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Salut au courage !

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Pinaise, ces Anglais ! Faisant fi de toutes les horreurs promises, cette race impossible défie le monde entier. Il n'est pas dit qu'elle gagne à la fin - normalement, en sport c'est l'Allemagne - mais elle ose braver la technocratie européenne ! D'ailleurs gagner ou perdre mais contre qui ? Contre la bureaucratie bruxelloise où sévissent beaucoup d'anglais ? Contre les Etats du continent ? Contre la galaxie Nylonkong ? Idioties que cela. Ceux qui promettent des temps durs dans les négociations n'ont pas le manche en main.

Seule à livrer une vista européenne, la chancelière prussienne a décrété ce vendredi que rien ne changerait demain entre la République fédérale et le Royaume uni. Dès samedi, elle fait convoquer à Berlin les six ministres des affaires étrangères des pays fondateurs de la Communauté européenne (et pas 28) pour les préparer à une reprise en main du continent sous la férule allemande, du moins veut-elle forcer le projet européen de son gouvernement, sans trop de mal puisqu'il n'y en a aucun autre ! Tous les autres acteurs, y compris le chef du monde libre, jouent désormais en nationale, et les quatre têtes de turc que sont Juncker, Schultz, Tusk et Mogherini feront où l'Allemagne leur dira de faire puisque ils vont être crédités de la rupture UE/UK par toutes les chancelleries, habiles à se défausser.

Partir c'est mourir un peu, dit le poète. Mais seuls ceux qui partent écrivent l'histoire.

Un Rule Britania s'impose maintenant. On verra plus tard pour les zanalyses.



Pour archivage la carte des résultats :

courtoisie LeFigaro.fr

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Fédération d'Europe occidentale

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Nous y voilà ! Non pas au début de la rupture anglo-européenne mais au jour de l'analyse de ce séisme et de ses conséquences. Sombre lundi ! Tout blogue se flattant de faire un peu de politique y est contraint forcé. Royal-Artillerie ne déroge pas à la règle mais prend le parti de ne pas remâcher les causes qu'un milliard d'internautes connaissent depuis ce matin sur le bout des doigts. Tabula Rasa. L'Europe est continentale désormais mais accepte l'Eire, Malte et Chypre quand même. Comment faire marcher ce grand corps malade qui va de l'Ile de Fer (Hierro) jusqu'à Kirkenes, cet empire impuissant, ce patchwork de nations antagonistes depuis la fin de la pax romana ? Et pourquoi d'abord le maintenir, voire le créer ?

L'autonomie des nations gît aujourd'hui dans le rapport de forces. Exit le concept d'indépendance au XXI°siècle, la globalisation en a eu raison, la tectonique des empires mondiaux ne laisse aucune chance aux petits et moyens pays sauf à être aussi insignifiants que la Papouasie-Nouvelle Guinée, et on peut le regretter. La France en fait la douloureuse expérience en maintenant une gabegie éhontée envers et contre tous les signaux de danger : elle ne gouverne plus sur sa zone d'influence - nous sommes les supplétifs du Pentagone - et dans les positions historiquement consenties tels le Conseil de Sécurité, le Fonds monétaire international ou l'OCDE, même si les reliquats sont moins insignifiants que ne le pensent les Français de France, comme l'affirme Hubert Védrine. Mais bon, difficile aussi de résister au passage des nains par l'Elysée.

L'exemple de proximité sur la difficile autonomie des petits pays est la Suisse. En dépit des lois internationales protégeant la souveraineté des nations constituées en Etat, l'ingérence du Fisc américain relayé par le Fisc allemand a pulvérisé le secret bancaire qui faisait la fortune de la Confédération, et les chicayas bruxellois incessants sur la circulation des marchandises ont amené le Conseil fédéral de Berne à entrer dans le traité de Schengen dans le cadre d'une européisation progressivement imposée de l'extérieur. L'union fait donc bien la force si elle aboutit à créer une masse spécifique qui impressionne l'adversaire. A cet égard, une union des républiques alpines (Suisse, Autriche, Liechtenstein, Slovénie) n'aurait pas donné grand chose de plus dans la dispute fiscale internationale.
Faire le poids était bien l'intention des fondateurs de la Communauté européenne, mais il ne s'agit pas que d'agréger des peuples et des PIB. Un milliard de bœufs chinois ne pèse pas si lourd contre la coalition de tous les contempteurs de l'hégémonie céleste : ils ont retourné contre eux tous les riverains de la Mer de Chine méridionale qui sont passés à l'ennemi historique américain et le Japon en prime. Il faut que la masse acquise dans l'union soit actionnée, en un sens gouvernée.

Il y aurait plusieurs façons de faire mais un problème existe quand à l'étoffe des chefs de gouvernement. On imagine par moment la chancelière prussienne dans l'emploi d'un Adenauer, mais autour d'elle c'est le désert. N'épiloguons pas, c'est facile, tant ils sont "petit jeu". La meilleure stratégie bute toujours sur les capacités de mise en œuvre. Rangées des voitures, il y a bien des personnalités fortes comme Romano Prodi (Siméon de Bulgarie est trop âgé) mais les médiocres en poste actuellement, se revendiquant de leur élection, barreront le passage. Quoiqu'il en soit des acteurs en scène au moment, le dispositif gagnant pourrait être une fédération de type helvétique des fondateurs, dans le cadre d'une confédération englobant les autres, parfois fédérés entre eux comme pourraient le faire les quatre pays scandinaves (DK, SW, SF, ES) ou les pays danubiens.



A cet égard, nous considérons que l'appartenance à l'eurogroupe est un choix technique financier sans incidence sur la stratégie. Oui, c'est un parti-pris politique...

Les instruments de pouvoir de l'Union rénovée ne peuvent pas être moins qu'une diplomatie intégrée de la confédération avec un siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies - celui de la France -, et au moins une armée intégrée de la Fédération occidentale (la CED). Les autres instruments de pouvoir existent déjà, comme la banque centrale européenne (BERD et BIRD en sus), l'Agence spatiale européenne, EUROPOL (FBI), EUROJUST (parquet commun), ITER (énergie nucléaire) parmi les plus importantes. Reste à créer :

- un code commun des impôts de base pour en finir avec la concurrence fiscale
- un code essentiel du travail donnant les limites (terminé les foutaises des emplois détachés au régime social de souche !)
- un corps confédéral de garde-côtes
- un corps confédéral de garde-frontières
- des arsenaux fédéraux pour gagner en volume

Mais vu où nous sommes rendus ce lundi matin, aucun ou presque des bureaucrates européens en poste n'est destiné à y rester plus longtemps que l'hiver qui vient. Il faut partout du sang neuf et des correspondants de haut niveau dans les capitales.


Le reproche fait le plus fréquemment à une fédération des pays fondateurs est qu'elle pousse à une subsidiarité qui jusqu'ici a échoué. Outre le fait qu'elle n'a pas échoué partout - l'aménagement des territoires peut en témoigner - il faut cuire un gâteau avant de l'apprécier. On peut donc rétorquer que les graves insuffisances du dispositif actuel viennent d'abord d'avoir maintenu les moteurs européens au point fixe depuis vingt ans sans faire décoller l'avion parce que justement à 28 il était trop lourd, d'une part ; d'autre part, qu'au pantographe de la mondialisation, la proposition souverainiste du repli sur soi nous précipite dans le destin du Portugal (la formule est du général De Gaulle). Mais la position de la France seule n'est pas méprisable si l'on veut bien accepter que ce pays ait fait son temps dans le grand concert du monde. Nous resterons la terre de la gastronomie, du luxe et des recherches inutiles et dispendieuses, et financièrement, la reine des gitans. Après tout, serons-nous si malheureux ?

En fait il n'y a pas le choix. Nous ne nous résignerons pas. Alors, organisons à six un avenir puissant, en dehors des coquetteries littéraires du parti des raéliens qui rêvent pour nous d'un XVII°siècle par magie revenu.


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La Somme, l'autre bataille des géants

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coquelicots

La bataille la plus meurtrière de la Grande Guerre se disputa sur le front anglais. Après cent-quarante jours de combats titanesques et 273000 morts, les forces de l'Empire britannique allié aux Français repoussèrent les Allemands à douze (12) kilomètres au nord de la Somme. Ceux-ci laissèrent 170000 tués dans l'affrontement. On n'a pas fait plus terrible depuis.


Pour aller au fond, il faut lire le dossier de William Phillpot dans la Revue Historique des Armées (n°242): l'armée britannique sur la Somme. Extraits du site anglais History, sur le premier jour de l'offensive :

The Somme campaign in 1916 was the first great offensive of World War I for the British, and it produced a more critical British attitude toward the war. During and after the Somme, the British army started a real improvement in tactics. Also, the French attacked at the Somme and achieved greater advances on July 1 than the British did, with far fewer casualties. But it is the losses that are most remembered. The first day of the Somme offensive, July 1, 1916, resulted in 57,470 British casualties, greater than the total combined British casualties in the Crimean, Boer, and Korean wars.

Nous ajouterons que les Anglais, particulièrement attentifs au soutien apporté par leurs chevaux (ils avaient amené 18000 vétérinaires en France), en perdirent sept mille le seul premier juillet 1916 !



Du Brexit au Brexin

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Exit subito ! L'insistance avec laquelle les fondateurs de la CEE poussent les Anglais a déclarer maintenant le divorce sans consentement mutuel est presque risible. Pourquoi avoir soutenu l'amarrage du Royaume uni au continent pour le presser de libérer la bitte après la surprise du résultat ? Nos politiciens de rencontre surfent au gré des courants, palpent l'émotion de l'opinion, y succombent eux-mêmes et gèrent leur vestiaire en conséquence. Le comble du chic est de demander de quitter l'Europe aux représentants du Royaume uni sur les champs de bataille de la Somme aux commémorations du centenaire. On a les peigne-culs qu'on élit !

N. Farage
La démocratie a ceci d'imparable qu'elle ne fonctionne raisonnablement qu'encadrée étroitement. C'est un outil dangereux à ne pas mettre entre toutes les mains. Les consultations populaires directes sur circonscription unique déroutent toujours la classe politique, qui s'active ensuite à dénoncer "l'idiotie" des réponses. Jeudi dernier, une seule question, apparemment simple dans sa formulation, a fracturé le vieux royaume en cinq morceaux, autant qu'il y a de nations fédérées en lui, et a suscité une vocation de principauté pour sa capitale historique. Ceci pour la politique. Pour l'économie c'est moins clair, après le coup de déprime en rachat des positions à découvert, les marchés se reprennent et réinitialisent leurs compteurs comme si quelque gnome de la City avait trouvé la clef qui tourne dans la boîte à musique de la démocratie britannique. Le "marché" ne s'y trompe pas qui est reparti à la hausse, la spéculation ayant anticipé le naufrage à venir du Brexit et des brexiteurs. Comment ? C'est très facile, on est loin d'un embarquement précipité des Rosbifs pour le grand océan. M. Juncker devra s'y faire.

D. Cameron
L'article 50 ne prévoit pas de couperet mais l'ouverture de négociations pour le détricotage des relations anglo-européennes. Le référendum était réputé consultatif contrairement au référendum écossais de 2014 qui était de pleine application. C'est aux Communes qu'il revient maintenant de décréter le retrait du Royaume Uni de l'Union européenne et de donner mandat au nouveau premier ministre de déclarer l'article 50 du Traité de Lisbonne aux autorités de Bruxelles. Selon la mafia parlementaire, ce nouveau premier ministre doit être un brexiteur, dur ou mou, pour respecter la vox populi, dei et tout le diable son train. Sauf que :
Le parlement anglais est très divisé sur la question ; la moitié des Tories et les deux tiers du Labour sont remainistes sans compter les libéraux du centre complètement eurobéats ; la décision, si elle est obtenue naturellement (le parlement est souverain), promet de heurter de front les tenants du grand large. Bien que le régime anglais soit réputé sous le nom de démocratie parlementaire de Westminster, il paraît osé de soutenir que les députés vont faire bloc pour s'opposer au peuple ayant exprimé son choix directement. Alors ? Avant de capturer le nouveau Cromwell, on dissout la Chambre et on sort les poubelles. C'est ça le truc.

B. Johnson
Dans la campagne électorale qui suivra la dissolution, les candidats à la députation vont afficher très clairement leur position sur l'Europe institutionnelle, ce sera d'ailleurs le sujet prioritaire dans tous les débats, au pub et aux courses. Le peuple appelé aux urnes enverra aux Communes les représentants qui lui conviennent, circonscription par circonscription, bourg pourri par bourg pourri. La composition du nouveau parlement indiquera très précisément l'état de l'Opinion au jour du vote et ce résultat sera considéré comme celui d'un second référendum.

La nouvelle Chambre déclarera-t-elle l'article 50 au Conseil européen ? Rien n'est moins sûr. Tout dépend du délai offert au public pour organiser ces élections, plus il sera long moins ils seront nombreux à vouloir partir car ils s'apercevront que les inconvénients de la rupture l'emportent sur une légitime fierté, un peu gratuite à la fin : le régime spécial euro-britannique négocié depuis le début par les premiers ministres anglais, et confirmé par le pacte du 19 février 2016 arraché par David Cameron au Conseil, suffit amplement à l'indépendance de la perfide Albion vis à vis du vieux continent, et si l'immigration sème à ce point la terreur dans les boroughs, on peut signaler que le problème de l'inintégration des aliens relève d'abord des intrants du Commonwealth avant de se poser sur les Européens de l'Est et sur ces p... de continental coloured catholics que nous sommes. La haine du Polonais ressemble beaucoup à la haine de l'Irlandais de jadis. Celui-ci catholique et européen affirmé remplacera-t-il à nouveau les ressortissants d'Europe de l'Est dans la détestation publique ? Peut-être bien, sauf à se retourner contre les Pakistanais, Indiens, Jamaïcains et autres niggers et rastacouères qui hantent les métros et les tabloïds.

T. May
Que la sagesse des nations britanniques me fasse mentir et qu'ils partent donc ! Ce sera beaucoup plus clair ensuite pour nous continentaux parce que nous gagnerons en autonomie par rapport aux Etats Unis et parce que nous pourrons aussi mieux résister à l'élargissement de l'Union ; mais le gros business ne semble pas d'accord sur le largage, comme Easy Jet qui menace déjà de transférer ses sièges sociaux en Irlande ou sur le Continent, ou la HongKong & Shanghaï Bank qui voudrait s'installer à Paris. Dans un an, on se rappellera peut-être ce tsunami politique du Brexit comme une gigantesque farce avec Farage en clown blanc et Johnson en auguste, l'apprenti-sorcier restant David Cameron, l'aristo un peu con qui joua son empire pour un cheval.

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Le pacte atlantique de Varsovie

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Réunion polonaise de l'OTAN ? Quel symbole ! l'Alliance atlantique¹ a organisé un sommet dans la capitale de l'ancien Pacte de Varsovie qui unifiait les forces est-européennes sous commandement soviétique unique. Mais cette position géographique est doublement significative : la Pologne est au sud de deux grands Etats neutres (Suède et Finlande), mitoyenne d'une enclave russe (Kaliningrad) autrefois prussienne, elle touche la Lituanie convoitée par le Kremlin avec les deux autres Etats baltes, elle est contiguë à la Biélorussie, allié indéfectible pour l'instant de la Russie, et à l'Ukraine, cauchemar d'icelle. Autant dire qu'il y a du monde à l'agenda.



