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Un pape aux abois

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L'archevêque Viganò
Ras la mitre, ce pape est un bouffon ! C'est en ces quelques mots qu'on peut résumer le cri de colère de l'archevêque lombard Carlo Maria Viganò. Mais déjà la presse catholique progressiste voit dans les accusations du nonce émérite contre Sa Sainteté François dans le scandale McCarrick un complot conservateur visant à briser le réformisme du pape argentin. A ses yeux, les réseaux homosexuels, les réseaux pédophiles, les nombreux crimes et péchés individuels sont affaires courantes et parfois anciennes qu'il faut traiter en temps et heure, dans la honte, la pénitence, la prière et tout le diable son train, peut-être même en déférant, contraint et forcé, les délinquants à la Justice du territoire ayant abrité ces "horreurs", à défaut, les couvrir jusqu'au bout pour sauver le bizness. Et les chargés de propagande de la presse mainstream de dénigrer déjà le lanceur d'alerte comme un prélat cupide et ambitieux.

L'exclamation du jésuite américain James Martin tombe à point pour résumer la situation de corruption morale du clergé de son pays : « L’idée d’une épuration des prêtres gays est aussi ridicule que dangereuse. Une telle épuration viderait les paroisses et les ordres religieux de milliers de prêtres et d’évêques qui mènent une vie saine de service et qui restent fidèles à leur célibat ».
A tomber de l'armoire ! Ils couchent urbi et orbi mais ne se marient pas, donc le vœu est sauf. Je m'amuse à l'idée d'une détection des gays. Doit-on mettre la fille cachée de Naomie Campbell dans le lit de l'éprouvé pour s'assurer de sa saine réaction ?

Et il en va autant (Yves Daoudal dixit) au Chili, et même en Uruguay. Faut-il cacher les orgies romaines des monsignores de la jaquette qui auraient pu choquer à mort le pape Benoît XVI, lequel déplorait la pourriture (sic) de l'Eglise dans son homélie du pallium d'investiture ? Ne parlons pas des quatorze mille enfants irlandais élargis par le clergé, là c'est trop !
Mais Bergoglio, s'il est touché gravement, semble vouloir négocier dans le marigot du Vatican plutôt que de trancher définitivement le nœud gordien à la hache ! Il se trompe lourdement, le vent a tourné, la tradition revient vent arrière en Europe et aux Etats-Unis. Un tout petit signe ? les dominicaines de Fanjeaux ont remis l'uniforme et jeté le fichu "femme-de-ménage" aux orties. L'Eglise a besoin de sérieux et d'autorité. La bronca des épiscopes américains qui soutiennent le nonce dénonciateur signale que Sa Sainteté n'en a plus !

Que l'Eglise catholique s'effondre en France ne serait pas un drame si grand, la nature a horreur du vide et des alternatives prendraient sa succession. Ses préceptes (sauf contre l'avortement) défendent des principes qui nous affaiblissent, nous moutonnisent. Au cœur de métier, les messes sont de moins en moins courues, sans doute parce que les gens ont fait leur deuil des promesses de vie éternelle et s'appliquent à profiter de leur vie terrestre sous la devise "mieux vaut tenir qu'espérer". La morale naturelle à l'espèce humaine remplacera partout la DSE (doctrine sociale de l'Eglise). Les diocèses, tous en péril, se sont déjà reconvertis dans le caritatif (comme les protestants), laissant l'eschatologie de base aux religions exotiques. Pour y aider, on peut relire Frédéric Nietzsche dans sa Critique des valeurs supérieures (livre deuxième de La Volonté de puissance) ; c'est définitif ! Et désespérant.


