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Chasse, viande et traditions

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La lettre de Pierre Van Ommeslaeghe, prof de philo à... (faut pas le dire) est ouverte. Il est donc possible de la diffuser sous licence Creative Commons. La voilà telle quelle, seule la toile et le fusil sont de mon cru. Rien à ajouter, 100% d'accord.

Compagnie des Palanges

L’ouverture de la chasse, dimanche dernier, semble vous avoir particulièrement excités. C’est d’abord la baisse du prix du permis national de chasser qui vous a scandalisés. Rappelons que le droit de chasser pour tous est une conquête de la Révolution française. Souhaitez-vous que cette pratique soit de nouveau réservée aux plus riches ? C’est ensuite la RATP qui censure la campagne publicitaire de la Fédération nationale de la chasse, « Les Chasseurs, premiers écologistes de France », et fait modifier les affiches. C’est, enfin, un déchaînement de haine de la part de certains végans et de prétendus écologistes, voulant interdire purement et simplement la chasse, quelle qu’elle soit.

Pourtant, s’il est des amoureux de la nature, qui la connaissent, ce sont bien les chasseurs. Qui n’a jamais parcouru la forêt un matin d’automne, le nez saturé d’odeurs, l’oreille aux aguets, l’œil rempli de bruns, d’ocres et de vert, ne peut dire qu’il aime la nature. Le chevreuil qui traverse le chemin, le sanglier qui déboule, le lièvre qui détale, c’est la cerise sur le gâteau. Quel écolo-bobo peut distinguer un canard souchet d’un colvert ? Un hère d’un daguet ? Une martre d’une fouine ? Comment se prétendre écologiste quand on est incapable de distinguer une buse d’un milan ? Vous ne comprenez pas que l’on puisse aimer les animaux et en tuer ? Ceux d’entre vous qui ne sont pas végétariens sont hypocrites. Ça ne vous gêne pas de manger de la viande pourvu que vous ne sachiez pas comment elle est arrivée dans votre assiette. Mais quel est l’animal qui a connu la meilleure vie ? La vache cantonnée dans une stabulation toute sa vie à manger, au mieux, du foin ou le chamois qui l’a passée à brouter dans les montagnes ? Le chasseur qui mange une bécasse l’a débusquée, visée, tuée. Il sait réellement ce que signifie manger de la viande. Cela signifie tuer un animal. Il l’a tuée avec le moins de souffrance possible (pas comme dans certains abattoirs) et respecte un plan de chasse qui limite les prélèvements.

Certains d’entre vous, plus cohérents, ont fait le choix de ne plus manger de viande. Pour autant, je ne doute pas que, cet été, vous avez tué des guêpes, des mouches, des moustiques. Pourquoi serait-il immoral de tuer un sanglier, pour s’en nourrir, et moral de tuer un insecte parce qu’il nous importune, voire simplement parce que nous en aurions peur ? Au contraire. Les populations d’insectes, une des bases de la chaîne alimentaire, sont en effondrement. Depuis 1989, il y aurait 80 % d’insectes en moins. Par contre, les populations de sangliers sont en expansion. Les agriculteurs se plaignent de leurs dégâts et reprochent aux chasseurs de ne pas en tuer assez (près de 700.000 l’an dernier, pourtant, deux fois plus en vingt ans). Si on ne les chasse plus, ils risquent fort de dévaster les cultures ; voire de s’inviter dans vos jardins comme cela est déjà arrivé.

Vous voulez préserver la biodiversité ? Mais ce ne sont pas les chasseurs qui la mettent en danger. Beaucoup de programmes pour la protéger sont mis en œuvre par leurs fédérations départementales. Ce qui met cette biodiversité en danger, ce sont les éclairages nocturnes ; c’est l’artificialisation des sols, notamment à cause du développement des centres commerciaux ; ce sont les produits phytosanitaires épandus dans les champs ; les plastiques rejetés dans la nature. Souvent les conséquences du mode de vie citadin qui est le vôtre.
PVO
(publiée sur Boulevard Voltaire le 10 septembre 2018)






Pour l'euthanasie en politique !

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Si la Droite a des problèmes, elle dispose aussi de solutions, faut-il encore qu'elle s'en saisisse. Je ne parle pas ici des écuries de course mais des gens de droite qui ont mal placé leur confiance et doivent se ressaisir. Macron a mis la Droite (comme la Gauche) au pouvoir et dans l'opposition en même temps, le plus sûr moyen de casser la coquille de noix. Mais ceci se joue au niveau politique sans vraiment impacter les Français qui dans leur ensemble laissent à Macron le bénéfice du doute dans son combat pour la destruction des syndicats, de l'EDF, des fainéants et des allocataires en tout genre. Il est vrai que ses représentants étaient loin d'être convaincants, usés par la prébende, l'âge et des discours ringardisés que plus personne n'entend. La Droite institutionnelle et la Gauche institutionnelle qui ont présidé, chacun son tour, à notre affaissement sont en soins palliatifs ; il faudrait maintenant les débrancher et foutre tout ça au crematorium. Ils font des prix de groupe !

A l'horizon du siècle qui recule à mesure que le temps passe, se lèvent de nouvelles idées, de nouvelles gens, peu encombrées de codes "utiles" à leur carrière, peu formatées aux idées vieilles du XXè siècle mais instruits des choses de notre temps. C'est la génération anarchique d'Internet et d'ailleurs, c'est l'intelligence numérique qui prélude à l'intelligence artificielle qui terrorise les vieux (mais pas tous), et pour certain une intelligence pure sans béquilles. Ils apparaissent dans tous les camps pour aussitôt s'en échapper parce qu'ils ont plus d'énergie que la moyenne. J'en citerai quelques-uns qui m'apparaissent aussi sincères de convictions qu'intelligents dans leur concrétisation : Stéphane Bern, infatigable, l'abbé Pierre des tombes et châteaux, Mounir Mahjoubi, startuper avec un CAP de cuisine, Gérard Depardieu qui, à Pyongyang, a converti Yann Moix à l'aristocratie du verbe, Cédric Villani, "nobel" de math avec une araignée prête à sauter au plafond, Marlène Schiappa, femme au pieux comme au moulin, jamais en retard d'un revers sur le court, puis deux cents génies méconnus que l'on ne connaît pas encore, avant que d'arriver à la plus prometteuse, Marion Maréchal qui "fait" plus qu'elle ne parle, à preuve son ouverture de l'ISSEP de Lyon, montée sur fonds privés, une première depuis la construction du réseau des écoles hors-contrat de la Fraternité. Il faut des sous, il faut la manière de les obtenir. A ceux qui doutaient de sa détermination - ne l'avait-on pas vue se faire bronzer sur la plage dans les bras d'un fasciste italien ? (c'est de l'humour)- elle a répondu par la médiatisation de la rentrée des classes dans son école. Qu'est-ce l'ISSEP ?



C'est l'Institut de Sciences Sociales Economiques et Politiques (clic). Le site Internet, remarquablement dessiné, vous dit tout et qui fait quoi. On peut bien sûr s'y inscrire. J'ai choisi la présentation de la patronne et fondatrice de l'institut. Elle nous signale être épaulée d'un club de chefs d'entreprises partenaires qui assurent la période d'application et mentionne des stages d'aguerrissement qui sonnent bien à mes oreilles de vieux reître.



Quand elle aura réussi dans cette entreprise difficile, même si l'établissement est déjà prisé parmi les publics de droite - Yves-Marie Adeline avoue avoir attendu toute sa vie la création d'une telle école - Marion Maréchal pourra revenir en politique avec un titre sérieux - directrice générale d'une grande école - et une autorité morale confirmée. Nous avons besoin d'air frais, d'un esprit délié et cultivé, d'expérience et de charisme. S'y ajoute le courage d'avoir rompu avec l'entreprise titaniquesque de sa tante et la pathologie de l'aïeul abonné à l'autodestruction de ses projets. Il faudra attendre un peu et 2022 est trop proche, mais tout s'éclaire pour 2027. Patience !