Le sujet majeur de préoccupation ne peut être autre que la prospective poutinienne. Que pourrait tenter encore le nouveau Csar de toutes les Russies pour faire oublier à son peuple la corrosion endémique de l'économie russe ? Car c'est bien d'insuffisance économique qu'il s'agit avant tout. Pour bien commencer, signalons que le PIB russe est inférieur à celui de l'Espagne (source Banque mondiale 2016). Le territoire à maintenir est trente-trois fois plus grand et sa population trois fois plus nombreuse ! Seul atout mais de taille : la Russie dispose de beaucoup de matières premières et d'énergie fossile. Le problème est que le prix de ses matières et denrées ne lui appartient pas, il est entre les mains étrangères de ceux que la Russie croit être ses ennemis, à tort ! C'est du pouvoir crypto-soviétique installé au Kremlin dont tout le monde se méfie, pas des Russes.

Quand l'URSS s'effondra sur elle-même, chacun comprit que le projet russe du futur ne serait pas d'arriver sur les marchés mondiaux comme une économie de rente à l'africaine, mais de convertir progressivement cette économie "primaire" en économie industrielle. Et le potentiel du pays était énorme. A tel point que même les Japonais avaient approché le gouvernement de Boris Eltsine pour mettre en valeur la Sibérie orientale à leur profit mutuel, comprenant qu'il ne pouvait le faire seul. Finalement, l'apport en développement le plus important fut celui qui exploitait la rente minière avec souvent le concours des pétroliers occidentaux. L'industrialisation passa en mode mineur au profit de dépenses de première nécessité - le Russe redécouvrait la faim -, des dépenses somptuaires ou de prestige lancées pour conjurer le déclin stratégique, voire la guerre à outrance comme en Tchétchénie. Un quart de siècle après le changement de paradigme, la Russie est toujours la Haute Volta nucléarisée que débinait le chancelier Schmidt, tributaire des imports alimentaires et de l'expertise étrangère en tous domaines, que ce soit pour fabriquer des voitures vendables ou lancer des ponts comme à Kerch. Elle fait faire plus qu'elle ne fait, sauf dans l'aéronautique militaire ! Qui peut citer un produit russe en supermarché ? Les kalashnikov ne s'y vendent pas encore.

Comme souvent, le pouvoir (issu majoritairement de l'ancien KGB) se refait une santé en liquidant ses opposants et en agitant les combats patriotiques ; et si la ré-annexion de la Crimée était "explicable", la déstabilisation armée du Donbass est une faute stratégique grave en ce qu'elle signale à tous les voisins de la Russie que son appétit est intact, autant sinon plus quand elle échoue à l'intérieur. Les trois Etats baltes ont parfaitement entendu le message, eux chez qui réside une forte communauté russe susceptible de servir de prétexte à l'invasion, comme les Allemands des Sudètes jadis. Mais le plus inquiétant est le niveau intellectuel assez médiocre du pouvoir en place. Il n'est jamais parvenu à comprendre un développement économique hors-Plan, par débondage des initiatives privées valorisées sur un marché libre, la fameuse jungle capitaliste. Cette voie libérale qui a fait ses preuves jusqu'en Chine, n'est pas contrôlable depuis un pupitre central, sauf par élimination des succès² - Khodorkovski, Nevzlin, Evtouchenkov, Pougatchev, Gouzinski...etc - ou leur destruction (Berezovski... etc).

Le leit-motiv du Kremlin est l'avancée du front atlantique vers elle. Outre que le projet occidental n'était pas au départ d'intégrer au SHAPE des économies malades et des armées rouillées, chacun feint d'ignorer que le premier souci des satellites libérés fut de chercher une assurance de sécurité pour prévenir un retour de flamme de la chaudière russe. Ils se jetèrent tout de suite dans l'OTAN qui avait encore la sale réputation de menacer en permanence les masses démocratiques orientales - d'où le choix de passer côté manche - et qui était une structure pseudo-défensive leur ayant fait réellement peur pendant des lustres. Leur demande d'intégration militaire immédiate précéda toute démarche visant à entrer dans d'autres programmes internationaux comme la Communauté européenne ou l'OSCE. Même si l'arrogance de certains américains comme Dick Cheney était préjudiciable à la bonne entente est-ouest, des garanties explicites de non-agression du côté russe auraient ouvert la voie à un régime de paix et de développement fructueux du Danube à la Volga. On parla un court instant du nouveau Wild East. Le pacte de coopération russo-atlantique de 1994, appelé Partenariat pour la Paix, s'inscrivait sur cette trajectoire. Manque de pot, les Russes, fatigués du gouvernement d'un ivrogne (Eltsine), se jetèrent dans les bras d'un politicien rusé sans scrupules, capable de combattre un ours saoul à mains nues, lequel débarqua les réformateurs pour placer ses copains des services d'espionnage et police, plus faciles à comprendre puisque du même niveau scolaire que lui !
What next ?

Les classes moyennes russes voient toute l'énergie perdue à agiter de nouveau la menace soviétique en direction de l'Occident. Hormis quelques métropoles occidentalisées qui satisfont à leur désir de consommation par les importations, le reste du pays a peu progressé, les friches industrielles sont immenses, les nouvelles usines rares et étrangères. Voir en pied de billet ce qu'en dit le MOCI (Moniteur du commerce international). Habile à propager ses projets dans l'opinion, le Kremlin serait mieux avisé de faire accepter par son peuple une baisse de la tension au Donbass en normalisant son attitude vis à vis des séparatistes russophones et en négociant diplomatiquement sa reprise de la Crimée sur le tapis vert, pour laquelle ils ont de bonnes justifications et qui serait l'occasion de sécuriser le seul secteur utile de la péninsule, Sébastopol. Cesser aussi les provocations aériennes chez ses voisins et même plus loin (Angleterre), qui déclenchent des contre-mesures, jusqu'ici maîtrisées sauf au Hatay (un SU-24 russe abattu par un F-16 turc). Assainir enfin la situation géopolitique en Mer Noire en cautérisant les abcès abkhaze, ossète et transnistrien. Viendrait alors une relance de la conversion économique dont nous parlions plus haut, un défi plus intelligent à l'avenir que le renouveau de la Flotte. Les torrents de liquidités débondés par les banques centrales pour relancer la croissance mondiale feraient naturellement leur chemin vers l'immense Russie sans qu'il soit besoin d'aucune autre incitation que la sécurité des investissements !

En revanche, on peut apprécier l'attitude prudente du Kremlin sur sa frontière sibérienne. Ils partagent avec la Chine une sorte de détestation d'un Occident qui rend malgré tout service, ce qui leur permet d'entrer dans les programmes chinois de collaboration régionale (Shanghaï, Route de la Soie) et les place en position d'être alertés quand le Parti communiste chinois réactivera son projet de retour aux frontières impériales sur l'Amour, comme elle le fait en Mer de Chine aujourd'hui. A terme, c'est inévitable. La Russie a perdu toute influence en Mongolie extérieure et elle est envahie par l'activisme privé des Chinois dans la province maritime de Vladivostok. Le port de Vladivostok endormi a failli se vendre aux opérateurs chinois (comme Gwadar ou Le Pirée) mais la transaction fut interdite par Moscou. La Russie qui n'a aucun moyen de pression en Extrême-orient ne peut pas faire autrement que de composer avec son puissant voisin. Des stratèges payés au mois annoncent un nouvel Axe menaçant. Il n'en est rien, les satrapies d'Asie centrale se méfient des deux côtés et veillent sur les pipelines. A preuve de l'indigence conceptuelle des équipes de Poutine, on peut signaler que si elles avaient su composer aussi bien avec le Japon (Kouriles vs. Sibérie) qu'avec Pékin, l'assurance de non-agression adossée à une diplomatie de revers aurait été bien meilleure.

Entre-temps en Europe, l'Alliance muscle un peu son dispositif oriental pour répondre quelque chose aux Baltes et à la Pologne, même si le gouvernement Droit & Justice de Varsovie, arc-bouté sur une russophobie utile au plan électoral, ne fait pas l'unanimité dans les cercles atlantiques qui se méfient de Kaczynski. A l'image de ce qu'il s'est passé à Kiev, les Polonais peuvent-ils déclencher des représailles russes et appeler alors la réaction atlantique en vertu de l'article 5 de la Charte ? Il est à noter que la brigade de renfort déployée à l'Est sera sous commandement allié des Etats-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne et Canada. Pas la Pologne !

On a entendu aussi un projet de renforcement de la coopération entre la structure Politique de sécurité et de défense commune européenne et le SHAPE dans les domaines utiles comme le renseignement et le contrôle physique des vagues migratoires en Méditerranée. Tout l'intérêt de ce rapprochement gît dans les détails ignorés du grand public qui sortiront un jour. Mais d'ici là, il semblerait que l'européisation d'une défense commune ait reculé sans qu'il en soit parlé ; pourtant l'évasion du Royaume uni serait l'occasion d'installer enfin un quartier général permanent, commun aux pays de l'Union (OTAN et hors-OTAN), dans le cadre de la politique de défense communautaire. Si le concept est toujours de saison (moi j'en doute), les pays fondateurs devraient s'en charger, cela n'obérerait en rien la coopération technique franco-britannique qui va être maintenue car elle soutient nos industries d'armement.

Vis à vis de la Russie, la gesticulation d'une brigade au contact est mineure par rapport au bouclier anti-missile³ que le Pentagone est parvenu à installer en Europe de l'Est et qui est maintenant opérationnel, stade 1. C'est là la vraie réponse de l'Alliance au Kremlin après l'affaire d'Ukraine : elle dit en substance : "Nous ne vous croyons pas !". Quelle surprise ?


- Port de Kaliningrad, pas un chat, on dirait Sète -
Les Russes annoncent en réponse qu'ils vont moderniser leurs fusées et augmenter leurs effectifs. Pour faire quoi, on se le demande. Là aussi, la vraie réponse eut été de développer l'enclave maritime de Kaliningrad idéalement placée au milieu de la Communauté européenne pour en faire une zone franche de construction navale et fabrication en tout genre, à portée du marché libre et solvable de l'Union, quelque sorte de Hong Kong balte, à défaut d'un Macao du stupre et du jeu tel que le devient l'oblast oublié. Non ! on dérouille l'artillerie au Transyl et le Kremlin commence à se méfier du peuple de Kaliningrad qui juge déprimant l'écart de niveau de vie entre lui et ses voisins libres ! C'est bien le niveau intellectuel au sommet qui est en cause.



La Douma vient de passer une nouvelle loi anti-terrorisme qui muselle encore plus s'il en reste, les opposants au pouvoir. Vladimir Poutine fuit en avant des défis affrontés par son pays. Sa stratégie d'endormissement tellement codée URSS ne fait plus recette. Chacun voit très clair dans son jeu, sauf les idiots utiles français, comme l'était Charles Hernu à l'époque de la Guerre froide, comme le sont aujourd'hui des parlementaires en mal d'exposition médiatique comme Myard, Goasguen, Mariani, Pozzo di Borgo et d'autres qu'il nous ferait mal de citer ici (?!). Les vrais amis de la Russie plaignent les Russes qui subissent les menées de basse police du modèle antérieur et dont l'opinion sincèrement patriote est manipulée pour servir à les contraindre à l'acclamation. Sondage de popularité par téléphone : "Que pensez-vous du président Poutine ? Nous avons votre numéro de téléphone." Et trop de politiques chez nous veulent ignorer ces faits par anti-américanisme pavlovien ! Rien appris, rien compris !


(1) Royal-Artillerie a publié 28 billets sur l'OTAN. On y accède par le nuage de tags en bas du blogue.
(2) Source Investig'Action
(3) Voir l'article de l'AF2000 en cliquant ici.


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MOCI : En 2015 la Russie s’est enfoncée dans la crise amorcée en 2014. Les réserves du pays ont fondu, le déficit budgétaire s’est creusé et la volatilité du rouble s’est accentuée avec l’introduction d’un système de change flottant fin 2014, forçant la Banque centrale à intervenir. L’inflation a continué d’augmenter et une crise bancaire a touché plus de soixante dix banques russes. La chute des prix pétroliers pèse sur les recettes provenant des hydrocarbures, alors même que les recettes hors pétrole sont pénalisées par la faiblesse de l’activité et que les sanctions occidentales continuent d’impacter l’économie russe. Le budget 2016, de l’ordre de 16000 milliards de roubles, est consacré au paiement des charges sociales, à la défense et à la sécurité. Il prévoit une lente progression des pensions de retraite et le gel des salaires publics, en vue de limiter la dégradation des finances publiques et l’endettement de l’Etat. Néanmoins, les dépenses pourraient être plus élevées que prévu, dans la perspective des élections législatives de septembre 2016. Nombreux sont les défis posés à la Russie : manque de compétitivité, sous-investissement, faibles capacités de production, dépendance aux matières premières, mauvais climat des affaires, absence de réformes structurelles, population vieillissante et dérive autoritaire du gouvernement de Vladimir Poutine.
(source)

Quant à l'Allemagne, elle n'attend plus personne et réarme !


Ne plus réagir ! AGIR !

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- Nice 14 juillet 2016 : 84 morts, 52 blessés très graves, 150 autres blessés dont 50 enfants -

Le dispositif de sûreté du pays a montré ses limites par trois carnages de masse. Les professionnels de l'anti-terrorisme prédisent tous des répliques. Si la meilleure défense c'est toujours l'attaque, nous devons agir plus que réagir. En commençant par museler le battage médiatique des ministres et de leurs affidés. Agir, c'est porter le fer rouge dans la plaie de l'islam infecté sans perdre de temps. Le plus désespérant est que toutes les contre-attaques possibles sont connues et archi-connues et qu'il ne suffit que de détermination, sans même convoquer aucun courage à la rescousse !
Ce blogue n'a pas vocation à faire une liste de courses, d'autant que tout officier ayant appris la contre-guérilla serait à même de se débrouiller seul sur sa zone d'effort et sans bavures, mais on va quand même indiquer quelques actions utiles et peu risquées :

Côté vivier :
- Arrêter et expulser les imams radicaux étrangers sans préavis (dans le doute, expulser) ;
- Fermer toutes les mosquées intégristes (elles sont aussi des sources de collecte de financements) ;
- Obliger la communauté musulmane à se hiérarchiser immédiatement sous peine de caporalisation des communautés à la chinoise (que le Coran ne le permette pas n'est pas l'affaire de la République) ;
- Protéger sérieusement les mosquées officielles, pour prévenir des représailles des groupes salafistes ;
- Être impitoyable avec les désordres "festifs" des cités (incendies de voitures, caillassages de pompiers et policiers...).

Côté djihad :
- Aller chercher les fichés "S" (sûreté nationale), "R" (opposition à résidence en France) et "TE" (opposition à l’entrée en France) et les traiter en fonction de leur nationalité : les étrangers à expulser immédiatement, les nationaux à accessoiriser d'un bracelet électronique ;
- Créer une fiche S+ qui signale les islamistes présumés afin de soulager le contrôle ;
- Les Français djihadistes avérés et spécialement ceux revenant du Moyen Orient doivent être capturés et "désintoxiqués" dans des centres fermés sur une longue période ; les autres remis à la police de leur pays ;
- Les djihadistes détectés non encore impliqués doivent être "désintoxiqués" dans d'autres centres fermés sans limite de temps ; étrangers, expulsés.
- Les propagandistes du djihad résidant sur le sol national doivent être inculpés de complicité de meurtres et condamnés à l'isolement loin de leurs bases.

Côté voirie :
- Le protocole d'ouverture du feu des unités de détection d'attentat doit être clair et non sujet à réflexion de la part des fonctionnaires au contact. Réfléchir c'est mourir ou laisser mourir. Les bavures inévitables seront passées en collatéraux, la CEDH accueillera les recours.

