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CMRDS dans un mois !
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Souvenirs de Mai
Lors du prochain Camp Maxime Real del Sarte à Roanne, Bernard Lugan traitera de "Mai 68 vu d'en face". Le programme, que l'on peut consulter en cliquant ici et en zoomant dans son navigateur, propose bien d'autres chapitres dont un très intéressant sur la stratégie de l'Action française, à côté des sessions propres à l'année Maurras.
Ayant vécu de près les Evénements, le Piéton apporte sa contribution oculaire à l'histoire. Situons tout d'abord la géographie du témoignage : jeune cadre plein d'avenir tout juste libéré de ses obligations militaires, je travaillais avenue de l'Opéra et logeais pas loin dans un hôtel mono-étoile au carrefour de la rue de Richelieu et des Petits-Champs. Ce genre de disposition était encore possible à cette époque. A 17h40, je dévalais l'avenue vers les guichets du Louvre puisque l'histoire s'écrivait au Quartier latin. J'y suis allé tous les soirs en semaine et fort tard chaque fois. Parfois des copains m'y rejoignaient. Si on ne pouvait franchir les ponts, on passait par le métro.
L'ambiance de liberté y était extraordinaire et les opérations de police un spectacle inoubliable et gratuit quand on parvenait à passer entre les deux fronts. On y parlait beaucoup entre inconnus et personne n'achetait les délires mao-spontex et autres foutaises crypto-marxistes. Pas plus d'ailleurs que les opinions responsables des quelques gaullistes égarés là. Le centre d'intérêt général était la libération sexuelle. Le Quartier et ses arrondissements voisins était devenu un immense lupanar et j'avoue avoir prisé cette révolution. N'oublions jamais que le mouvement avait débuté dans les universités américaines dans le grand remue-ménage du Vietnam.
Pour ma culture générale, j'ai quand même fait la Sorbonne et l'Odéon, assommant déjà, mais des pépinières de radeuses surtout. Pourquoi j'insiste ? Personne des gens que j'ai connus ne faisait de la politique autrement que sur un zinc, même si les tracts affluaient de partout. Le sentiment le plus partagé était cette lassitude du pouvoir gaulliste posé comme un couvercle haute-pression sur le pays, avec toujours les mêmes têtes qui faisaient tourner les maroquins entre eux, et un vieux président autocratique qui n'en finissait pas de menacer le pays du chaos sans lui.
Quand nous sûmes que la volaille gaulliste avait décampé des ministères - seul restait d'Etat à Paris que le Premier ministre Pompidou et le Préfet de police Grimaud, le reste avait pris le maquis - nous comprîmes que la victoire sociale était à portée des syndicats. Je sus plus tard qu'Alain Peyrefitte, ministre de l'Education quand même, s'était planqué chez sa mère de peur que les sectionnaires de son imagination ne le débusquent à Provins et le traînent à quelque procès de rue improvisé.
L'annonce de la fuite à Baden-Baden (un Varennes réussi !) fit craindre un instant que le pouvoir désemparé (au point d'embarquer toute la marmaille de Gaulle dans l'hélicoptère) n'obtienne de Massu le déclenchement de Bâton Bleu, un exercice programmé en Allemagne depuis le retour du général aux affaires pour rétablir l'ordre en France. Après cinq minutes de crainte, tout nous montrait que Paris résisterait et que les régiments d'appelés que je venais de quitter, fraterniseraient. Aussi nous commandâmes un nouvelle tournée de Cinzano, garçon ?
Deux points pour finir : les conditions de vie du petit peuple étaient très serrées. Le salaire minimum garanti, qui évitait juste de tomber dans la misère, s'élevait à 373 francs bruts par mois pour quarante heures hebdomadaires, ce qui obligeait à réglementer les prix de la consommation nécessaire. Il passera à 534 francs après les accords de Grenelle mais l'économie étant à la merci de l'échelle mobile qui organisait la course entre les prix et les paies, l'amélioration fut dévorée par l'inflation. Le développement était tout dans le Plan quinquennal comme en Union soviétique et on y engloutissait des sommes faramineuses. Le pays était bloqué ! Il fallait payer les délires gaulliens sur le dos de l'intendance. On n'imagine pas qu'il existait encore dans la Petite Couronne des bidonvilles datant des années 50, celui de Nanterre était le plus grand et ne fut définitivement rasé qu'au moment de la construction de l'autoroute A14.
Bien des postes de travail étaient déjà abandonnés par les Français parce qu'ils ne permettaient pas d'en vivre tout simplement, et le patronat ramenait de la main d'œuvre d'Afrique du nord pour les remplacer à bas prix. Donc la révolte sociale était amplement justifiée. Le souffle de la Grandeur avait embué le panorama, le pouvoir ne voyait pas que le pays se crevait à rester "grand". Je pose souvent la question :
"Que reste-t-il concrètement des rêves gaulliens de grandeur aujourd'hui, qui coûtèrent au pays tant de milliards ?"Rien, sauf la bombe atomique qui ne se mange pas ! La liste des faillites est très longue à commencer par le Plan Calcul et celle de tous les Kombinats protégés... Cherchez et dites-moi par la fiche de contact ce qui a survécu, à part la pure rhétorique destinée aux séances du Conseil de sécurité de l'ONU où nous nous mêlons toujours des affaires des autres et jamais de nous.
Second point (j'ai promis de faire court), je n'ai jamais vu l'Action française dans la rue ou les amphis pendant les événements. Les anciens "combattants" qui racontent leur guerre durent être très discrets jadis, sinon ils baisaient comme tout le monde devant la ronéo pendant les gazages !
Conclusion : le régime politique ne pouvait pas être renversé par les étudiants, car cette rupture de paradigme n'intéressait personne en dehors de quelques excités dont le discours antédiluvien de libérationétait incompréhensible du plus grand nombre. Par contre le régime économique était en péril car complètement inadapté au temps. Et son éventuel effondrement aurait ouvert la route à une soviétisation plus forte des rouages, ce que le Programme Commun de Mitterrand mettra en musique plus tard pour la plus grande ruine du pays. Nous le payons encore !
Au plan de la consommation (société si décriée) nous étions en retard sur tous nos voisins. La moindre escapade à l'étranger faisait toucher du doigt ce décalage. Tout y était nouveau, moins cher que chez nous, même en Suisse ! Pompidou a très bien vu l'obsolescence du système gaulliste qui écrasait le peuple au profit des chimères pour décider d'en discuter aux réunions de Grenelle. C'est lui et lui-seul qui a sauvé les meubles de la République, et non pas les autocars du Parti et du SAC vers les Champs Elysées ; ce qui nous permet d'affirmer qu'un homme capable suffit parfois, au bon endroit, au bon moment. A bon entendeur, salut. Il faudra attendre Raymond Barre pour que la France entre enfin dans l'ère moderne qu'avaient déjà explorée tous ses voisins.
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CMRDS dans 20 jours
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Ahed libérée !
Radio France Internationale annonce la libération d'Ahed Tamimi dans sa rubrique [Israël - Justice]. Sans doute le stagiaire de BFM-TV a-t-il encore frappé. Qu'importe ! Ayant soutenu la jeune Palestinienne, le Piéton du roi se réjouit de la levée d'écrou d'une vraie résistante à l'occupation juive*. On peut partir en vacances le cœur plus léger.* Depuis la révision constitutionnelle de Benjamin Netanyahou, Israël est dorénavant l'Etat-nation des Juifs, donc on peut indifféremment qualifier tout nom commun de "juif" ou "israélien".Voici l'article de RFI en version libérée de droits :
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Bonnes Vacances
Le hollandais rentre au port
Avertissement de l'éditeur:
As an American of Dutch descent I find this video a unique and graphic representation of the Dutch people's struggle with the sea. They have pushed it back for farm land, sailed it to become leaders in world commerce and plied the rough waters of the North Sea with their sturdy sea-worthy viskotters. This video was originally posted by jacobuk61 in October, 2006 as "NG1 Jurie van den Berg uitstomende met slecht weer". The song, "Sailing Home", is by Dutch singer Piet Veerman.
The music and lyrics match the movement of the beam trawler and the waves in perfect harmony and conflict just as the Dutch have lived in harmony and conflict with the sea for centuries. This also serves as a poignant tribute to those who have plied the seas for their livelihood and a solemn recognition that not all have returned from the sea.
I do not own this song or video and there is no intent to infringe on copyrights or any other legal technicalities (Alhetmooie, le 6 mai 2012).
En cadeau, c'est l'été, un cours de pilotage pour rentrer à la renverse sur la barre de Greymouth (West Coast, NZ); ©Brian J. Hunter, artiste de paysages néozélandais réputé sur Youtube.
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C'est ♪ la ♫ Léopolda ♩
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Les princes plient les gaules
Ainsi que son cousin français d'Orléans, l'aîné des Bourbons se retire de la course au trône (ne pas confondre avec la foire). Si le premier a intégré le conseil d'administration de la Fondation Lejeune, bien placée sur le mouvement "pro-vie" et contre les manipulations génétiques et sociétales, et s'est ainsi coupé de l'aile libérale de l'Opinion, l'Espagnol a fait bien plus fort ; il faut dire aussi que son tempérament athlétique plus étoffé l'y poussait.
Louis-Alphonse de Bourbon en Valle de Los Caidos |
Ainsi apprenons-nous par divers canaux (dont le Conseil dans l'espérance du roi) que Louis-Alphonse de Bourbon succède à sa grand-mère, feue la duchesse de Franco, à la présidence d'honneur de la Fondation nationale Francisco Franco, après avoir manifesté avec quelques nostalgiques de la haute époque en Valle de los Caídos contre le projet de translation des cendres du dictateur inhumé là (clic).
Voici le lien de l'article de DEIA en version castillane qui nous narre l'héritage : De aspirante a rey francés a presidente de la Fundación Franco
Nul ne sait ce qu'en pense la Cour de France & de Bauffremont réunis mais leurs espérances sont douchées. La filiation sulfureuse qui était parfois reprochée au prétendant Bourbon dans le feu de la polémique se brisait sur l'impossibilité de choisir sa naissance et ses aïeux. Ce fragile rempart est percé. Le Bourbon est franquiste assumé et ses deux garçons deviennent officiellement "fils de franquiste". Autant dire qu'à défaut de Bourbon-Bhopal, il va falloir prendre langue avec Bourbon-Busset, si l'on veut continuer la partie.
Jean d'Orléans (Dreux 2018) |
Côté Dreux, s'achève le temps où l'on caressait l'espoir d'une présidence de la Croix Rouge qui donnerait une visibilité nationale à un héritier au profil de notaire provincial désargenté. Il est aujourd'hui tranquille pour lui-même et peut élever sa famille nombreuse sans gros frais, et s'il y croit un peu, passer le flambeau et le briquet qui l'allumera à son fils Gaston, lequel montre déjà plus de pêche que son père.
Souhaitons au "petit prince" de faire de vraies études dans les sciences exactes pour entrer dans le monde des gens sérieux qui gagnent bien leur vie et qui ont des projets professionnels valorisants. Le reste lui sera donné de surcroît !
Donc, c'est plié pour vingt ans ?
A Bray-Dunes, brève du 7 août 2018
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L'Iran au carrefour des enfers
ll y a quelques jours, je répondais à Jean-Yves Pons qui traitait de la crise iranienne sur son blogue du Conseil dans l'espérance du roi, que les mollahs ne se laisseraient pas faire (source) :
« Comme vous le signalez en fin d’article, le régime des Mollahs ne pliera pas. Le clergé et ses affidés ont capté la moitié de l’économie iranienne, engrangé une épargne considérable, tiennent les robinets pétroliers qui y abondent, et salarient une milice intérieure aussi bien équipée qu’une armée classique.
En cas de révolte du peuple, tous les ingrédients existent pour réprimer la contestation dans le sang comme le faisait Saddam Hussein et nous le montre Bachar el-Assad. A partir d’un certain nombre de morts on ne parle plus que de statistiques, disait Staline. Au nom de « Dieu est grand » la théocratie chiite incinèrera les « impies » par centaines de milliers !
L’autre projet (celui d’Obama) était plus subtil : pourrir la société iranienne par le Coca et les Levis 501, avec du rock en renfort. Cela a bien marché dans les pays de l’Est avant la chute du Mur, et il n’y avait pas encore Internet. »
Aujourd'hui sur Radio-France internationale, Djamchid Assadi (professeur iranien de mercatique à l'ESC-Dijon) répond aux questions intéressantes de Darya Kianpour et nous conduit au seuil de cette répression annoncée. Son cadrage est furieusement pertinent. Voici l'article libéré de droits :
« Comme vous le signalez en fin d’article, le régime des Mollahs ne pliera pas. Le clergé et ses affidés ont capté la moitié de l’économie iranienne, engrangé une épargne considérable, tiennent les robinets pétroliers qui y abondent, et salarient une milice intérieure aussi bien équipée qu’une armée classique.
En cas de révolte du peuple, tous les ingrédients existent pour réprimer la contestation dans le sang comme le faisait Saddam Hussein et nous le montre Bachar el-Assad. A partir d’un certain nombre de morts on ne parle plus que de statistiques, disait Staline. Au nom de « Dieu est grand » la théocratie chiite incinèrera les « impies » par centaines de milliers !
L’autre projet (celui d’Obama) était plus subtil : pourrir la société iranienne par le Coca et les Levis 501, avec du rock en renfort. Cela a bien marché dans les pays de l’Est avant la chute du Mur, et il n’y avait pas encore Internet. »
Aujourd'hui sur Radio-France internationale, Djamchid Assadi (professeur iranien de mercatique à l'ESC-Dijon) répond aux questions intéressantes de Darya Kianpour et nous conduit au seuil de cette répression annoncée. Son cadrage est furieusement pertinent. Voici l'article libéré de droits :
À Bray-Dunes le 10/8/2018
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Une stratégie pour l'AF ?
Dans quelques jours, au château d'Ailly, le Secrétaire général du Centre royaliste d'Action française François Bel-Ker va dévoiler la stratégie du mouvement AF. Le programme du Camp 2018 est accessible en ligne en cliquant ici . Je ne suis pas le moins impatient à connaître enfin le projet concret du premier mouvement royaliste. Des lecteurs de ce blogue m'ont posé la question qui tue : "Ouvaton ?"