Iconographie populaire des Bons Chrétiens sur le chemin de Compostelle


Le christianisme est un message universel de paix et d'égalité entre les hommes autant que la promesse de lendemains cachés qui chanteront. Et justement, dans le droit fil des évangiles, nos ancêtres cathares déployaient leur doctrine sur le "Sermon de la montagne" et refusaient le logiciel binaire développé par les Pères de l'Eglise pour antagoniser le bien et le mal au sein de la même Création. Pour les Cathares, Dieu l'Eternel était étranger au Néant originel qui pouvait aspirer les âmes comme le trou noir de Hawkings. Dieu est le principe de l'invisible qui n'a fait que les esprits, entités impossibles à corrompre ou détruire. Le visible est une illusion qui procède d'un autre principe étranger à Dieu et venant du Néant. Ciel et terre, tunique de peau (prison charnelle), tout le visible est corruptible, destiné à pourrir et disparaître à la fin des temps. Les affaires de mœurs qui minent l'Eglise aujourd'hui comme hier sont plein cadre. L'Eglise se vautre dans l'illusoire éphémère et délaisse l'éternel essentiel ! On comprend que les Cathares aient fortement déplu dans une métaphysique aussi puissante (*)

La construction hiérarchique de l'Eglise qui a suivi l'épopée christique a transformé patiemment le message de Jésus (jamais écrit de sa main, notez bien) tel que l'ont relayé les évangélistes et ses apôtres dans leurs Actes, en un instrument de pouvoir séculier, jusqu'à l'asservissement légal des âmes et leur mise en culture. D'où l'apparition de contestations successives provoquées le plus souvent par la corruption et les privilèges des hiérarques, contestations déclarées comme hérésies par le pouvoir dominant menacé. L'oppression culminera au sac de Béziers mené en 1209 sous l'autorité du légat pontifical, mais il y eut d'autres pics ensuite jusqu'au XVIIIè siècle, jusqu'à ce que les sociétés civiles mettent le hola à la prédation cléricale par la libération des consciences.

Que l'Eglise ne veuille pas marier ses prêtres pour cent fausses raisons, ni ordonner des femmes qui restent pour elle une sous-espèce humaine corvéable à merci, ni chasser les pervers, ni condamner à la clôture en Pologne ceux des satanistes qui réclameront l'absolution, n'a plus d'intérêt.
Il existera toujours par ci par là des curés d'Ars qui soulageront les souffrances mentales des gens en recherche vitale d'affection. Ces abbés suffiront à pérenniser le message christique original qui offre aux âmes errantes qui l'entendent l'apaisement d'une angoisse de la fin de notre vie. Pour ceux qui savent ces choses, c'était le prêche des Bons Hommes que l'Eglise romaine fit brûler jadis comme du papier parce qu'ils l'accusaient de manipulation et de détournement du projet christique original. Leurs prédicateurs qui couraient châteaux et marchés, étaient instruits et convaincants, aucun n'en réchappa.

Ces évènements (la croisade des Albigeois) et les guerres de religion qui éclatèrent plus tard en France au XVIè siècle pour que la papauté sauve les meubles, ont laissé de profondes traces dans le Midi. D'aucuns de l'Eglise actuelle s'en moquent comme de vieilles lunes dépassées mais si on leur disait de mettre à la benne tous les conciles de la même époque et d'avant comme de vieux trucs dépassés, ils hurleraient au charron contre les contempteurs de la doctrine infaillible. En fait seule l'histoire les emmerde ! Et l'actualité plus encore !


Il va falloir parler pour dire quelque chose de crédible enfin !



Nota (*) Celui qui veut creuser la métaphysique cathare, qui reprend des tours à mesure que s'effondre la prégnance catholique conciliaire, peut chercher le bouquin d'Anne Brenon "Le vrai visage du catharisme" (Loubatières), un livre bien écrit et documenté. Aller plus avant convoque des pointures médiévistes comme Christine Thouzellier (1902-1982), Jean Duvernoy (1917-2010) et surtout René Nelli (1906-1982) qui a traduit du vieux languedocien tous les textes cathares rescapés de la Sainte Inquisition. Par contre se méfier des "vulgarisateurs" qui romantisent la vie des Cathares.



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