Reste la question du dispositif militaire Sentinelle :

Il ne sert à rien, sauf à fatiguer nos soldats entre deux missions. Une patrouille légère de trois hommes arpentant gares, aérogares, parvis et trottoirs est complètement perdue dans un environnement qui lui faudrait analyser en continu. Les soldats ne sont ni formés ni efficaces individuellement ou en petite équipe quand en plus ils ont des consignes de ne pas faire de bêtises, bien réfléchir avant d'armer le fusil, faire attention etc... Ce n'est pas leur formation. Leur formation est le "choc", l'assaut, la neutralisation préalable ! Qu'on arrête vite cette supercherie et si l'on doit utiliser l'armée en dernier recours, qu'on la fasse intervenir par compagnie complète, peut-être dans le ratissage de certains quartiers mal famés et surtout pas en statique dans les points sensibles.

L'autre effet pervers de Vigipirate (ou Sentinelle) est de banaliser la force brute que représente l'armée. A la voir circuler à pas lent, on s'habitue à elle, elle fait moins peur, puis elle ne fait plus peur du tout, jusqu'à ce qu'on l'assaille au cutter comme cela s'est déjà produit. Gardons l'image nette d'une armée qui ne peut être engagée dans le maintien de l'ordre comme la gendarmerie mobile, mais uniquement dans la destruction brutale de la cible désignée. Elle sait faire.

Les annonces entendues dans les radios ce matin égrènent des mesures d'affichage peu efficaces. Prolonger un état d'urgence que le pouvoir a ridiculisé en laissant sa police occupée par des groupuscules syndicaux, des casseurs, des gentils couillons passant la nuit debout à la République et autres manifestants contre tout et rien, taxis, paysans, n'est pas sérieux. Que le pouvoir cesse de ré-a-gir.

Qu'il attaque enfin ! merde !


L'été indien du camp Maxime Real Del Sarte

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JE FONCE AU CAMP D'ACTION FRANCAISE ! TU MONTES ?

Chacun sait que Dieu a créé HONDA pour que les socialistes ne salissent pas une HARLEY DAVIDSON. Mais qu'en est-il de INDIAN MOTORCYCLE® ? Peu connues en France bien qu'il y ait maintenant une vingtaine de concessions actives en métropole, les Indian classiques avaient, outre un design très rapide, une réputation d'innovation (leur premier moteur de 1000cc date de 1922 !) et surtout une qualité reconnue des assemblages, due à la féminisation des chaînes de montage. Une fois la recapitalisation de la production achevée par le groupe Polaris Industries (3 milliards de dollars en chiffre d'affaires, ouf !), la relance du mythe aux Etats-Unis a été relativement facile tant l'histoire de la marque est chargée de gloire. Des amateurs de belles motos ont suivi partout ailleurs dans le monde pour sortir du dilemme Japonaises ou Harley/Ducati. Une Indian n'est pas qu'une moto. Heureux dénouement !

INDIAN CHIEF DARK HORSE

Heureux dénouement parce que la marque (fondée en 1901) faillit disparaître après la Seconde Guerre mondiale pour la même raison que disparut chez nous la belle automobile à la même époque. Indian ne put faire le dos rond en attendant la reprise et se mit à produire des motos légères que l'on disait mieux adaptées à l'air du temps. Les grosses Indian rapides avaient un bloc d'acheteurs inconditionnels que les Indian légères n'intéressaient pas, et la nouvelle clientèle se dispersa sur d'autres marques qui fabriquaient des modèles populaires plus ou moins équivalents, en ne regardant que leur prix. En 1953, la marque coula et voulut survivre en rebadgeant des Royal Enfield anglaises plus musclées que la production courante, mais il n'y suffit pas. Reprise plusieurs fois par des capitalistes voulant monnayer la légende, Indian eut la chance d'intéresser Polaris Industries qui fabrique les fameux bikes et trikes VICTORY. Mais pourquoi le Piéton du roi vous bassine-t-il avec l'Indian ?

L'Action française a la même histoire que la Indian Motorcycle !

Fondée au tournant du siècle (à quelques années près), elle traversa la Première Guerre mondiale en s'y vouant corps et âme, traversa la grande crise dans l'honneur, survécut à la Seconde Guerre mondiale et par des choix contestables de sa direction fut incapable de se redresser après la Libération. Les tentatives de réanimation furent nombreuses mais ne purent déborder largement d'un noyau dur de fidèles malgré quelques embellies passagères comme la Génération Maurras des années soixante. Si la Indian Motorcycle est aujourd'hui ressuscitée, elle le doit à la rencontre d'un pourvoyeur de moyens, puissant et passionné par l'histoire de la marque et par ses exigences d'innovation qui lui feraient à nouveau sa place dans le monde des bikers.


L'Action française organise son université d'été dans un mois près de Roanne. Elle veut faire réfléchir sur les voies et moyens nécessaires pour arracher le pays à son déclin qui semble inexorable, surtout dans son incapacité chronique à se défendre. Elle va proposer dix axes de salut national et on ne peut que souhaiter le succès affirmé de ce camp 2016 avant les échéances politiques de fin d'année. L'excellence reconnue de l'école de pensée d'Action française, similaire à la finition légendaire des Indian, peut produire des solutions institutionnelles innovantes et de pleine application dans le monde complexe qui nous entoure.

Mais il faut que parallèlement à cette phosphoration intellectuelle, les cadres dirigeants se mettent sérieusement en quête des moyens financiers abondants et pérennes pour soutenir la diffusion la plus large de ces solutions, comme le fit Indian avec Polaris, car il ne sert à rien de nos jours d'avoir raison en petit comité. Dans nos sociétés démocratiques, un mouvement quel qu'il soit ne progresse plus que par grandes masses et il faut maintenant beaucoup de nerfà la guerre idéologique. Que ça nous plaise ou non.

De Paris, prendre la N7, c'est tout droit.
Roulez bolides !


OTAN-POLOGNE

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Ce billet consécutif au sommet atlantique de Varsovie est paru dans l'Action Française 2000 du 21 juillet 2016 sous le titre Varsovie sollicite l’Otan face à Moscou (n°2936 p.6). Il entre en archives chez Royal-Artillerie sous le libellé AF2000 avec quelques notes en bas de page.

logo officiel du sommet
Parmi les pays d'Europe centrale et orientale (PECO) la Pologne a pris la tête du combat de confinement des appétits russes. Historiquement les relations russo-polonaises ont toujours été tumultueuses et sanglantes. Après mille ans de disputes, elle fut déplacée de trois cents kilomètres vers l'ouest par Staline en 1945, qui voulait un glacis à son occident. Acquérant jusqu'à l'Oder des terres prussiennes à poloniser, elle y perdit les vieilles provinces de Polésie, Volhynie et Galicie avec des capitales importantes comme Lvov et Brest(-Litovsk). Les républiques augmentées d'Ukraine et Biélorussie furent dotées d'un siège à l'ONU pour marquer définitivement la frontière après un nettoyage ethnique brutal. Ainsi le contentieux russo-polonais n'est-il pas seulement dû aux quarante-cinq ans d'occupation soviétique et au massacre de Katyn.

Dans la préparation du sommet atlantique de Varsovie (8-9 juillet 2016) le ministre polonais des affaires étrangères exigeait la mise en œuvre immédiate des dispositions du sommet de Newport (septembre 2014 au pays de Galles) pour ce qui concernait les renforts occidentaux en rotation sur les pays baltes, des manœuvres militaires en Pologne même, l'activation effective du bouclier anti-missiles et un soutien à l'Ukraine par la formule de la porte ouverte.

Mme Albright
Lors de ce sommet de Varsovie, il obtint le concours parallèle de Madeleine Albright, ancien secrétaire d'Etat de Bill Clinton et tchèque de naissance, qui, sans manières, appela un chat un chat et poussa à l'extension vers l'Ukraine et la Géorgie, autant qu'il en serait demandé par ces pays. Malgré ses quatrevingt ans, Albright a gardé son caractère entier et sa parfaite détestation du Kremlin. On aurait pu attendre des minutes du sommet le coupage à l'eau claire de ses provocations ; il n'en est rien. Le communiqué final en cent trente-neuf points s'ouvre par l'accueil du Monténégro et la formule pacifique d'usage et se clôt en remerciant le pays hôte de son accueil. Pour le reste, on relèvera plusieurs axes qui gêneront toute réactivation du Conseil Otan-Russie (COR) jusqu'au jour où celle-ci viendrait à résipiscence, dont le concept réitéré de projection de la stabilité en avant des frontières de l'Alliance et la dénonciation de la duplicité russe en termes non équivoques dès le paragraphe 5 : "Les actions agressives de la Russie, y compris ses activités militaires provocatrices à la périphérie du territoire de l'OTAN et sa volonté avérée d'atteindre des objectifs politiques par la menace ou l'emploi de la force, constituent une source d'instabilité régionale, représentent un défi fondamental pour l'Alliance, ont nui à la sécurité euro‑atlantique, et menacent l'objectif, que nous poursuivons de longue date, d'une Europe libre, entière et en paix."

Secretaire général OTAN Stoltenberg
Le paragraphe 10 va désespérer Thierry Mariani, qui annule d'avance toute approche en crabe d'aucun membre de l'Alliance quant à l'abandon de la Crimée ou du Donbass. Mais le plus disert sur un futur dangereux est ce que l'on trouve au paragraphe 12 : "Nous restons ouverts à un dialogue périodique, ciblé et substantiel avec une Russie qui soit disposée à mener des échanges au sein du Conseil OTAN‑Russie sur la base de la réciprocité, en vue d'éviter les malentendus, les erreurs d'appréciation ou les escalades involontaires, et à accroître la transparence et la prévisibilité. Nous disposons également de lignes de communication militaires. Nous sommes convenus de continuer de nous servir de tous ces canaux pour aborder les questions d'importance critique auxquelles nous sommes confrontés, et nous appelons la Russie à faire bon usage de toutes les lignes de communication". En clair :
Nous réactivons le téléphone rouge de la guerre froide qui faisait revenir à la maison les avions menaçants. La suite du communiqué¹ relève des dispositions détaillées prises sur les points chauds (y compris l'Etat Islamique) et sur les structures atlantiques de réaction rapide.

La Pologne a obtenu presque tout ce qu'elle cherchait sauf le commandement de la brigade alliée en rotation : consolider le rempart et le doter en effectif comme otage de son intransigeance. Elle appelle à transférer chez elle un grand quartier général atlantique et se dit prête à prendre plus que sa quote-part des frais. Mais est-elle sûre à ce point de l'article 5 du traité de Washington qui ferait accourir les 28 autres membres ? Cet article dont les pays de l'Est ont plein la bouche prévoit que la partie attaquée répliquera « en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée ». Les mesures prises seront soumises au Conseil de Sécurité dans la plainte qu'il recevra. Une déclaration collective de guerre automatique n'est pas explicite. Sans attendre que la Pologne ait compris le "truc", l'Allemagne réarme.


(1): les lecteurs peuvent le lire en français sur le site de l'OTAN.

PS d'aujourd'hui : lire aussi l'analyse convergente de Jean-Gilles Malliarakis sur L'Insolent (clic) et l'article de Luc de Goustine chez Renouvin (clac) qui prend le parti du Kremlin avec l'automaticité que l'on connaît.

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La Mémoire d'un ordre naturel

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Ce billet a paru dans la rubrique Libres propos du Lien légitimiste n°69, tombé dans les boîtes fin juin (p.17). Ecrit bien avant le référendum britannique, il anticipait sans le savoir la fracture du Royaume Uni par l'exercice du procédé démocratique le plus brutal possible. Galles et Angleterre s'opposent désormais à l'Ecosse et l'Ulster. Londres fait sécession intérieure. L'ancrage monarchique qui tenait ensemble tout l'attirail grand-breton ne semble pas suffire, mais un Premier ministre adroit fait le projet de circonvenir ses pairs au Conseil européen pour satisfaire les brexiteurs sur la forme et les hérauts du libre échange sur le fond.
Le RU est une fédération de quatre nations, la France un Etat-nation. C'est la différence entre nos deux pays qui laisse tout son intérêt au billet du Piéton réclamant de ré-aimanter la société autour d'un souverain. Cet intérêt est décuplé par la demande anxiogène des Français d'être enfin gouvernés par des hommes en lieu et place des bêtes à concours qui trustent le pouvoir par le jeu mortifère des partis politiques. La constitution de 1958 était faite pour un chef d'Etat naturellement fort, elle fut de bonne application pour son "dauphin" Pompidou, mais montra bien des défauts quand les coteries partisanes la submergèrent ensuite. Il n'est plus besoin d'avoir autorité et charisme aujourd'hui pour prétendre à gouverner la France, mais de soumettre à ses vues un parti rassemblé et convaincre de nombreux sponsors. Nous sommes bien loin de l'ordre naturel. Ce billet entre en archives Royal-Artillerie sous le libellé LLL.

Bimestriel sur abonnement pour dix euros en version électronique et trente euros pour la version papier (6 numéros). Envoyer le chèque à : Le Lien Légitimiste 2, Le Petit-Prix 37240 La Chapelle Blanche Saint Martin.

« Puisque donc l'âme est immortelle, qu'elle a éprouvé de multiples réapparitions, et contemplé toutes choses, celles de ce monde et celles de l'Hadès, il n'est rien qu'elle n'ait appris, si bien qu'il n'est nullement surprenant qu'à l'égard de la vertu comme de tout le reste, elle soit en état de se ressouvenir de cela même qu'elle savait antérieurement. Car, puisque la nature tout entière est liée par des affinités, et que l'âme a appris toutes choses, rien n'empêche qu'en se remémorant une seule chose, on ne retrouve de soi-même toutes les autres, à condition d'être courageux et d'une endurance sans faille dans la recherche ; car ce qu'on nomme chercher et apprendre n'est en somme que réminiscence.» (Socrate* à Ménon dans un dialogue de Platon sur la vertu).

Comme s'il se souvenait d'un ordre naturel vieux comme le Temps, le petit d'homme organise d'instinct son environnement social en pyramide (famille, école, équipe sportive) et l'âge venant il ne s'en départit pas jusqu'à ce qu'on le force à raisonner sur d'autres bases. Est-ce cette inclination qui fait le succès des rois dans l'esprit humain ? Depuis l'aube du monde, l'espèce s'est organisée en pyramide et si d'aventure il s'est vu un peuple différent du modèle courant, il n'en reste rien, à croire qu'il n'a jamais existé. C'est le drame de l'impossible organisation par l'horizontalité, par la démocratie : l'être humain en ressent d'abord le côté artificiel, plaqué sur sa nature profonde, avant que d'être forcé d'y croire par une doxa politique de consommation courante, même si au bout du bout, il s'avère que ça ne marche pas. C'est le point où est rendu notre bel occident, pour paraphraser Maurras. La démocratie d'étage régalien ne marche pas. Pour preuve, à l'étage fédéral on lui substitue la technocratie, seule organisation capable apparemment de développement cohérent. En revanche, au niveau local l'arbitrage démocratique reste pertinent, soyons juste.

Les défauts inhérents au suffrage universel ont partout suscité des protocoles d'application censés les surmonter. Notre pays, dans ses modes de scrutins avantageant le bipartisme, est un champion de la fabrication des résultats électoraux, dès lors que le peuple est un souverain incapable. Mais le constat n'est pas nouveau. Proudhon** allait jusqu'à nier en termes définitifs le peuple remis en selle par la Deuxième République :
«Le Peuple, non plus que Dieu, n'a des yeux pour voir; des oreilles pour entendre, une bouche pour parler. Que sais-je, s'il est doué d'une espèce d'âme, divinité immanente dans les masses, comme certains philosophes supposent une âme du monde, et qui, à certains moments, les émeut et les pousse; ou bien si la raison du Peuple n'est autre que l'idée pure, la plus abstraite, la plus compréhensive, la plus dégagée de toute forme individuelle, comme d'autres philosophes prétendent que Dieu n'est que l'ordre dans l'univers, une abstraction ? Je n'entre point dans ces recherches de haute psychologie: je demande en homme pratique de quelle manière cette âme, raison ou volonté, telle quelle, du Peuple, se pose, pour ainsi dire, hors de soi, et se manifeste ? Qui est-ce qui peut lui servir d'organe ? Qui a le droit de dire aux autres : c'est par moi que le Peuple parle ?» (Solution du problème social, 1848).
Et le même de pulvériser ensuite le suffrage universel qui n'est que l'arithmétique d'un arbitrage atomisé par des individus tous inégaux dans leurs capacités d'appréhension des questions sociales, en d'autres termes : faire droit à la quantité jusqu'à ce qu'une fraction de l'Opinion dépasse, même d'un cheveu, les autres pour les combattre légalement, les pressurer, le comble de la stupidité ! C'est le ferment des guerres civiles rampantes qui hantent la République depuis son rétablissement.