Louis de Bourbon, double prince

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Don Luis à la Féria de San Isidro
« Eres nuestro rey !» Ainsi furent reçus Luis Alfonso de Borbón et sa famille sur le parvis de la basilique Sainte-Croix de Los Caídos lors de la manifestation franquiste du 15 juillet 2018 contre la translation des cendres de son aïeul hors du mausolée. Je n'attendrai pas la conclusion de ce billet pour vous dire qu'il me plaît bien Don Luis Alfonso. Aussitôt connu le projet Suarez, plutôt que de torcher un communiqué filandreux de désapprobation depuis sa résidence de La Finca, il embarque dans la voiture femme et enfants vers Los Caídos pour se joindre aux partisans de son arrière-grand-père !

Avant même qu'il ne prenne la présidence de la Fondation nationale Francisco Franco, laissée vacante par le décès de sa grand-mère, fille du dictateur défunt, il était intervenu dans le champ politique espagnol avec une certaine autorité à l'occasion des affaires catalanes. Il faut dire que c'est un athlète portant beau, ce qui plaît bien aux Espagnols qui n'ont pas les mêmes goûts que nous. Nous sommes des cérébraux donneurs de leçons, ils sont des bretteurs qui portent les coups. A choisir pour le gouvernement des hommes entre l'athlète et le penseur, j'inclinerais pour l'athlète, surtout aujourd'hui où tout se fait en réaction immédiate au défi relevé.

Son compte personnel Facebook nous signale qu'il prend fait et cause pour les employés de la Radio-télévision espagnole menacés de purges par le nouveau gouvernement socialiste du président Sanchez et il soutient à nouveau les Espagnols catalans. Il perturbe la manif de la Diada en mettant l'hymne national à fond depuis son balcon. D'une certaine façon il réveille le franquisme qui dort chez beaucoup, fatigués des compromissions de la Casa Real avec les Cortes de Madrid, famille royale régnant par ordre du Caudillo, qui laisse faire tout et n'importe quoi sans rien dire, par le mémoricide de la guerre civile. Il semble à tous évident qu'en supprimant la visibilité des souvenirs de cette époque, la nouvelle nomenklatura veut gagner dans la rue la guerre qu'elle a perdue dans les livres d'histoire. D'où la demande d'exhumation de Franco dans la basilique en Valle de Los Caídos. Nous avons déjà suggéré de murer le mausolée sans rien y toucher, jusqu'à la fin de l'éternité. Le monument tiendra le coup jusque-là plus longtemps qu'une pyramide de Gizeh.

La vigueur avec laquelle Don Luis Alfonso défend l'héritage s'explique par l'histoire de sa jeunesse. Ayant perdu son grand frère sur la route, puis son père sur les pistes de ski, il s'est retrouvé à quatorze ans seul dans une société de femmes, sa grand-mère au quotidien et sa mère surexcitée en vacances, qui lui ont inculqué le respect du grand aïeul pour tout ce qu'il fit de positif dans ce pays, à commencer par les ponts, les barrages, les trains, l'industrie, la mise en valeur de la côte méditerranéenne et le respect obtenu sur la scène internationale malgré la paix des grands cimetières sous la lune ; jusqu'à ce que le général de Gaulle, chassé du pouvoir à Paris, vienne lors de sa tournée d'adieu au monde, rendre visite dans un parador au vieux dictateur toujours à poste, lui.

Don Luis Alfonso vibre pour l'Espagne. C'est un patriote. Il y a fait son service militaire dans l'Armée de l'air, aime Las Fallas de Valence, les courses taurines, suit les tournois de polo auxquels plus jeune il a participé, accompagne son épouse dans les concours hippiques où elle se défend bien (sa femme a du sang de conquistador), il adore ses gosses et les protège par une communication très maîtrisée. C'est un bel hidalgo que les magazines n'oublient pas parce qu'il a l'allure et l'assurance que les femmes adorent. Ses affaires à Madrid sont florissantes* au point qu'elles déclenchent des contrôles fiscaux ; il gère avec application la fortune léguée par sa grand-mère parce que c'est son métier et finalement, il n'a rien à prouver. Aussi est-ce en souvenir de la chimère française que son père chevaucha avant lui qu'il vient encore en France pour répondre aux invitations de l'Institut de la Maison de Bourbon ou de Présence du Souvenir Bourbonien. Hier dimanche aux Invalides il a suivi la messe annuelle de dédicace, revenant de Chisinau où il a participé à la cérémonie d'ouverture du XII Congrès Mondial des Familles par un discours très remarqué qui mérite d'être lu en cliquant ici. Il plaît chaque fois aux officiels et à l'état-major car il a de la gueule en étant très convivial : il en a reçu les épaulettes de capitaine de corvette de la réserve citoyenne.
(*) Selon le registre du commerce (BORME) il est administrateur de Borcorel SL dont l'objet social est la construction, la réparation et la maintenance d'ouvrages en tous genres, de la International Transaction System SL faisant du conseil informatique et surtout de Borvar Inversiones SL dont les actifs 2016 étaient valorisés à 9.130.657,94 euros (source El Español).

Avec son épouse aux obsèques de sa grand-mère
Sans être dans sa tête - mais sa mère y est sans doute qui n'aime pas les Bauffremont - on peut comprendre qu'à la force de l'âge, il puisse préférer s'investir dans la défense de ses idées en Espagne, son pays natal, où il a déjà une solide position sociale et médiatique que nos princes à Paris pourraient lui envier s'ils en cherchaient une ! Les subterfuges mémoriels qui le convoquent ici chez des nostalgiques de l'Ancien Régime en soins intensifs, sans efficacité prouvée ni moyens suffisants, l'amusent-ils encore ? Habitué de la gestion par objectifs sur résultats, il doit par moment bouillir de voir tant d'énergie dépensée à nul effet tangible.
Le eres nuestro rey de partisans prêts à se battre pour l'héritage qui est le sien, le motive certainement plus que nos "vive le roi" un peu folkloriques dans une République qui se défend mieux encore que la monarchie espagnole. Celle-ci est en danger, de plus en plus discutée pour sa mollesse. Les jeunes souverains font le job à la danoise, tout en photos convenues et reportages ennuyeux, mais la monarchie danoise est fondée sur des bases extrêmement solides, ce qui n'est pas le cas à Madrid. C'est le paradoxe du règne des Bourbons, rappelés par le Caudillo, mais qui refusent en même temps de s'impliquer dans le débat éthique. Ce retrait de la main dans le gant dévoile l'inutilité du dispositif en pratique, d'autant que la vertu d'unification du modèle est mise en pièces par les revendications d'indépendance des trois provinces importantes que sont la Galice, le Pays basque et la Catalogne. Les foules furent un temps juancarlistes par sentimentalisme plus que vraiment royalistes, jusqu'à la chasse à l'éléphant et les maîtresses du roi ! La fonction a été abaissée. Comme s'en plaignait jadis Ferdinand VII : comment gouverner un pays de dix millions de rois ! L'Espagne en a aujourd'hui quarante et c'est la meilleure définition de la République. La journée de la Diada Nacionalà Barcelone a réuni mardi dernier un million de Catalans républicains ! Il n'y a pas grand chose à ajouter sinon que les locomotives économiques du pays dédaignent le roi d'Espagne. Tout peut arriver.

Dans ce tumulte et compte tenu du tempérament offensif de Don Luis Alfonso, un rôle s'offre à lui, créé par l'amoralité des pouvoirs, celui de mainteneur des valeurs franquistes en débordant sur toutes les valeurs de tradition. Ce rôle est difficilement compatible avec tout autre et sans doute occupera-t-il le temps libre laissé par ses affaires professionnelles. D'où son retrait possible et progressif mais non confirmé des affaires françaises. Certains légitimistes s'offusquent de son affichage compromettant socialement, même si au fond ils partagent ses valeurs. Avant même de connaître les intentions du duc d'Anjou, les Orléanistes se réjouissent à grand bruit de sa dérive franquiste leur indiquant un retour sur ses bases espagnoles. Ils oublient un peu vite que c'est la décadence de la Maison d'Orléans qui a créé les conditions suffisantes pour importer l'aîné des Capétiens dans le schmilblick français. L'espace laissé par le déclassement de la maison royale historique presque ruinée par le goût de l'intrigue, la naïveté et l'orgueil du défunt comte de Paris, fut comblé en dénonçant seulement la paix d'Utrecht¹ et en rappelant les Lois fondamentales du royaume de France, toutes choses étrangères à la Monarchie de Juillet. On peut rire d'entendre les hérauts de l'Usurpation brandir aujourd'hui ces lois contre les prétentions espagnoles sachant combien souvent Orléans les a piétinées.