Bien en peine de leur répondre à mon niveau de perception, je m'autorise néanmoins à penser un faisceau d'objectifs possibles, ce qui ne préjuge pas de leur pertinence. Signalons aux jeunes lecteurs avant de commencer que dans l'esprit maurrassien, le retour du roi n'est pas le but ultime mais la queue de trajectoire d'une analyse politique construite sur le nationalisme intégral. Même si aucune sacralité n'est ôtée à la monarchie attendue, elle est avant tout raisonnée. C'est le résultat d'une équation. Notons en passant que d'autres penseurs modernes, dont ce blogue a parlé, sont parvenus à la même conclusion de la nécessité d'un roi ; Erik von Kuehnelt-Leddihn et Hans-Hermann Hoppe pour ne citer qu'eux. En plus en schpountz, ça pose ! Donc, on peut faire de la politique sans commencer par le roi.
Première question : il n'échappe à personne que l'époque remet en cause nos institutions, la révision constitutionnelle en discussion au parlement (que l'on veut réduire) et qui accroît la monarchisation de l'exécutif, est une réponse au projet de Sixième République populaire de la gauche. L'AF veut-elle s'insérer dans ce débat en proposant une étape jouable de la réforme car il est bien entendu que le retour du roi ex-nihilo est impossible encore, trop de politiques voulant faire le roi à leur tour. Une stratégie de tout-ou-rien ne mènera nulle part.
Des propositions étayées pourraient avoir de l'écho dans le microcosme politique tant les esprits sont en recherche d'une solution.
L'autre question prégnante est la coopération européenne qui est un des axes majeurs du programme Macron. L'AF semblerait privilégier des solutions radicales adossées à la charpente nationaliste de sa doctrine, comme le Frexit. Ce projet est inapplicable pour tout un tas de raisons, et il suffit pour s'en convaincre de voir les difficultés insurmontables que rencontre un pays coupé du continent, à la périphérie donc de l'Union européenne, dans son aventure du Brexit. Choisir de promouvoir le Frexit au cœur même de l'Union est entrer dans un tunnel qui ne débouche sur rien. Même si l'AF aime bien les causes perdues, je pense qu'elle y ruinerait son crédit. Il y a mieux à faire que de couper les ponts en conférence : organiser la réflexion sur des étages de dévolution-subsidiarité est plus compliqué que de dénoncer l'Europe en boucle, mais surtout permettrait de participer intellectuellement à la réforme.
La troisième et dernière question stratégique (il y a d'autres sujets, bien sûr) est celle de la défense, que ce blogue déconnecte de la construction européenne. La tentation est de vouloir tout faire par nous-mêmes alors que nous n'en sommes plus capables, surtout avec deux trillions de dette souveraine ! Quand on fait le tour de la question - il y a quarante billets OTAN en libellés - on en revient aux fondamentaux. Il faut penser à l'après-OTAN même si l'alliance concrète actuelle est le meilleur outil de défense sur étagère. La coopération militaire de substitution la plus sûre et la moins invasive est une alliance franco-anglaise. Outre la mise en commun de moyens dans le cadre atlantique d'emploi qui unifie déjà les procédures, elle apporterait une qualité qui nous fait défaut, celle de la modération.
La Grande Bretagne est toujours réticente à s'immiscer plus que de raison dans les conflits qui secouent son ancien empire - sauf la bêtise irakienne de Tony Blair en 2003 - mais frappe de toutes ses forces et sans retenue si elle y est contrainte. Nous avons le tort de toujours disperser de petits moyens (comme en zone Sahel) et de retenir les coups pour une guerre propre qui n'en finit pas. Cette retenue et cette brutalité sont dissuasives. Nous devons apprendre à faire peur.
HMS Queen Elizabeth à Portsmouth |
J'espère pour finir que la stratégie de l'Action française ne s'enferrera pas dans les sujets sociétaux plus loin que le juste bonheur des hommes à travers la question sociale que le mouvement avait beaucoup travaillée à la haute époque.
In cauda, pourquoi centrer la stratégie sur ces trois chapitres (institutions, Europe, défense) ? Pour une raison très simple : la propagande du roi doit être la plus large possible si l'on a l'ambition d'imprégner l'Opinion et il faut des sujets à large spectre. Ces trois chapitres ont le mérite d'être à la fois d'actualité pour les années qui viennent et suffisamment copieux pour y choisir sa place. Resterait à les aborder de manière responsable ; à moins que l'on ne veuille continuer de se réfugier dans l'opposition systématique, le dénigrement, la dénonciation perpétuelle, les récitations en boucle qui ont coulé le journal, toutes postures mal bâties qui ne mordent plus sur l'esprit des gens, ni sans doute aucun sur les meilleurs d'entre eux. Laissons de côté le pigeon de saint Rémi et au XXI° siècle, réveillons le chat de Schrödinger qui sommeille en chacun. Que l'école de pensée pense !(donné à Bray-Dunes le 29 juillet 2018)
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Prologue du voyage - Retours
« Bien que la croisade commandée par Simon de Montfort ne fût dirigée ostensiblement que contre les hérétiques du Midi et plus tard contre le Comte de Toulouse, les villes libres de Provence comprirent admirablement que sous le prétexte religieux se cachait un antagonisme de race ; et quoique très catholiques, elles prirent hardiment parti contre les Croisés.
Il faut dire, du reste, que cette intelligence de la nationalité se manifesta spontanément dans tous les pays de langue d'Oc, c'est-à-dire depuis les Alpes jusqu'au golfe de Gascogne et de la Loire jusqu'à l'Èbre. Ces populations, de tout temps sympathiques entre elles par une similitude de climat, d'instincts, de mœurs, de croyances, de législation et de langue, se trouvaient à cette époque prêtes à former un État de Provinces-Unies. Leur nationalité, révélée et propagée par les chants des Troubadours, avait mûri rapidement au soleil des libertés locales. Pour que cette force éparse prit vigoureusement conscience d'elle-même, il ne fallait plus qu'une occasion : une guerre d'intérêt commun. Cette guerre s'offrit, mais dans de malheureuses conditions.
Le Nord, armé par l'Église, soutenu par cette influence énorme qui avait, dans les Croisades, précipité l'Europe sur l'Asie, avait à son service les masses innombrables de la Chrétienté, et à son aide l'exaltation du fanatisme.
Le Midi, taxé d'hérésie, malgré qu'il en eût, travaillé par les prédicants, désolé par l'Inquisition, suspect à ses alliés et défenseurs naturels (entre autres le Comte de Provence), faute d'un chef habile et énergique, apporta dans la lutte plus d'héroïsme que d'ensemble, et succomba.
II fallait, paraît-il, que cela fût, pour que la vieille Gaule devînt la France moderne. Seulement, les Méridionaux eussent préféré que cela se fit plus cordialement, et désiré que la fusion n'allât pas au delà de l'état fédératif. C'est toujours un grand malheur quand par surprise la civilisation doit céder le pas à la barbarie, et le triomphe des Franchimands retarda de deux siècles la marche du progrès. Car, ce qui fut soumis, qu'on le remarque bien, ce fut moins le Midi matériellement parlant que l'esprit du Midi. Raimond VII, le dernier Comte de Toulouse, reconquit ses États, et ne s'en dessaisit qu'en 1229, de gré à gré et en faveur de Louis IX. Le royaume et comté de Provence subsista longtemps encore, et ce ne fut qu'en 1486 que notre patrie s'annexa librement à la France, non comme un accessoire à un principal, mais comme un principal à un autre principal. Mais la sève autochtone qui s'était épanouie en une poésie neuve, élégante, chevaleresque, la hardiesse méridionale qui émancipait déjà la pensée et la science, l'élan municipal qui avait fait de nos cités autant de républiques, la vie publique enfin circulant à grands flots dans toute la nation, toutes ces sources de politesse, d'indépendance et de virilité, étaient taries, hélas ! pour bien des siècles.
Aussi, que voulez-vous ? bien que les historiens français condamnent généralement notre cause, — quand nous lisons, dans les chroniques provençales, le récit douloureux de cette guerre inique, nos contrées dévastées, nos villes saccagées, le peuple massacré dans les églises, la brillante noblesse du pays, l'excellent Comte de Toulouse, dépouillés, humiliés, et d'autre part, la valeureuse résistance de nos pères aux cris enthousiastes de : Tolosa ! Marselha ! Àvinhov ! Provensa ! il nous est impossible de ne pas être ému dans notre sang, et de ne pas redire avec Lucain : Victrix causa Diis placuit sed victa Catoni.»(Note ci-dessus de Frédéric Mistral au chant premier de Calendal sur le bien-fond de l'Occitanie battue pour son malheur par les hordes franques de la croisade des Albigeois, qui au résultat ne lui ont apporté rien qu'elle n'eut déjà en promesses* et espérances. C'était l'accès à Mare Nostrum que donnait le pape à son protégé, aucune frontière naturelle ne pouvant contenir la barbarie bénie.
Huit siècles plus tard, l'Eglise de Rome, qui prolifère encore chez les animistes et les rastacouères, est ici en recul et vautrée dans l'ordure et les flagellations, tétanisée par la pourriture du bas-clergé et de certains prélats ; la dynastie capétienne pour sa part est parvenue à ruiner finalement son propre projet de l'intérieur et a été éradiquée du territoire de ses origines. Si le Nord-ouest a loupé la thalassocratie angevine des Plantagenêts ; pour s'être rebellé contre la corruption du second ordre, le Sud n'a pu développer la sienne bien plus évidente de Gênes à Barcelone, le vieux royaume wisigothique en fait.
La Gaule historique s'est coupé les bras pour créer une unité contre-nature et a combattu tous ses voisins pendant des siècles pour faire survire cette gageure d'un Etat-nation contraint qui se défait aujourd'hui sous nos yeux. Mais c'est une autre histoire.
(*) relire si l'on veut le voyage en Languedoc de la marquise de la Tour du Pin dans son Journal d'une femme de cinquante ans, à défaut, le billet qui lui était consacré ici)
A l'orient, comme une jeune fille
Qui doucement sort de ses couvertures
Et va prendre le frais à sa fenêtre, doucement
La jeune lune là-bas se lève ;
Les grillons chantent dans la glèbe ;
Parmi les champs d'oignons, où elle erre la nuit,
L'obscure courtilière fredonne sa roulade ;
Parfois une caille attardée
Fait entendre son cri, là-haut sur les versants ;
Ou bien la voix en pleurs d'un perdreau égaré,
Au fond de quelque val,
Piaule de loin en loin ; mais la soirée
Fraîchit, et les chauves-souris
A vol précipité fendent le crépuscule.
(in Calendal, chant dixième, traduction de Mistral)Et moi, je sais ce soir que je suis rentré chez moi !
La suite au prochain numéro qui s'annonce sanglant !
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Un pape aux abois
L'archevêque Viganò |
L'exclamation du jésuite américain James Martin tombe à point pour résumer la situation de corruption morale du clergé de son pays : « L’idée d’une épuration des prêtres gays est aussi ridicule que dangereuse. Une telle épuration viderait les paroisses et les ordres religieux de milliers de prêtres et d’évêques qui mènent une vie saine de service et qui restent fidèles à leur célibat ».
A tomber de l'armoire ! Ils couchent urbi et orbi mais ne se marient pas, donc le vœu est sauf. Je m'amuse à l'idée d'une détection des gays. Doit-on mettre la fille cachée de Naomie Campbell dans le lit de l'éprouvé pour s'assurer de sa saine réaction ?
Et il en va autant (Yves Daoudal dixit) au Chili, et même en Uruguay. Faut-il cacher les orgies romaines des monsignores de la jaquette qui auraient pu choquer à mort le pape Benoît XVI, lequel déplorait la pourriture (sic) de l'Eglise dans son homélie du pallium d'investiture ? Ne parlons pas des quatorze mille enfants irlandais élargis par le clergé, là c'est trop !
Mais Bergoglio, s'il est touché gravement, semble vouloir négocier dans le marigot du Vatican plutôt que de trancher définitivement le nœud gordien à la hache ! Il se trompe lourdement, le vent a tourné, la tradition revient vent arrière en Europe et aux Etats-Unis. Un tout petit signe ? les dominicaines de Fanjeaux ont remis l'uniforme et jeté le fichu "femme-de-ménage" aux orties. L'Eglise a besoin de sérieux et d'autorité. La bronca des épiscopes américains qui soutiennent le nonce dénonciateur signale que Sa Sainteté n'en a plus !
Que l'Eglise catholique s'effondre en France ne serait pas un drame si grand, la nature a horreur du vide et des alternatives prendraient sa succession. Ses préceptes (sauf contre l'avortement) défendent des principes qui nous affaiblissent, nous moutonnisent. Au cœur de métier, les messes sont de moins en moins courues, sans doute parce que les gens ont fait leur deuil des promesses de vie éternelle et s'appliquent à profiter de leur vie terrestre sous la devise "mieux vaut tenir qu'espérer". La morale naturelle à l'espèce humaine remplacera partout la DSE (doctrine sociale de l'Eglise). Les diocèses, tous en péril, se sont déjà reconvertis dans le caritatif (comme les protestants), laissant l'eschatologie de base aux religions exotiques. Pour y aider, on peut relire Frédéric Nietzsche dans sa Critique des valeurs supérieures (livre deuxième de La Volonté de puissance) ; c'est définitif ! Et désespérant.
