'encombrer de paperassiers. On pourrait parler aussi banque centrale et monnaie(s), mais c'est un sujet complet à lui-seul.
L'Europe des nations gaullienne que promeuvent plusieurs candidats induit automatiquement un régime de confédération. Il suffirait d'en écrire les contours, les inclusions et exclusions pour que ce cadre soit accepté par les pays. Jusqu'ici rien ne fut explicitement exclu du champs d'application des institutions européennes, à part la bombe atomique ; ce qui a nourri la voracité de toute structure de gouvernement établie sans limites, avec la complicité objective des politiques eux-mêmes quand ils siègent à Bruxelles. La confédération est un grand et beau projet.
La zone européenne dispose de tous les atouts pour réussir une confédération. Elle a les infrastructures physiques et financières, une économie puissante, une jeunesse intelligente qui ne demande qu'à s'investir sans être volée au coin du bois par la gérontocratie (problème de la Dette), une situation unique au monde sur le globe terrestre, une culture, une histoire, n'en jetez plus ! Alors quoi ! On le fait ? Y aller par cercles concentriques est le plus sûr moyen d'y atteindre.
Prochain billet : les énergies renouvelables