Alphonse, le chaînon manquant...

L'Infant d'Espagne et duc de Cadix, Alphonse de Bourbon, serait-il encore parmi nous qu'ils en rabattraient de beaucoup tant il leur était supérieur et d'abord en gestion de projet. On oublie qu'il eut la volonté affirmée de faire renaître en France le projet capétien au moment du millénaire décidé par François Mitterrand en 1987, lequel ne l'a jamais bridé dans sa progression (on sait pourquoi), et qu'il décréta un véritable bureau politique staffé et financé, projeté jusqu'en province par des relais motivés. Son CV très complet n'a pu être égalé encore par aucun de ses concurrents, ni par son fils d'ailleurs pour l'instant. A sa mort, la famille Bauffremont roula ce projet exigeant aux archives et repartit sur de pieuses bases mondaines, moins prenantes et moins délicates à négocier avec les Renseignements Généraux...

La démarche de contestation de Don Luis Alfonso pourrait ressembler bientôt à la contestation carliste qui défend Dios, la patria, los fueros y el rey et qui devrait réjouir le régent de la Comunión Tradicionalista, Sixte-Henri de Bourbon Parme, en lui apportant le renfort de l'aîné des Capétiens ; mais nous savons sa haine des Isabélitains² pour douter de son ralliement, d'autant qu'il a caressé, dans un entretien donné à la presse (Nice Matin), l'opportunité d'un hypothétique couronnement de lui-même par défaut de légitimité de tous les autres. C'est dommage ; ils gagneraient tous les deux à une réunion des carlistes à l'aînesse des Capétiens. Rien ne les sépare plus.

Les docteurs de la loi qui tranchent et coupent en lieu et place de l'héritier pourraient, si nécessaire, basculer le projet légitimiste sur le jeune duc de Bourgogne, Louis, d'autant que son père a usé d'insinuations en ce sens lors de la présentation des jumeaux aux Invalides au temps de l'Institut Duc d'Anjou, et qu'il a répété son assurance de continuité de l'histoire dans un bref échange publié par Point-de-Vue en juillet dernier. Quoique décide le duc d'Anjou pour son avenir en France, l'âge venant, l'expérience socio-politique accumulée créera en lui un repère de sagesse s'il le veut, et sans doute plaira-t-il à certains, dont je serai si Dieu me prête vie, de demander audience à l'aîné des Capétiens, Bailli grand-croix de dévotion de l'Ordre souverain de Malte et grand maître des ordres royaux disparus, pour en recevoir les conseils et les apaisements, comme on irait rencontrer au Mont Saint-Michel le roi de vitrail qui nous manque terriblement. C'est un joli voyage que celui de Madrid.


Courtoisie de La Couronne (humour)


Une couronne en question

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Ce blogue a toujours eu de l'indulgence pour la famille de Juan-Carlos d'Espagne au seul motif que l'accession au trône de 1975 n'était pas réellement un cadeau du dictateur mourant. Ayant assisté à son premier discours aux Cortes de Madrid (je radote, me dit-on dans l'oreillette), j'avais été étonné par la mâle expression du nouveau chef d'Etat et surtout l'enthousiasme de tous les députés, communistes compris, qui célébraient le retour à la normalité d'un pays jusque là coupé du monde aux plans politique et culturel (ses artistes étant pour beaucoup expatriés).

Le putsch du capitaine-général Tejero donnera au roi l'occasion d'entrer dans l'histoire en 1981. L'éléphant qu'il tua en 2012 l'en fera sortir. La presse d'investigation lâcha les chiens, on lui découvrit maîtresse(s) et enfants naturels. Il abdiqua. La Casa Real n'en était pas quitte pour autant. Sa fille Cristina fut pincée dans une affaire de détournement de fonds publics dans une histoire corne-cul impliquant son mari Iñaki Urdangarin, un ancien handballeur, un coureur à ses heures et sans doute un peu juste pour faire l'escroc. Lui moisit en prison, elle, condamnée à une forte amende, aux dernières nouvelles "survit" en Suisse avec les enfants.

Un nouveau couple prend la lumière, Felipe et son épouse Letizia. L'occasion de redonner des tours au moteur ? Ce jeune roi est impeccable, grand, barbu, disert, ennuyeux et la reine son épouse fait le job très consciencieusement tout en sourires. Les deux infantes sont adorables. Tout irait pour le mieux si le couple retiré ne faisait pas d'ombre aux nouveaux titulaires de la charge. Or, si Juan-Carlos a abdiqué, il promène sa canne partout, dans les parades militaires et navales, les commémorations et j'en passe, jusqu'en Amérique du sud, démonétisant le prestige de son fils. Cette fonction ne peut souffrir aucune affaissement en Espagne où les républicains sont nombreux. La Reine déposée est de son côté toujours fourrée avec les infantes, jouant à la grand-mère protectrice devant les objectifs, au fort déplaisir de la Reine en titre qui gère une communication serrée (elle est du métier).

C'est une grave erreur que de faire cohabiter deux rois, deux reines, dans un pays qui n'est pas totalement converti à la monarchie comme le sont les pays nordiques. Les abdications inaugurées aux Pays-Bas sont acceptables chez des peuples royalistes jusqu'à la moelle, pas dans le patchwork espagnol où l'autorité naturelle doit correspondre à l'autorité fonctionnelle. Felipe n'a pas besoin de l'ombre portée du vieux roi qui n'a plus l'aura du commandeur de Dom Juan. C'est pire encore si la famille royale est entachée de scandale ou de mœurs répréhensibles. Il y a une exigence spéciale en ce domaine surtout dans le cas d'une restauration.

C'est le même problème qui se poserait pour une restauration en France. Le nouveau roi et son successeur, voire même jusqu'au troisième titulaire pour démontrer que le logiciel héréditaire fonctionne parfaitement, doivent être au niveau exigé par les responsabilités dévolues, compétents et irréprochables, tout comme leurs familles. On ne peut pas rater une restauration après une république ou une dictature, et les monarchies du nord installées depuis la brume des temps anciens ne sont pas le bon exemple ici.

Le roi Felipe serait bien inspiré de sortir ses parents du protocole comme d'ailleurs son père a lui-même déclassé la branche aînée de Cadix puis chassé le dernier rejeton de l'Almanach. Il l'a fait par raison d'Etat et pour annuler d'avance toute situation équivoque dans le futur, voire une improbable revendication dynastique. Il devrait aujourd'hui accepter de se retirer loin des manifestations officielles, quelque part avec son épouse - s'ils se supportent encore - dans quelque manoir confortable et discret aux Baléares ou à l'Escorial, l'image frapperait. Comme Benoît XVI, que dans la même situation on ne voit jamais ou presque ! Le gouvernement compliqué du Saint-Siège serait impossible avec deux papes, pourquoi la couronne espagnole y résisterait mieux ?

Bien sûr la mesure d'éloignement heurterait les consciences amollies de notre époque mais la fragilité de cette monarchie appelle à prendre des décisions, et si elles sont injustes sentimentalement et moralement, tant pis ! L'Espagne, éventuellement rendue aux divisions anciennes, redeviendra le pays de tous les démons. Elle ne le mérite pas en elle-même et pour tout ce qu'elle nous apporte. Mais pendant ce temps, un clip très populaire dénonce les Bourbons avec violence - on y parle de guillotine - et l'auteur condamné est en fuite en Belgique comme Puigdemont. Le clip se termine par le générique complet de la production, un essai de victimisation ? une façon d'inviter la justice à agir ? Certains se le passent en boucle (c'est sous-titré en français). A suivre.





