Après la décapitation du roi Louis XVI à Paris (c'est de saison), le pape Pie VI fit part de sa douleur et récusa la souveraineté du peuple en des termes non ambigus : « Le Roi très chrétien Louis XVI a été condamné au dernier supplice par une conjuration impie et ce jugement s’est exécuté. Nous vous rappellerons en peu de mots les dispositions et les motifs de la sentence. La Convention Nationale n’avait ni droit ni autorité pour la prononcer. En effet, après avoir aboli la monarchie, le meilleur des gouvernements, elle avait transporté toute la puissance publique au peuple, qui ne se conduit ni par raison, ni par conseil, ne se forme sur aucun point des idées justes, apprécie peu de chose par la vérité et en évalue un grand nombre d’après l’opinion ; qui est toujours inconstant, facile à être trompé...» (la déclaration papale sur l'Institut du christ roi souverain prêtre).
Oui, il y a bien déni de justice en Loire atlantique, nous n'y reviendrons pas car il est très documenté, et déni de démocratie au sens où l'entendent le peuple et ses représentants élus, même si des manifestations monstres ont été observées contre le projet d'aéroport. Le dénouement de la crise de Notre-Dame des Landes signe donc un double échec, ce qui fait beaucoup :
I.- Échec technocratique, puisque le gouvernement des bureaux, comme les appelait Charles Maurras, a la fâcheuse tendance à décoller des réalités et bien plus grave s'auto-alimente de sa propre production bureaucratique. Pour beaucoup d'administrateurs la pertinence d'un projet se mesure à l'épaisseur de la cote. Si vous avez quatre-vingt kilos de classeurs, l'approbation est légitime, autant que sa mise en œuvre justifie quelques accommodements avec des dommages collatéraux. La Cinquième république plus que ses parentes a poussé la technocratie dans ses derniers retranchements et nourri les rapports de la Cour des Comptes comme jamais. C'est la prise de pouvoir d'une technostructure emblématique du système français de grandes écoles, La Caste s'arrogeant outre le pouvoir l'intelligence du développement du pays tout juste mesurée par la réussite aux concours. Le reste est à l'avenant... décevant.
Citons pour faire thèse quelques échecs retentissants :
II.- Échec démocratique ? Bien sûr qu'il y a un déni démocratique dans l'abandon de l'aéroport du Grand Ouest. Il n'en pouvait être autrement dès lors que l'outil démocratique est utilisé depuis toujours pour confirmer une intention des pouvoirs publics et qu'en cas de mauvaise surprise, on le remet dans sa caisse à outils ainsi qu'il en fut du référendum européen de 2005. Le peuple avait voté certes contre le traité constitutionnel giscardien mais bien plus contre le gouvernement Chirac. Dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, bien que le projet aéroportuaire ait été justifié par le développement de deux régions contiguës, la Bretagne et les Pays de Loire, la circonscription référendaire fut limitée au département de la Loire atlantique parce que les sondages y donnaient un "oui".
Mais quand bien même ! Les résultats par circonscription montrent que la projection d'un futur économique régional ne fut pas le premier motif de l'expression des suffrages. Malgré un tapage de tous les instants et de forts désordres à Nantes et Rennes, la participation fut faible : 51,08%. Si les communes sous avions ont voté le transfert, aucune commune d'accueil de la nouvelle infrastructure n'a suivi. Des communes au sud de la Loire comme au nord ont privilégié la distance à parcourir, d'autres la sécurisation de l'emploi sur la zone aéroportuaire existante mais le plus étonnant fut le résultat de Nantes-ville : 50,06% de oui avec un taux de participation de 46,56% (malgré les émeutes précédentes). La maire de Nantes reste soudée à ce résultat fort précaire, obtenu en plus sans l'alternative du réaménagement de Château Bougon. Qu'importe, le gouvernement mussolinien de monsieur Valls tenait un résultat à 55% que l'on pouvait brandir dans l'hémicycle sans se soucier des ressorts de la consultation. Il n'en put rien faire ! CQFD.
Le cabinet Philippe du président Macron a donc laissé tomber la supercherie démocratique stérile. Il a décidé de faire réfléchir pour lui des professionnels non attachés aux "bureaux" qui touillent la même soupe froide depuis vingt ans, a fait la synthèse de leurs conclusions et a tranché ! C'est la définition du gouvernement des hommes. Pour les archives, on va reprendre ci-dessous le communiqué de Matignon résumant l'intervention d'Edouard Philippe hier :
III.- In cauda...
L'analyse politique ne peut s'achever sans parler des politiques eux-mêmes. La décision du gouvernement d'en finir n'est pas qu'une atteinte à l'orgueil des caciques nantais que l'on fait atterrir de force dans le champ des réalités mais un sacré coup de vieux. Leurs anticipations anciennes n'ont jamais été confirmées dans les faits mais actualisées en permanence. Le concret présent ne prouvant rien, restons dans le futur ! La furie immobilière qui sous-tendait l'opération en sera pour ses frais ; ceux qui ont acquis des terrains sous avions en attendant le transfert du trafic n'ont plus qu'à les mettre en culture. On connaît des petits paysans qui aimeraient s'installer.