Iconographie populaire des Bons Chrétiens sur le chemin de Compostelle |
Le christianisme est un message universel de paix et d'égalité entre les hommes autant que la promesse de lendemains cachés qui chanteront. Et justement, dans le droit fil des évangiles, nos ancêtres cathares déployaient leur doctrine sur le "Sermon de la montagne" et refusaient le logiciel binaire développé par les Pères de l'Eglise pour antagoniser le bien et le mal au sein de la même Création. Pour les Cathares, Dieu l'Eternel était étranger au Néant originel qui pouvait aspirer les âmes comme le trou noir de Hawkings. Dieu est le principe de l'invisible qui n'a fait que les esprits, entités impossibles à corrompre ou détruire. Le visible est une illusion qui procède d'un autre principe étranger à Dieu et venant du Néant. Ciel et terre, tunique de peau (prison charnelle), tout le visible est corruptible, destiné à pourrir et disparaître à la fin des temps. Les affaires de mœurs qui minent l'Eglise aujourd'hui comme hier sont plein cadre. L'Eglise se vautre dans l'illusoire éphémère et délaisse l'éternel essentiel ! On comprend que les Cathares aient fortement déplu dans une métaphysique aussi puissante (*)
La construction hiérarchique de l'Eglise qui a suivi l'épopée christique a transformé patiemment le message de Jésus (jamais écrit de sa main, notez bien) tel que l'ont relayé les évangélistes et ses apôtres dans leurs Actes, en un instrument de pouvoir séculier, jusqu'à l'asservissement légal des âmes et leur mise en culture. D'où l'apparition de contestations successives provoquées le plus souvent par la corruption et les privilèges des hiérarques, contestations déclarées comme hérésies par le pouvoir dominant menacé. L'oppression culminera au sac de Béziers mené en 1209 sous l'autorité du légat pontifical, mais il y eut d'autres pics ensuite jusqu'au XVIIIè siècle, jusqu'à ce que les sociétés civiles mettent le hola à la prédation cléricale par la libération des consciences.
Que l'Eglise ne veuille pas marier ses prêtres pour cent fausses raisons, ni ordonner des femmes qui restent pour elle une sous-espèce humaine corvéable à merci, ni chasser les pervers, ni condamner à la clôture en Pologne ceux des satanistes qui réclameront l'absolution, n'a plus d'intérêt.
Il existera toujours par ci par là des curés d'Ars qui soulageront les souffrances mentales des gens en recherche vitale d'affection. Ces abbés suffiront à pérenniser le message christique original qui offre aux âmes errantes qui l'entendent l'apaisement d'une angoisse de la fin de notre vie. Pour ceux qui savent ces choses, c'était le prêche des Bons Hommes que l'Eglise romaine fit brûler jadis comme du papier parce qu'ils l'accusaient de manipulation et de détournement du projet christique original. Leurs prédicateurs qui couraient châteaux et marchés, étaient instruits et convaincants, aucun n'en réchappa.
Ces évènements (la croisade des Albigeois) et les guerres de religion qui éclatèrent plus tard en France au XVIè siècle pour que la papauté sauve les meubles, ont laissé de profondes traces dans le Midi. D'aucuns de l'Eglise actuelle s'en moquent comme de vieilles lunes dépassées mais si on leur disait de mettre à la benne tous les conciles de la même époque et d'avant comme de vieux trucs dépassés, ils hurleraient au charron contre les contempteurs de la doctrine infaillible. En fait seule l'histoire les emmerde ! Et l'actualité plus encore !
Il va falloir parler pour dire quelque chose de crédible enfin ! |
Nota (*) Celui qui veut creuser la métaphysique cathare, qui reprend des tours à mesure que s'effondre la prégnance catholique conciliaire, peut chercher le bouquin d'Anne Brenon "Le vrai visage du catharisme" (Loubatières), un livre bien écrit et documenté. Aller plus avant convoque des pointures médiévistes comme Christine Thouzellier (1902-1982), Jean Duvernoy (1917-2010) et surtout René Nelli (1906-1982) qui a traduit du vieux languedocien tous les textes cathares rescapés de la Sainte Inquisition. Par contre se méfier des "vulgarisateurs" qui romantisent la vie des Cathares.
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Le charme rompu du flûtiste
Tout s'annonçait sous les meilleurs auspices, le foie du veau sacrifié était prometteur. Le pays allait retrouver l'égalité de tous dans leurs contributions à la société providentielle et connaître enfin la terre promise des bénéfices publics par la réduction du prix de l'Etat. Augias ayant renoncé à se représenter, les autorités bruxelloises saluaient le nouvel Hercule et laissaient comprendre qu'on l'attendait depuis si longtemps. Napoléon, enfin !
Jupiter a certes cassé les codes délétères du Conseil national de la Résistance mais pas tous - il faut du temps - et surtout, il a différé la réduction de la dépense publique dont la France est championne d'Europe. En fait, les gens qui l'avaient porté au pouvoir n'ont pas retrouvé dans les jours et les heures du mandat commencé l'image logique de la réforme attendue. Tout reste en annonce : pensions à valeur universelle du point de retraite, suppression d'une ou plusieurs strates administratives dégageant les fonctionnaires surnuméraires, arrêt du scandale des régimes spéciaux, arrêts des abus de prestations sociales, retour au budget équilibré, croissance et renversement de tendance dans le commerce extérieur... bref... la France néo-bonapartiste devait entrer dans l'Europe sérieuse, elle demeure hélas au bout de quinze mois dans le camp de l'Europe rieuse ! Et les autres de se marrer, à commencer par le Premier des Pays-Bas qu'on n'attendait pas à la curée.
Qu'est-ce qui a foiré ? Sans doute le "melon" mais plus sûrement le désert de l'opposition, parcouru par des braillards qui ne feront jamais le poids, à commencer (mais on s'arrêtera là) par les deux plus bruyants, Jean-Luc Mélenchon et Laurent Vauquiez ! Le premier est le copain de Maduro et Ortega, un con fini ; l'autre, complètement allumé, n'a pas compris qu'il était au pouvoir puisque son parti détient Matignon et Bercy. N'ayant aucun contradicteur crédible dans le champ politique, Macron se prend pour dieu !
Un bien pour un mal, l'échec européen¹ d'Emmanuel Macron et plus largement les déconvenues diplomatiques² peuvent le recentrer sur la politique intérieure qui devient un grand n'importe quoi. Ce ne sont pas les équipes compétentes qui manquent, ni les ministres capables mais la volonté d'y aller franchement et d'y perdre des plumes quitte à ressurgir triomphant dans la course au mandat un an avant l'échéance. L'apparition de ce défaut signale que tout n'est pas connu d'Emmanuel Macron, son tempérament d'abord. Malgré sa bonne mine et une certaine nonchalance politique, le fort en thème n'est peut-être qu'un bon élève prolongé qui n'a pas atteint la maturité requise pour porter sur ses épaules les déconvenues de la réalité. Comme son prédécesseur, il s'entoure d'amis et rechigne ensuite à trancher les têtes. Collomb, Buzyn, Nyssen n'ont rien à faire dans un gouvernement de combat. Parly, Borne n'ont pas d'autorité, le départ de Hulot est positif.
A la veille du remaniement ministériel, on se doute bien que les questions de parité stupide* et d'équilibres partisans ont le pas sur la musculation du cabinet Philippe III qui devrait être resserré et dégraissé. Il reste à achever la réforme fiscale, la timide réforme parlementaire, la reconstruction de la formation professionnelle en dehors des lobbies syndicaux, la conversion numérique, la diminution drastique du périmètre de l'Etat et garantir la loi de programmation militaire 2018. Une paille... qui convoque un colosse. Ce n'est pas encore lui.
Pour rester dans l'axe de propagande de ce blogue, signalons à nos amis royalistes que les champions des écuries dynastiques sont encore moins bons que les leaders d'opposition précités, ce qui signifie un longue cure de désintoxication devant nous.
(*) Que le lecteur ne se méprenne pas, le Piéton a depuis longtemps abandonné la loi salique
(1) Macron est définitivement seul dans son délire solidaire à sens unique, les pays bien gérés du Nord lui refusent tout leadership
(2) La France est contenue à son rang inférieur au Conseil de Sécurité qui est celui du passager en première avec un billet de seconde (disent les Allemands)
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Poursuite du voyage - retours
Billet cévenol, sans doute ennuyeux pour qui n'en vient pas.
A mesure que l'on quitte le col de la Fageole, battu l'hiver par un blizzard terrible, les sapins grandissent, puis vers le sud s'effacent devant les arbres utiles qui régénèrent les sols au lieu de les stériliser. La vigne vierge commence à disputer les ruines au lierre et les griffures de la civilisation marquent la pente des vallons. En longeant la muraille du causse de Sauveterre, on vient au chaos de Millau dans la vallée élargie du Tarn. Jolie ville endormie que traversent des Hollandais pingres qui économisent le seul péage de la A75. Il resterait à escalader le Larzac sans le viaduc, vaste désert qui coupe le Rouergue de la mer bienfaitrice. A d'infimes détails, l'arche des bergeries, l'herbe rase à brebis de Roquefort, les buissons bas de genévriers et de genêts, les petits chênes verts, on devine déjà que ce pays à loups appartient au Midi. Un embranchement raté vers Sauclières et nous voilà jetés vers Saint-Maurice-Navacelles au bout de lignes droites comme un i avant que de basculer dans les gorges vertigineuses de la Vis. La route est reconstruite, m'assure-t-on à Saint-Pierre. La départementale D25 s'était effondrée lors d'un épisode cévenol à l'automne 2015, sans tuer personne. Panorama magnifique, mais il faut se garer pour l'admirer car impossible de lâcher la route des yeux, les lacets ne pardonnent aucune inattention. En bas, Gorniès, la Vis impétueuse et, passé le pont, une pancarte jaune de l'Equipement : Route coupée à Saint-Laurent-le-Minier. Nous saurons plus tard qu'un campingcariste arrêté au bord de la route pour casser une croûte avec deux amis, a pris un rocher dévalant de la Séranne sur sa tête. Il n'a pas souffert.
"Il y a bien un chemin par le col qui redescend sur Cazilhac, mais c'est un chemin, si vous voyez ce que je veux dire..." me confie un indigène sous un chapeau de paille, assis pas loin de la pancarte jaune, qui a pris position là pour parler à quelqu'un. Et il se marre, ce qui nous décide à y aller quand même, les vacances sont faites pour sortir du raisonnable. On a Waze et on t'emmerde ! Oui, un chemin de mas pour un attelage de mules est plus large qu'un sentier muletier. Arrivés en haut, nous sommes bloqués par deux ravissantes antillaises (à leur plaque d'immatriculation) prenant des selfies panoramiques. Bouchant la voie, nous ne pouvons que les faire avancer, n'ayant aucune place pour se ranger et échanger une bière fraîche contre un 06 ! Mais Waze a frappé entretemps. Des Belges en convoi, un œil sur le smartphone, montent de Cazilhac dans l'autre sens, ignorant les épingles et le vertige qui les attendent en redescendant sur Gorniès. Qu'importe le temps qu'il faudra pour retrouver le bitume, je suis chez moi !
Ganges n'a pas changé. Les terrasses sont pleines de jolies touristes et maintenant d'Arabes qui cherchent le contact, la saison est brève. Toutes les boutiques sont là depuis des années, sauf le marchand de journaux qui n'a pu vendre le fonds avant de partir à la retraite. A côté, le bistrot qui passait des films cochons dans l'arrière-salle a fermé aussi. Le super-8 est dépassé ! C'est un signe d'évolution qui n'indique pas un affaiblissement de la chalandise, le parking du supermarché est plein et en ville les places de stationnement âprement disputées. La municipalité a rasé tout le quartier des halles trop cher à restaurer et mal habité. Aucune information sur le devenir de ce coin en plein centre. On tremble qu'ils en fassent un parking, c'est le moins cher ! Et ça repart.
Sumène par les gorges du Rieutord, la voie romaine des Rutènes que la Compagnie PLM a copiée pour poser ses rails jadis ; mais une mission au sol, encore à faire, me laisse croire que la route des Rutènes passait plutôt par la ligne de crête où s'est maintenu un chemin jusqu'à Cap-de-Coste qui redescend vers Pont-d'Hérault. Il y a certes des plaques de calcaire épais sur le chemin mais sans les ornières caractéristiques de l'écartement du char impérial (identique aux rails d'aujourd'hui - 1435mm). A suivre dans le grand dossier de la Route des Rutènes qui finira bien de s'écrire un jour.
La ville a changé. L'équipe municipale "importée" de Montpellier a fait du bon travail. De plus en plus de salariés à Montpellier-nord ne sont qu'à 45 minutes de Sumène où il fait bon vivre, et le village est préservé du tourisme de masse et surtout des caravanes qui pourraient rester coincées sur les routes. Nouvelle mairie, petit parc pour grands et petits, revêtement asphalté de l'ancienne voie ferrée (déferrée) vers Ganges avec éclairage des tunnels, propreté de bon aloi... oui mais quoi ? Ils se battent contre la fermeture d'une classe en primaire, il ne reste de commerce de bouche qu'une épicerie avec produits locaux au prix fort et deux boulangeries. Demeurent une pharmacie, un café à terrasse sous platane, une pizzeria sympa, un bar américain pour claquer son RSA et draguer la patronne qui a cassé le compteur kilométrique, et un petit marchand de journaux. Un médecin est revenu tenter sa chance. Tout le reste a disparu.
L'érosion démographique due à la métropolisation des territoires intéressants se conjugue à la baisse des revenus disponibles de la population dont l'effectif assisté croît. Les logements de ville un peu délabrés sont loués à bas prix - c'est la CAF qui paie - et les maigres revenus immobiliers interdisent toute rénovation du bâti historique. Il n'y a presque plus de travail à Sumène et la tentative d'une startup numérique n'a rien donné. "Quand t'es dans le désert depuis trop longtemps..." les idées ne viennent plus ! Pourtant les gens (les femmes surtout) résistent et se défoncent à travers des associations culturelles afin de se maintenir au paradis, mais cela ne suffira pas sauf à changer carrément le modèle social, ce qui pourrait attirer des jeunes cadres de la métropole ayant des idées neuves et voulant s'éloigner le week-end au moins du vacarme de la grande ville et de son insécurité nocturne.
Les Cévennes, surtout les basses Cévennes moins austères, sont un milieu extraordinaire. Des terres existent et les gens qui y maintiennent culture maraîchère* ou élevage vivent bien. Je suis désolé que les traversiers restent en friche alors que la mécanisation agricole les ferait rapidement repartir. A la main, même avec un animal de trait, c'est un esclavage, des pierres partout, et un débroussaillage constant. La solution, parce qu'il y a une solution, il y a toujours une solution.... la solution attendra vingt ans ou plus quand notre pays peureux, coincé par le principe constitutionnel de précaution (merci Chirac), légalisera le cannabis récréatif après l'incinération de la classe politique bourgeoise.