Pornographie du Brexit

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Teresa M. in the Mirror
La crémière s'appelle Angela Kasner pour les repentis communistes, Merkel pour les croyants. Theresa Brasier, à ne pas confondre avec Teresa May qui est une pompeuse de nœuds recherchée dans les nuits londoniennes, s'appelle aussi May. Theresa est plus grande qu'Angela même sans talons, mais ne l'impressionne pas, ça la voûte. A vouloir le beurre et l'argent du beurre, elle a eu le dessous lors du sommet informel de Salzbourg. Pourquoi vous parlé-je de ça ? Parce que notre avenir se joue entre elles-deux. Si elles ne s'entendent pas (ce qui est pour moi improbable vu l'imbrication des industries) nous perdrons beaucoup dans le commerce trans-Manche depuis que les Anglais ne produisent plus grand chose et que nous leur fournissons beaucoup. Si elles s'entendent, ce sera sur notre dos, je veux dire le dos des gitans européens du Club Med. C'est nous !
Ce qui est en jeu, au-delà des incantations de messieurs Macron et Juncker qui ne veulent pas pervertir les "valeurs" du marché unique par un accord à la con avec le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord, c'est la zone de libre-échange ouest-européenne. Des pays que finalement nous connaissons mal (entendre Mélénchon parler de l'Allemagne nous signale le bougnoule qui n'est jamais sorti de chez lui) tiennent à cette ZLE comme à la prunelle de leurs yeux, parce que d'expérience et non par idéologie, elle représente la construction économique la plus florissante. Elle induit en outre des États à budget maîtrisé pour détourner le moins possible de flux et alléger le ballast sous l'activité marchande. De cette zone, nous n'en sommes pas !

Il est à parier que les intérêts bien compris des Pays-Bas, du Danemark, de l'Allemagne et de la République d'Irlande vont inventer les moyens inédits d'un accord avec la Première britannique parce que le commerce domine tout, l'expression des "valeurs" n'étant que son explication pour les demeurés. Business first ! laissons aux Latins l'émotion !

Le marché de la zone libre-échangiste précitée (on ne parle plus de Teresa là) représente 184 millions de consommateurs, hautement solvables. Autour de ce noyau mercantile, tournent les sous-traitants de la République fédérale (Tchéquie et Hongrie) et le groupe scandino-balte aux mœurs libre-échangistes. Avec la Norvège pétrolière, ces pays rajoutent 64 millions au bloc de départ.

La contestation du dogme macronien de solidarité radioactive regroupe donc 248 millions de consommateurs, soit presque la moitié la plus riche de l'Union européenne élargie, ensemble contigu que nous avons appelé plusieurs fois "l'Europe sérieuse". Etonnez-vous de ce que le Premier ministre néerlandais ait refusé le majorat français lors du dernier sommet de Bruxelles ! Commencez par réparer votre pays de cigales avant d'appeler les fourmis à contribution, a-t-il dit en dialecte !

Premier néerlandais Mark Rutte

Macron, Barnier, Tusk, Juncker et Moscovici peuvent aller se rhabiller, le Nord ne va pas se couper du marché britannique, non plus que de la City. Le désaccord intra-continental n'est pas intervenu tant que les négociations euro-britannique avançaient. Theresa May vient de déclarer au retour de Salzbourg qu'elle est dans une impasse. Faute d'accord dans un délai proche, elle va donc normalement vers un Brexit dur. L'Europe sérieuse, quoiqu'en disent ses représentants devant les objectifs, n'en veut pas, et de l'Endive de Savoie (Barnier) non plus. La crise possible dégagerait l'horizon en créant deux zones, l'Europe sérieuse et l'Europe rieuse, sans transferts compensatoires entre elles comme on le fait dans une vraie fédération. Chacun nettoie sa merde !

La France est incapable de se réformer pour toutes les raisons que l'on sait. Mais l'Italie si, qui dispose d'un excédent primaire avant service de sa dette et d'un gouvernement pugnace. L'autre gitane est l'Espagne dont le déficit rapporté au PIB est inférieur au nôtre et qui a des marges de progression en l'absence de contestation du camp retranché des "spéciaux". Ce qui nous pend au nez, c'est de nous retrouver seuls. La France seule disait Charles Maurras, mais jusqu'ici c'est l'Europe et l'euromark allemand qui servent de cache-misère. Nous sommes en déficit dans absolument tous les compartiments du jeu. Notre classe politique est un ramas de couards et la technocratie n'a aucun poids politique. On va bouffer des rutabagas... à crédit !


1830 - 1875 - 1987... 2030 ?

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Né de l'Usurpation, le légitimisme mourra dans la Légitimité revenue. D'ici là, la baisse de pression dans la sphère légitimiste française, que nous anticipons par le retour sur ses bases espagnoles du prince Louis de Bourbon, ne va pas entamer le légitimisme contemplatif qui remplaça le combat légitimiste à la mort du comte de Chambord en 1883. S'il renaquit vraiment en 1987, au-delà du cénacle des docteurs de la loi, ce fut par le surgissement du prince Alphonse de Bourbon sur la scène médiatique. La flamme s'était maintenue, tremblotante, jusqu'à ce millénaire mitterrandien. De par l'autorité naturelle et l'entregent du prince espagnol, elle se renforça à mesure qu'augmentait la revendication de la maison d'Orléans fondée presque exclusivement sur un vice de pérégrinité du dauphin Philippe de France, duc d'Anjou parti en Espagne sur réquisition de son grand-père Louis XIV, vice de forme que les âmes simples traduiraient par : "Qui va à la chasse perd sa place !" On est dans la cour des grands, les CM2.

Par sa présence l'aîné des descendants de Louis XIV actualise la fondation des Invalides

1875. Après la capitulation de Sedan et l'insurrection de la Commune de Paris (1870), la Légitimité comptait pour moitié sur les bancs monarchistes de l'Assemblée nationale élue en 1871, pour la plupart d'extraction foncière. L'irrésolution quasi-pathologique d'un prétendant âgé, isolé dès le début de l'exil par l'ostracisme des cours souveraines sur commande de Louis-Philippe, puis par leur désintérêt à l'avènement de Napoléon III, se conjugua aux intrigues de la faction d'Orléans qui ne pouvait attendre le décès de Chambord sans enfants pour prendre sa revanche et gouverner à nouveau. Au prétexte du drapeau blanc, la restauration capota au bénéfice de la République des Ducs. On oublia vite les D'Orléans, tant il fallait faire d'argent en pressurant la nation d'impôts pour relever le pays saigné par Bismarck : le plan Freycinet, mûri de longue date, entra en application dès 1878 pour deux cents lignes de chemins de fer et la rectification des canaux. D'ailleurs les républicains gagnaient les partielles les unes après les autres entamant les positions monarchistes. Pourquoi dès lors s'investir encore en politique, sinon pour faire voter des lois avantageant les riches aventuriers du progrès infini !

En province, il y eut une belle résistance des Culs blancs en milieu rural¹, spécialement dans l'Ouest, le Sud-ouest et le Midi de la France (sauf dans les Pyrénées orientales et le Var), faisant voter contre les "rouges" sur des programmes sociaux avancés - on pense à La Tour du Pin, entre autres - mais aussi contre la Forge et la Banque qu'Orléans représentait à son corps défendant depuis la Monarchie de Juillet. Mais peu à peu, surtout dans le Sud-ouest, les paysans choisirent des intercesseurs avançant sur une dialectique plus affûtée, des socialistes, des radicaux plus proches d'eux en parole, de vrais entrepreneurs en extraction de voix, des pros de la démocratie !
(1) Cf. Noblesse et représentation parlementaire de Jean Bécarud chez Persée (clic)

La Guerre de 14 fractura le paysage électoral en engloutissant pour un temps les idéologies au profit du patriotisme et des valeurs immortelles du pays. La Légitimité survécut au massacre en payant le prix fort comme tout le monde. Ce furent des princes de la maison de Bourbon Parme qui négocièrent une paix séparée avec l'Autriche-Hongrie (que Clemenceau refusa), et pas ceux d'Orléans qui avaient disparu de l'épure par la loi d'exil. Ce fut le commandant François de Bourbon Busset qui reçut les plénipotentiaires impériaux à la Villa Pasques de La Capelle (Aisne) le 7 novembre 1918 pour la capitulation allemande, pas les D'Orléans.

