Re votre article du 6 octobre 2017 : Catalogne, un tournant à négocier avec intelligence.
On y lit à propos des institutions européennes : Cet objectif (ndlr: l'indépendance) convient parfaitement à l'Union européenne, qui souhaite dépecer les États pour mieux asseoir son autorité technocratique et atlantiste, et pour qui cette principauté qui, autonome depuis des siècles, avait tout (avec l'Écosse) pour donner l'élan à un mouvement plus généralisé en Europe.
Bien que les fédéralistes soient nombreux en Europe et dans les institutions centrales, l'émiettement des Etats n'est pas l'objectif. Concrètement, si l'on a choisi dans le passé la régionalisation des crédits européens (parce que tout commence et finit au fric), c'était pour rapprocher le bailleur de l'utilisateur final et de contrôler au plus près la mobilisation des lignes budgétaires, et accessoirement, éviter le coulage possible au niveau du gouvernement national à travers des fameuses études d'impact et de faisabilité qui nourrissent les officines subventionnées. Mais on a vite vu le coulage se décentraliser...
L'Union a un mal de chien à avancer à 28 (27) chacun ne voulant voir que sa gamelle. Il ne fait aucun doute que les égoïsmes seront exacerbés par une régionalisation des pouvoirs. C'est pourquoi la Commission de Bruxelles, comme la banque centrale et le parlement ont prévenu les dirigeants de Barcelone que l'indépendance allait les chasser du cercle de famille.
Concernant la transition franquiste maintenant. Vous dites (RN1) : L'erreur des Princes Carlos Ugo et Alphonse, le Duc de Cadix, aura été de suspendre sans condition leurs légitimes prétentions au moment où s'organisait, sous les auspices franquistes, la future monarchie et se dessinait et se jouait l'après-franquisme, lorsque ces deux Princes, pour ne pas diviser le tissu espagnol, acceptaient Juan Carlos qui avait reçu la préférence du Caudillo. La faute des rois Juan Carlos puis Felipe aura été de ne pas satisfaire les légitimes aspirations des provinces selon la doctrine Carliste.
Je ne suis pas sûr que l'accession au trône de l'aîné d'Espagne aurait été pérenne. Dans un pays opprimé sur deux générations par la dictature, les peuples hispaniques n'auraient pas longtemps supporté la petite-fille du Caudillo comme reine, et son tempérament de feu aurait donné prise à médisances et calomnies jusqu'à l'émeute. Reste la régence carliste, le parti de l'Honneur, disait Brasillach. Il est indéniable que son régionalisme poussé à fond conviendrait assez bien au tempérament espagnol, dans un pays où, comme s'en agaçait Ferdinand VII, huit millions de rois gouvernent. Ramener les impatiences et la "justice" au niveau des "pays" (fueros ou chartes municipales) est une mesure sage, laissant le régalien au roi sous surveillance des Cortes. Mais le parti carliste est divisé en trois courants hostiles qui s'enterrent dans les fractures politiques espagnoles, ce qui lui ôte toute chance de succès sauf d'estime. La branche actuelle des Bourbons qui règne à Madrid est le seul choix workable. Qu'elle enthousiasme toute l'Espagne est une autre question, même si Felipe VI et sa famille se donnent à fond. Basques de souche et Catalans de souche ne les aiment pas et les Espagnols dans leur ensemble ne sont pas des royalistes acharnés, mais apprécient une représentation de qualité à l'extérieur. C'est insuffisant.
L'article de Royauté-News se termine sur le "malaise culturel" en région. Pour avoir connu l'Espagne franquiste, je ne vois pas aujourd'hui de malaise identitaire dominant en aucune des régions, ce qui explique l'insuccès du séparatisme basque et sa folklorisation. Les Catalanistes (parfois enrichis) ont choisi d'éviter l'insurrection armée qui risque votre peau, au lieu de cela ont travaillé au corps la société catalane, comme vous le dites si bien, et jusque dans les écoles, pour arriver par les urnes et fermer le ban à la cubaine. Ils n'aboutiront pas mieux que les Basques pour la simple raison que dans un monde digital et bientôt quantique, les gens sont fatigués des binious et pastourelles politiques, surtout quand ils détectent chez les chefs une soif inextinguible de pouvoir pour le pouvoir. Merci d'avoir évoqué les 60 millions d'euros externalisés par le président Jordi Pujol. En fait c'est cent millions que l'on cherche.
A noter qu'il n'a jamais existé dans l'histoire d'Etat catalan. Même les barons francs de Barcelone que l'on vit à Senlis en 987 répondaient au rex francorum. Quant à Mariano Rajoy, c'est un politicien comme il en faut pour vidanger les écuries d'Augias, avec la particularité d'être Galicien, donc sensible aux identités fortes. Est-ce pour cette qualité qu'il a anticipé l'échec de la revendication catalane ?