Alors renaîtront bancals et traversiers comme on les vit à l'époque des mûriers pour le ver à soie. Le climat s'y prête parfaitement si l'on choisit des variétés de montagne résistant aux intempéries et aux températures hivernales comme les souches népalaises (cf. les pros). Puisque je l'ai entendu dire d'autres personnes qui ne me connaissent pas, je pense que l'idée fait son chemin et s'imposera un jour. Crève les ligues de vertu, chacun doit être personnellement libre de sa vie et de sa mort, à la seule condition de ne pas peser sur autrui.
La prochaine étape du voyage traverse la garrigue haute pour entrer en zone viticole... une autre drogue. A plus !
(*) L'oignon doux de Saint-Martial est pure merveille
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Franco l'encombrant
La translation des cendres du Caudillo serait l'affaire du moment en Espagne à en croire la sphère légitimiste qui ose s'exprimer car le franquisme du champion les met mal à l'aise. D'aucuns, comme le colonel Michel chez Boulevard Voltaire, s'inquiètent du silence de la Casa Real sur le décret gouvernemental qui est soumis aujourd'hui à la ratification des Cortes de Castille. Elle tient tout son pouvoir du dictateur par la restauration de la monarchie des Bourbons à Madrid, et se tait. Qu'est-ce à dire ? Que le roi ne gouverne pas ? Il y a des façons plus subtiles d'influencer les pouvoirs publics comme on le sait faire à Buckingham Palace, mais à Madrid quelqu'un règne-t-il ?
Le jeune roi, peut-être handicapé par la présence encombrante des anciens monarques derrière le rideau et sur la scène médiatique à tout propos, n'a pas convaincu dans la crise catalane où ses déclarations convenues, mais sans nul doute sincères, semblaient écrites par le président du gouvernement Rajoy et manquaient terriblement de chaleur communicative. L'histoire tourne les pages, certaines sont importantes, d'autres moins. La crise catalane qui est bien loin d'être terminée est la crise métapolitique d'un royaume toujours inachevé dans lequel les deux moteurs économiques sont républicains ! L'affaire du cercueil de Franco est aussi une page importante, en ce qu'elle titille les souvenirs les plus tristes de l'époque moderne mais aussi ravive une résistance victorieuse à la doxa marxiste européenne qui a condamné un camp sans appel et absout l'autre avec trop d'indulgence. Le danger de fracture de l'opinion est bien réel.
Tout au fond de la crypte obscure... |
Don Felipe ne pourrait-il pas cette fois sortir des rails constitutionnels et innover ? Qu'on lui reproche d'avoir enfreint le code sera moins grave s'il réussit, et ce que l'administrateur de ce modeste blogue lui suggère humblement est de tout simplement murer l'entrée du mausolée de la "Valle de los Caídos" pour toujours, couper le compteur sans rien toucher à l'intérieur, comme on le faisait dans l'Egypte ancienne de la pyramide de pharaon. Ce mausolée creusé dans la montagne (par des prisonniers) à partir de 1942 est sépulcral et sinistre, la crypte en tunnel fait 260 mètres de long, sa statuaire massive libère un sentiment d'écrasement, les effets d'éclairement des voutes n'adoucissent pas l'ambiance. Pour parfaire la décision, il serait sage de retirer du complexe monumental l'abbaye bénédictine de la Sainte Croix qui donne l'image d'une adoration perpétuelle de l'œuvre franquiste, quitte à remonter un monastère qui prierait pour les morts de la guerre civile à l'Escorial tout proche. A y être, prier pour les morts de toutes les guerres civiles espagnoles car on ne saurait oublier dans le registre les guerres carlistes !
Fermons les lourdes portes de bronze et oublions les heures noires, devrait se dire le roi.
Qu'en pense le duc d'Anjou, président de la Fondation nationale Francisco Franco ?
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Au soleil couchant du Languedoc - retours (2/4)
Le cimetière de Saint-Roman de Codières n'a pas de tombe Marchand. Et pourtant le vainqueur de Fachoda (1898) dormit plusieurs années dans la tour de l'ancien château féodal, au flanc de Raymonde de Serre, fille du comte de Saint-Roman qu'il avait épousée en quittant la Coloniale. La guerre de 14 lui donnera les étoiles de général de division après s'être battu partout et avoir traversé plusieurs fois l'hôpital militaire. Il est mort à Paris d'une bronchite comme tout le monde.
Le petit cimetière, contigu à la modeste église et coincé entre la route départementale et le ravin, est "complet". On y enterre donc les Romanois dans les allées, transformées en sentier d'un pied devant l'autre. Il y a malgré tout des fleurs fraîches, cueillies sur les chemins, et la nef de l'église en pierres apparentes, sans décoration aucune - le pays fut un haut lieu parpaillot - est briquée comme un sou neuf. Entre la Fage (930m) et le Liron (970m) la vue s'échappe au soleil levant jusqu'à je ne sais où, tant elle porte loin en direction de Nîmes, et au couchant, jusqu'au Larzac où le Truc d'Alzon marque l'accès au plateau. Il y faut de bons yeux et pas d'humidité au-dessus du Vidourle à l'est et de l'Hérault à l'ouest.
En bas, Saint-Martial (fief de la maison d'Anduze) était vide, rues et maisons ; pas un chat, un vrai chat, j'entends un raminagrobis ! Mais aucun cadavre abandonné dehors indiquait autre chose qu'une attaque à l'anthrax. C'était le Quinze-Août à Sumène, la plus grosse fête de l'arrondissement avait vidé le canton, à tel point que les églises avaient été verrouillées, ce qui n'arrive jamais en Cévennes. Moins de cohue sur le Plan que dans mes souvenirs et malgré une jeunesse délurée, beaucoup de tabac à rouler(?), il manquait cette année les Suisses, les Hollandaises et surtout les Anglaises torrides. Des Belges, partout des Belges, même à la tour de Saint-Roman ! S'est-il passé quelque chose de grave en Belgique qu'on les ait tous ici ?
Si les orchestres furent moyens-moyens, le feu d'artifice fut grandiose, digne d'une sous-préfecture et tout le monde s'en souviendra longtemps. Au petit matin, un dernier caoua à La Rose, le Wurlitzer d'époque ne marche toujours pas, j'aurais mis Sing the Blues d'Aretha Franklin - mais je vous le mets en mp3 plus bas - et on charge le coffre de la voiture vers Saint-Bauzille de Putois en direction de la plaine aux vins. Si un lecteur n'a pas vu la Grotte des Demoiselles à Saint-Bauzille, qu'il consulte sa voyante attitrée pour y aller avant que de partir dans l'au-delà. Le souvenir lui manquera certainement pendant les psaumes interminables du Paradis.
Today I Sing The Blues, Aretha Franklin
Il n'y aurait rien à remarquer sur ce trajet qui coupe la garrigue de Viols-le-Fort et Puéchabon vers Aniane, porte d'entrée des domaines viticoles de production, si ce ne sont plus bas les champs de tournesol sur des vignes arrachées et les silos de trituration qui sont apparus dans le paysage. Mais je ne peux passer sous silence la nouvelle limite de vitesse à 80km/h qui fait rouler tout le monde en convoi au même rythme que les camions. Vu le profil chahuté de la route, les platanes à ras et son étroitesse, les reprises des camions en côte sont un supplice et les tentatives de les doubler un risque à prendre, mais plutôt pas, sauf en Maserati ! Les fonctionnaires qui ont fait de savants calculs de "retards mineurs d'horaires" et de "treize mètres de sécurité" n'ont pas compris que le trafic se faisait désormais à l'allure des camions, qui ne se doublent pas non plus, agglutinant des convois dangereux. Tout ça pour trois cents morts prétendument victimes de la vitesse sur les départementales ? La fébrilité au pouvoir et le déni de liberté qui monte chaque année un peu plus.
C'est Narbonne déjà, comment déjà ? Nous nous sommes arrêtés au McDonald de Pézenas, contraints et forcés. Sur l'avenue de Verdun, un gamin, haut de trois pommes, a sauté du trottoir quasiment dans les roues. Alfa monte des Brembo d'usine qui l'ont sauvé. A demi morts de peur, nous avons relevé le petit à dix centimètres de la roue quand deux levantines surgirent du McDonald en criant. Je vis la croix au cou tout de suite ; nous avons dégagé l'auto sur le parking du fast food. Un Cheeseburger/Coca zéro plus tard, nous parlions de Beyrouth et de Hariri, de Chirac et de l'indéfectible amitié franco-libanaise. Leurs maris travaillaient au pays pour leur payer le mois au Cap d'Agde. Elles allaient au Salagou avec les gosses qui apparemment ne les avaient pas vraiment déformées. Pas mal de conversation l'une et l'autre. Bref... bref... le programme, ce p... de programme. On ne s'est pas fait la bise mais ce fut tout comme, et je partis en maudissant l'horaire augmenté par Edouard Philippe. Bien sûr qu'elles avaient besoin de nous, nous, les bons samaritains pour une fois raccord avec les Écritures...
Tiens, le vent souffle, on entre en pays cathare et c'est ici que tout commence de ce voyage aux sources. Sur la départementale D119 qui s'embranche à Carcassonne en direction de Foix, on remonte le temps. Montréal, Fanjeaux, Mirepoix, on entend le bâton des Parfaits battre la pierre et maudire le siècle de l'illusion maléfique, notre siècle. Toutes ses petites villes ont entendu les bûchers hurlants crépiter au nom du message apostolique de la puissance romaine. Si l'on veut mesurer ce que fut l'épopée cathare en Occitanie, il faut relire l'appel de Raimond V de Toulouse au Chapitre général de l'ordre de Cîteaux à l'intention du roi de France Louis VII, son suzerain au-delà des terres gasconnes du roi angevin Henri II d'Angleterre auquel la répudiation d'Alienor d'Aquitaine par le sus-dit gros malin, avait apporté la belle Aquitaine. C'était dix ans seulement après le grand concile cathare de Saint-Félix du Lauragais (1167) qui créa la stupéfaction chez le haut clergé français. Des églises organisées dotées d'épiscopes recoupant les diocèses carolingiens étaient nées sous leurs yeux wide shut !
Si la prolifération de l'hérésie s'explique par la mise en cause générale en Europe de la sainte Eglise catholique et romaine, percluse de richesses, de stupre et de scandales dans ses mœurs, la protection que lui apportèrent quasiment tous les barons occitans ne peut s'expliquer par leur conversion - on ne les voit pas refuser l'amour charnel et la consommation de gibier pour faire court. Il y a autre chose. L'affirmation d'une civilisation méridionale plus fine, plus avancée que celle des Français - la ménestrandie est en pleine production - civilisation qui méritait qu'on la défende contre les grossiers barons du nord et la paillardise du bas-clergé local.
La croisade des Albigeois se chargera de leur montrer qu'ils avaient eu raison de se méfier des nouveaux Huns. Mais le danger ne venait pas réellement d'où ils l'attendaient : c'est l'éradication des hérétiques par la police religieuse des mœurs et des idées qui vint à bout de leur particularisme, avec beaucoup de paille et de poix. Le peuple, plus souvent sympathisant que converti, horrifié de voir sa parentèle ou ses voisins flamber sous l'ombre penchée de la croix, s'en souviendra longtemps, jusqu'à ce que lève sur un terreau fertile la semence de la réforme protestante, du Béarn aux Cévennes et plus loin. Les Protestants ne firent aucun cadeau et la vengeance fut pour le coup consommée froide ! En lisant des ouvrages sur la croisade, j'ai noté que les patronymes des Parfaits capturés par les inquisiteurs existent toujours dans la région. Cela aussi les rapprochent de nous.
Mais ce pays est aussi le "Pays de la Frat" ! Cette hérésie moderne qui simplement refuse les décisions du concile catholique Vatican 2, s'est établie entre Montréal et Fanjeaux, au cœur donc du pays cathare, et profite de la sympathie des populations qui apprécient ses écoles, sa tenue irréprochable et le travail que la Fraternité donne aux artisans locaux. Le pensionnat Saint-Joseph des Carmes n'a-t-il pas confié à un maçon de Montréal la construction de sa nouvelle église ? D'autres communautés religieuses, fatiguées des errements de l'Eglise moderne en voie de désertification, sont en symbiose avec la Fraternité mais nous ne les dénoncerons pas, des fois qu'un catholiban* lise ces lignes. Comme partout, la Fraternité sacerdotale saint Pie X manque de place quand le diocèse régulier en a trop !
Pour finir en guide touristique, sur la route de Foix, arrêtez-vous à La Table Cathare de Fanjeaux ; on ne peut pas la rater après le virage à gauche en ville, et ce n'est pas une auberge végétarienne car elle enfreint les règles évoquées par son nom : le Bon Chrétien ne mange pas ce qui est produit par un coït ! Le menu ci-dessous en dit long sur une "supercherie gastronomique" bienvenue.
Le petit cimetière, contigu à la modeste église et coincé entre la route départementale et le ravin, est "complet". On y enterre donc les Romanois dans les allées, transformées en sentier d'un pied devant l'autre. Il y a malgré tout des fleurs fraîches, cueillies sur les chemins, et la nef de l'église en pierres apparentes, sans décoration aucune - le pays fut un haut lieu parpaillot - est briquée comme un sou neuf. Entre la Fage (930m) et le Liron (970m) la vue s'échappe au soleil levant jusqu'à je ne sais où, tant elle porte loin en direction de Nîmes, et au couchant, jusqu'au Larzac où le Truc d'Alzon marque l'accès au plateau. Il y faut de bons yeux et pas d'humidité au-dessus du Vidourle à l'est et de l'Hérault à l'ouest.