Nos concitoyens sentent bien au fond d'eux-mêmes que notre société est dans l'erreur. Ils ne perçoivent pas l'âme collective dans le désordre ambiant, il faut leur signaler qu'il n'y en a jamais eue. Le peuple n'a pas d'âme, son expression est fabriquée. Dans le passé, on le leur a fait croire mais dans les faits, la démocratie en ses meilleurs moments ne fut que le socle d'élection d'une nouvelle aristocratie capable de gouverner les corps sociaux jusqu'à ce que la dispute intrinsèque au modèle achète l'un et l'autre par le débondage de privilèges dévorant le capital de la nation pour en distraire le plus possible au profit d'intérêts particuliers, relançant déjà l'affrontement des factions que l'on avait su un moment apaiser. Le peuple, certes sans "âme" mais pour le coup unanime, constate la chienlit générale et l'incapacité des procédures politiques à y porter remède : les taux actuels d'impopularité sont accablants. De quelque bord qu'on l'observe, le système est récusé tous les jours dans son financement, ses modes opératoires, sa pseudo-aristocratie.

Le pays est écrasé de dogmes étatiques portés par une caste de fonctionnaires pléthorique qui finit par engloutir la valeur ajoutée de l'activité économique du secteur libre, sous le regard impuissant d'une caste politique, immense elle-aussi, et dont beaucoup de membres sont des fonctionnaires protégés, caste qu'il faut nourrir d'abondance dans ses réclamations et ses inutilités. Conscients de la captation de l'héritage républicain par une nomenklatura plus habile que savante, certains bégaient une resucée de la Quatrième république sous un numéro Six, plus encore soviétisée que le gouvernement provisoire de la Libération ; d'autres poussent à réduire un Etat impotent au bénéfice d'une approche technique des défis mondiaux par des équipes compétentes au niveau européen ; les rêveurs appellent à nationaliser des capacités de décisions qui ont disparu à jamais du fait de l'incurie crasse de notre propre Etat-nation ! Aucun, du moins si peu, n'appelle à revenir au modèle naturel ressenti en chacun depuis toujours : la pyramide et sa pointe immobile qui sert d'amer à tout le pays.

Nous devons retrouver le sens du monde en reconstruisant nos sociétés dispersées aujourd'hui en groupuscules hostiles. Le plus simple n'est-il pas d'y réintroduire d'abord l'aimantation générale que constitue partout ailleurs l'affection des peuples pour leurs souverains de chair et d'os ? Et d'accord enfin sur ce premier point, commencer à hiérachiser nos priorités d'intérêt général pour construire le Projet commun dont la France a maintenant un besoin urgent, à peine de fondre comme neige au soleil dans le magma global dont elle n'a pas su tirer tout le parti possible. Il nous reste peu de temps pour exercer ce qu'il nous reste d'autonomie à réparer notre pays. Le temps ? L'organisation mondiale des blocs en cours pourrait bien nous le prendre. Hâtons-nous !

* « Non seulement Socrate est la plus pure incarnation du bon sens et de la philosophie pratique dont la Grèce ait fourni le modèle, mais il demeure l'immatérielle image du beau moral et du vrai, non moins que l'exemple de la valeur civique et militaire, le symbole de la mort du juste » (Joseph Orsier). Lisez Socrate (chez Platon) un philosophe des plus modernes et des plus "clair" dans sa tête, qui vous changera des philosophes germaniques obscurs à la mode ! Nous avons été créés par la thalassocratie grecque et nous ne venons pas des landes de Courlande ni des marais de Poméranie, l'agonie du néant.

** Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), un des plus éminents publicistes du parti républicain socialiste (selon le Lachâtre de 1856), inventeur de slogans définitifs comme "la propriété, c'est le vol" ou "la démocratie, c'est l'envie".

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Au jeu de rôles des maisons

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François d'Orléans entre ses frères Eudes et Jean
Le Landerneau royaliste a été secoué comme un prunier par les dernières dispositions testamentaires du présent comte de Paris, Henri duc de France et chef du parti d'Orléans. Il remet à sa mort les clefs de la maison entre les mains de son fils aîné François, lequel ne saurait les recevoir de par une attaque de toxoplasmose congénitale qui l'a privé d'intelligence et de parole. Qu'à cela ne tienne, son frère cadet, Jean duc de Vendôme, mandataire judiciaire à la protection du dauphin François, assurera la régence, assisté d'un conseil où siégeront ses oncles et deux personnalités de la société civile. Pour les actes quotidiens du dauphin incapable, le duc de Vendôme continuera à agir comme son tuteur auprès des administrations. Pour ses actes dynastiques, un conseil de régence (et non le seul duc) sera compétent. La première conséquence n'est que de prestige, le titre de la maison d'Orléans le plus connu des Français, comte de Paris, ne passera pas sur la tête du prince Jean. La seconde est que les titulatures à venir - première activité d'un chef de maison déposée - seront retirées au prince Jean qui devra obtenir une majorité au conseil. En fait, il est dépossédé des pouvoirs de sa charge et n'en conserve que le fardeau.


A quoi tout ça nous mène-t-il ? A rien !

Henri VI d'Orléans
Si le défunt comte de Paris (†1999) pouvait couver l'espérance d'une restauration monarchique succédant au président Charles De Gaulle, les atermoiements, le flou artistique de sa position, la conviction de l'obsolescence de la monarchie puis la disparition de celui-ci facilitèrent la reprise en main de la République par la banque, la forge et la franc-maçonnerie qui anéantit tout avenir à la branche dynastique qu'il commandait. Le cri de Pompidou à l'évocation d'une candidature d'Henri d'Orléans à l'élection présidentielle de 1969 est explicite : « Et pourquoi pas la reine des gitans ?». Au soir de sa vie, le comte de Paris en sera désespéré au point de se retirer chez sa gouvernante dans un pavillon Phénix au fond des bois à écouter chaque jour la valise RTL. Sans doute le silice qu'il s'imposait pour avoir échoué ! A sa mort, les conditions d'héritage, les captations malhonnêtes de tiers, le séquestre des biens par une fondation, le désordre de la fratrie, ruinèrent l'édifice dynastique et la considération qui emportait encore l'adhésion de beaucoup de Français.

Henri VII d'Orléans
Henri VII, comte de Paris, s'essaya un temps à revitaliser la réflexion monarchiste mais à peu d'effet et de dépenses, et son fils Jean, duc de Vendôme, s'y attela à son tour avec pas plus de succès ni d'argent. Il faut dire que le vivier royaliste français ne croît pas, et que les légitimistes partisans du duc d'Anjou s'y comptent pour plus de la moitié de l'effectif, et que plus généralement l'Opinion est rebutée par la saga d'Orléans. Quelques vilaines affaires faisant les unes de la presse à scandales, déconsidérèrent les titres dits de courtoisie dont la famille s'était parfumée à foison, à quel bénéfice, je l'ignore encore, ceux-ci n'ayant rien rapporté ni en emploi, ni en entreprise, pas même en aventure. A part quelques modestes salariés, la famille nombreuse est en position de rentiers mesurant a minima la valeur ajoutée qu'elle devrait procurer au pays.


A quoi "joue" donc le duc de Vendôme ?

Duc de Vendôme Jean d'Orléans
Jean-Carl d'Orléans est le successeur désigné du défunt comte de Paris qui le préféra à son fils Henri lors du millénaire capétien de 1987 et l'adouba dauphin du Viennois l'année de sa mort en 1999. Il accepta (à tort à mon avis) et entreprit d'assumer la charge parallèlement à son père qui n'abdiqua jamais. Les relations furent toujours mauvaises entre eux depuis l'abandon du foyer princier en 1974 qui motiva l'exécration comtale. Jean d'Orléans a 51 ans aujourd'hui et n'est toujours pas établi fermement dans la vie. Il demeure au domaine royal de Dreux en "sous-location sans titres" d'un bail de villégiature octroyé à sa mère par la Fondation Saint-Louis qui gère la succession immobilière du défunt comte de Paris. Ses occupations de gérant d'un groupement forestier en Thiérache laissent et prennent du temps mais brident surtout ses ambitions professionnelles, s'il en a, après de longues études supérieures montrant de réelles capacités. Après avoir parcouru le tissu économique français dans des réunions publiques qui diffusaient sa pensée et rappelaient son existence, il a recentré sa joie de vivre sur sa famille de quatre enfants et ne parlent plus que d'eux, sauf réaction intempestive au conseil de régence créé par son père. Il donne l'impression d'attendre la disparition de celui-ci pour réaliser son projet de promotion de la maison d'Orléans sur la voie d'une restauration monarchique dans l'esprit de Juillet. Une Académie de Juillet devait être fondée par Eudes et lui en 2009, mais les années passent et passe avec elles la pugnacité nécessaire à réussir ce que son grand-père avait tenté. Manque déjà l'écho de ses prétentions dynastiques dans l'Opinion, manque l'argent en abondance dont disposait le vieux comte. C'est en vérité un travail de titan qu'il choisit : crédibiliser la monarchie et sa propre prétendance ! Et finalement, sauf un groupe de courtisans impécunieux et un bon millier de sympathisants en admiration gratuite qui ne sont pas d'un grand secours, il est seul à la barre.


Conclusion provisoire

L'enjeu politique ambitieux est écrasé par le néant des moyens. C'est le dilemme éternel des royalistes depuis que la couronne britannique a cessé de les financer. Les princes ne sont pas idiots au point de rêver à un futur de roi sur une base aussi étriquée en finances et en effectifs. Pensent-ils sérieusement que le Congrès appellera l'un d'eux en cas de crise institutionnelle gravissime ? C'est la fenêtre d'opportunité préférée des royalistes. Sont-il déjà formés (et entraînés) à l'emploi ? Ont-ils un projet praticable au départ, le lendemain matin à 7 heures ? Sont-ils entourés de compétences lourdes qui se saliront les mains pour eux, ou seulement de perruques poudrées tentées par le décorum ? Autant de questions qui convoquent une évaluation sérieuse des réalités.
On n'y est pas encore, mais cela peut venir avec les générations montantes qui, dans le nanomonde auquel ils accèdent, se foutront pas mal des titulatures, ducatures, comtatures et autres embellissements carnavalesques d'un chemin plein d'épines qu'il faudra malgré tout monter pour le bien peut-être, et la survie certainement, de notre beau pays de France dont ils pourront alors porter le nom. Il s'agira de héros ! Vienne ce temps !


Gaston d'Orléans

 

En attendant l'embellie, on lira avec profit l'entretien accordé par le comte de Paris au journal l'Action française 2000 le 13 juillet dernier et publié dans le numéro estival du 4 août 2016 en cliquant ici. Cette prise de position a été relayée par Le Figaro du 6/8/2016.


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Au camp d'Action Française

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PLUS QUE DIX JOURS !

- Château d'Ailly -

Deux brosses à dent
Un savon de marseille
Quatre rasoirs jetables
Bombe à raser Williams
Une boîte de préservatifs Huge Craft
Deux serviettes de bain fleurdelisées (ils vérifieront)
Un gant de toilette
Sous-vêtements de la semaine
Deux chemises
Un pullover "feu de camp"
Une cravate noire (sait-on jamais)
Un sweet-shirt
Un chèche blanc cassé
Une veste de toile ou un blouson
Baskets Helstons moto et/ou chaussures basses Chevignon vintage
Brosse et crème
Un T-shirt noir ample
Un pantalon court noir
Paire gants de boxe
Deux protège-dent
Une coquille grand modèle
Chaussures Lonsdale quick-boxing
Bloc-notes et deux crayons-billes
Smartphone pour Pokemon-Go

Le sac est bouclé !
On enfile le cuir et en route.





De la porte d'Italie, prendre l'autoroute A6 jusqu'à Nemours à fond les ballons ! Huit kilomètres après le péage de Fleury-en-Bière, prendre l'autoroute A77 fléchée Nevers sur 160 bornes. A hauteur de Pouilly-sur-Loire l'autoroute devient la nationale 7, vérifiez votre vitesse. La deux fois deux voies s'arrête après Nevers. Roanne est déjà indiquée. On passe Magny-Cours (si ça vous tente...) et on pousse jusqu'à Roanne, toujours sur la N7 en passant par la rocade de Moulins. C'est à la relance qu'on gagne du temps, les chevaux font vendre les motos mais c'est le couple qui fait la course. Attention ! Toujours sur la N7 à deux fois deux voies, sortir après Roanne à l'échangeur 69 fléché NOTRE-DAME-DE-BOISSET. A droite vers l'ouest, la départementale 45, on entre dans Parigny. Au carrefour, remonter la D207 à droite vers le nord sur XXX mètres, reprendre la D45 à gauche et avancer jusqu'au virage à gauche, l'Allée d'Ailly est à droite dans le virage. Si vous arrivez à l'église Sainte-Madeleine sur votre droite, vous avez loupé l'allée. Remonter la longue allée vers le château d'Ailly. Ne pas klaxonner en passant la grille. C'est pas Moulinsart. En tout quatre heures et demie plus les arrêts.



A l'arrivée demander la carte. Et si le gérant vous dit que c'est la Michelin 327, répliquez gentiment qu'elle ne se mange pas et que vous voudriez le menu. Gagner votre suite, et défaites votre sac, vous êtes au château d'Ailly. Le jacuzzi est signalé dans le couloir. Le service d'étage a un bourbon du tonnerre réservé aux initiés. Bon séjour, concentration et enthousiasme sont les deux mamelles du camp Maxime Real del Sarte.

Plus tard, pour aller sur Roanne, il suffit de remonter la départementale 207. Roanne c'est la ville des Frères Trois Gros et des chars Leclerc dont 200 unités vont passer en rénovation. Lyon n'est pas loin (une grosse heure), mais là on frise la débauche.

Le programme ? Il en faut un, mais c'est l'état d'esprit qui compte, et faire des connaissances.

Plus sur le site internet du camp en cliquant sur l'affiche, et le chef de camp dévoile le fonctionnement et les intervenants prévus dans un document séparé qu'on peut lire en cliquant ici.

Affiche_CMRDS2016




Spécifications de la Indian Scout Sixty 2016
Châssis :
Cadre : cadre moulé en aluminium
Réservoir : 12.1 litres
Hauteur de selle : 643 mm
Longueur : 2311 mm
Largeur : 880 mm
Hauteur : 1207 mm
Empattement : 1562 mm
Poids à sec : 246 kg
Poids en ordre de marche : 256 kg
Transmission :
Boite à 5 rapports
Secondaire par courroie
Train avant :
Fourche téléhydraulique Ø 41 mm, déb : 120 mm
2 disques Ø 298 mm, étriers 2 pistons
Roue AV : 130/90x16"
Train arrière :
2 amortisseurs latéraux, déb : 76 mm
1 disque Ø 298 mm, étriers 1 piston
Roue AR : 150/80x16"
Moteur :
Bicylindre en V à 60°, 4 temps
Refroidissement : par eau
Injection Ø 60 mm
2 arbres à cames en tête
4 soupapes par cylindre
999 cm3 (73.6x93 mm) ou 61 pouces-cubes
78 ch à 7300 tr/min
9.1 mkg à 5600 tr/min
Rapport poids/puissance : 3.15 kg/ch
Prix du neuf : 11990 €



Le dernier jour de François d'Orléans (1935-1960)

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François et sa mère, Isabelle d'Orléans et Bragance
(courtoisie Gotha)

Avertissement : Les échanges que nous avons eus à la suite de l'article publié sur Royal-Artillerie le 11 octobre 2009 en mémoire du sous-lieutenant François d'Orléans, mort pour la France en Kabylie le 11 octobre 1960 (clic) ont dessiné la maquette du RETEX sans pour autant nous en donner tous les détails. Voici le rapport d'étape avec quelques photos moins connues. L'affaire date de 56 ans déjà. Il aurait eu 81 ans aujourd'hui.