Alfonso-Carlos de Bourbon (49-36)
Dans l'entre-deux-guerres, l'Action française sous la houlette de Charles Maurras ressortit du placard les princes exilés sans doute plus présentables que les carlistes moustachus en tenue de chasse au mouflon. Le succès de ce mouvement inédit leur redonna des couleurs. Pourtant, dans les combats électoraux, les orléanistes eurent moins souvent l'avantage sur leurs vieux adversaires qu'on ne l'aurait cru devant les rotatives. Par exemple, aux législatives de 1924, la liste légitimiste que l'on n'attendait pas sur la troisième circonscription de la Seine (de Rosnay-Bienaîmé-d'Andigné), fut devant la liste orléaniste de Léon Daudet (député sortant) et Maurice Pujo, éjectant le premier de la Chambre.

Après la seconde guerre mondiale et malgré les intrigues désordonnées du défunt comte de Paris, rien ne fut donné aux D'Orléans rentrés en France sous Vincent Auriol. De Gaulle, qui avait mal jugé l'opportunisme agité du chef de maison depuis la débâcle de 40, ne les avait pas rappelés. Des postes de prestige avaient été confiés à des personnalités de la vieille noblesse, comme la présidence de la Croix-Rouge à Jacques de Bourbon Busset. Ces personnalités dont certaines firent de longues carrières diplomatiques avaient l'avantage de l'impartialité dans leur gestion, contrairement aux effectifs fournis par les partis politiques. Il y avait aussi de la part des pouvoirs la recherche d'une certaine classe dans des fonctions exposées et l'instrumentalisation de la vieille souche d'Ancien régime dans la reconstruction morale d'un peuple archi-battu, aux mains des anglo-saxons. Entretemps mourut Charles Maurras (†1952) abandonné de tous hors du premier cercle, et de la maison d'Orléans bien sûr.

Sous la IVème République, les orléanistes rescapés du naufrage de la Libération reçurent quelques miettes (un peu plus sous Giscard d'Estaing plus tard) mais un halo d'impureté remontant au régicide inexpiable entourait les revenants et barrait leurs ambitions. Même l'affaire Darlan fut mise à leur débit dans certains milieux, je l'ai entendu évoquée à contretemps dans les années 60 quand le microcosme frémissait des bruits d'une restauration qui ne dirait pas son nom. Le temps qui efface tout faisait son œuvre comme toujours, jusqu'à ce que les frasques d'une famille trop nombreuse et mal élevée² n'entament un processus de déconsidération difficile à stopper. J'en reste à me demander si le jeu gaullien du chat et de la souris qui dévora le comte de Paris ne fut pas au second degré la perfusion d'un poison qui détruirait le chef de maison quand De Gaulle serait mort. La saga d'une fratrie de onze enfants livrés à eux-mêmes, si elle fit la fortune des pages glacées de la presse, accrut le désespoir des fidèles tiraillés par l'actualité judiciaire, au point de scinder le parti orléaniste en trois sous-partis ennemis puis aujourd'hui rabibochés, la Restauration nationale, la Nouvelle action royaliste et le Centre royaliste d'Action française. De nos jours, aucun prince (ou princesse) d'Orléans n'a une position sociale remarquable, ni dans la haute fonction publique, ni dans le CAC40 et pas plus dans le milieu universitaire ou la recherche, alors qu'on y trouve toujours la vieille noblesse légitimisante. La pente ne pourra être vraiment remontée qu'avec le départ de l'actuel comte de Paris qui résume à lui-seul les malheurs de cette maison.
(2) Relire Les Ténébreuses Affaires du comte de Paris par Jacques d'Orléans chez Albin Michel

La posture espagnole. Bien qu'handicapé par les guerres carlistes du XIX° siècle et le tumulte espagnol qui exila la maison de Bourbon, le légitimisme ne verra jamais le fil se rompre, même avec l'infant Jacques-Henri, moins passionné par la question que par ses conquêtes. Le chaos de la succession de Bourbon (c'est Hervé Pinoteau qui en parle le mieux pour avoir été au contact) fit place au long fleuve tranquille de la dévolution évidente par le couronnement de Don Juan-Carlos à la mort de Franco, aucun prétendant n'ayant le front de contester les termes de cette restauration imposée. Il est clair qu'à partir de 1975, l'aîné des Bourbons, barré de la couronne espagnole, n'avait pas d'autre choix que de réclamer ses droits en France, ce que les autorités françaises acquiescèrent à la surprise de beaucoup, en lui faisant l'honneur de nombreuses invitations au titre de l'aînesse. Si l'agitation du microcosme royaliste français reprenait alors des tours, la question n'en était pas une pour des institutions de référence comme le Saint-Siège et l'Ordre souverain de Malte pour qui la primauté de l'héritier espagnol était sans appel. Cette reconnaissance compte plus pour moi que les conclusions soporifiques de savants sur les lois de dévolution de la couronne de France et les triturations indigestes des lois fondamentales du royaume par le parti d'Orléans.

L'héritier en devenir est-il maintenant le jeune duc de Bourgogne, Louis de Jésus, né en 2010 à New York ? Son père semble très investi dans la défense de l'héritage franquiste et des valeurs traditionnelles qu'il transmet. Il faudra bien attendre dix ans avant de voir monter sur scène le petit duc, mais l'espérance est un puissant moteur et, dans ce mouvement royaliste spécial, surtout quand elle n'aboutit pas.

Confrontés à la réalité d'un pouvoir très compromettant dans sa pratique quotidienne - il y a loin par exemple de la coupe aux lèvres dans la réalisation des ambitions de Monsieur Macron - les légitimistes savourent un idéal pur et sans tache qu'une accession aux affaires pourrait corrompre. Quand on entend leurs chefs (autoproclamés), ils ne visent aucunement la restauration du royaume puisqu'ils se nourrissent à satiété de l'exaltation d'un passé glorieux que rien ne pourra jamais égaler. Le légitimisme est-il un jeu sentimental à justification intellectuelle qui meuble agréablement l'esprit ? Certains jours de disputes je le pense, d'autres jours je crois qu'il est le fil rouge de quelque chose qui ira loin.

La situation intermédiaire de basse pression que j'annonce, peut-être prématurément, convient donc très bien aux contemplatifs. Il sera toujours temps quand l'héritier et son frère jumeau seront grands de remettre en piste les dresseurs de prétendants qui feront claquer le fouet du protocole royal dans la cage aux stages. Mais Louis de Bourbon ayant subi ce dressage chez les Bauffremont, il se pourrait qu'il élimine ceux-là de son entourage, si ce n'est déjà fait, et protège ses fils comme sa propre mère avait essayé de le faire pour lui à la mort de son père, le duc de Cadix. Il a mis du temps pour comprendre certaines choses et le rôle d'otage valorisant la camarilla bourbonienne qui, au début, le promenait partout comme la chasse d'un saint. Mais c'était mal connaître son caractère ; Monseigneur Louis a quand même des chromosomes Franco.

La Légitimité a le temps pour elle. C'est un dogme de temps long qui vient de l'aube du monde puisqu'il est issu du modèle familial naturel. Un contributeur au forum du Trône & l'Autel, aujourd'hui pétrifié, me disait un jour que l'important était de passer le message de la légitimité de génération en génération afin qu'il éclaire le juste moment d'une restauration peut-être très éloignée dans l'avenir. Finalement, c'est une religion messianique et comme toutes les religions, elle a la vie dure, plus encore si elle est chimiquement cérébrale.
Malheureusement la corruption générale des mœurs convoque un gros ventilateur d'aération de cette puanteur qui nous fait nous insurger contre la dérive de notre civilisation, tandis que le légitimisme demeure propre sur lui, fidèle aux valeurs traditionnelles de la patrie, de la famille et du travail. Indéfectiblement lié à l'Eglise catholique pré-conciliaire, il semble, sur un même vecteur d'éternité, repousser une concrétisation forcément prosaïque. Son avenir est-il le nôtre ? Un combat virtuel pour une impossible monarchie sans se salir les idées® ? Le grand nettoyage que tout le monde attend appellera sans doute une dictature de tempête avant la monarchie de beau temps.