En bas, Saint-Martial (fief de la maison d'Anduze) était vide, rues et maisons ; pas un chat, un vrai chat, j'entends un raminagrobis ! Mais aucun cadavre abandonné dehors indiquait autre chose qu'une attaque à l'anthrax. C'était le Quinze-Août à Sumène, la plus grosse fête de l'arrondissement avait vidé le canton, à tel point que les églises avaient été verrouillées, ce qui n'arrive jamais en Cévennes. Moins de cohue sur le Plan que dans mes souvenirs et malgré une jeunesse délurée, beaucoup de tabac à rouler(?), il manquait cette année les Suisses, les Hollandaises et surtout les Anglaises torrides. Des Belges, partout des Belges, même à la tour de Saint-Roman ! S'est-il passé quelque chose de grave en Belgique qu'on les ait tous ici ?
Si les orchestres furent moyens-moyens, le feu d'artifice fut grandiose, digne d'une sous-préfecture et tout le monde s'en souviendra longtemps. Au petit matin, un dernier caoua à La Rose, le Wurlitzer d'époque ne marche toujours pas, j'aurais mis Sing the Blues d'Aretha Franklin - mais je vous le mets en mp3 plus bas - et on charge le coffre de la voiture vers Saint-Bauzille de Putois en direction de la plaine aux vins. Si un lecteur n'a pas vu la Grotte des Demoiselles à Saint-Bauzille, qu'il consulte sa voyante attitrée pour y aller avant que de partir dans l'au-delà. Le souvenir lui manquera certainement pendant les psaumes interminables du Paradis.
Today I Sing The Blues, Aretha Franklin
Il n'y aurait rien à remarquer sur ce trajet qui coupe la garrigue de Viols-le-Fort et Puéchabon vers Aniane, porte d'entrée des domaines viticoles de production, si ce ne sont plus bas les champs de tournesol sur des vignes arrachées et les silos de trituration qui sont apparus dans le paysage. Mais je ne peux passer sous silence la nouvelle limite de vitesse à 80km/h qui fait rouler tout le monde en convoi au même rythme que les camions. Vu le profil chahuté de la route, les platanes à ras et son étroitesse, les reprises des camions en côte sont un supplice et les tentatives de les doubler un risque à prendre, mais plutôt pas, sauf en Maserati ! Les fonctionnaires qui ont fait de savants calculs de "retards mineurs d'horaires" et de "treize mètres de sécurité" n'ont pas compris que le trafic se faisait désormais à l'allure des camions, qui ne se doublent pas non plus, agglutinant des convois dangereux. Tout ça pour trois cents morts prétendument victimes de la vitesse sur les départementales ? La fébrilité au pouvoir et le déni de liberté qui monte chaque année un peu plus.
C'est Narbonne déjà, comment déjà ? Nous nous sommes arrêtés au McDonald de Pézenas, contraints et forcés. Sur l'avenue de Verdun, un gamin, haut de trois pommes, a sauté du trottoir quasiment dans les roues. Alfa monte des Brembo d'usine qui l'ont sauvé. A demi morts de peur, nous avons relevé le petit à dix centimètres de la roue quand deux levantines surgirent du McDonald en criant. Je vis la croix au cou tout de suite ; nous avons dégagé l'auto sur le parking du fast food. Un Cheeseburger/Coca zéro plus tard, nous parlions de Beyrouth et de Hariri, de Chirac et de l'indéfectible amitié franco-libanaise. Leurs maris travaillaient au pays pour leur payer le mois au Cap d'Agde. Elles allaient au Salagou avec les gosses qui apparemment ne les avaient pas vraiment déformées. Pas mal de conversation l'une et l'autre. Bref... bref... le programme, ce p... de programme. On ne s'est pas fait la bise mais ce fut tout comme, et je partis en maudissant l'horaire augmenté par Edouard Philippe. Bien sûr qu'elles avaient besoin de nous, nous, les bons samaritains pour une fois raccord avec les Écritures...
Tiens, le vent souffle, on entre en pays cathare et c'est ici que tout commence de ce voyage aux sources. Sur la départementale D119 qui s'embranche à Carcassonne en direction de Foix, on remonte le temps. Montréal, Fanjeaux, Mirepoix, on entend le bâton des Parfaits battre la pierre et maudire le siècle de l'illusion maléfique, notre siècle. Toutes ses petites villes ont entendu les bûchers hurlants crépiter au nom du message apostolique de la puissance romaine. Si l'on veut mesurer ce que fut l'épopée cathare en Occitanie, il faut relire l'appel de Raimond V de Toulouse au Chapitre général de l'ordre de Cîteaux à l'intention du roi de France Louis VII, son suzerain au-delà des terres gasconnes du roi angevin Henri II d'Angleterre auquel la répudiation d'Alienor d'Aquitaine par le sus-dit gros malin, avait apporté la belle Aquitaine. C'était dix ans seulement après le grand concile cathare de Saint-Félix du Lauragais (1167) qui créa la stupéfaction chez le haut clergé français. Des églises organisées dotées d'épiscopes recoupant les diocèses carolingiens étaient nées sous leurs yeux wide shut !
Cette pestilentielle contagion de l'hérésie s'est tellement répandue qu'elle a jeté la discorde chez ceux qui étaient unis, divisant, hélas, le mari et la femme, le père et le fils, la belle-mère et la bru. Même ceux qui sont revêtus du sacerdoce sont corrompus par son infection. Les antiques églises que jadis l'on respectait sont abandonnées et tombent en ruines. On refuse le baptême, l'eucharistie est en exécration, la pénitence est méprisée, on nie obstinément la création de l'homme et la résurrection de la chair ; tous les sacrements de l'Église sont réduits à néant et même - ô sacrilège ! - on prétend qu'il y a deux principes ! Quant à moi, je reconnais que les forces me manquent pour mener à bien une affaire si vaste et si difficile, parce que les plus nobles de ma terre sont déjà atteints par le mal de l'infidélité, entraînant avec eux une grande multitude de gens qui ont abandonné la Foi...»
Si la prolifération de l'hérésie s'explique par la mise en cause générale en Europe de la sainte Eglise catholique et romaine, percluse de richesses, de stupre et de scandales dans ses mœurs, la protection que lui apportèrent quasiment tous les barons occitans ne peut s'expliquer par leur conversion - on ne les voit pas refuser l'amour charnel et la consommation de gibier pour faire court. Il y a autre chose. L'affirmation d'une civilisation méridionale plus fine, plus avancée que celle des Français - la ménestrandie est en pleine production - civilisation qui méritait qu'on la défende contre les grossiers barons du nord et la paillardise du bas-clergé local.
La croisade des Albigeois se chargera de leur montrer qu'ils avaient eu raison de se méfier des nouveaux Huns. Mais le danger ne venait pas réellement d'où ils l'attendaient : c'est l'éradication des hérétiques par la police religieuse des mœurs et des idées qui vint à bout de leur particularisme, avec beaucoup de paille et de poix. Le peuple, plus souvent sympathisant que converti, horrifié de voir sa parentèle ou ses voisins flamber sous l'ombre penchée de la croix, s'en souviendra longtemps, jusqu'à ce que lève sur un terreau fertile la semence de la réforme protestante, du Béarn aux Cévennes et plus loin. Les Protestants ne firent aucun cadeau et la vengeance fut pour le coup consommée froide ! En lisant des ouvrages sur la croisade, j'ai noté que les patronymes des Parfaits capturés par les inquisiteurs existent toujours dans la région. Cela aussi les rapprochent de nous.
Quelle crise des vocations ? |
Mais ce pays est aussi le "Pays de la Frat" ! Cette hérésie moderne qui simplement refuse les décisions du concile catholique Vatican 2, s'est établie entre Montréal et Fanjeaux, au cœur donc du pays cathare, et profite de la sympathie des populations qui apprécient ses écoles, sa tenue irréprochable et le travail que la Fraternité donne aux artisans locaux. Le pensionnat Saint-Joseph des Carmes n'a-t-il pas confié à un maçon de Montréal la construction de sa nouvelle église ? D'autres communautés religieuses, fatiguées des errements de l'Eglise moderne en voie de désertification, sont en symbiose avec la Fraternité mais nous ne les dénoncerons pas, des fois qu'un catholiban* lise ces lignes. Comme partout, la Fraternité sacerdotale saint Pie X manque de place quand le diocèse régulier en a trop !
(*) Il y en a beaucoup dans la roycosphère
Pour finir en guide touristique, sur la route de Foix, arrêtez-vous à La Table Cathare de Fanjeaux ; on ne peut pas la rater après le virage à gauche en ville, et ce n'est pas une auberge végétarienne car elle enfreint les règles évoquées par son nom : le Bon Chrétien ne mange pas ce qui est produit par un coït ! Le menu ci-dessous en dit long sur une "supercherie gastronomique" bienvenue.
"Demain" on part pour le Béarn.
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Hisahito promis au sursaut de l'empire
Le jeune prince Hisahito de la Maison du Chrysanthème a fêté ses douze ans, comme tous les enfants de son âge certes mais avec seulement ses deux grandes sœurs ; et la presse du Gotha de se pâmer. Il faut dire qu'enfant il était très mignon (clic), et aujourd'hui grand garçon, il est devenu carrément beau. Scolarisé en ville, ce qui est une rareté à la cour du Japon, il s'éduque au contact d'autres enfants de la gentry et si l'Agence impériale ne donne pas son carnet de notes, elle dévoile qu'il est chef de classe, accessoirement un jardinier accompli qui fait pousser du riz et des légumes, et montre un vrai souci de protection du microcosme vivant de son lopin.
Le petit prince entre ses parents, empereurs du Japon dès 2019 (©Asahi) |
Destiné à la fonction suprême juste derrière son père qui régnera l'an prochain après l'abdication de l'empereur Akihito épuisé par le protocole, Hisahito a suivi cet été des cours d'histoire sur la seconde guerre mondiale et a écouté une conférence sur la bataille d'Okinawa (le Verdun japonais mais perdu). On a essayé de lui inculquer l'amour de la paix par une visite à Hiroshima où on lui fit rencontrer des survivants à la bombe américaine. (source principale)
Nul ne sait vraiment comment grandira l'héritier du trône dans une période dangereuse pour son pays depuis le réveil de l'empire chinois assoiffé de vengeance quoiqu'il en montre. Le confinement recherché, sans grande réaction du protecteur américain, a provoqué un certain réarmement moral des Japonais et la mise en débat de la constitution pacifiste imposée par le général McArthur en 1945. Lui fera-t-on savoir qu'au XXè siècle, aucune puissance régionale n'est sortie de ses frontières historiques à l'exception du Japon ? Après la colonisation féroce de la Corée en 1905, ce fut le tour de l'immense Chine par l'attaque de Shanghaï en 1937 et la mise en coupe réglée de tout le pays des Hans jusqu'à la frontière russe, avant que de s'attaquer à la première puissance du Pacifique à Pearl Harbor en 1942. Sans compter les Coréens, la politique d'expansion nippone a pris la vie de quatre millions de soldats et seize millions de civils en Chine, puis deux millions de soldats et un million de civils dans la Guerre du Pacifique proprement dite.
Le sacrifice terrible des citadins d'Hiroshima et Nagazaki a surtout sauvé des millions de Japonais, puisque le pouvoir de la junte militaire à Tokyo, derrière l'empereur Hirohito qui l'approuvait, avait décrété le suicide de tous pour l'honneur de l'empire.
Hisahito comprendra vite que "son" peuple est le plus policé du monde par obligation. De tempérament féroce et d'un courage à toute épreuve, il doit être contenu par des codes sociaux exigeants et un sens développé de l'étiquette. Les Chinois qui croient bien les connaître - ils les appellent les "petits navets" - devraient s'en méfier un peu plus car le Japon peut redevenir redoutable pour peu qu'il obtienne le Nihil Obstat des Etats-Unis eux-mêmes menacés et qui pourraient sous-traiter une partie de leur stratégie régionale. Shinzō Abe est un nationaliste raisonnable, qui va chaque année au Yasukumi Jinja pour marquer son territoire et prendre des points sur sa droite, mais on voit tourner autour de lui d'autres nationalistes convaincus que le temps presse et qui reprennent des thèmes chers au défunt Mishima...
Les Chinois seraient bien avisés de lever le pied sur les revendications insulaires et les programmes scolaires nippons pour ne pas provoquer au-delà du réarmement moral déjà évoqué un réarmement tout court dont la qualité les surprendra ! D'aucuns le savent à Zhongnanhai qui me dirent une fois la parabole suivante : « Un Chinois battra toujours un Japonais, mais quatre Chinois ne feront jamais le poids face à quatre Japonais !» A méditer.
A douze ans, le petit mikado peut comprendre la stratégie, d'autant qu'il n'est pas cloîtré loin des idées qui galopent dans son pays comme ses prédécesseurs.
Bon anniversaire Hisahito !
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Jusqu'à l'océan ! Retours (3/4)
A choisir une chambrière, autant prendre long. Un modèle de cirque fera l'affaire. Puis vous ajouterez un licol, une longe de sept mètres, deux brosses, un cure-pied et un sac de carottes bio. N'oubliez pas le caparaçon, la couverture de la couleur de la robe - pas la vôtre - brodée aux initiales de votre meilleur ami, qui ne vous veut aucun bien étant par construction au-delà du bien et du mal, mais intelligent et doté d'une mémoire prodigieuse. Nous voilà donc partis au cheval, qui paît peinard avec deux copains de son âge dans un paddock loin de partout, pour garantir sa tranquillité. C'est mardi, jour hippologique de la guerre, on dérouille et lave la bête que possède mon hôte. Mes lecteurs lusitaniens savent tout cela en naissant.
A quoi servent les carottes ? A attraper le cheval au pré. Le licol, à le ramener au manège ; et la longe, à le mettre à distance puis à passer la piscine à la sortie du manège. Un protocole du Cadre Noir tout simplement. Mais je ne vous ai pas fait venir sur le troisième article du voyage pour vous dresser au dressage. Il y a des maisons pour ça, qui ont aussi des chambrières ! Revenons à nos chevaux-vapeur.