La section d'Orléans, 1ère compagnie du 7ème Bataillon de Chasseurs Alpins, était détachée auprès du 6°BCA qui tenait tout le territoire de Michelet. Elle formait avec d'autres le Commando de chasse P12 (P pour partisans) dans le secteur dit de Fort National¹ et était postée sur la commune d'Iferhounène, contreforts nord du massif du Djurdjura. Elle montait parfois en crête pour surveiller le versant sud du massif. Elle fut engagée le 11 octobre 1960 dans un ratissage d'ampleur sur sa zone d'effort traditionnelle avec l'appui d'éléments du Commando de chasse V11 (V pour volontaires), issu du 1er bataillon du 2è RIMa². Opération codée Kf37/38. Elle accrocha trois mousseblines à Taourirt Ali Ou Naceur (commune d'Iferhounène). On va s'arrêter d'abord sur ces commandos de chasse un instant :

Incorporation de François d'Orléans
(courtoisie "Jours de France")
Après le putsch de 1958, les opérations d'envergure anéantissent les grandes unités de l'ALN et les lignes étanches Challe et Morice ferment l'Algérie aux pénétrations depuis le Maroc et la Tunisie. Les bataillons fellaghas rescapés éclatent en unités mobiles de guérilla autonomes. La réponse est dans la mobilité d'unités de chasse à effectif restreint. On créera alors les commandos de chasse sur deux modèles, le modèle "Partisans" à 138 hommes, décalqué du modèle mixte indochinois, dans lequel on incorporera des harkis avec un section de commandement/appui et quatre sections de combat ; et le modèle "Volontaires" à 90 hommes (c'est du moins le TED). Les bataillons de l'Armée de terre dériveront ces commandos qui essaimeront sur le terrain en zone d'insécurité. Leurs cadres seront formés dans des écoles de contre-guérilla à Philippeville et à Saïda. Leur armement sera celui des sections d'infanterie classique (donc économique). Certaines unités reçurent aussi des chiens éclaireurs, les fameux "chiens de guerre" de Fort National. La mission sera la chasse dans une tactique de mobilité avec un moindre effort d'implantation qu'une unité classique, jusqu'à la nomadisation. C'est la théorie.

En novembre 1959, le chef de corps du 7°BCA a encore foi dans l'Algérie française et motive ses troupes pour une pacification de la Grande Kabylie et une transformation des conditions d'existence des populations. Il faut dire que l'année 1959 a été mouvementée. Les unités de l'ALN, probablement réduites, privilégient le combat de montagne avec même l'appui-feu de grenades à fusil. Le bataillon encaisse pas mal. En juillet 1959 c'est le Slt Tézenas du Montcel qui prend deux chevrotines dans le ventre à courte portée à dix mètres du commandant de compagnie, mais il guérira de sa blessure car il tenait son MAT-49 sur le ceinturon qui amortit l'impact. Les félicitations du Premier ministre Debré, venu en inspection au mois d'août 1959 à Tikichourt et aux Ouacifs, ne dissuadent pas les officiers que la queue de trajectoire reste l'Algérie française. Au contraire, même si le terme Algérie française n'est pas écrit dans sa lettre de remerciement, assez prémonitoire quand on la lit avec du recul. Evidemment, c'est le 30 août 1959 que le général de Gaulle laissera tomber l'intégration dans un discours à Beni-Douala où il offrira le choix aux Algériens "entre la francisation, l'association et la sécession", après la fameuse "paix des braves". L'effarement de l'interprète berbère lui fera dire à la population amassée le contraire de ce qu'il entendait (source Mekerra).
Ignorant l'évolution sémantique du projet gaulliste, les sections de chasseurs continuent à sortir chaque jour et l'année suivante aussi. On constate même une augmentation du trafic rebelle en 1960. Un sergent du 7, le Sgt Sipière trouve la mort dans les mêmes conditions que mourra François d'Orléans trois mois plus tard, à la tête de son groupe, tir de chevrotines à bout portant d'un HLL isolé. Dans son édito de juillet 1960, le chef de corps n'est plus aussi optimiste mais fait bonne figure. (source Le Cactus, fanzine polycopié du bataillon tiré à 1000 exemplaires).

L'Echo d'Oran
La section du Slt d'Orléans s'était-elle un peu assoupie au poste en laissant s'estomper l'esprit de la mission qui était de cavaler et de ne pas faire garnison. Le témoin "a" le laisse entendre, qui trouve le poste mal tenu. Dès 1960 les opérations "commando de chasse" ressemblent plus à des patrouilles de deux jours qu'à la traque cynégétique d'opportunités. Cet organisation au tourniquet insinue le poison de la routine. Bien qu'ils ne soient que deux officiers à la 1è compagnie du 7°BCA, le degré d'autonomie du Slt d'Orléans ne devait pas non plus être si grand qu'il ne soit obligé d'attendre les ordres du commandant d'un bataillon très exposé au danger. En effet le 6°BCA, coincé entre le 7°BCA à l'ouest et le 22°BCA à l'est, avait la pire zone du secteur octroyé à la 27°Division d'Infanterie alpine de Tizi Ouzou (Général Jacques Faure). Ce bataillon paya un prix élevé en Kabylie où il laissa 78 morts (12 officiers, 18 SOF, 48 chasseurs) et 243 blessés. Un mois avant la journée qui nous occupe aujourd'hui, le 5 septembre, le bataillon perdit le lieutenant Bernard Bonnin dans la réduction d'un groupe rebelle au même endroit, à Taourirt Ali Ou Naceur. Le 7°BCA aura de son côté 63 morts dont 5 officiers. Ce secteur n'était pas Courchevel ! Revenons au 11 octobre 1960. Notre article du 11/10/2009 a capté des témoignages directs et indirects (dans l'ordre d'apparition sur ce blogue) :
a.- Sergent Jean-Claude Borrel (1è Compagnie du 7°BCA) qui passe début 1960 par le poste commandé par le Slt d'Orléans à Aït Ali Ouharzoun (clic)
b.- Pivotant-Autorité, indicatif du radio de compagnie du commando V11
c.- Lieutenant Delaforge (ancien des Compagnies sahariennes) commandant la 1ère Compagnie du 7°BCA détachée au 6. Delaforge avait déjà formé une section de supplétifs à Tikichourt quand il commandait la 2è Cie.
d.- Sergent Jean-Paul Denut, 2è Section du Commando P12
e.- "? Patrick-Charles Renaud ?", Commando V11
f.- Sergent Zebrowski, Commando P12, témoin oculaire le plus proche.


11.10.1960 : Le ratissage commence au matin dès les ordres reçus par chacune des sections des Commandos P12 et V11. Selon l'intervenant "f", la section d'Orléans accroche rapidement trois moussebiline* sérieusement retranchés dans les anfractuosités d'un tertre, qui allument les harkis de pointe, en blessant deux et tuant le troisième. François d'Orléans détestaient les moussebiline d'une haine tenace à divers motifs liés à la guerre et aurait dit auparavant à un jeune fellagha prisonnier sur son lit d'hôpital « Si (prénom du prisonnier), j'ai de l'estime pour vous, combattants de l'ALN, par contre, les mouzebilines sont pour le sabotage, pour couper les routes, pour couper les arbres des vergers et les poteaux téléphoniques. C'est une vermine, ces mouzebilines.» (source Salah Mekacher, Aux PC de la Wilaya III - 1957-1962)
* les moussebiline, prononcé mouzebilines par François d'Orléans, étaient des supplétifs civils recrutés par les unités régulières de l'ALN parmi les montagnards pour le renseignement, le transport et le sabotage



Les grenades ne donnant rien, est-ce d'exaspération qu'il se précipita à contre-jour à l'assaut de "ces salopards" pour les grenader de plus près ? En l'absence d'aucun autre motif valable, on peut le supposer. Trop exposé, sans vision exacte, il fut reçu par un coup de chevrotines dans le ventre ; il était dix heures du matin. La position fell n'était pas inexpugnable puisque les trois moussebiline furent tués, ainsi que tous les ennemis qui tombèrent sous la main des chasseurs en ce funeste jour. L'intervenant "e" parle de 85 morts, HLL (hors-la-loi) et autres, mais les pertes semblent par lui surestimées à moins que l'on ait anéanti toute une katiba rebelle, ce qui n'aurait pas manqué d'être inscrit sur la citation pour la croix de la Valeur militaire donnée au Slt François d'Orléans. L'intervenant "f" estime les pertes ennemies à une quinzaine, soit un groupe ou une demi-section, effectif normal se déplaçant en zone d'insécurité. Il y aurait eu quatre morts de notre côté.

Si on se fie aux témoignages et sur la base du règlement de combat de base (ne pas sourire, ça peut sauver), la faute technique est évidente. Le chef de section n'a pas pris la peine de manœuvrer pour réduire la position ennemie retranchée. Il s'est jeté au devant d'un poste embusqué, ce que n'aurait pas fait un voltigeur à l'issue de sa période d'instruction, surtout avec trois camarades au tapis devant lui. L'écoulement du temps ne l'obligeait à aucune précipitation puisque c'était le matin. Son esprit était à ce moment-là en défaut d'attention ; nous n'en saurons jamais les raisons qui peuvent être personnelles ; sauf que son frère, Henri, a signalé ensuite que ce ratissage était sa dernière opération de terrain et qu'il avait déjà fait le pot d'adieu à sa section. L'ordre est arrivé rapidement de se taire pour ne pas offrir cette victoire aux insurgés. Les anciens participants à l'opération se montrent effectivement peu diserts encore aujourd'hui.

Massif du Djurdjura

Le 11 octobre 2015, son frère, l'actuel Duc de France, qui était alors employé au Secrétariat général de la Défense nationale aux Invalides et averti immédiatement pour rejoindre l'Algérie, évoqua sa mort en ces termes : « [...] L’hélicoptère me déposa en plein djebel, près de l’endroit où il fut frappé… alors on me raconta… François avait presque fini son temps légal. Certains me dirent qu’il voulait rempiler pour trois autres années. Le commandant du 7° BCA désirait le prendre à ses côtés dans un poste administratif. Mon frère avait déjà fait ses adieux à son peloton³, lorsqu’il apprend qu’une bande de fellagas avait été localisée dans le secteur et que son peloton devait participer à l’affrontement. Il supplia le commandant de pouvoir, une dernière fois, accompagner ses hommes. Au cours de l’accrochage, un de ses harkis est blessé. Il se précipite pour lui porter secours. Il est lui-même frappé par deux décharges de chevrotines. Son peloton met en fuite l’adversaire pour le secourir… et… ses derniers mots furent : "Comment va le blessé ?" Le 7° BCA avait érigé une chapelle ardente pour le veiller sous une grande tente de l’Armée. Il était là, couché sur un lit de campagne, beau et calme. Il avait accompli son devoir de Prince de France, son devoir de Français. On allait le déposer dans son cercueil qui resterait ouvert, car ses adversaires l’avaient respecté. Mes Parents purent le voir dans la cour de l’hôpital de Bab El Oued à Alger. Et lorsque le cercueil traversa lentement Bab El Oued, tous les You-You des Femmes l’accompagnèrent longtemps, en signe de respect. Il fut décoré de la Légion d’Honneur à Dreux par le Général de Gaulle.»

1è Cie du 7è BCA
Bien sûr, les lecteurs de Royal-Artillerie feront la part de l'émotion légitime et celle de la reconstruction des circonstances par les autorités militaires désirant plaire en haut lieu ; l'adversaire ne fut pas mis en déroute mais anéanti autant qu'on en trouva jusqu'au bout de la journée, et l'impression retenue par l'intervenant "a" laisse douter que le Slt François ait eu l'intention de rempiler ; mais cette communication un peu fabriquée avait aussi un motif tactique : depuis Tizi Ouzou, la 77° compagnie de Transmissions suivait le trafic radio de correspondants de guerre étrangers suisse, anglais et allemand travaillant parmi les fellaghas de la Wilaya III. Après l'accrochage, un message radio fut reçu au P12 en flash (urgence Z), classifié et codé YYY (yankeeyankeeyankee), réservé donc à l'autorité (source "f"). Sans doute le black-out officiel date-t-il de ce moment-là.

On n'en saura pas plus mais des versions les plus fantaisistes commenceront à circuler, forcément. Même le camp adverse est resté très discret sur cette funeste journée. Que cet article suscite des compléments et des rectifications, c'est tout ce que nous souhaitons. Nous terminons par ce témoignage de Pierre Clostermann : Dans cette guerre pourrie, maudite, d'embuscades, de recherches, de poursuite, de soif, de sueur, de souffrances, dans cette guerre dominée par l'homme et non par la puissance mécanique, c'était pratiquement au corps à corps qu'il fallait débusquer, lever et tenir le contact de l'adversaire. C'est bien ce que fit le jeune chef de section... pendant qu'à Paris les pouvoirs publics organisaient entre gens de haute discrétion le largage de l'Algérie et du Sahara qui allait rendre inutiles les sacrifices de tous ces jeunes Français, et surtout ceux des Français de cœur.

Tout son entourage aimait François d'Orléans et sa disparition fut un choc, d'abord dans sa famille, mais aussi dans le mouvement royaliste français, ce que j'ai vécu moi-même à l'époque, où les gens étaient sincèrement effondrés autour de moi par cette nouvelle. Il restera de lui, outre le souvenir d'un prince simple et cordial, un fils qu'il n'a pu connaître et qui peut être fier de son ascendance. La revanche de la vie est dans la mémoire des vivants, celle qui le garde pour nous sous les traits de sa jeunesse. Qu'il repose en paix parmi les siens.


Nécropole royale de Dreux


PS : un grand merci à l'artilleur de marine Michel C., infatigable soutien (il se reconnaîtra) sans qui cet article n'aurait pu être bouclé.
Notes:
(1) Fort national sur Généawiki
(2) C'est cette formation du 2è RIMa qui accueillera le général De Gaulle venu deux mois plus tard à Akbou pour recevoir la capitulation du chef ALN de la Wilaya III, colonel Mohand Oulhadj, quand ce dernier n'attendait que des négociations de cessez-le-feu. Le général De Gaulle repartira bredouille et furieux.
(3) L'unité élémentaire des bataillons alpins est la compagnie, elle même formée de sections ; il n'y a pas de pelotons mais Henri d'Orléans a fait son temps dans la cavalerie.

Obusiers de 105 en batterie au 6°BCA (2°Cie) pour fracturer les rochers

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La banqueroute planquée sous le beurkini

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« Mettez deux électrodes dans une poche de gélatine de veau ça ne fera jamais une batterie de voiture ». C'est ce que me disait ce vendredi matin mon coiffeur à vingt euros - finition rasoir, à la lecture des extraits de la somme éphémère de François Padebol parue chez Albin Michel sous le titre accrocheur : "Conversations privées avec le président". Accrocheur mais décevant parce qu'à la fin il n'est pas félixfaurisé par la Pompe funèbre ! « Quel con, ce type !» conclua l'artisan payé au clic, ne sachant pas pour qui j'avais voté jadis.
Et tandis que je repliais le Midi Libre, j'aperçois l'entrefilet signalant que Benoît Hamon - mais si, il est connu jusqu'à Palavas-les-Flots - monte dans le manège aux connards*. L'élite, la vraie, ayant déserté la politique, les médiocres se ruent !

