La fièvre médiatique est à son comble, l'haleine fétide des journalistes empuantit les lucarnes bleues. S'il est un vaincu de la campagne présidentielle dans l'Opinion, c'est d'abord LE journaliste de plateau. Comme le disait Bompard* à un professionnel de la profession qui ne cessait de lui couper la parole mercredi dernier pour accélérer son bout d'émission :
« laissez-moi finir, je sais que ça peut être difficile à comprendre pour vous, mais vous allez voir, ça va bien se passer à la fin.»
Se plaignant d'une carence de débats au fond et ne relevant la journée durant que des petites phrases ou des erreurs bénignes des candidats, les gens du quatrième pouvoir se sont déconsidérés. Jusqu'à vouloir mettre les doigts dans des thématiques qui ne s'apprennent pas dans les écoles de journalisme et se ridiculiser plus encore. La volière à perroquets dans tout son vacarme. Ne peuvent affronter les médiats et leur formatage idéologique que ceux qui les menacent publiquement jusqu'à l'attaque ad hominem, comme en usent Jean-Luc Mélenchon et son staff. La démocratie occidentale est devenue un combat contre l'information crétinique. En d'autres temps on en rirait, on n'en rit plus car on sait les gens perdus et malléables, la loi du Nombre faisant le reste. Mais la mort annoncée de l'ensemencement vertical des nouvelles (et autres fake news) va peut-être nous libérer d'un grand poids dans les années qui viennent.
* Manuel Bompard est patron de l'équipe de campagne de JL Mélenchon
Robert de Prévoisin |
Car, et c'est la pierre de touche de la pertinence d'une candidature, le sondage encourageant de BVA ne voulait rien dire ; pas plus qu'il n'en voulait dire en 2006. Nulle part dans le vrai monde nous n'avons trouvé 17% de monarchistes convaincus. Sans doute bien des sympathisants des émissions historiques à la gloire des vieux rois (comme disait Sarkozy) ont-ils répondu positivement à une proposition de restauration qui ne les engageait en rien et n'avait aucune chance d'aboutir, pour faire plaisir à l'enquêteur fourvoyé dans un concept irréaliste à mille lieux des soucis des gens. Sans doute réagirais-je pareillement si j'étais invité à répondre à une page de questions sur le bouddhisme en France par Matthieu Ricard. Jusqu'à ce que M. de Prévoisin jette l'éponge, il n'était pas utile de mettre en doute son interprétation des résultats achetés, cela aurait entravé la marche en avant du pré-candidat. C'est chose faite maintenant.
Les choses furent dites de manière plus vigoureuse mais en pure perte le 29 août 2009 dans un billet fameux de Royal-Artillerie, qui fit un bruit d'enfer sur le forum intégriste du Trône & l'Autel (forum à l'enseigne du scorpion qui se suicida de son propre venin), en suite d'un éditorial de Gérard de Villèle, renforcé de feu Jacques Rolain, dans le n°28 du Lien légitimiste. On peut y revenir en cliquant ici, dont nous extrayons la conclusion concernant la démarche électorale ci-dessous :
...Pendant que Villèle se pousse un petit blanc de Touraine pour éponger les vapeurs de cheddite, Jacques Rolain revenu de la sainte-barbe où il comptait les barils, fait pivoter le bord et aligne l'Alliance royale à mitraille. Il constate comme beaucoup que le flou pseudo-artistique sur la question dynastique voulu par Yves-Marie Adeline pour ratisser large, entame la crédibilité du programme. Royal-Artillerie a souvent dit que la réponse "après on verra bien" n'en était pas une, et qu'elle laisse au citoyen l'impression que l'ouvrage est inachevé, ouvert sur l'incertitude, mal fagoté. D'ailleurs lors de la campagne des parrainages 2007, cette fausse réponse était la partie la plus faible du discours d'Adeline, la critique systématique de la procédure [électorale] venant juste après en termes de contre-productivité. Et Rolain d'insister : l'infléchissement légitimiste « permettrait de poser clairement les principes de la monarchie exercée par le roi légitime et de la comparer à celle créée pour le président d'une République qui ne cesse de se chercher et de se définir ». Au moment où le parti d'Orléans au mieux possible avec le régime actuel, quémande et obtient des croix, ce que vous ne ferez jamais (non ?), cartes sur table, messieurs de L'Alliance, il faut aller à Caracas (ndlr: où résidait le prince et son épouse en 2009) !
Sauf à être en capacité de réussir un montage politico-médiatique et financier à la Macron - si elle aboutit, cette fabrication fera date dans l'histoire des démocraties - la voie électorale, ouverte par Yves-Marie Adeline est définitivement refermée dans une compétition présidentielle. Rappelons qu'YMA n'obtint pas ses parrainages non plus. L'extinction annoncée du régime obsolète actuel qui avait donné le signal de la ruée monarchiste, est déjà gérée par la classe politique aux manettes qui fourbit les substituts possibles : soit une Vè République déchiraquisée, soit une VIè République populaire.
Et puis Macron, c'est aussi un yuppie charismatique qui a pris trois millions d'euros chez Rothschild, qui a été secrétaire-général adjoint de l'Elysée et ministre de l'Economie. L'entregent du bonhomme n'y est pas pour rien. Je ne vois personne au moment dans l'emploi au sein du mouvement monarchiste français, ni chez les chapelains ni chez les princes, qui sont en plus réfractaires aux emplois publics de haut niveau. Pourquoi ? sera toujours un mystère pour moi quand on laisse entendre qu'on dirigerait facilement l'Etat si on les y conviait. Il reste aux royalistes à intégrer les conseils municipaux et départementaux afin de peser sur les décisions publiques dans le sens du bien commun, mais sans se faire d'illusions sur le changement de paradigme qu'induirait leur activisme.
Royal-Artillerie avait "fait" les campagnes de Jean-Philippe Chauvin (AF aux législatives contre Devedjian), d'Yves-Marie Adeline (AR - présidentielle 2007) puis de Patrick de Villenoisy (AR - présidentielle 2012). Tout était prêt pour promouvoir sur ce blogue la thématique choisie par le candidat de l'Alliance royale, avec des rebonds négociés sur d'autres supports. Contribution certes modeste mais les petits ruisseaux... etc. Ce quatrième échec libère le Piéton du roi de la discipline de ses perceptions. On fera ailleurs et autrement.