Juste échappés de l'Inquisition audoise, nous demandâmes l'asile à Foix chez ce vieux salopard de Gaston Phœbus qui trahissait tout le monde sauf ses chiens de chasse. Il en reste un beau château d'une ville endormie au bord de l'Ariège, même à pied en cherchant bien au centre-ville, les rares habitants vous regardent, peu habitués aux étrangers. Mais les Pyrénées sont tout proches, le pays des Macaboundéous, le bout du monde quoi ! Ce qui explique sans doute l'apathie des manants que nous croisons, écrasés par les cimes. Passé le col del Bouich, qui nous permet de vérifier la souplesse des barres de stabilisation et le déclenchement pertinent du correcteur de trajectoire au-delà des limites autorisées par le gouvernement des emmerdeurs, nous nous arrêtons à His après Saint-Girons (RAS) pour consulter la wikipedia car on ne peut s'appeler "His" sans raison particulière. Le contributeur à l'encyclopédie numérique ne s'y est pas trompé qui nous fait tout un paragraphe sur l'origine du bled (223 habitants dont 11 conseillers municipaux - on ne rit pas). Qu'est-ce qu'His ?
Qui a dit que l'Ancien Régime était un foutoir indescriptible, "assemblage bizarre d'institutions féodales et de lois césariennes où rien ne coïncidait, où tout était disparate" ? Boiffils de Massanne pardi ! C'est le Second Empire qui arracha ce pays perdu au désordre royal entre construisant une halte voyageurs sur la Transpyrénéenne nommée "His-Mane-Touille" une minute d'arrêt ! Ça ne s'invente pas. Le moteur est froid et deux salades au thon plus tard, nous démarrons pour un non-stop autoroutier vers Tarbes. Parc magnifique où des parachutistes, halés comme le légionnaire d'Edith Piaf, se promènent avec la même devise ou presque que l'Olympique de Marseille : "Droit Devant", ce sont des artilleurs. Soumoulou enfin ! : voici la civilisation du maïs : Soumoulou, du baillage de Pau et canton de Pontacq. Nœud routier avec accès autoroutier, dernière ville païenne avant Lourdes, la ville est un grand marché étiré sur la nationale N117 où l'on trouve de tout, de l'aspirine, de la Corona, de la viande de bœuf (d'ailleurs indiquée sur les armoiries féodales de la ville) et même un réparateur de mobylette. Hôtel, restaurant, journaux, tout pour le pèlerin. Et partout autour, du maïs... Un vrai pays de cocagne où la chaleur du sud et la pluviométrie béarnaise se conjuguent pour économiser l'eau d'arrosage, ralentir le compteur et augmenter le bas de bilan du paysan tranquille. J'en ai vu un en Aston Martin. En fait, je dois vous dire que je ne suis venu jusque-là pour ne rien faire d'autre que de consulter l'Ermite du gave, le Vieux de la montagne, le Siddhartha Gautama de Pontact, et même si la consultation s'est terminée devant un demi tiède sur le front de mer écrasé de soleil de Saint-Jean-de-Luz, j'ai quand même appris des choses.
Figurez-vous que Brigitte et Emmanuel Macron auraient passé un contrat de convenance sociale en se mariant afin d'aboutir où on les trouve aujourd'hui, au Fort de Brégançon. J'avoue que Bertrand Delanoé avait été plus franc, qui était venu à Rodez avec son futur époux. La tronche des Ruthénois qui font cent cinquante kilomètres pour aller aux putes, fut inoubliable. On y repasse "demain". Outre l'abondement à la rumeur qui prêtait au candidat des écarts cachés, j'ai appris du Sphinx des choses insoupçonnées quoique sans intérêt immédiat. Sachez que la police nationale d'Alicante a naturalisé un paquet d'Allemands de la Stasi en fuite vers l'Amérique du sud. La crise des subprimes a privé le commissariat central de la baignoire commandée pour les garde-à-vue, aussi use-t-on (c'est bien le mot) la résistance psychologique du mis-en-cause dans la plus pure tradition de "L'Aveu" de Costa-Gravas - vous savez bien ? les lunettes de soudeur sous la lampe à bronzer. Ayant tant à me reprocher, j'ai donc reconfiguré mon GPS pour déclencher l'alarme cent kilomètres avant Alicante. Faut pas nous croire des demeurés non plus !
Entretemps nous avons pris la route à vomir du Pays basque, pas cinquante mètres de droit ni de plat - le rêve du cyclecariste - pour verser sur le port de Saint-Jean de Luz tout au bout du chaos basque. On n'imagine pas que ce fut un port aux baleines. La ville affiche un certain orgueil national de bon aloi. Le bâti est impeccable, les plaques de rue rappellent l'histoire riche de ce pays qui aimanta l'Espagne et la France pour le meilleur (le mariage du jeune Louis XIV) et le pire (la guerre de Succession d'Espagne que nous perdîmes à Utrecht). Les autochtones sont hyperactifs, le piment d'Espelette peut-être, et j'ai admiré de très près l'emballage de deux michetons étrangers à la nación par deux amazones du cru à qui tout autre que moi aurait donné le bon dieu sans confession. Du grand art, la modestie de la tenue sur talons compensés quand même, l'œillade timide au rimmel discret, la coupe de champ au lieu de la bouteille direct, la récupération du cendrier sur la table voisine afin de présenter la marchandise promise, le soutif Ulla/90C avec décolleté grande chaleur justifié, une séquence à la Godard, j'ai cherché la caméra en vain, et n'eus pas le temps de confirmer mon pressentiment au moment de la carte bleue. Derrière, la mer et ses beautés, toujours les mêmes et jamais les mêmes...
En revenant vers les bateaux, l'église m'appelle en pleine rue. Fatchecon ! comme on dit à Rodez, la nef est magnifique avec sa triple galerie haute, une voûte en carène inversée et un monstrueux retable surchargé d'or en bois, comme on en voit dans les monastères birmans. Il y a foule. Pas d'office en cours, un prédicant à l'ancienne tient sous son charme touristes et luziens par la seule exégèse du Nouveau Testament. Un âge avancé, la chevelure abondante, une barbe de cent ans et la voix bien placée qui porte, derrière une table surchargée d'ouvrages de sa composition peut-être. Cela ne vous rappelle rien ? Le Bon Chrétien n'a plus le bâton lourd du Sermon sur la Montagne mais on s'amuse à voir un civil à l'œuvre, en lieu et place des clercs occupés aux "pauvres". Décidément le diocèse a une large marge de progression. Et savez-vous qu'en Pyrénées atlantiques quarante pour cent du clergé séculier est en ménage ? Et que les fidèles (ceux qui paient le Denier du culte) protègent leurs ménages. C'est une affaire qui reviendra quand nous reparlerons du mariage des prêtres. Mais le soleil se couche, il faut rentrer déjà... par l'autoroute.
A quoi servent les carottes ? A attraper le cheval au pré. Le licol, à le ramener au manège ; et la longe, à le mettre à distance puis à passer la piscine à la sortie du manège. Un protocole du Cadre Noir tout simplement. Mais je ne vous ai pas fait venir sur le troisième article du voyage pour vous dresser au dressage. Il y a des maisons pour ça, qui ont aussi des chambrières ! Revenons à nos chevaux-vapeur.
Juste échappés de l'Inquisition audoise, nous demandâmes l'asile à Foix chez ce vieux salopard de Gaston Phœbus qui trahissait tout le monde sauf ses chiens de chasse. Il en reste un beau château d'une ville endormie au bord de l'Ariège, même à pied en cherchant bien au centre-ville, les rares habitants vous regardent, peu habitués aux étrangers. Mais les Pyrénées sont tout proches, le pays des Macaboundéous, le bout du monde quoi ! Ce qui explique sans doute l'apathie des manants que nous croisons, écrasés par les cimes. Passé le col del Bouich, qui nous permet de vérifier la souplesse des barres de stabilisation et le déclenchement pertinent du correcteur de trajectoire au-delà des limites autorisées par le gouvernement des emmerdeurs, nous nous arrêtons à His après Saint-Girons (RAS) pour consulter la wikipedia car on ne peut s'appeler "His" sans raison particulière. Le contributeur à l'encyclopédie numérique ne s'y est pas trompé qui nous fait tout un paragraphe sur l'origine du bled (223 habitants dont 11 conseillers municipaux - on ne rit pas). Qu'est-ce qu'His ?
« Au XVIe siècle, la localité était désignée sous la dénomination de Lieu d'Ahis. Cette appellation semble découler du fait que le village était construit en grande partie sur un léger promontoire, au-dessus de la vallée du Salat. Des documents portant le cachet du seigneur de Roquefort laissent supposer que le lieu d'Ahis dépendait de cette seigneurie. Une famille Déqué portait au XVIIe siècle le titre de « Déqué de Moncaup ». Lors de la vente de la baronnie d'Aspet (1642-1643), Géraud Déqué, sieur de Moncaup, acheta le 1er mars 1643 les seigneuries d'Affis (ou His) et de Mauvezin pour le compte de Jacques de Nostenx. Il acquit Montastruc, Rouède, Arbas et Saint Martin pour celui de Jacques de Tersac. Il garda pour lui Saleich dont il devint le seigneur. En 1667, par édit du mois d'avril, le roi Louis XIV (ndlr : son intendant plutôt) ordonne le rachat des dix-huit paroisses engagées en 1642 et 1643. Elles rentrèrent toutes dans le domaine royal. Mais par la suite, certaines furent revendues (Castelbiague - Pointis Inard - Alas Agert Balagué). D'autres restèrent en paréage avec le roi (Affis, Arbas, Ganties, Mauvezin, Montastruc et Rouède) ou restèrent définitivement sous la main du roi, seul seigneur, comme Aspet, Chein, Escaich, Estadens, Montgauch-Bareilles et Saleich.»
Qui a dit que l'Ancien Régime était un foutoir indescriptible, "assemblage bizarre d'institutions féodales et de lois césariennes où rien ne coïncidait, où tout était disparate" ? Boiffils de Massanne pardi ! C'est le Second Empire qui arracha ce pays perdu au désordre royal entre construisant une halte voyageurs sur la Transpyrénéenne nommée "His-Mane-Touille" une minute d'arrêt ! Ça ne s'invente pas. Le moteur est froid et deux salades au thon plus tard, nous démarrons pour un non-stop autoroutier vers Tarbes. Parc magnifique où des parachutistes, halés comme le légionnaire d'Edith Piaf, se promènent avec la même devise ou presque que l'Olympique de Marseille : "Droit Devant", ce sont des artilleurs. Soumoulou enfin ! : voici la civilisation du maïs : Soumoulou, du baillage de Pau et canton de Pontacq. Nœud routier avec accès autoroutier, dernière ville païenne avant Lourdes, la ville est un grand marché étiré sur la nationale N117 où l'on trouve de tout, de l'aspirine, de la Corona, de la viande de bœuf (d'ailleurs indiquée sur les armoiries féodales de la ville) et même un réparateur de mobylette. Hôtel, restaurant, journaux, tout pour le pèlerin. Et partout autour, du maïs... Un vrai pays de cocagne où la chaleur du sud et la pluviométrie béarnaise se conjuguent pour économiser l'eau d'arrosage, ralentir le compteur et augmenter le bas de bilan du paysan tranquille. J'en ai vu un en Aston Martin. En fait, je dois vous dire que je ne suis venu jusque-là pour ne rien faire d'autre que de consulter l'Ermite du gave, le Vieux de la montagne, le Siddhartha Gautama de Pontact, et même si la consultation s'est terminée devant un demi tiède sur le front de mer écrasé de soleil de Saint-Jean-de-Luz, j'ai quand même appris des choses.
Figurez-vous que Brigitte et Emmanuel Macron auraient passé un contrat de convenance sociale en se mariant afin d'aboutir où on les trouve aujourd'hui, au Fort de Brégançon. J'avoue que Bertrand Delanoé avait été plus franc, qui était venu à Rodez avec son futur époux. La tronche des Ruthénois qui font cent cinquante kilomètres pour aller aux putes, fut inoubliable. On y repasse "demain". Outre l'abondement à la rumeur qui prêtait au candidat des écarts cachés, j'ai appris du Sphinx des choses insoupçonnées quoique sans intérêt immédiat. Sachez que la police nationale d'Alicante a naturalisé un paquet d'Allemands de la Stasi en fuite vers l'Amérique du sud. La crise des subprimes a privé le commissariat central de la baignoire commandée pour les garde-à-vue, aussi use-t-on (c'est bien le mot) la résistance psychologique du mis-en-cause dans la plus pure tradition de "L'Aveu" de Costa-Gravas - vous savez bien ? les lunettes de soudeur sous la lampe à bronzer. Ayant tant à me reprocher, j'ai donc reconfiguré mon GPS pour déclencher l'alarme cent kilomètres avant Alicante. Faut pas nous croire des demeurés non plus !
Entretemps nous avons pris la route à vomir du Pays basque, pas cinquante mètres de droit ni de plat - le rêve du cyclecariste - pour verser sur le port de Saint-Jean de Luz tout au bout du chaos basque. On n'imagine pas que ce fut un port aux baleines. La ville affiche un certain orgueil national de bon aloi. Le bâti est impeccable, les plaques de rue rappellent l'histoire riche de ce pays qui aimanta l'Espagne et la France pour le meilleur (le mariage du jeune Louis XIV) et le pire (la guerre de Succession d'Espagne que nous perdîmes à Utrecht). Les autochtones sont hyperactifs, le piment d'Espelette peut-être, et j'ai admiré de très près l'emballage de deux michetons étrangers à la nación par deux amazones du cru à qui tout autre que moi aurait donné le bon dieu sans confession. Du grand art, la modestie de la tenue sur talons compensés quand même, l'œillade timide au rimmel discret, la coupe de champ au lieu de la bouteille direct, la récupération du cendrier sur la table voisine afin de présenter la marchandise promise, le soutif Ulla/90C avec décolleté grande chaleur justifié, une séquence à la Godard, j'ai cherché la caméra en vain, et n'eus pas le temps de confirmer mon pressentiment au moment de la carte bleue. Derrière, la mer et ses beautés, toujours les mêmes et jamais les mêmes...