Finissons par cette évocation des intendants d'Ancien régime par le très socialiste Anatole France, lue sur le Lien légitimiste n°51. En revenant de Tours à la Béchellerie (Saint-Cyr sur Loire) en passant le pont de pierre, il disait :
La démocratie directe, sacralisée par les partis minoritaires n'est ni le remède aux erreurs de jugement ni le moteur d'un développement raisonné quand elle déborde de sa sphère cognitive. Le génie s'y fait rare !
Oui, il y a bien déni de justice en Loire atlantique, nous n'y reviendrons pas car il est très documenté, et déni de démocratie au sens où l'entendent le peuple et ses représentants élus, même si des manifestations monstres ont été observées contre le projet d'aéroport. Le dénouement de la crise de Notre-Dame des Landes signe donc un double échec, ce qui fait beaucoup :
I.- Échec technocratique, puisque le gouvernement des bureaux, comme les appelait Charles Maurras, a la fâcheuse tendance à décoller des réalités et bien plus grave s'auto-alimente de sa propre production bureaucratique. Pour beaucoup d'administrateurs la pertinence d'un projet se mesure à l'épaisseur de la cote. Si vous avez quatre-vingt kilos de classeurs, l'approbation est légitime, autant que sa mise en œuvre justifie quelques accommodements avec des dommages collatéraux. La Cinquième république plus que ses parentes a poussé la technocratie dans ses derniers retranchements et nourri les rapports de la Cour des Comptes comme jamais. C'est la prise de pouvoir d'une technostructure emblématique du système français de grandes écoles, La Caste s'arrogeant outre le pouvoir l'intelligence du développement du pays tout juste mesurée par la réussite aux concours. Le reste est à l'avenant... décevant.
Citons pour faire thèse quelques échecs retentissants :
Barre du Haut du Lièvre à Nancy |
- Théorie des Grands Ensembles raillée souvent comme "politique de la ville sans ville", qui va produire à pleine charge des logements déshumanisés où ne viendront habiter que ceux qui n'ont pas d'autres choix.
- Abandon des départements français d'Afrique du Nord qui a créé en métropole le premier département de France, le département algérien (4 millions de gens).
- Plan calcul de 1966 : Bull, C2I, Unidata, circuits intégrés CGE...), des milliards et des morts !
- Démembrement du département de la Seine pour rompre la "ceinture rouge" de Paris, qui va obliger à créer des villes nouvelles trop proches du périphérique pour reloger la classe laborieuse. La densification ruinera tout aménagement intelligent (difficultés à boucler les fuseaux de transport) et l'on compte aujourd'hui sur le projet de Grand Paris pour rattraper ce qui existait naturellement avant 1968.
- Concorde, ivresse de la prouesse technique, décalée des évolutions vers un transport aérien de masse prouvées par l'indéniable succès du Boeing 747.
- Stérilité du Minitel au moment où s'envolait le maillage Internet.
- Abandon des départements français d'Afrique du Nord qui a créé en métropole le premier département de France, le département algérien (4 millions de gens).
- Plan calcul de 1966 : Bull, C2I, Unidata, circuits intégrés CGE...), des milliards et des morts !
- Démembrement du département de la Seine pour rompre la "ceinture rouge" de Paris, qui va obliger à créer des villes nouvelles trop proches du périphérique pour reloger la classe laborieuse. La densification ruinera tout aménagement intelligent (difficultés à boucler les fuseaux de transport) et l'on compte aujourd'hui sur le projet de Grand Paris pour rattraper ce qui existait naturellement avant 1968.
- Concorde, ivresse de la prouesse technique, décalée des évolutions vers un transport aérien de masse prouvées par l'indéniable succès du Boeing 747.
- Stérilité du Minitel au moment où s'envolait le maillage Internet.
II.- Échec démocratique ? Bien sûr qu'il y a un déni démocratique dans l'abandon de l'aéroport du Grand Ouest. Il n'en pouvait être autrement dès lors que l'outil démocratique est utilisé depuis toujours pour confirmer une intention des pouvoirs publics et qu'en cas de mauvaise surprise, on le remet dans sa caisse à outils ainsi qu'il en fut du référendum européen de 2005. Le peuple avait voté certes contre le traité constitutionnel giscardien mais bien plus contre le gouvernement Chirac. Dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, bien que le projet aéroportuaire ait été justifié par le développement de deux régions contiguës, la Bretagne et les Pays de Loire, la circonscription référendaire fut limitée au département de la Loire atlantique parce que les sondages y donnaient un "oui".