Note d'ordre :

Cet article est le dernier d'une série de trois billets, non liés entre eux, sur la légitimité incarnée par le prince franco-espagnol Louis de Bourbon :
- le premier suppute les intentions du prince de part et d'autre des Pyrénées sous le titre Louis de Bourbon double prince ;
- le deuxième tente de cerner la fragilité de la Maison d'Espagne sous le titre Une couronne en question ;
- le troisième, que vous venez de lire, est un exercice de style qui cherche dans la période moderne le fil rouge de cette revendication essentielle pour une monarchie héréditaire par primogéniture mâle, ce que n'est plus la couronne d'Espagne revenue aux Partidas d'Alphonse le Sage ; sans évoquer les ruptures futures de paradigme qui feront l'objet d'un prochain article.
Aucun des trois n'engage d'aucune manière le prince Louis de Bourbon.


Alors, on bouge ou on regarde ?

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Donald Trump à la tribune des Nations Unies n'a montré aucun doute quant à son génie. Il a déroulé les bienfaits apportés à l'humanité par son courage politique et diplomatique comme un guérisseur de l'Ouest sauvage vante son élixir. Donald Trump n'a aucun problème, mis à part des histoires de sexe qui en France feraient sourire mais qui, aux Etats-Unis, donnent prise aux adversaires en mal d'arguments.

Parce qu'il n'y a pas réellement d'arguments sérieux contre Trump ! Sauf qu'il détruit la Société wilsonienne des nations et laisse du champ aux règlements de comptes régionaux. C'est la conséquence de l'unilatéralisme qui donne la part du lion au plus fort, quand il n'y a bien sûr qu'un seul "plus-fort". Par chance, le président américain exerce une dictature du bon sens plus que de caprices. Ce n'est pas un satrape parfumé à la lavande mais un entêté qui applique une politique de comptoir approuvée par les compagnons de tournée. Garçon, remettez-nous ça ! Jusqu'ici ça marche !

Ceci pour dire que le problème, c'est bien nous qui l'avons parce Trump et sa bande de chimps peuvent très bien réussir. S'il n'est pas dit qu'il arrive en même tempsà résorber le déficit commercial américain, dénucléariser la péninsule coréenne, terminer l'affaire palestinienne par l'écrasement définitif des Palestiniens et faire sauter la théocratie iranienne par une révolution, rien n'indique pour l'instant qu'il y échoue ; même si l'aboutissement de ce programme inédit exigerait de gagner les élections de mi-mandat et une réélection en 2020 à la Maison Blanche. Ce n'est pas rien, mais la bête politique qu'on a vu en campagne électorale ne va pas manger le T-bone avec des baguettes !

On en vient aux fondamentaux, ces réalités que nous avons généralement glissées sous le tapis. Aucun pays d'Europe ne fait le poids, même l'Allemagne réunifiée doute du sien dans les affaires de tarifs douaniers. Bien sûr une confédération européenne gouvernée comme les quatre autres empires* pourrait tenir tête et défendre ses intérêts sans prendre des gants. Elle n'existe pas. Eut-elle existé d'ailleurs qu'elle n'aurait pas laissé l'Iran la menacer d'un programme de bombe atomique, ni lâché la bride aux sionistes qui mettent aux fers la main d'œuvre récalcitrante en terre sainte. A la première odeur de gaz, Assad aurait été enterré sous les décombres de son palais en béton armé. Elle n'aurait pas accepté non plus le dumping d'Etat de la Chine dans des secteurs concurrentiels qui menacent son avenir, ni que le tsar nouveau s'occupe des minorités russes en pays balte. En revanche, qu'il bouffe la Crimée russse, d'accord.

Mais c'est de la fiction. Le discours d'Emmanuel Macron à l'Assemblée Générale des Nations-Unies est un catalogue de vœux, une feuille de route proposée par un pays ayant encore un semblant d'autorité morale, mais comme le moine en son couvent, incapable d'agir à l'échelle du défi extérieur.

(*) Il y a quatre empires disons-nous : la Chine, l'Inde, la Russie et les Etats-Unis. Ce qui pourrait nous arriver est que par lassitude dans leurs affrontements, ils en viennent à s'entendre sur notre dos. Qu'ils nous assignent à chacun "leur" mission, "leur" segment de la division internationale du travail comme on disait jadis. Avec un Donald Trump totalement inculte en sciences politiques, on peut s'attendre à tout, y compris à des renversements d'alliance du samedi au lundi. Qui aurait parié un kopek il y a un an sur une négociation soutenue avec Kim Jong-un, un "type formidable" aujourd'hui ?

Lors des sommets OTAN et du G7 de Taormina en 2017, la chancelière allemande avait clairement fait comprendre et publiquement que l'Europe occidentale ne pouvait plus compter sur l'automaticité d'une cohésion atlantique en cas de crise. Le temps passé à faire vivre la démocratie chez elle et dans les pays voisins a mangé celui de la réflexion approfondie sur le chemin d'une réelle indépendance de l'Europe qui se retrouve divisée pour défendre les valeurs de ses civilisations. Il serait temps que les Européens raisonnent en termes de puissance et seule une confédération des nations européennes y répondra. Le diable est bien sûr dans les détails mais pratiquement je réitère ma suggestion d'un référendum européen pays par pays sur la seule question qui les résume toutes : confédération ou fédération ?

Les pays ayant voté pour la fédération se fédéreront entre eux et entreront comme entité unique dans la confédération qu'auront préférée les autres. Sans doute est-ce trop simple. J'en parle à Trump, lui, comprendra.


On peut lire le discours de Donald Trump aux Nations Unies en cliquant ici.



Le Roi danse et ça explique tout !

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Billet spécialisé. Dans un débat de cénacle, un contributeur musicien affrontait un doctrinaire de la transcendance qui fonde l'avenir de nos sociétés exclusivement sur le retour de l'hétéronomie (voir plus bas). Sauf si le talent d'un interlocuteur surpasse la moyenne, ce débat de casuistes épilés entre autonomie et hétéronomie n'a généralement que peu d'intérêt, sinon d'en comprendre les définitions pour les réutiliser dans un dîner en ville. Pourquoi ? les sociétés sont construites sur les deux principes de transcendance et de libertés horizontales, et leurs sources respectives changent à chaque époque. Les principes ne s'opposent pas, ne précipitent pas non plus dans un composé nouveau, ils cohabitent dans des sphères différentes (cité, individu, foi, commerce des âmes) et parfois se frottent comme l'huile et l'eau.

Pour avoir le dernier mot sur un contradicteur habitué à manier son esprit, le résident du légitimisme incandescent (minoritaire) qui n'accepte aucune dérive à peine d'excommunication (mais on leur a pris les allumettes, la poix et le bois) a ruiné sa dialectique éprouvée en arguant de sa science acquise et non infuse, signalant en cela une longue étude sous la lampe que l'autre n'avait pas endurée. Pour que les choses s'ordonnent sur un axe vertical, il confirmait dans la foulée que la vérité proférée tenait surtout de l'autorité indiscutable que lui confèrent ses responsabilités au sein d'un groupuscule de réflexion politique. Il en existe ci et là en province dans l'Union des cercles légitimistes de France et tous ne sont pas à brûler.

Mais loin de la boucler, comme le lui demandait l'inquisiteur au pied petit, le musicien s'est fendu d'une démonstration, parfois amusée, qu'on ne peut laisser croupir au fond de la crypte. Voila donc ce texte qui tient tout seul debout et que mon titre résume peut-être, voire autrement dit : quand le Roi danse, ce n'est pas gratuit !




Pour moi un homme politique est un peu comme un illusionniste. Il crée des illusions mais il ne faut pas qu'on voit le truc pour que le public s'émerveille et le suive.
Un musicien c'est différent. Il doit suivre la partition et ne peut pas cacher les fausses notes dans sa manche ou dans son chapeau.

Alors quand il transpose ses habitudes de justesse et de précision dans le langage il s'attend à ce que l'interlocuteur fasse de même. Mais l'homme politique n'a que faire des fausses notes car il y a des trucs pour les faire disparaître à la vue du public et il peut même répéter le truc plusieurs fois le public n'y verra en général que du feu.