On ne parle aujourd'hui que du sac à bain de Shéhérazade et de tout ce qui est islamique jusqu'à la nausée. En ce dernier jour de sérénité estivale, laissons tomber les sectateurs du prophète et revenons aux fondamentaux : nous entrerons demain dans la période électorale de tous les dangers pour les finances publiques - s'il en reste : les programmes des candidats ne brandissent que des dépenses à découvert sauf à enfumer parfois l'électeur de projets de recettes impopulaires impossibles à décréter, qui le feront fuir. Or Les caisses sont vides et le pays n’est en rien réformé dans les sources de l'hémorragie financière qui draine toute son énergie, à commencer par l'Etat tétraplégique hérité de l'Empire, baleine échouée en soins palliatifs éternels dont on ne sait qui la débranchera. La croissance de remploi de l'expansion démographique est nulle ou epsilonique, à la limite de la fabrication statistique. La Dette soutenue par des taux d'intérêts bas ou nuls doit quand même être servie en principal et nous coûte horriblement cher ; et au-delà de nos déficits structurels, nous importons abrutis** et crevards par palanquées complètes derrière l'Allemagne ! Qu'importe à la fin ! Le cirque des primaires amusera le peuple et lui cachera la misère du régime. Pendant ce temps, se glissent discrètement vers un ailleurs meilleur nos chances pour des lendemains qui chantent : ceux qui ont réussi partent, ceux qui réussiront partent plus vite encore (clic).

Reste le Veau national, qui persévère dans une épargne soutenue de ses disponibilités ne consommant que le nécessaire. Le taux d’épargne est presque un record mondial. Ce qui peut s’expliquer d’une bien curieuse façon ; du moins commence-t’on à l’expliquer ainsi dans les couloirs des ministères où circule l'épouvantable idée d'un amalgame de la nation et de l'Etat, la première devant assurer la survie du second quoiqu'il en coûte. Ouvrez vos oreilles :

Les Français ont une capacité d’épargne plus importante parce qu’ils bénéficient de prestations sociales de tous ordres bien plus élevées que les autres. Les prélèvements sur la richesse nationale que l’on dit rédhibitoires pour la santé économique du pays seraient donc compensés par des bas de laine énormes. Plus simplement, les déficits budgétaires et sociaux alimenteraient certes la consommation mais surtout l’épargne privée en bout de tuyau. Il faut être demeuré pour ne pas comprendre qu’il faudra inverser le flux pour sauver le pays et surtout le régime socialiste, et que l’épargne privée sera confisquée d’une manière ou l’autre pour boucher les trous. Comme en Argentine jadis ? Le FMI est déjà d'accord***, nous dit son directeur général français, Christine Lagarde : on commencera à taxer l'épargne des ménages à dix pour cent. Qu'en disent les candidats au pompon ?
Salut les c… !

* Sobriquet donné par Dominique de Villepin aux députés français qui lui reprochaient de ne pas être des leurs.
** Qualificatif utilisé par le ministre de l'Intérieur du land de Berlin pour les "réfugiés" de Mme Merkel.
*** cf. Business Bourse (clic) d'il y a un an.

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Arès

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« Très puissant Arès, fardeau des chars, au casque d'or, au grand cœur, porte-bouclier, sauveur de villes, armé d'airain, aux bras vigoureux, infatigable, puissant par ta lance, rempart de l'Olympe »

Juste avant l'ouverture du combat de coqs, ce billet est paru sous le titre Pour faire la guerre, il faut un chef...à la rubrique Les libres propos de Catoneo dans Le Lien Légitimiste n°70 tombé dans les boîtes aux lettres la veille de la Saint-Louis (p.3 et 4). Il se termine sur l'absence visible d'un chef capable de mener la reconquista, mais il appelle une suite au gré des révélations. Il entre en archives Royal-Artillerie sous le libellé LLL.

C'est le dieu de la guerre à outrance qu'invoque le vieil Homère. On serait bien en peine de trouver son avatar moderne dans notre classe politique française affairée aux prébendes. Et pourtant ! C'est de pugnacité autant que de stratégie dont nous avons besoin maintenant, pour vaincre l'ennemi intérieur sans verser dans une effroyable guerre civile. Car on sait depuis l'antiquité que montrer sa force et ôter tout doute de son application aveugle est le plus sûr moyen de maintenir la paix en période de turbulences. Lyautey en avait fait sa devise au Maroc.

Didier Tauzin, général en retraite et candidat à la présidentielle de l'an prochain, déclarait au lendemain du carnage de Nice : "Dans la situation qui est la nôtre, laisser en place certains responsables politiques devient presque criminel. Il faut des gens sérieux au pouvoir et ils ne le sont pas." Car si nous sommes en guerre comme le crient messieurs Fillon et Valls, nous devons nous armer en conséquence, sur le plan du commandement d'abord. C'est bien tout le problème d'une démocratie engoncée dans le calendrier électoral hors duquel toute réorganisation relèverait du coup d'Etat. Le président Hollande, dont les pouvoir excèdent ceux du Roi Soleil, n'a aucunement la carrure de l'emploi même si les opérations extérieures dans lesquelles il nous a engagés sont plus heureuses que moins, avec l'appui indéfectible de l'allié américain. Mais contre l'ennemi intérieur ouvertement déclaré, il est tétanisé par les effets collatéraux et peut-être électoraux des mesures indispensables que la nation attend de lui. On touche ici au défaut premier de la démocratie : la réélection ! Si banal pour les monarchistes qu'il est inutile de s'y étendre.

Le meilleur système de surveillance et de prévention des révoltes - et le nôtre a tous les moyens nécessaires sur le papier - ne tiendra pas plus longtemps que son plus faible maillon, le facteur humain de mise en œuvre. La vacuité des ministres, la logorrhée du président, la guérilla des administrations retranchées derrière la juridisation méticuleuse des procédures, l'essoufflement des unités de terrain engagées dans une agitation sécuritaire ne visant qu'à calmer le bon citoyen, tout cela augure mal d'une victoire à court terme. Et sur le long terme ?
Les indicateurs remontant des cités signalent que les adolescents arrivant à l'âge de faire des bêtises seraient encore plus remontés que leurs aînés contre la France. Qu'on ne s'en étonne pas, trente ans de reculades et de gros yeux ont définitivement émoussé l'autorité de l'Etat détenteur de la violence légale qui devait contenir leurs revendications. On voulait calmer les banlieues de la diversité en débondant les crédits d'accompagnement des politiques urbaines, en vain. La haine a gagné. La peur du gendarme a disparu. L'Etat est caillassé ! La situation peut donc encore empirer et ce, quelle que soit l'issue de la guerre syrienne contre l'Organisation de l'Etat islamique dont l'extinction signerait, dit-on, notre victoire. Notre victoire contre qui... contre quoi d'ailleurs ? l'islam sanglant dérivé du wahhabisme séoudien ? la dictature féroce du clan Assad ? la revanche des loups sunnites du désert irakien contre les moutons chiites ? la base invaincue du terrorisme mondial Al-Qaïda ? Personne ne peut démontrer, comme le proclament les communiqués du conseil de défense de l'Elysée, que l'éradication de Daech terminera également la subversion de notre société. Nous en serions heureux, mais le flambeau de la barbarie sera ramassé par quelqu'un d'autre ! Il faudra autre chose qu'un arsenal défensif de surveillance électronique pour retrouver l'insouciance bien française que le monde nous enviait. A moins que par un miracle inconnu, les musulmans extirpent eux-mêmes les fous de Dieu de leurs communautés et les traînent en justice pour atteinte à la sûreté de l'Etat, il faudra passer à l'attaque. A l'attaque des barbares sur notre sol, le plus souvent nés de notre sol. Derrière qui ? Nul n'imagine messieurs Hollande ou Cazeneuve aux Thermopyles et l'avertissement du général Tauzin est de pleine actualité, sauf à considérer l'impétuosité du Premier ministre comme la prémisse de velléités guerrières. Mais M. Valls les a tous contre lui et ne peut pas actionner les leviers du domaine réservé complètement chiraquisé par l'Elysée ! Alors nous sommes bloqués dans la rhétorique de préau jusqu'en mai 2017 et nous serons submergés de déclarations, postures avantageuses et promesses inoxydables par tout ce que le pays compte de politiciens avides de démonstrations définitives jusqu'à ce que nous nous rendions compte que le régime imposé a sélectionné le fond du panier et qu'il se trouve pris dans la mélasse de la médiocrité quand ce n'est pas de la lâcheté.

Bien sûr, la société française produit toujours autant d'esprits brillants, de caractères affirmés, de gens formidables, mais plus aucun de ceux-là ne s'investit dans la politique tant l'image de cette forme d'action sociale a été dégradée par la classe aux affaires. Notre excellence est dans la recherche, les nouvelles technologies, les sciences exactes, l'aventure de l'entreprise et le courage de l'exploration. La politique salit !

Aussi, quand apparaît sur scène le vidangeur de la caste en défaut, peut-on faire autrement que de lui prêter main forte ? Surtout si son projet croise nos préférences institutionnelles et s'il déploie son raisonnement autour du domaine régalien, notre marotte. Bien sûr, monsieur Tauzin ! sauf que le Monk nouveau n'est pas encore arrivé. Il négocie, déjà ! Quand d'un côté il affirme à juste raison que l'islam est par essence conquérant et hégémonique, il prévient aussi dans la même journée que les musulmans sont innocents des crimes commis en son nom puisque la conquête par le sabre est ontologique à leur religion. C'est un peu tordu mais pas si rare dans le microcosme politique où la parole est réglée sur l'effet d'opinion. Ainsi en va-t-il par exemple du parti gaulliste de M. Dupont-Aignan et de ses accointances avec Fils de France, une agence électorale de l'UOIF exploitant le filon chevènementiste d'un Islam de France. Pour combien d'autres petits partis en mal de soutiens, l'islam francisé est-il la solution ? Le ministre des cultes Sarkozy leur avait montré la voie avec le CFCM. Et chacun de courir à la protection du crépis des mosquées, aux cantines sans porc, à la victimisation des dévots amalgamés aux assassins, au financement des associations culturelles halal, jusqu'aux baux emphytéotiques qui contournent la Loi de 1905, pour à la fin nous suggérer que Michel Houellebecq est moins un écrivain qu'un prophète dans son roman Soumission.

Le combat commence par un assaut du microcosme politique qu'il faut dégager des listes à l'occasion du renouvellement des Chambres. Il se continuera par la mise en œuvre de nos lois sans trembler, quelles que soient les injustices provoquées par l'annulation des nombreuses dérogations clientélistes qui les brident, jusqu'à l'exil ou l'expulsion des résidents nationaux ou étrangers menaçants, afin de retrouver un jour la paix civile. En l'utilisant dans sa globalité, notre Etat de droit suffit à nous défendre. Ne perdons pas de temps en propositions législatives et en amendements ; portons au pouvoir en 2017 ceux qui sauront combattre pour le vieux pays, car l'homme prime les moyens ; et gouvernons par ordonnances : "La guerre est un art simple et tout d'exécution", disait Bonaparte. En attendant le général pugnace et déterminé qui va nettoyer les écuries d'Augias, écoutons nos princes, quand ils nous parlent.

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Le Lien Légitimiste
2 Le Petit-Prix
37240 La Chapelle Blanche Saint Martin

Abonnement électronique à 10 euros (6 n°)


Postcriptum du 25 août 2016 :
Au moment où paraissaient ces lignes, le prince Louis de Bourbon avait décidé de nous faire mentir en publiant un long communiqué ciblant l'ennemi intérieur et dénonçant notre affaissement moral. Extrait : le mal qui atteint la France me parait double. Il y a d’abord une guerre de civilisation, déclarée par un ennemi plus ou moins visible et insidieux, et que désormais les gouvernants semblent enfin désigner par son nom mais, surtout, une très profonde et grave crise morale ou d’identité, sorte de cancer de l’intérieur qui nous affaiblit tout autant, peut-être même davantage, que l’ennemi désigné... On peut en prendre connaissance dans son intégralité sur le site du Salon Beige en cliquant ici.

Des royalistes partout !

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L'Alliance royale a commandé un sondage à l'agence BVA. Il mesure l'évolution de l'opinion par rapport au sondage de 2007. C'est une excellente idée. Autant les données brutes sorties du questionnaire restent sujettes à caution (qu'y a-t'il derrière les mots ?) autant la comparaison sur dix ans est parlante. Pour mémoire voici les résultats donnés par l'agence BVA avec les comparaisons qui vont bien :

(SOURCE)
(a) Un français sur trois pense qu'un roi de France à la place du président de la République française améliorerait l'image et la cohésion sociale, contre un sur quatre précédemment ;

(b) Un français sur trois voterait bien pour un candidat royaliste au premier tour de la présidentielle contre un sur cinq précédemment ;

(c) 17% des Français seraient des royalistes assez convaincus (proportion inchangée en dix ans)

Sans diminuer les mérites des mouvements royalistes, on peut suggérer que les deux derniers titulaires de la fonction présidentielle ont bien "aidé" à l'élan monarchiste. Mais l'important reste la progression quelles qu'en soient les causes. Mieux, c'est sans doute la meilleure nouvelle depuis des lustres pour les monarchistes ! On nous disait morts, disparus des écrans, confits en mémoriel, drôles, sympas, bizarres, groupusculaires ! Et bien c'est tout l'inverse !

Certes, ce que dit le sondage est fortement connoté Gala et Gotha. Les Français admirent les monarchies du Nord et l'espagnole sans doute aussi, qui préviennent ces pays de se voir représentés par tous ces foutriquets dont notre classe politique a le secret. Les listes des primaires sont à cet égard terrifiantes. Il me souvient que Jack Lang (agrégé de droit public) acceptait jadis l'idée de remplacer la course à l'échalote présidentielle par un monarque pérenne qui renouerait avec la dignité ancestrale. Dernièrement c'est Emmanuel Macron, la coqueluche éphémère des médiats, qui suggérait la même chose. Alors quoi faire ?

D'abord cadrer le projet sur les attentes de l'Opinion aussi longtemps qu'on décidera de passer par elle. Les gens qui parlent de roi attendent la pointe de pyramide et sans doute pas plus pour l'instant ; c'est d'une révision constitutionnelle qu'il s'agit. Saurons-nous limiter nos impatiences à la substitution d'un président élu chaque cinq ans par une famille royale ? J'en doute beaucoup sauf à confiner la fonction dans les termes précis de la constitution de 1958 qui laissent toute la politique au Premier ministre. Le Chef d'Etat, protecteur de la Justice et dernier arbitre dans les affaires étrangères et militaires aurait de quoi occuper ses longues journées. Nul ne le verrait intervenir dans les affaires publiques et cela ôterait bien des récriminations aux partis hostiles qui ne s'impliquent jamais dans ces domaines réservés.

Faut-il dès lors un candidat royaliste pour proposer la Constituante en 2017 ? Pas avant d'avoir répondu à la question qui tue !

Dans sa campagne de 2007, Yves-Marie Adeline Soret de Boisbrunet s'était heurté régulièrement à la question du prince. Ses interlocuteurs, peut-être peu emballés par une plateforme politique trop construite et touffue (cf. sur Royal-Artillerie), lui demandait quel serait le roi. Et lui, dans l'axe de neutralité qu'il s'était imposé, bottait en touche en signalant que le moment venu, on trouverait très facilement le capétien ad hoc ! Ce qui déplaisait. Les Français ne sont pas si conceptuels qu'on le dit et préfèrent l'incarnation du principe au principe lui-même, d'où leur quête de l'homme providentiel, même dans une société réputée athée. Alors si l'Alliance royale compte capitaliser sur le sondage qu'elle a commandé pour entrer en campagne, elle devra se choisir un champion et son candidat obtenir l'adoubement. Bon courage.