En revenant vers les bateaux, l'église m'appelle en pleine rue. Fatchecon ! comme on dit à Rodez, la nef est magnifique avec sa triple galerie haute, une voûte en carène inversée et un monstrueux retable surchargé d'or en bois, comme on en voit dans les monastères birmans. Il y a foule. Pas d'office en cours, un prédicant à l'ancienne tient sous son charme touristes et luziens par la seule exégèse du Nouveau Testament. Un âge avancé, la chevelure abondante, une barbe de cent ans et la voix bien placée qui porte, derrière une table surchargée d'ouvrages de sa composition peut-être. Cela ne vous rappelle rien ? Le Bon Chrétien n'a plus le bâton lourd du Sermon sur la Montagne mais on s'amuse à voir un civil à l'œuvre, en lieu et place des clercs occupés aux "pauvres". Décidément le diocèse a une large marge de progression. Et savez-vous qu'en Pyrénées atlantiques quarante pour cent du clergé séculier est en ménage ? Et que les fidèles (ceux qui paient le Denier du culte) protègent leurs ménages. C'est une affaire qui reviendra quand nous reparlerons du mariage des prêtres. Mais le soleil se couche, il faut rentrer déjà... par l'autoroute.
On remontera par Rodez !
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C'est con les canards, mais ça fait cossu*
C'est ainsi que le dernier empereur de la Cité interdite regardait chaque matin le miroir de la Tongzi que ridait le sillage des mandarins, parés de couleurs de vitrail sous le soleil rasant. Il leur jetait des poignées de blé écrasé et parfois de l'avoine à chevaux, puis il retournait à ses eunuques, autorisés à passer les portes du palais dès le petit matin, pour en recevoir l'hommage et les conseils timides. De la même manière à cent ans d'intervalle, les princes d'ici en situation d'accéder mais privés de miroir, regardent entre deux biscottes beurrées leur écran bourré de flagornerie courtisane. Dans le tiroir ils prennent des parchemins tout neufs et des médailles pieuses qu'ils jettent aux connards, euh... aux canards de la cour, mais pas basse. Et eux de réciter : "Vous z'êtes le plus beau des z'hôtes de ce bois". A dire vrai, aucun n'a de canards, ni de mare ou d'étang... c'est une allégorie !
Il est très curieux de voir la dérive d'emmurement des prétendants au trône en ce début de siècle, surtout de celui dont on croyait l'esprit plus délié que la moyenne de ses concurrents. A l'heure de la cinquantaine, il s'enferme déjà dans son "château" de Dreux qu'il fait visiter comme un nouveau riche, joue au seigneur féodal mais sans fief ni censive, pavoise sa tour à son chiffre, remet des trophées aux gueux d'en-bas, sonne du cor du haut de chez lui pour fêter les champions du monde, fait partir la course cycliste, retranche ses enfants de l'école et, et, et... promeut les intérêts d'une fondation partisane qui défend des idées pro-vie - qui sont un peu les miennes - mais qui, dans une logique de récupération du pouvoir, le coupe des deux-tiers des Français qui devront un jour le plébisciter. Donc, même s'il ne le souhaite pas, il sort du jeu.
Son père, titulaire d'une charge virtuelle sans avenir à son âge, se confit en jeux de rôles, créant des ordres de chevalerie et des croix qui meublent ses longues soirées sous tisanes, court les messes de repentir et maintient à leurs frais une palanquée de chevaliers d'opérette enthousiasmés par des "titres en attente". C'est le pain dur qu'on jette aux canards de la mare que nous évoquions plus haut. Feu son père en faisait grand emploi pour son argent de poche. Ce microcosme confine au nanocosme mais qu'importe, il n'y a que peu de place devant l'âtre armorié !
L'abandon chez le parti d'Orléans du camp clos et, selon la formule de Brantôme, de ses combats à outrance, devrait réjouir les partisans de l'aîné des Capétiens, duc d'Anjou à ses heures, occupé à Madrid par ses affaires, sa famille et son clan, mais toujours prêt à se rendre disponible pour jeter lui-aussi du pain dur à ses canards français. Ô Dieu des Francs ! le voila parti combattre le gouvernement espagnol à la tête d'une fondation nationale franquiste héritée de sa mère, nouvelle duchesse de Franco à la mort de la sienne, fondation menacée de délégalisation par une partie des Cortes de Madrid, ce qui normalement devrait pousser son président à prendre le maquis comme dans la période carliste. C'est vrai qu'on commençait à s'emmerder ! N'est-ce pas Bauffremont, euh... Monsieur le Duc ?
La doxa anti-franquiste française lui interdit désormais de briguer le trône de France avec le minimum de chances nécessaire, au milieu de la République établie dont le cœur a toujours penché pour les républicains espagnols. Ce fait nouveau n'est pas mortel en soi pour la Cause, mais peut le barrer des manifestations régaliennes du souvenir où il est automatiquement invité, comme la messe anniversaire de la création des Invalides par son ancêtre Louis le Grand. Serait alors fini le plan "com" de l'Institut de Bourbon qui vise à imprimer son visage et sa prestance dans l'opinion à travers des manifestations qui ne mangent pas de pain politique et ne gênent pas les pouvoirs en place. Alors comme chez les D'Orléans à l'époque du défunt comte de Paris, sautera-t-on l'héritier de Louis XIV, incapable par immoralité et défaut de tenue correcte en Valle de Los Caídos, pour adouber son fils ?
L'espérance légitimiste ne pourrait que s'effondrer, car elle roule sur des lois à écartement fixe comme des rails de chemin de fer. Depuis la résurgence des Bourbons après la seconde guerre mondiale, les lois irréfragables du royaume ont été dès le départ le leitmotiv de la revendication légitimiste contre la branche cadette usurpatrice. Tout le principe dynastique partirait à l'eau, les ultrabrites nous le confirment : le peuple ne choisit pas son roi, Dieu y pourvoit. Circulez !
C'est à ce stade que l'on devrait se disputer sur la logique céleste qui a laissé crever le projet capétien issu du sang du roi David pour le relancer sur des bases en l'état improbables, si tant est qu'on les connaisse un jour. A part le roi d'au-delà des mers, le bateau blanc ou le retour de John Frum, je ne vois rien que je puisse expliquer pour faciliter la restauration par le Ciel en la reliant au passé. Et cela tombe très bien, l'affaire étant de foi plus que de raison, s'acharner à convaincre relève de l'intercession divine ou de la foudre ; à quoi j'ajouterais qu'on tue plus pour la foi que par la raison.
En attendant l'hypothétique renfort de la Providence, nous devons parler de monarchie tous les jours ou presque et ensemencer l'opinion à l'idée d'une famille royale, en lieu et place d'éphémères locataires de l'Elysée qui n'ont pas l'intérêt du pays chevillé au cœur comme des rois, ne possédant par eux-mêmes qu'un infime fraction du patrimoine, mesurable en toises, parfois à crédit ! Une personne étrangère au microcosme m'assurait tantôt que les émirs du Golfe, les princes de Monaco ou de Liechtenstein, le sultan de Bruneï et dans une moindre mesure les rois et reines du Nord, se démènent pour le bien commun et la perpétuation de leur monarchie parce qu'elle leur appartient, c'est leur "chose". A qui appartient la République française ? On le saura quand la banqueroute publique aura tari les prestations sociales généralisées à compte d'autrui. Se lèveront alors les contributeurs contre les assistés en colère ! La guerre de tous contre tous, la Gaule éternelle quoi ! Et personne au-dessus de la mêlée pour couvrir le vacarme et faire entendre raison, au canon s'il le faut.
D'accord, ce n'est pas tendance ! La famille royale l'est-elle encore ? Je vais de ce pas donner à manger aux canards. Les miens sont des colverts. 后会有期。À Tchao, bonsoir !
(*) Michel Audiard in Cent Mille Dollars au Soleil d'Henri Verneuil
Il est très curieux de voir la dérive d'emmurement des prétendants au trône en ce début de siècle, surtout de celui dont on croyait l'esprit plus délié que la moyenne de ses concurrents. A l'heure de la cinquantaine, il s'enferme déjà dans son "château" de Dreux qu'il fait visiter comme un nouveau riche, joue au seigneur féodal mais sans fief ni censive, pavoise sa tour à son chiffre, remet des trophées aux gueux d'en-bas, sonne du cor du haut de chez lui pour fêter les champions du monde, fait partir la course cycliste, retranche ses enfants de l'école et, et, et... promeut les intérêts d'une fondation partisane qui défend des idées pro-vie - qui sont un peu les miennes - mais qui, dans une logique de récupération du pouvoir, le coupe des deux-tiers des Français qui devront un jour le plébisciter. Donc, même s'il ne le souhaite pas, il sort du jeu.
Son père, titulaire d'une charge virtuelle sans avenir à son âge, se confit en jeux de rôles, créant des ordres de chevalerie et des croix qui meublent ses longues soirées sous tisanes, court les messes de repentir et maintient à leurs frais une palanquée de chevaliers d'opérette enthousiasmés par des "titres en attente". C'est le pain dur qu'on jette aux canards de la mare que nous évoquions plus haut. Feu son père en faisait grand emploi pour son argent de poche. Ce microcosme confine au nanocosme mais qu'importe, il n'y a que peu de place devant l'âtre armorié !
L'abandon chez le parti d'Orléans du camp clos et, selon la formule de Brantôme, de ses combats à outrance, devrait réjouir les partisans de l'aîné des Capétiens, duc d'Anjou à ses heures, occupé à Madrid par ses affaires, sa famille et son clan, mais toujours prêt à se rendre disponible pour jeter lui-aussi du pain dur à ses canards français. Ô Dieu des Francs ! le voila parti combattre le gouvernement espagnol à la tête d'une fondation nationale franquiste héritée de sa mère, nouvelle duchesse de Franco à la mort de la sienne, fondation menacée de délégalisation par une partie des Cortes de Madrid, ce qui normalement devrait pousser son président à prendre le maquis comme dans la période carliste. C'est vrai qu'on commençait à s'emmerder ! N'est-ce pas Bauffremont, euh... Monsieur le Duc ?
Amerrissage impeccable ! |
La doxa anti-franquiste française lui interdit désormais de briguer le trône de France avec le minimum de chances nécessaire, au milieu de la République établie dont le cœur a toujours penché pour les républicains espagnols. Ce fait nouveau n'est pas mortel en soi pour la Cause, mais peut le barrer des manifestations régaliennes du souvenir où il est automatiquement invité, comme la messe anniversaire de la création des Invalides par son ancêtre Louis le Grand. Serait alors fini le plan "com" de l'Institut de Bourbon qui vise à imprimer son visage et sa prestance dans l'opinion à travers des manifestations qui ne mangent pas de pain politique et ne gênent pas les pouvoirs en place. Alors comme chez les D'Orléans à l'époque du défunt comte de Paris, sautera-t-on l'héritier de Louis XIV, incapable par immoralité et défaut de tenue correcte en Valle de Los Caídos, pour adouber son fils ?
L'espérance légitimiste ne pourrait que s'effondrer, car elle roule sur des lois à écartement fixe comme des rails de chemin de fer. Depuis la résurgence des Bourbons après la seconde guerre mondiale, les lois irréfragables du royaume ont été dès le départ le leitmotiv de la revendication légitimiste contre la branche cadette usurpatrice. Tout le principe dynastique partirait à l'eau, les ultrabrites nous le confirment : le peuple ne choisit pas son roi, Dieu y pourvoit. Circulez !
C'est à ce stade que l'on devrait se disputer sur la logique céleste qui a laissé crever le projet capétien issu du sang du roi David pour le relancer sur des bases en l'état improbables, si tant est qu'on les connaisse un jour. A part le roi d'au-delà des mers, le bateau blanc ou le retour de John Frum, je ne vois rien que je puisse expliquer pour faciliter la restauration par le Ciel en la reliant au passé. Et cela tombe très bien, l'affaire étant de foi plus que de raison, s'acharner à convaincre relève de l'intercession divine ou de la foudre ; à quoi j'ajouterais qu'on tue plus pour la foi que par la raison.
En attendant l'hypothétique renfort de la Providence, nous devons parler de monarchie tous les jours ou presque et ensemencer l'opinion à l'idée d'une famille royale, en lieu et place d'éphémères locataires de l'Elysée qui n'ont pas l'intérêt du pays chevillé au cœur comme des rois, ne possédant par eux-mêmes qu'un infime fraction du patrimoine, mesurable en toises, parfois à crédit ! Une personne étrangère au microcosme m'assurait tantôt que les émirs du Golfe, les princes de Monaco ou de Liechtenstein, le sultan de Bruneï et dans une moindre mesure les rois et reines du Nord, se démènent pour le bien commun et la perpétuation de leur monarchie parce qu'elle leur appartient, c'est leur "chose". A qui appartient la République française ? On le saura quand la banqueroute publique aura tari les prestations sociales généralisées à compte d'autrui. Se lèveront alors les contributeurs contre les assistés en colère ! La guerre de tous contre tous, la Gaule éternelle quoi ! Et personne au-dessus de la mêlée pour couvrir le vacarme et faire entendre raison, au canon s'il le faut.
D'accord, ce n'est pas tendance ! La famille royale l'est-elle encore ? Je vais de ce pas donner à manger aux canards. Les miens sont des colverts. 后会有期。À Tchao, bonsoir !
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50 minutes de pause à New York !
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En remontant le méridien (4/4)
Voir l'abstraction lyrique d'un tableau Gutaï en fin de parcours soulage le visiteur de l'oppression d'outrenoir qu'il endure dans le musée de Rodez. La supercherie au goudron, brou de noix et autres noirs monochromatiques s'est déployée par le verbe. Il faut une imagination d'enfer pour "parler" du génie de Pierre Soulages. Le marché ne s'y est pas trompé qui a acheté, "le marché a toujours raison" dit le marchand, affaire de fric.
Mais le musée est beau, intérieur comme extérieur, et à l'instar de son aîné ruthénois, le Denys-Puech qui a rangé les sculptures du Grand Prix de Rome au sous-sol, il pourra dans trente ans s'utiliser pour exposer d'autres peintres, d'autres œuvres, du bel art, du grand art. Le multiplexe cinématographique qui voisine avec le musée est tout à fait en harmonie, l'ensemble est réussi. Merci Monsieur Censi.