C'est fascinant et avec le boniment qui accompagne le tout c'est encore plus efficace.
Alors oui je dois reconnaître que vous avez une sacré dextérité en politique que je n'aurais jamais et que je ne souhaite pas avoir d'ailleurs. J'aime trop la justesse pour me priver de ce plaisir.
J'ai vraiment admiré comment vous avez mis toutes les fausses notes que j'ai appelé cibles manquées dans le même sac pour les faire disparaître en un tournemain et non seulement vous usez avec un aplomb inouï des mêmes arguments que j'ai parfaitement réfutés pour répéter que je n'ai pas défendu des définitions que j'avais juste citées pour vous rappeler que la vôtre n'était pas la seule mais en plus vous n'hésitez pas après votre acrobatie de m'accuser moi de faire la pirouette que vous venez de réaliser vous-même sous les yeux du public.

Alors là oui, j'applaudis le "prestigiateur" comme on disait à l'époque.

Ceci dit, ne prenez pas mal mon observation, je sais que vous usez de votre art pour un bien car vous êtes dans un mouvement honorable et vous vous devez de garder une certaine position sur le Forum. Cela fait partie du jeu politique.

Vous avez raison de dire que votre mission est plus en adéquation que la mienne avec ce forum qui est politique et j'ai constaté effectivement que l'intérêt pour l'art est très limité. Des musiques sont mises en lignes parce qu'elles plaisent pour une raison ou une autre mais ça ne va pas beaucoup plus loin.

D'ailleurs ça ne fait que refléter le monde actuel qui utilise la musique comme une distraction et qui se cache bien de dire aux gens : "quand vous écoutez une musique, essayez bien de sentir les sentiments qu'elle insuffle en vous car elle peut vous nourrir ou vous nuire."

Je voudrais juste vous dire quelque chose au sujet de la musique. Si à l'heure actuelle elle est considérée comme une distraction secondaire, ça n'a pas été le cas dans le passé et dans de nombreuses civilisations. Depuis le roi David souvent représenté avec sa harpe dans les cathédrales, en passant par les guitaristes de la cathédrale d'Angers entourant le Christ, les vestiges du passé nous donnent un message que le monde actuel ne sait plus guère décrypter.

Les premiers Chrétiens chantaient en allant au martyr et même les Templiers ont chanté au bûcher. Aucune religion ne peut exister sans musique. Les Sumériens disaient que lorsqu'ils mouraient ils allaient au paradis du chant. Et dans la Chine ancienne, une civilisation d'une grande stabilité politique au cours de ses cinq mille ans d'histoire, toute la construction de l'Etat reposait sur la divine musique, et même le mètre étalon était la longueur d'une flûte donnant le fa ; quant à l'empereur, il choisissait ses ministres parmi les musiciens et les danseurs parce qu'il avait compris que l'habitude de justesse et de perfection que donne cet art entraîne une plus grande capacité à faire rayonner l'ordre et la justice dans le royaume.

Louis XIV a été un grand roi qui a fait rayonner la France dans toute l'Europe. Il est rare de trouver des personnes qui comprennent que sans sa formation très poussée de musicien et de danseur pendant sa jeunesse il n'aurait sans doute pas été le grand roi qu'il a été.

La musique et la politique n'ont pas toujours été aussi séparées. Mais à l'heure actuelle on est habitué à une politique du réel comme on dit, qui pour être pratique manque de cette transcendance si indispensable à l'homme.

Vous même, qui êtes si sûr d'être à l'opposé de la politique de la République, n'êtes pas exempt de cette influence de la technique politique courante.

Ce que je voudrais arriver à vous dire c'est qu'en négligeant l'importance de l'art, vous vous privez d'un allié très puissant qui pourrait vous apporter beaucoup. Si Dieu est au sommet de la pyramide, la beauté est la première chose qui suit car la Création est d'abord une œuvre de beauté. L'Eglise et les rois par la même occasion l'ont bien compris depuis longtemps. Sorti des catacombes vers la lumière, l'Eglise du Christ s'est pourvue de tous les attributs sensibles pour toucher les cœurs. Que serait la religion chrétienne sans les cathédrales, magnifiques œuvres d'art ; que seraient les chants sans l'acoustique des dômes ; que serait-elle sans les peintures, les mosaïques, les statues, les autels, les orgues, enfin toutes ces choses qui ne sont que des œuvres d'art que les hommes ont créées pour remercier Dieu de sa création et montrer sa grandeur dans un endroit protégé du monde extérieur. Sans parler des costumes, des bannières, de l'encens, et bien sûr des textes des Evangiles qui sont une poésie de l'esprit.

L'église orthodoxe repart en flèche alors que l'église catholique est en déclin. Il suffit de changer quelques éléments importants, de dégrader la partie artistique de la religion pour que le contact se perde avec le peuple. La messe actuelle a perdu de sa grandeur et ce n'est pas un hasard mais une volonté qui l'a conduit à cela. Déjà nous avons perdu une force en simplifiant le chant chrétien à l'époque de Charlemagne par rapport au chant d'origine.

Enfin ce que je veux dire c'est que vous pouvez devenir un grand technicien de la politique, comme on peut devenir un grand technicien de la musique mais ce qui compte surtout c'est de l'utiliser avec un sens artistique, ce qui signifie pour moi élever la politique ou la musique au divin vertueux.

Pourquoi est-ce si important ? Parce que justement c'est la grande faiblesse de la République que tout le monde peut constater. La République se fiche de la beauté transcendante pour le peuple. Elle donne le confort, la nourriture, les plaisirs et ça fonctionne.

Alors croyez-vous qu'en insistant sur l'hétéronomie cela va vraiment attirer le peuple aujourd'hui ? Certaines personnes bien sûr seront impressionnées par le mot et la démonstration dans un premier temps mais que va faire la plupart des gens ensuite. Ils vont chercher par habitude et par facilité tout d'abord sur Internet et vont tomber en premier sur Wikipedia aux ordres et vont trouver comme définition :

L’hétéronomie est le fait qu'un être vive selon des règles qui lui sont imposées, selon une "loi" subie. L'hétéronomie est l'inverse de l'autonomie, où un être vit et interagit avec le reste du monde selon sa nature propre.
Chez l'être humain, l'hétéronomie représente l'impossibilité concrète ou l'incapacité morale à se donner ses propres lois et à se régir d'après elles ; l'autonomie est chez l'humain la faculté de vivre et d'agir selon ses propres forces, motivation et morale. Il y a ainsi un double aspect externe : violence concrète d'une relation ou d'un système de pouvoir ; et interne : endoctrinement idéologique, pression sociale. La notion d'hétéronomie est très proche de celle d’aliénation bien que celle-ci soit tenue pour plus floue, moins technique (sauf chez Marx). L'épître aux Galates est l'un des rares textes de l'Antiquité qui discute de l'hétéronomie religieuse.

Et là vous avez déjà la masse qui va tiquer parce qu'ils ont tellement pris l'habitude de se référer à cela qu'il vont vite prendre la porte de sortie en se disant : je n'ai pas envie d'être asservi.

C'est pourquoi je pense qu'il faut attaquer la République sur ces point faibles. Vous le faites parfaitement bien par la remise à jour de l'histoire cachée, par les informations mensongères corrigées, mais vous négligez l'art alors qu'il y a un terrain extrêmement intéressant à exploiter.

Vous me dites que l'aristocratie que j'imagine n'a jamais existé parce que vous pensez à l'aspect politique, mais moi je parle d'une aristocratie d'esprit qui avait de façon innée le sens de la beauté et de sa transcendance divine, et c'est aussi en cultivant cela qu'elle imposait naturellement au peuple ce respect et cette envie de s'élever, et que les artisans et les artistes créaient des merveilles éclairés par cette transcendance venue d'en haut qui les éloignait de la laideur et par conséquent du mal.
Vincent Chevalier

(texte diffusé sous licence Creative Commons)


Sur le sujet d'une politique de l'art tel que développé par notre musicien, les réponses en prêt-à-penser n'existent pas au catalogue dialectique de pleine application. Dès lors on biaise. L'art ? C'est secondaire ! La doctrine irréfragable n'en a pas besoin pour convaincre. D'essence divine, elle se suffit ; d'ailleurs son exégèse n'est pas en libre-service mais exclusivement dévolue à ses nouveaux prêtres. On ne débat pas, ni du fond ni des conséquences, on assène, on ne dévie jamais. On frise la secte. Dans sa diatribe, le musicien utilise à son insu des mots interdits comme "attirer" ou "la masse" en ignorant que convaincre le peuple en nombre c'est tomber dans le ravin de la démocratie et du rationalisme. Faudrait-il faire raisonner l'auditoire alors qu'il lui suffit de croire ?