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Yves-Marie Adeline, fondateur de l'Alliance royale

PS : Royal-Artillerie est à ce jour le seul site donnant accès au sondage original de BVA.
Question ?


Onze-Septembre quinze ans déjà

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Demain nous commémorerons les quinze ans de l'attaque islamique du Onze Septembre sur les tours jumelles de New York. D'autres que nous et ailleurs "fêteront" l'événement. Qu'ils brûlent en enfer !

Le Mémorial est enfin terminé. Les fondations de chacune des deux tours sont marquées par deux bassins carrés avec un effet de fontaine en cascade où l'eau disparait dans le sol. Un musée enterré commémore la tragédie, un mausolée renferme tous les restes humains que l'on n'a pas pu identifier - ils représentent près de la moitié des 2763 victimes sur ce site. Le lieu est devenu un point d'attraction majeur de la ville de Manhattan.


L'attaque restera dans les annales historiques non seulement comme le déclencheur de la dernière croisade au Moyen Orient mais surtout comme la preuve de la haine inextinguible de l'Islam à l'endroit de l'Occident indiscriminé : souvenons-nous que la plupart des terroristes étaient séoudiens, donc non impliqués dans le syndrome colonial antérieur dont on nous rebat les oreilles chaque jour que Dieu fait.

C'est aussi à partir de cet événement que fleurirent le plus largement toutes les théories complotistes sur l'invasion des lézards, jusqu'à nous expliquer qu'on avait marché sur la Lune dans un studio d'Hollywood, à croire que cette pathologie vieille comme l'an mil fut disséminée par l'onde de choc de l'effondrement des deux tours. Ceci est sans intérêt pour la suite, même si des professeurs imprudents comme Aymeric Chauprade y perdirent beaucoup de considération et leur emploi.

Après 2977 morts (on ne comptera jamais les 19 salopards) liquidés en deux heures au cœur battant de l'Occident, on aurait pu croire que les Etats-Unis lanceraient une guerre mondiale de nivellement de leurs contempteurs. Au lieu de quoi, l'Administration américaine, à la pointe de la naïveté, décida de forcer en Islam son modèle de way of life et sa démocratie. On a oublié que l'Eglise évangélique américaine débarqua derrière les chars Abbrams avec des wagons de bibles pour te convertir tout ça en trois coups de queuillère à pot !

Deux pays (et pas trois) avaient le bagage nécessaire pour comprendre le schmilblick, la France au Quai d'Orsay et la Grande Bretagne au Foreign Office. On n'a pas encore expliqué pourquoi le Premier britannique, Tony Blair, a poussé George W. Bush à écraser la termitière arabe, d'autant que sa diplomatie est à l'origine de toutes les zones de friction rémanentes dans son ancien empire. La France, qui pour une fois prévint tout le monde de l'erreur monumentale qui s'annonçait, fut copieusement insultée par Washington et tout ce que comptait les Etats-Unis de "patriotes" jusqu'à faire disparaître les French Fries des menus ; jusqu'à ce qu'apparaissent un an plus tard à l'arrière des automobiles des stickers "What If The French Were Right". Beaucoup présageaient que l'affaire serait très longue et que ses répercussions seraient planétaires. L'avenir se charge de leur prouver chaque jour qu'ils avaient raison.

Le traitement des causes profondes de l'attaque inattendue du Onze Septembre qui devaient pivoter sur une nouvelle stratégie énergétique n'était pas du niveau de l'Administration Bush-Cheney-Rumsfeld. Ils préférèrent la guerre infondée que pour une fois ils ne risquaient pas de subir physiquement - une presse américaine les affubla du sobriquet de faucons mouillés - mais qu'ils pourraient commander depuis le bunker climatisé plein d'écrans de télévision comme dans un jeu vidéo.

Deux pays majeurs de l'Occident, abonnés à la démocratie sous la loi animale du Nombre, avaient appelé à la passerelle le tréfond du panier, Blair ici, Bush là-bas. Nous n'avons pas fini de le payer... et de le revivre puisque nous sommes toujours en démocratie sous la loi du Nombre, et que l'on parle outre-atlantique de mettre sur le pavois un affairiste extraverti coiffé d'un chien de prairie mort ! Que nous promet-on en France pour vaincre en 2017 les métastases de l'Organisation Etat Islamique qui vont retomber partout ? Le Flan ! J'en tremble.

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Essai de géopolitique djihadiste

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Le billet donné par le Piéton du roi au Lien légitimiste pour sa 70ème livraison a été augmenté par le rédacteur-en-chef d'un cadrage plus large. Le voici donc en complément d'Arès publié ici le 29 août dernier. Les illustrations ci-dessous ont été ajoutées par Royal-Artillerie.

Le grand désordre que nous subissons est imputé par beaucoup à l'islam qui force sa place non seulement dans les croyances individuelles mais sur tout l'espace social car cette religion est littéralement totalitaire. Elle ne distingue pas Dieu de César. Alors se pose la question existentielle de savoir si l'islam est l'otage du choc des civilisations qui aurait créé l'islamisme ou bien s'il est la principale infanterie de cette confrontation ? Est-il le vecteur involontaire ou sournois de l'islamisme, ou bien sa victime ? C'est tout le dilemme. Et tant que les présidents des confréries musulmanes n'auront pas tranché le nœud gordien qui selon eux les étouffe, en proclamant que la France n'est pas une terre d'islamisation, de par son histoire universelle et ses mœurs politiques, les pouvoirs du moment oscilleront entre confinement indulgent et répression, selon l'état de l'Opinion. Autant dire la pire politique ! L'affaire est de longue mèche ; elle fuse depuis la décolonisation.

Dans un éditorial donné le 20 juillet dernier (après l'attentat de Nice) au site d'information numérique Vexilla Galliæ, le prince Charles-Emmanuel de Bourbon Parme analyse les causes premières du djihadisme : « Lorsque nos dirigeants nous expliquent, la voix ferme et le regard dur, que cet attentat n'est que l'un des premiers dans une guerre qui commence, ils se trompent et ne nous rendent pas service en ne nous disant pas toute la vérité. En effet, la grande confrontation entre le monde occidental et l'islam radical a commencé peu à peu avec les conflits de décolonisation où la religion servit souvent de catalyseur aux populations révoltées. L'islamisme réveillé dans la lutte contre la présence européenne a pris, par la suite, tous les visages. Se cachant sous les oripeaux de l’État socialiste, de la guérilla libératrice, de la révolution nationaliste, il a, en vérité, doucement progressé avec des confréries, au fur et à mesure de l'arabisation des sociétés décolonisées.»

Nonobstant, les luttes d'émancipation de l'Orient compliqué furent le plus souvent laïques dans le droit fil de la révolution kémaliste turque, et c'est bien à partir de l'Afghanistan que s'y agrège la composante djihadiste, donc islamique. Kémal Ataturk fut le précurseur, il abattit le Califat ; le Bloc national des capitalistes syriens de Choukri al-Kouatli chassa les Français ; en Irak, Abdul Karim Qasim coupa les ponts avec la Grande-Bretagne, c'était un marxiste ; lui succèdera le parti laïque Baas ; Nasser, Khadhafi, Bourguiba, Boumédiène, aucun de ceux-là n'étaient des lideurs confessionnels. Leurs successeurs (Inönü, Assad, Saddam Hussein, Moubarak, Ben Ali, Bouteflika...) encore moins. La seule exception fut Anouar el-Sadate, un homme de grande piété en toute modestie.

Autres temps autres mœurs
Un demi-siècle plus tard, cette émancipation fondamentalement républicaine et laïque est subvertie d'un côté par le chiisme intégral de Qom et d'un autre côté par par un wahhabisme médiéval qui trouve sa source en deux endroits : la théocratie séoudite et la confrérie des Frères musulmans égyptiens. La première citée disposait jusqu'à il y a peu de ressources illimitées pour pousser sa cause partout ; on parle de deux centaines de milliards de dollars. La seconde dispose de la méthode imbattable développant un socle caritatif de proximité. L'islam trouve un écho dans tous les peuples du Croissant vert comme le dit le prince de Bourbon-Parme et ce sont les Américains qui pour faire pièce aux Russes empêtrés dans une guerre de montagne, firent vibrer cette corde islamique contre le marxisme athée du Kremlin. Ils armèrent à profusion les bandes d'insurgés afghans avec du matériel récent jusqu'au succès que l'on sait, et instruisirent au combat des chefs naturels qui en faisaient la demande comme Oussama Ben Laden. Jusque là disposant de sabres et de pétoires, les moudjahidines accédèrent aux dotations qui permettaient de composer des unités de combat modernes. Ainsi ce ne sont plus des bandes hirsutes qui entrèrent dans Kaboul en 1992 mais des compagnies complètes. On verra resurgir des unités constituées sur le modèle réglementaire en Irak, bien aidée en cela par la bourde énorme du proconsul américain, Paul Bremer, qui débanda l'armée baassiste de Saddam Hussein, fournissant les cadres instruits et une organisation militaire offensive à la nouvelle antenne irakienne d'Al-Qaïda, devenue plus tard l'Etat islamique en Irak et au Levant après le pillage des arsenaux de Mossoul.




Que ce soit en Afrique ou au Moyen Orient, les bandits assassins sont devenus des unités formées, équipées, bien armées, même si elles trafiquent de tout pour glaner des ressources. Autant le rezzou religieux ne pouvait tenter le jeune citadin européen peu enclin à bivouaquer longtemps dans le désert, autant l'incorporation dans une armée moderne inscrite dans un Etat factuel est valorisante. La cause n'est pas perdue, au contraire elle est proclamée gagnante. Et l'issue plutôt favorable qui se dessine dans l'élimination de l'Etat prétendûment islamique ne gommera pas la professionnalisation du djihadiste dans sa tête. Il est devenu un soldat, et revenu à la maison bientôt, il aura acquis les réflexes des forces spéciales infiltrées, du moins le croira-t-il, renforçant ainsi sa détermination (*ndlr).

L'analyse du prince de Bourbon-Parme cadre bien le problème mais ne va pas jusqu'à sa solution. Si tous nos princes admettent que l'islam n'est pas endémique en France, ils n'ont pas pris position sur un islam génétiquement modifié, adapté aux mœurs de la nation. Leur critique récurrente des erreurs de la République ne doit pas primer la rénovation de la charpente confessionnelle du pays qui prendra en compte tous les paramètres historiques et d'actualité. Ce chantier (**ndlr) est lancé par les pouvoirs publics. La laïcité à la française à l'évidence n'est plus la réponse utile ! C'est donc maintenant plus compliqué pour nous aussi.
C.-F. 25/08/2016


NDLR :
(*) Il s'agit du format de la guerre asymétrique 3.0 qui va succéder au califat de l'OEI effondrée à Raqqa.
(**) C'est le chantier confié à Jean-Pierre Chevènement par la Hollandie en déroute.


Profiteroles

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Il n'y a rien d'important d'ici au débat Clinton-Trump du 26 septembre. Ce billet sera donc pur remplissage. Tout est de savoir si le magnat newyorkais va tuer politiquement le fondé de pouvoir de l'autre establishment, ce qui ne serait pas une bonne idée pour lui car elle est une proie facile. Va-t-il dégager ce faisant la voie d'accès à la Maison blanche pour le chien de prairie mort qu'il porte sur le crâne ?

Si l'élection du 8 novembre amène Donald Trump au pouvoir suprême de l'Occident, nous entrerons dans une ère nouvelle où tout reste à écrire. 2017, année première en arithmétique, année zéro de la reconquista apocalyptique ? A défaut de quoi nous connaîtrions l'amateurisme de la dinde cupide de l'Arkansas, sous influence et médicaments spéciaux inscrits au tableau B, une agonie dans le droit fil du déclin obamesque.



Pendant ce temps, celui qui nous sert de tête de Turc dans la brume crépusculaire d'un quinquennat raté, a décidé de jouer au musée Grévin lors de la journée nationale du patrimoine. Renouant avec le Grand Lever du Roi-Soleil, Le Flan a pris la pose pour "animer" le bureau présidentiel devant les badauds incrédules. La serviette d'huissier posée près de la table signale qu'il ne fait que passer. Quatre heures de queue ! Les communicants infernaux de François Hollande nous ont épargné la contemplation populaire du couple présidentiel en action dans la chambre à coucher de la Pompadour.

Cliché diffusé par les Services de l'Elysée


On savait que le peuple estime avant tout la considération qu'on lui porte. L'accueil du locataire au bas du perron devant la foule des curieux pour singer l'accueil des hauts personnages étrangers peut être pris pour une moquerie, et la mise en scène de sa propre nullité en fonction enfonce le clou : tout ceci n'a réellement aucune importance, semble-t-il expliquer.

Pas plus que le carrousel des prétendants à sa succession qui nourrit en continu les chaînes d'information éponyme.


Vous reprendrez bien des profiteroles ?



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De l'abdication des rois de ce temps

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SM Akihito 125è Empereur du Japon
Le Japon se prépare à l'abdication de sa majesté impériale qui dans son discours¹ à la nation du 8 août dernier, la demande. Il met en avant l'âge et ses misères physiologiques rapportées à une fonction iconographique, incarnative, intercédante avec les puissances célestes, ce qui est contradictoire en un sens. Demi-dieu sur terre du Japon éternel, il devrait mourir tranquillement à son poste, la succession étant assurée. Tant que tourne la lentille du phare on n'en change pas et la présence ressentie de l'empereur suffit. Il fut dans l'histoire des souverains invisibles et très puissants, voire craints dans leur silence. Est-il nécessaire de sortir au balcon pour être roi ?


Contrairement aux royaumes d'Asie où peuvent régner des ombres, la situation est différente chez les monarchies européennes où la fonction représentative est bien plus harassante puisque la seule exercée publiquement. Consulter le programme des maisons royales qui est affiché jour après jour sur le site de Régine Salens Noblesse & Royautés vaut mieux qu'un long discours. Même la lointaine monarchie hachémite de Jordanie n'y déroge pas. La plus belle reine du monde est de tous les événements jusqu'à épuiser ses couturières, le petit roi arrive à la suivre parfois.

Ce sont les reines des Pays-Bas qui avaient ouvert la voie de la retraite, abdiquant de leur vivant, qui Wilhelmine en faveur de Juliana, celle-ci en faveur de Beatrix qui à son tour cédera le trône à son fils Willem-Alexander. Le Grand Duc Jean de Luxembourg a de même passé la main à son fils Henri tout comme le prince Franz-Joseph II de Liechtenstein en faveur de son fils Hans-Adam II. Les plus marquants furent les retraits du roi Juan-Carlos d'Espagne en faveur de son fils Felipe VI et du roi des Belges Albert II en faveur de son fils Philippe. On ne peut parler d'abdications sans évoquer celle du pape Benoît XVI, fin théologien et piètre dictateur, à ceci près qu'il ne put désigner son successeur.

Le prince des Asturies devient Felipe VI
Ces successions du vivant du titulaire deviennent une heureuse coutume. Les monarchies modernes ne souffrent pas la diminution des capacités du prince en charge. Qu'on se rappelle la mise en péril de la dynastie espagnole par l'accident de chasse à l'éléphant du roi d'Espagne et les révélations que cet outrage écologique a débondées sur sa vie privée. Le royaume fait face à de sérieux ennemis, à commencer par les Basques et les Catalans, sans parler de la révision constitutionnelle appelée par la succession de deux filles qui oblige à revenir aux Partidas d'Alphonse X. Tous ces rois prématurés tiennent leur rang avec dignité et mènent les affaires avec sagacité et transparence. Ils savent le poids de l'Opinion sur leur avenir. Leurs épouses sont toutes un soutien efficace et remarquables la plupart du temps.


