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Où l'on reparle des chemins de fer

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Les dernière mises au point du premier ministre Philippe sur la réorganisation de la Société nationale des chemins de fer français signale un certain entêtement à faire porter l'effort sur la partie au détriment du tout. A résumer le projet de diktat, le rail français sera ouvert à la concurrence (il l'est déjà) ; le statut à vapeur cesse pour toute embauche ; la société restera dans le domaine du capitalisme d'Etat ; la nationalisation de la dette sera conditionnée par la refonte de l'organisation actuelle qui la crée. C'est clair et libéral, européen en diable, mais notoirement insuffisant, et c'est l'objet de ce billet.

Nul ne voit le plan d'ensemble des transports en France, plaque-tournante de l'Europe occidentale. A la décharge de ce gouvernement, avouons qu'un Etat impécunieux, endetté jusqu'au cou et soviétisé depuis soixante-dix ans, aurait bien du mal à financer un plan de transports puisqu'il faut semer un peu avant de récolter. Le domaine ressortit à l'écologie et je m'étonnes que le parti Europe-Ecologie-Les Verts n'en ait pas fait un cheval de bataille plus fougueux que la transition énergétique qui, elle, finira par dévoiler la supercherie des éoliennes et des voitures électriques pour serrer sur les conséquences de choix idéologiques mal étudiés. Faisons une pause avec une vidéo de rentabilisation du rail :


Il n'y a que quatre vecteurs de transports, un peu comme les quatre éléments de la cosmogonie chinoise : l'air, l'eau, la route et le rail. Jusqu'ici le libéralisme ambiant a laissé faire les intérêts catégoriels croyant, ce faisant, sacrifier aux rites de l'Ecole autrichienne, alors que les vecteurs n'appartiennent pas aux acteurs de transports. Les compagnies de chemins de fer en faillite ont été nationalisées en 1937 et dix mille kilomètres de voies promis au déferrage : le rail dès lors devint bien national. L'air, n'en parlons pas, les canaux et les ports furent tous construits sur crédits publics et administrés par les services de l'Etat depuis toujours, même avec des délégations d'exploitations aux chambres de commerce et d'industrie qui sous-traitent derrière à des sociétés de compétences. Quant à la route...

Créées par l'empire romain, continuées par les rois qui les bordèrent de platanes en prévision des motocyclistes du futur, redressées par les Ponts & Chaussées que le monde nous enviait, puis doublées d'autoroutes sur fonds publics ou emprunts d'Etat, elles sont, quelque soit le régime de concession, nationales ! A part, vos ancêtres, aïeux, parents, vous et moi dans la plus complète indifférenciation, elles n'appartiennent à aucun groupe privé.
Tous ce domaine étant public, construit et payé sur fonds publics, il n'y a aucune raison que leur utilisation n'en soit réglée par la puissance publique, libre ensuite à chaque acteur à mieux s'en servir que son concurrent. Ca c'est le vrai libéralisme : sois meilleur !

En résumé, l'utilisation des réseaux de transports ne peut être anarchique comme aujourd'hui, les dommages créés par l'usager étant laissés au tiers propriétaire, nous tous. Nous n'allons pas dérouler ici le programme des transports en France pour les trente années à venir, chacun à sa place, mais j'ai le souvenir d'une conférence d'Alfred Sauvy à Toulouse dans les années 60 où il était question d'organiser déjà le grand bordel du déplacement des gens et des biens.

Quelques pistes quand même pour nourrir les dîners en ville :
*ferroutage obligatoire par la loi au-delà d'une certaine distance de camionnage
*barreaux de transport entre métropoles densifiés et multimodaux
*mise au gabarit international des canaux et création systématique de lignes maritimes de cabotage
*juste-à-temps à combattre (mais comment, c'est un prochain débat)
Et surtout, il faut tout lancer en même temps et ne pas échelonner le programme d'un vecteur après l'autre. Un peu de fermeté sur le blocage éventuel des axes sera également nécessaire, ou du bon usage des bulldozers pour dégager les autoroutes.

Au lieu de quoi le gouvernement de Monsieur Macron s'enferre dans une "politique d'autocars" (autre idée du petit jeu) en pointant du doigt la gestion catastrophique de la SNCF dont le patron ahuri se maintient à poste malgré tout, alors qu'il faut tout prendre en compte. Si l'homme nait bon comme le croyait Rousseau, on peut présumer que les chefs syndicaux d'un QI supérieur à celui de l'ineffable Martinez entreraient de plein pied dans la réorganisation d'ensemble des transports en France parce que l'intérêt général serait prégnant à chaque réunion. Le débat technique pourrait durer deux ans. Et sans aller jusqu'à faire bloc avec l'exécutif, pouvoir et partenaires sociaux montreraient un front soudé à la Commission européenne qui dénoncera vite une napoléonisation des pratiques. Ceux bien sûr qui bloqueraient le débat au bénéfice d'intérêts catégoriels de l'ancien monde seraient livrés à la vindicte populaire comme connards attardés. La liste est prête.


Pour terminer, une carte d'intelligence des autoroutes de la mer :




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