Mais quand bien même ! Les résultats par circonscription montrent que la projection d'un futur économique régional ne fut pas le premier motif de l'expression des suffrages. Malgré un tapage de tous les instants et de forts désordres à Nantes et Rennes, la participation fut faible : 51,08%. Si les communes sous avions ont voté le transfert, aucune commune d'accueil de la nouvelle infrastructure n'a suivi. Des communes au sud de la Loire comme au nord ont privilégié la distance à parcourir, d'autres la sécurisation de l'emploi sur la zone aéroportuaire existante mais le plus étonnant fut le résultat de Nantes-ville : 50,06% de oui avec un taux de participation de 46,56% (malgré les émeutes précédentes). La maire de Nantes reste soudée à ce résultat fort précaire, obtenu en plus sans l'alternative du réaménagement de Château Bougon. Qu'importe, le gouvernement mussolinien de monsieur Valls tenait un résultat à 55% que l'on pouvait brandir dans l'hémicycle sans se soucier des ressorts de la consultation. Il n'en put rien faire ! CQFD.
Manifestation monstre contre NDDL - Où se cachent les 200 terroristes ? |
Le cabinet Philippe du président Macron a donc laissé tomber la supercherie démocratique stérile. Il a décidé de faire réfléchir pour lui des professionnels non attachés aux "bureaux" qui touillent la même soupe froide depuis vingt ans, a fait la synthèse de leurs conclusions et a tranché ! C'est la définition du gouvernement des hommes. Pour les archives, on va reprendre ci-dessous le communiqué de Matignon résumant l'intervention d'Edouard Philippe hier :
À l'issue du Conseil des ministres du 17 janvier 2018, le Premier ministre, Édouard Philippe, a annoncé la décision d'abandonner le projet aéroportuaire du Grand Ouest à Notre-Dame-des-Landes. Une "décision logique au regard de l'impasse devant laquelle se trouve ce dossier", a déclaré le Premier ministre pour qui "50 années d'hésitation n'ont jamais fait une évidence".
"Cette décision d'apaisement doit aussi être l'occasion d'un nouveau départ, l'occasion de construire différemment, intelligemment", a déclaré Édouard Philippe qui a souligné que le projet aéroportuaire du Grand Ouest "ne correspondait plus aux réalités actuelles de l'organisation aéroportuaire."
Le Premier ministre a indiqué que le réaménagement de l'aéroport de Nantes-Atlantique allait être effectué avec des mesures pour limiter les nuisances sonores. De même, l'aéroport de Rennes-Saint-Jacques sera agrandi et développé.
Parallèlement, le Grand-Ouest a besoin de solutions pour croître. Il a besoin d'être connecté au reste de la France et de l'Europe. Ce dont le territoire a besoin, "ce à quoi le Gouvernement s'engage, c'est que le [territoire] dispose de liaisons faciles avec les autres métropoles européennes et de mettre en place des liaisons rapides avec les hubs des longs courriers internationaux", a-t-il précisé.
"Nous devons davantage jouer sur la complémentarité rail-air", a déclaré le Premier ministre qui a demandé à la ministre des Transports, Elisabeth Borgne, "d'étudier dans un délai de six mois les conditions de mise en œuvre de trois chantiers [consistant] à optimiser l'usage de Nantes Atlantique, à mettre en réseau les aéroports régionaux et à nous appuyer sur les lignes ferroviaires à grande vitesse pour rejoindre les plateformes aéroportuaires parisiennes."
III.- In cauda...
L'analyse politique ne peut s'achever sans parler des politiques eux-mêmes. La décision du gouvernement d'en finir n'est pas qu'une atteinte à l'orgueil des caciques nantais que l'on fait atterrir de force dans le champ des réalités mais un sacré coup de vieux. Leurs anticipations anciennes n'ont jamais été confirmées dans les faits mais actualisées en permanence. Le concret présent ne prouvant rien, restons dans le futur ! La furie immobilière qui sous-tendait l'opération en sera pour ses frais ; ceux qui ont acquis des terrains sous avions en attendant le transfert du trafic n'ont plus qu'à les mettre en culture. On connaît des petits paysans qui aimeraient s'installer.
Finissons par cette évocation des intendants d'Ancien régime par le très socialiste Anatole France, lue sur le Lien légitimiste n°51. En revenant de Tours à la Béchellerie (Saint-Cyr sur Loire) en passant le pont de pierre, il disait :
Tenez, regardez les escaliers de votre pont qui conduisent aux berges, comme ils sont beaux. Larges, d'une perspective heureuse, ils sont du plus pur XVII° siècle. Seulement ils sont délabrés, la république n'a pas d'argent pour les belles choses. Quant à ces vases*, aux quatre coins du pont, je suis certain qu'ils n'ont jamais attiré votre attention ; ils résolvent une difficile question de perspective. Ils sont assez grands pour être vus de loin, pas trop grands cependant pour écraser lorsqu'on est près d'eux. ces gens-là savaient construire. Ces grands intendants sont la gloire de la monarchie finissante. Ils s'intéressaient à tout. L'administration n'était pas pour eux une paperasserie stérile, mais la vie même dans ses manifestations les plus variées. Beaux-arts, industrie, commerce, ils voyaient, discernaient, jugeaient, encourageaient...
(*) ce sont les pots-à-feu qui, allumés, signalaient l'axe du pont par temps de brume épaisse.
La démocratie directe, sacralisée par les partis minoritaires n'est ni le remède aux erreurs de jugement ni le moteur d'un développement raisonné quand elle déborde de sa sphère cognitive. Le génie s'y fait rare !