Reste à part la mère de toutes les monarchies constitutionnelles. La reine d'Angleterre va atteindre les soixante-cinq ans de règne. Elle aura épuisé quatorze premiers ministres et se sent d'attaque pour continuer, au détriment de son fils aussi mal marié que remarié et plutôt insaisissable quant à ses intentions. Le Royaume uni a fait sienne l'idée de passer le relais entre elle et son petit-fils William, duc de Cambridge, qui avec son épouse inséparable s'active comme l'héritier imminent de la couronne britannique.

- un parfum d'éternité -


La monarchie étant un régime de chair et de sang, a cet avantage sur les régimes froids, de l'adaptation. La "coutume" se crée en continu. Nos rois de France n'abdiquaient pas, seule leur mort était le signal du renouveau. Souhaitons que les sages qui veillent aux lois fondamentales du royaume de France sachent le jour venu en adapter les dispositions aux circonstances, ce que les anciens n'avaient jamais cessé de faire du vivant de la monarchie avant que leurs lointains successeurs ne les figent dans des concepts hors du temps quand la monarchie fut morte. Les Lois sont une indication, un cadre, un canevas, un scénario. Elles évolueront à nouveau lors de la renaissance du royaume, naturellement. Pour le moment, gravées dans le marbre funéraire d'un régime disparu, elles nous servent de main courante sur la via ferrata de la restauration ; mais il faudra bien quitter un jour les parcours touristiques escarpés et entrer dans la vraie vie des nations.


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De la démocratie américaine en période électorale

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Bonjour, c'est lundi. Première semaine d'une période électorale agitée. Les primaires se suivent et se ressemblent : un seul mot, séduire ! Par tous moyens même loyaux, scabreux ou franchement dégueulasses, l'extraction de voix est un métier de mineur où tous les coups de grisou sont permis. Ne restent propres sur eux que certains "petits" candidats impatients de sauver le pays mais qui vont se résoudre bientôt à limiter leur propagande au témoignage de bonnes idées invendables, car la presse n'en met aucune en rayon. Parmi ces moines prêcheurs nous saluons le candidat de l'Alliance royale, Monsieur de Prévoisin. Qu'il accepte ici les encouragements qu'il mérite.

Reste le saut dans l'inconnu. Un des meilleurs essayistes vivants de ce temps avait pondu jadis un livre remarquable sur notre atlanticité sous le titre de L'Edit de Caracalla (chez Fayard, 2002), dans lequel il était question de donner la citoyenneté américaine à tous les ressortissants de l'Occident. Cette chimère de Régis Debray nous aurait conduit aujourd'hui à voter à la présidentielle américaine pour départager le brillant charlatan républicain - mais qui a fait ses preuves dans le béton banché - et la Dinde de l'Arkansas qui me rappelle furieusement notre Ségolène Royal nationale, mais en plus cupide, moins belle, même carrément mégère ! Arrêtons-nous un instant sur leurs programmes qui fatalement changeront les nôtres à l'échéance :

Celui de la candidate de l'establishment démocrate, Hillary Clinton, se résume pour nous en une phrase : plus de social-démocratie contre le chien fou capitaliste de New York. A lire ses propositions (clic), on les croiraient sorties des cuisines de Solférino. Le programme affronte trente-neuf défis essentiels - ce que nous ne disputerons pas - mais qui semblent trop nombreux et trop lourds pour la future administration Clinton H. A la fin, cela tourne au racolage démagogique, même si le candidat républicain fournit lui-aussi à forte dose ; c'est la loi du genre.

Voici pour mémoire les trente-neuf chapitres comme sur un tapis-roulant tels que les présente le site démocrate. Nous connaissons toute cette logorrhée socialiste chez nous, donc développer serait oiseux, à la limite pénible :

(i) Aggravation de la pression fiscale sur les plus riches ;
(ii) Lutte contre les narcotiques et l'alcool ;
(iii) Une économie au service de tous ;
(iv) En finir avec l'Alzheimer ;
(v) Aider les autistes ;
(vi) Réforme du financement des campagnes électorales ;
(vii) Harcèlement sexuel sur les campus ;
(viii) Réchauffement climatique et création de la superpuissance énergie propre ;
(ix) Combattre le terrorisme et rendre le pays plus sûr ;
(x) Réforme judiciaire en direction des minorités les plus contributives au crime ;
(xi) Soutien aux handicapés ;
(xii) Ecole maternelle ;
(xiii) Réparer les infrastructures américaines en capilotade ;
(xiv) En finir avec les attaques armées ;
(xv) Sécurité sociale universelle pour tous les Américains ;
(xvi) Lutte contre le SIDA ;
(xvii) Politique du logement des travailleurs pauvres ;
(xviii) Réforme du système immigratoire et régularisations ;
(xix) Augmentation des emplois bien payés ;
(xx) Réforme de l'Education nationale et de la carte scolaire ;
(xxi) Amélioration des droits syndicaux ;
(xxii) Droits égaux pour les LGBT ;
(xxiii) Réforme des droits d'inscription dans les collèges et universités ;
(xxiv) Fabriquer américain ;
(xxv) Soigner les fous ;
(xxvi) Maintenir le niveau et la puissance des armées américaines ;
(xxvii) Améliorer la sécurité intérieure ;
(xxviii) Créer un congé parental ;
(xxix) Protéger la vie sauvage, les animaux et interdire la viande de cheval ;
(xxx) Déracialiser la justice ;
(xxxi) Soutenir les communautés rurales ;
(xxxii) Soutenir les PME ;
(xxxiii) Développer l'assistance publique à la santé (Medicare gratuit) ;
(xxxiv) Privilégier la technologie et l'innovation ;
(xxxv) Soutenir les anciens combattants et leurs familles ;
(xxxvi) Défendre le droit de vote et les droits civiques ;
(xxxvii) Réformer Wall Street ;
(xxxviii) Egalité des droits des femmes ;
(xxxix) Formation professionnelle pour tous.
Voilà !
N'avons-nous rien oublié ? Qui saurait le dire. Peut-être le moteur à l'eau de mer qui libérerait les automobiles des énergies fossiles. Il nous semble que le programme est faible à l'international, et pourtant c'est un ancien Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères qui se présente aux suffrages du peuple américain. Mais c'est un point discuté contre elle, qui n'a pas imprimé sa marque sur la diplomatie américaine, comme le firent Madeleine Albright ou Condoleezza Rice dans cet emploi.


Du site de campagne (clic) de Donald Trump nous rapportons treize chapitres. Le programme est moins convenu (c'est peu dire), il terrorise une partie de la classe politique, donc nous développerons un peu plus les propositions, renvoyant le lecteur à leurs sources :

I.- Réforme de l'administration chargée des anciens combattants
On peut résumer les dix propositions du candidat républicain en discrimination positive de ceux qui se sont battu pour les Etats-Unis.

II.- Réforme fiscale profitant à la classe moyenne basse
Simplification des règles et procédures, abrogation des niches fiscales, meilleure cotisation des tycoons (comme lui). Jusque-là que du classiqueà la différence près qu'il risque de faire cette réforme fiscale !

III.- Réarmement général des armées payé par des économies de gestion
C'est sans doute la chimère la plus grosse du programme avec le mur mexicain, car la réforme de la gestion des programmes militaires est quasiment infaisable tant ce domaine est imbriqué dans l'industrie et la politique des Etats. Tout nouveau programme de construction sera financé par le déficit fédéral bien avant que ne se fassent sentir les économies obtenues par le licenciement d'effectifs en double ou en triple, et ils sont nombreux mais souvent inexpugnables (clic).

IV.- Privatisation et décentralisation de la Sécurité sociale
il s'agit de dénationaliser l'Obamacare qui est une véritable usine à gaz, mais qui a le mérite de poser les bonnes questions.
Le programme républicain est cohérent mais convoque l'adhésion des cinquante Etats qui pourraient être séduits par un dispositif intelligent d'assurances sociales créé sur place. C'est certainement le chapitre le plus crédible du programme. A voir (clic).

V.- Débonder la production énergétique américaine tout en améliorant l'environnement
Extraire du gaz de shiste partout et excaver du "charbon propre" plaira aux chômeurs mais moins aux écologistes. Faire de cette politique énergétique un pivot de la politique étrangère des Etats-Unis n'est pas une nouveauté. Cela fait un siècle qu'il en est ainsi pour l'or noir. Incantations (clic) ?

VI.- Paix sociale : c'est le chapitre racoleur s'il en est et le plus fourni aussi, qui s'ouvre par un hymne à l'inviolabilité de la Constitution avec un effort particulier sur la Cour Suprême. Bien sûr, on commence par le fameux Deuxième Amendement qui octroie la permission de défense personnelle, mais l'application du texte à la lettre pourrait surprendre bien des cotisants à la NRA car il n'y est nulle part écrit que les cowboys puissent défourailler où et quand bon leur semble.
Mais l'essentiel est dans le combat musclé contre la criminalité qui certainement enthousiasmera le président des Philippines Rodrigo Duterte et serait de bonne application chez nous.
Mérite le détour (clic).

VII.- Economie et emploi
Créer vingt-cing millions d'emplois nouveaux en dix ans. Easy ! Les réformes sociales et économiques vont booster la croissance actuelle de 2% à 3,5% et même 4% à terme. Donc ce 1,5% d'augmentation créera mécaniquement les emplois nouveaux selon la règle éprouvé de 1,2 millions d'emplois par an pour 1% de croissance en plus. Le calcul est détaillé ici (clic).

VIII.- Commerce international (7 mesures)
On jugera la méconnaissance des affaires commerciales internationales chez le candidat républicain en ce qu'il a sélectionné les points les plus café-du-commerce sans savoir aller au fond des choses qui sont bien plus complexes.
(1) Se retirer du Partenariat Trans-Pacifique (ce qui annonce un retrait symétrique du TAFTA. Youpi !) ;
(2) Nommer des pointures dans les négociations commerciales capables de défendre les travailleurs américains (c'est pas cher);
(3) Chasser les violations des accords commerciaux chez les partenaires étrangers des Etats-Unis et mettre fin aux abus ;
(4) Renégocier l'ALENA avec le Canada et le Mexique pour rechercher le meilleur avantage des travailleurs américains, et menacer les maquiladoras qui trichent par surtaxation des exportations mexicaines ;
(5) Décréter officiellement la Chine, manipulateur de sa monnaie (?! Janet Yellen ne manipule rien) ;
(6) Attaquer la Chine à l'OMC et aux Etats-Unis sur les subventions cachées à son industrie ;
(7) User de tous moyens légaux y compris l'application de droits de douane pour remédier aux activités illégales chinoises comme le pillage de secrets commerciaux.

IX.- Dérégulation générale
Supprimer toute règle qui freine l'emploi et l'expansion économique, et toute agence dépensière attachée à l'application des politiques de contraintes (clic).

X.- Réguler l'immigration
C'est le gros morceau médiatique surtout dans les journaux européens. Il est développé en dix points que nous donnons ci-dessous. Certains chez nous les connaissent déjà :
(1) Lancer la construction du mur mexicain dès le premier jour. Le Mexique paiera ;
(2) Cesser le jeu d'interpellation-relaxe des clandestins ;
(3) Expulsion des criminels étrangers dès le premier jour ;
(4) En finir avec les villes-sanctuaires ;
(5) En finir avec les amnisties du président Obama. Toutes les lois d'immigration doivent s'appliquer.
(6) Stopper la délivrance de visas en tous lieux où les contrôles des sources sont douteux jusqu'à mise en place de mécanismes fiables ;
(7) S'assurer que les pays étrangers récupèrent leurs ressortissants quand nous les déportons ;
(8) S'assurer que tous les points d'entrée aux Etats-Unis disposent d'un contrôle biométrique des visas ;
(9) Cesser les emplois et bénéfices sociaux qui attirent l'immigration clandestine;
(10) Réformer l'immigration légale pour préserver les intérêts des Etats-Unis et de ses travailleurs.

XI.- Politique extérieure
Le programme est assez copieux et soulève peu de critiques bizarrement puisqu'il se contente de généralités et de bonnes intentions (clic). Un seul point coupe à angle droit la politique des administrations précédentes :
- End the current strategy of nation-building and regime change.
En clair, cessons de mettre la panique partout, à peine de savoir la gérer ensuite. C'est une resucée de la doctrine Monroe si encore Donald Trump est capable de développer une doctrine. L'enfoncement de portes ouvertes en affaires étrangères laisse planer le doute sur ce chapitre. Son souci le plus vendeur est l'Etat islamique en Irak et au Levant (Daech). Mais il a la tâche facile depuis les interventions américaines au Proche Orient qu'il dénonçait déjà dans un article à Esquire en août 2004 (dans le même état d'esprit que celui de la diplomatie française qu'il ne cite pas). En voici un extrait dans le texte :
« Look at the war in Iraq and the mess that we're in. I would never have handled it that way. Does anybody really believe that Iraq is going to be a wonderful democracy where people are going to run down to the voting box and gently put in their ballot and the winner is happily going to step up to lead the country ? C'mon. Two minutes after we leave, there's going to be a revolution, and the meanest, toughest, smartest, most vicious guy will take over. And he'll have weapons of mass destruction, which Saddam didn't have. What was the purpose of this whole thing ? Hundreds and hundreds of young people killed. And what about the people coming back with no arms and legs ? Not to mention the other side. All those Iraqi kids who've been blown to pieces. And it turns out that all of the reasons for the war were blatantly wrong. All this for nothing.»

XII. Education (c'est aussi un gros sujet)
L'Amérique est connue pour le bas niveau de son système public que la France atteindra bientôt, et pour la cherté des études supérieures. Le candidat a visiblement fait un effort d'analyse sur ces sujets et ses intéressantes propositions croisent celles d'un Bernie Sanders, même si les financements sont moins simples qu'annoncés. Qu'on en juge en cliquant ici.

XIII. Politique familiale
C'est le dernier point du programme Trump. Comme le précédent, ce chapitre détonne par la complexité de l'analyse et l'intelligence des réformes proposées. On sent que le candidat républicain a un souci sincère des familles américaines. Qu'on en juge par ici, il y en a cinq pages !


(a)



Le régime partisan américain est arrivé au bord de l'épure démocratique en sélectionnant des médiocres dans les deux camps. Ce pronostic a de quoi nous inquiéter car c'est du chef du monde libre dont on parle, et que les effets pervers de ces politiques vont nous prendre à la gorge.

L'Europe en miettes ne peut plus opposer de résistance et les Etats européens qui envisageraient d'aller seuls à la bataille sont battus d'avance. Qu'on garde présent à l'esprit l'inutile combat des autorités helvétiques contre l'Etat américain sur la question du secret bancaire. Elle a plié, et deux fois quand l'Allemagne s'y est mise aussi, jusqu'à entrer dans l'Espace économique européen à son corps (électoral) défendant pour se rapprocher du manche de la cognée !

Le pronostic électoral est impossible car la dernière semaine de campagne sera celle de tous les excès à cause de l'étroite différence des intentions de vote. L'électorat américain est-il aussi manipulable que le disent les médiats ? Existe-t-il d'ailleurs "un" électorat ou autant de communautés électorales que d'ethnies, opposées les unes aux autres ? Une chose nous semble acquise, beaucoup de gens voteront "contre", et des deux côtés, ce qui promet de grandes difficultés à gouverner ensuite, quelque soit le vainqueur.
Le lectorat de Royal-Artillerie est maintenant paré pour les dîners en ville.


(a) Droit d'image accordé par Free HD Images India
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