La remontée vers le nord nous a laissé le temps d'errer en plaine de Garonne, un pays vide de gens entre Toulouse et rien, qui m'a fait revenir bien des souvenirs d'enfance et d'après. La souche de ce côté de l'arbre généalogiqueétait à Samatan et à Pins-Justaret, mais mon aîné s'y ressource avec courage et écologie pour déplacer la montagne d'une rénovation immobilière qui tourne au barrage cambodgien de Marguerite Duras. La famille mettra Sisyphe dans ses armoiries !
Muret bientôt et un lycée Pierre d'Aragon qui commémore certainement la mort au combat en 1213 du roi Pierre II, venu prêter main forte au comte de Toulouse dans la première croisade des Albigeois. Plus fin tacticien que lui, Simon de Montfort, qui a son tour périra devant Toulouse cinq ans plus tard, l'y tuera à un contre dix. La rocade extérieure de la capitale aéronautique passée, c'est tout droit vers la A68, Rabastens AOC, Gaillac AOC etc...
Arrivés tard à Rodez, nous nous risquâmes en ville pour dîner. Ville ? La "ville" était vide de chez Néant ! Aussi vide que Saint-Martial au quinze août (voir le numéro 2/4). Il faisait douze degrés à l'ombre et la bise du nord ne nous laissait aucune autre chance que d'entrer dans une crêperie... bretonne ! Bon, ça reste celtique quand même. C'est le lendemain au saut du lit que nous courûmes au Soulages, surtout pour dire après que nous l'avions vu.
"Alors, alors ?"
Pas compris ! Désolé.
Rodez, ville malade : la moitié basse de la Rue Béteille, une très longue pente (en fait la RN88) qui monte à la cathédrale de grès rose que le monde entier nous envie, est sinistrée. C'est Alep. Tous les commerces sont fermés et les vitrines passées au blanc d'Espagne. Soit la mairie a projeté une opération immobilière d'ampleur, mais avec quel argent, les impôts locaux socialistes d'ici sont si démentiels qu'ils chassent les contribuables ; soit personne ne rachète fonds et murs au décès des propriétaires qu'on enterre dans des boîtes en carton biodégradable pas cher ! Des promoteurs privés construisent en revanche de gros ensembles sur le tour de ville pour sans doute achever de vider le département de ses habitants qui viennent tous s'agglutiner dans le Grand Rodez à proximité des cliniques, et dans le même temps ruiner les propriétaires fonciers d'aujourd'hui en faisant s'effondrer les loyers dans l'ancien, loyers qui sont déjà parmi les plus bas de France. Il faut dire que l'Aveyronnais, capitaliste né, s'est jeté dans les dispositifs d'acquisitions immobilières à compte de locataires sans trop mesurer le stock de preneurs disponibles. Il y a pléthore d'offres, et les locataires ne veulent entrer que dans un logement neuf ou récent. Dix euros/mois le mètre-carré du trois-pièces traversant et ensoleillé, refait neuf aux normes actuelles, charges comprises. On descend à six ou sept euros si la surface augmente ; et c'est bien moins cher encore dans la ville étroite. Pas d'issue !
Deux bouteilles de Marcillac AOC à l'épicerie du coin et roule bolide... On dévale la rue Saint-Cyrice à pic pour rentrer par Conques, tout droit... Mazette ! "Il" a frappé ici aussi : les vitraux de remplacement à l'église sont du même faisan, ondulations voire barres noires sur verre transparent et bleuté. Les moines ont payé ça ? Quelqu'un leur a dit de faire plus moderne, plus dans le vent du progrès... et le miracle roman de l'abbatiale de Conques a été sérieusement entamé par le vulgaire et le lucre. Quand on sait ce que fut l'abbaye de Conques, son lien spécial avec Saint-Jacques de Compostelle, son rôle dans la Reconquista au sein de la maison d'Aragon, j'en pleure ! On donne l'ouvrage à un baratineur sans talent qui fait marcher son petit monde au bagout sans cesser de compter. Il ne reste plus qu'à espérer la visite de quelque Rockefeller pour mobiliser des crédits d'indignation et revenir aux couleurs d'origine qui changeaient avec les heures du jour et le temps qu'il fait. Décidément Soulages n'est que vent qui passe par la tuile à loup.
Dans l'après-midi, nous franchissons le col de la Fageole pour entrer bientôt en "France" en laissant derrière nous le dernier évêché méridional, Saint-Flour : contrairement à ce que disent les mauvaises langues, les Sanflorains ne chuintent pas. Le reste du voyage est sans intérêt, Bison fûté a vu orange vif ; il ne s'est pas trompé. La route est de plus en plus longue qui permet de rêvasser aux pays quittés. Au fier et luxurieux comté de Foix par exemple, où "sévit" jadis la plus lascive et amoureuse des Croyantes du XIIIè siècle sous l'Inquisition occitane. Béatrice de La Gleize, successivement barouneto de Roquefort-les-Cascades puis de Dalou, que sautait son confesseur, Pierre Clergue, curé de Montaillou, une paroisse infestée d'hérétiques. Le brigand usait d'une magie contraceptive dont on a perdu la composition et qui nous aurait sauvés de la loi Veil. Je cite le carnet d'inquisition de Jacques Fournier, futur Benoît XII (cf. le manuscrit 4030 de la Vaticana pour qui aime les procès croustillants). C'est elle qui se confesse pour l'absolution de ses pêchés et accessoirement éviter le bûcher (ça a marché):
Comme un fait exprès, on approche du pays de la Pucelle. Il faut contourner Orléans par la droite sauf à dormir dans la voiture. On finit par s'embrouiller en ville et sur les voies du tramway avant que de choisir de monter au compas. Soleil à gauche c'est le nord. Ouf ! La retenue de trafic a ceci de bien qu'en aval il n'y a plus personne. Afin de décrasser la vanne EGR, nous avons pu remonter la A10 par la file de gauche au grand galop avec des modèles rapides qui s'ennuyaient autant que nous. Finalement Maserati c'est bien, on ne voit jamais que le coffre et c'est une voiture trop rapide pour mon petit rétroviseur. Y en-t-il d'abordables sur le Bon Coin ? Des comme ça par exemple au prix d'une Twingo GT :
Mais le musée est beau, intérieur comme extérieur, et à l'instar de son aîné ruthénois, le Denys-Puech qui a rangé les sculptures du Grand Prix de Rome au sous-sol, il pourra dans trente ans s'utiliser pour exposer d'autres peintres, d'autres œuvres, du bel art, du grand art. Le multiplexe cinématographique qui voisine avec le musée est tout à fait en harmonie, l'ensemble est réussi. Merci Monsieur Censi.
La remontée vers le nord nous a laissé le temps d'errer en plaine de Garonne, un pays vide de gens entre Toulouse et rien, qui m'a fait revenir bien des souvenirs d'enfance et d'après. La souche de ce côté de l'arbre généalogiqueétait à Samatan et à Pins-Justaret, mais mon aîné s'y ressource avec courage et écologie pour déplacer la montagne d'une rénovation immobilière qui tourne au barrage cambodgien de Marguerite Duras. La famille mettra Sisyphe dans ses armoiries !
Muret bientôt et un lycée Pierre d'Aragon qui commémore certainement la mort au combat en 1213 du roi Pierre II, venu prêter main forte au comte de Toulouse dans la première croisade des Albigeois. Plus fin tacticien que lui, Simon de Montfort, qui a son tour périra devant Toulouse cinq ans plus tard, l'y tuera à un contre dix. La rocade extérieure de la capitale aéronautique passée, c'est tout droit vers la A68, Rabastens AOC, Gaillac AOC etc...
Arrivés tard à Rodez, nous nous risquâmes en ville pour dîner. Ville ? La "ville" était vide de chez Néant ! Aussi vide que Saint-Martial au quinze août (voir le numéro 2/4). Il faisait douze degrés à l'ombre et la bise du nord ne nous laissait aucune autre chance que d'entrer dans une crêperie... bretonne ! Bon, ça reste celtique quand même. C'est le lendemain au saut du lit que nous courûmes au Soulages, surtout pour dire après que nous l'avions vu.
"Alors, alors ?"
Pas compris ! Désolé.
Rodez, ville malade : la moitié basse de la Rue Béteille, une très longue pente (en fait la RN88) qui monte à la cathédrale de grès rose que le monde entier nous envie, est sinistrée. C'est Alep. Tous les commerces sont fermés et les vitrines passées au blanc d'Espagne. Soit la mairie a projeté une opération immobilière d'ampleur, mais avec quel argent, les impôts locaux socialistes d'ici sont si démentiels qu'ils chassent les contribuables ; soit personne ne rachète fonds et murs au décès des propriétaires qu'on enterre dans des boîtes en carton biodégradable pas cher ! Des promoteurs privés construisent en revanche de gros ensembles sur le tour de ville pour sans doute achever de vider le département de ses habitants qui viennent tous s'agglutiner dans le Grand Rodez à proximité des cliniques, et dans le même temps ruiner les propriétaires fonciers d'aujourd'hui en faisant s'effondrer les loyers dans l'ancien, loyers qui sont déjà parmi les plus bas de France. Il faut dire que l'Aveyronnais, capitaliste né, s'est jeté dans les dispositifs d'acquisitions immobilières à compte de locataires sans trop mesurer le stock de preneurs disponibles. Il y a pléthore d'offres, et les locataires ne veulent entrer que dans un logement neuf ou récent. Dix euros/mois le mètre-carré du trois-pièces traversant et ensoleillé, refait neuf aux normes actuelles, charges comprises. On descend à six ou sept euros si la surface augmente ; et c'est bien moins cher encore dans la ville étroite. Pas d'issue !
Deux bouteilles de Marcillac AOC à l'épicerie du coin et roule bolide... On dévale la rue Saint-Cyrice à pic pour rentrer par Conques, tout droit... Mazette ! "Il" a frappé ici aussi : les vitraux de remplacement à l'église sont du même faisan, ondulations voire barres noires sur verre transparent et bleuté. Les moines ont payé ça ? Quelqu'un leur a dit de faire plus moderne, plus dans le vent du progrès... et le miracle roman de l'abbatiale de Conques a été sérieusement entamé par le vulgaire et le lucre. Quand on sait ce que fut l'abbaye de Conques, son lien spécial avec Saint-Jacques de Compostelle, son rôle dans la Reconquista au sein de la maison d'Aragon, j'en pleure ! On donne l'ouvrage à un baratineur sans talent qui fait marcher son petit monde au bagout sans cesser de compter. Il ne reste plus qu'à espérer la visite de quelque Rockefeller pour mobiliser des crédits d'indignation et revenir aux couleurs d'origine qui changeaient avec les heures du jour et le temps qu'il fait. Décidément Soulages n'est que vent qui passe par la tuile à loup.
Dans l'après-midi, nous franchissons le col de la Fageole pour entrer bientôt en "France" en laissant derrière nous le dernier évêché méridional, Saint-Flour : contrairement à ce que disent les mauvaises langues, les Sanflorains ne chuintent pas. Le reste du voyage est sans intérêt, Bison fûté a vu orange vif ; il ne s'est pas trompé. La route est de plus en plus longue qui permet de rêvasser aux pays quittés. Au fier et luxurieux comté de Foix par exemple, où "sévit" jadis la plus lascive et amoureuse des Croyantes du XIIIè siècle sous l'Inquisition occitane. Béatrice de La Gleize, successivement barouneto de Roquefort-les-Cascades puis de Dalou, que sautait son confesseur, Pierre Clergue, curé de Montaillou, une paroisse infestée d'hérétiques. Le brigand usait d'une magie contraceptive dont on a perdu la composition et qui nous aurait sauvés de la loi Veil. Je cite le carnet d'inquisition de Jacques Fournier, futur Benoît XII (cf. le manuscrit 4030 de la Vaticana pour qui aime les procès croustillants). C'est elle qui se confesse pour l'absolution de ses pêchés et accessoirement éviter le bûcher (ça a marché):
« Le curé portait quelque chose d'enroulé et de ficelé dans une étoffe de lin, de la grosseur et de la longueur d'une once ou de la première phalange de mon petit doigt, auquel était attaché un cordon qu'il me passait autour du cou. C'était, paraît-il, une plante. Il la faisait descendre entre mes seins jusqu'au bas du ventre. Toutes les fois qu'il voulait me connaître, il la plaçait à cet endroit, et l'y laissait jusqu'à ce qu'il eût fini. Quand il se levait, il me l'ôtait du cou. Si dans la même nuit il voulait me posséder plusieurs fois, il me disait : "Où est la plante ?". Je la retrouvais en la tirant par le fil que j'avais au cou. Il la prenait et me la mettait de nouveau au bas du ventre, la ficelle passant toujours entre mes seins... Je lui demandais un jour de me confier cette plante, il me répondit qu'il s'en garderait bien parce que je me hâterais, n'ayant plus peur de devenir enceinte, de me donner à d'autres hommes...»Il la connaissait bien ! La belle se sauvera par le récit de ses aventures amoureuses devant un tribunal très attentif, et confiera s'être à la fin mariée, veuve de Dalou, en Aragon devant notaire, hors de l'Eglise et du sacrement obligatoire, avec un certain Barthélémy Amilhat, précepteur de ses filles du second lit, et prêtre catholique bien sûr. Une vraie nature.
Comme un fait exprès, on approche du pays de la Pucelle. Il faut contourner Orléans par la droite sauf à dormir dans la voiture. On finit par s'embrouiller en ville et sur les voies du tramway avant que de choisir de monter au compas. Soleil à gauche c'est le nord. Ouf ! La retenue de trafic a ceci de bien qu'en aval il n'y a plus personne. Afin de décrasser la vanne EGR, nous avons pu remonter la A10 par la file de gauche au grand galop avec des modèles rapides qui s'ennuyaient autant que nous. Finalement Maserati c'est bien, on ne voit jamais que le coffre et c'est une voiture trop rapide pour mon petit rétroviseur. Y en-t-il d'abordables sur le Bon Coin ? Des comme ça par exemple au prix d'une Twingo GT :
Une Quattroporte Sport GT à V8 Ferrari, quel design et le son ! |
0.- Prologue du voyage
1.- Poursuite du voyage
2.- Au soleil couchant du Languedoc
3.- Jusqu'à l'océan !
4.- En remontant le méridien
TERMINÉ ! REMETTRE LA CLÉ DE CONTACT AU CLOU !
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