D'aucuns dirent jadis que ces groupuscules fonctionnaient comme des écoles coraniques, face au mur. Le fil de discussion le prouve à l'envi, contredire déclenche les récitations habituelles. L'issue prévisible est en ce cas de franchir le seuil pour ne pas perturber l'entre-soi. Sauf à vouloir se convertir en robot pensant, il faut quitter l'arène où rien ne pousse jamais. Ce que le musicien fait avec élégance :

« Vous pouvez poursuivre le fil avec vos invités. J'ai compris ce qu'est la politique pour vous.
Merci d'avoir pris la peine de me répondre. Je vous laisse poursuivre cet illusionnisme de la pensée et je vous abandonne mes textes en pâture. Vous aurez ainsi toujours raison entre vous et les brebis seront bien gardées » (VC - 26/9/2018).


Postscriptum : Pour ceux de nos lecteurs qui le découvrent, ce débat spécial "autonomie vs. hétéronomie" est [ici]. Âmes sensibles s'abstenir, on y brûle des petits enfants et on mange les captifs... (humour). Pour parfaire le divertissement de nos lecteurs fidèles, ce forum d'angle étroit vient d'être inscrit au Roycoland de ce site sous le nom de "forum ultrabrite".





Retour de VC à la tranchée du 29/09/2018
Si le post final(?) de l'administrateur du forum motive la réponse ci-dessous, le reprendre ici n'apporterait rien, nous en faisons l'économie. C'est la conclusion du musicien qui termine le nôtre :


Postscriptum :

Je ne me savais pas têtu, je pensais être logique. Mais vous me faites découvrir que je peux l'être dans certains cas, quand mon bon sens se trouve dans une impasse.

Nous sommes d'accord sur la qualité plutôt que la quantité. Donc, les personnes de qualité sont, si je comprends bien, les personnes qui suivent votre autorité.

Une suggestion, pourriez-vous faire un petit dictionnaire du langage légitimiste qui corrigerait toute les définitions courantes qui malheureusement encombrent la littérature et le web afin que les personnes qui cherchent à parler avec vous puissent tout de suite parler la même langue. Je reconnais que vous abordez tous les sujets, je n'ai jamais dit le contraire, mais il m'avait semblé que certains sujets, certains liens avec d'autres sites avaient tendance à être soit vilipendés, soit laissés à l'abandon par l'autorité, mais sans doute ai-je mal interprété et ce n'était probablement qu'un manque d'intérêt général que le groupe, bien plus avancé que la masse, avait naturellement.

Que j'aie assimilé votre logique de fonctionnement sur le forum est une chose, mais, au risque de vous décevoir, je crois être encore un très mauvais élève pour ce qui concerne votre phrase : « Commencez à travailler avec nous au bien commun en vous appliquant à suivre la direction que donne l'autorité.»

Je vous dois cette franchise que si j'ai lu les articles de Vive le Roy et certains de la Gazette qui m'étaient accessibles, je n'ai parlé autour de moi que de ce qui m'a paru intéressant, et, encore plus grave sans doute, je ne l'ai pas fait pour suivre les directives de l'autorité, mais en suivant mon inspiration personnelle.

Je veux bien vous croire qu'il faut une bonne dose de volonté pour vous suivre, voilà le problème, parce qu'il me faut vous avouer aussi que je ne suis pas venu sur ce forum au départ pour vous suivre mais pour échanger des connaissances avec vous.

Mais je viens de comprendre que les connaissances viennent essentiellement de vous et les miennes n'intéressent pas vraiment le groupe puisque ayant l'autorité, il a aussi la connaissance, et que son rôle est uniquement de la transmettre dans son intégralité immuable et inchangeable puisque elle est parfaite par définition. Tout ayant été dicté par Dieu.

Aussi, si je comprends bien, chaque fois qu'une idée apparaîtra dans mon esprit, je devrais me référer au manuel du légitimiste pour savoir si cette idée est juste ou, tout simplement, un fruit de cette maladie moderne, l'autonomie, que vous m'avez fait découvrir, et que j'ignorais jusqu'à ce jour puisqu'on ne me l'a jamais enseignée dans mes études médicales (je ne crois pas vous avoir dit qu'avant d'être musicien j'ai étudié la médecine). Mais il n'est jamais trop tard pour apprendre.

Tout de même, quelque chose m'inquiète. Si une idée venait à mon esprit qui n'est pas évoquée dans le manuel, devrais-je la confesser ou bien faudra-t-il l'exorciser sans attendre ?

Il y a toutefois dans cette idée d'autorité qui doit être suivie aveuglément, sinon on est relégué dans la salle des malades en voie de rééducation, une espèce de relent de ce que j'ai entendu être le fonctionnement des loges, qui produit en moi comme un malaise que je n'arrive pas à vaincre. Je ne sais pas pourquoi mais je ressens comme un sentiment de quelqu'un qu'on voudrait enfermer dans une pièce où il n'y a qu'une issue possible.

Voilà j'espère avoir été aussi sincère que possible avec vous sur mon ressenti et les pensées qui en découlent. Enfin l'important c'est de rester bons amis et de laisser le temps faire son œuvre. La lumière de la vérité finira peut-être par unir nos bonnes volontés mutuelles par la grâce du Très Haut.

Chevalier Vincent




Au comptoir de l'Improbable

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L'adresse au Congrès des familles de Chișinău par le prince Louis de Bourbon délivrée le vendredi 14 septembre 2018 (en anglais) restera dans les annales de la Légitimité pour trois raisons : il s'y présente dans un style direct comme le successeur des rois de France ; il évacue toutes dérives de la famille traditionnelle ; le texte est long (qui l'a écrit ?).

Je vous propose d'en reprendre la chair politique en laissant de côté les politesses et les accessoires rhétoriques, mais le texte peut être lu in extenso en français en cliquant ici. Nous ferons aussi l'économie de la revendication dynastique habituelle.

Il y a trois chapitres, (1) la monarchie héréditaire de projet ; (2) la famille, cellule essentielle des sociétés humaines ; (3) le chaînage des générations. Le verbatim du prince est en caractères gras.

I.- Le projet capétien est celui d'une famille


Je me trouve héritier d’une famille qui a régné durant plus de huit cents ans en France et qui, surtout, comme tous les historiens le reconnaissent, a fait d’un petit domaine un état puissant et rayonnant en Europe et au-delà. Cette œuvre a été possible parce qu’elle fut celle d’une famille, la famille royale, Ainsi, les lois fondamentales du royaume, la Constitution de l’époque, qui ont permis son développement, étaient à l’origine une loi de famille. Pour le plus grand bien collectif, ces lois organisaient la transmission du pouvoir royal de mâle en mâle par ordre de primogéniture. Elles garantissaient ainsi la stabilité du pouvoir et assuraient une dynastie nationale. Tel est le « miracle capétien ». Loi de famille mais tout autant loi sociale puisqu’elle était basée sur un ordre et qu’il en résultait des hiérarchies naturelles entre les personnes.

C'est l'exact fondement du régime de monarchie héréditaire dans le continuum d'un projet. Tous les royaumes n'en ont pas bénéficié, principalement ceux régis par des monarchies électives dont les intérêts pouvaient être distraits par des contingences extérieures. Deux monarchies européennes au moins sont l'archétype des monarchies de projet, la française et la prussienne. L'anglaise, une thalassocratie s'établissant sur un archipel ramassé est à part. La première fut mise en défaut pour n'avoir pas veillé suffisamment à la condition des peuples alors qu'elle agissait puissamment sur les théâtres extérieurs, la seconde est exactement l'inverse, soucieuse du bien commun à l'intérieur, c'est sa démarche d'hégémonie extérieure qui l'a tuée ; les deux ont disparu. L'exemple de monarchie de déconstruction par l'élection est celui de la Pologne. Nul royaume n'a connu pareils malheurs dans son histoire.
Concernant le modèle, nous rappellerons juste un paragraphe (le 6ème) de l'A-propos de ce blogue publié en 2008 auquel nous ne changeons rien :
Le roi est la clef de voûte idéale puisqu'il pérennise l'idée de Nation, l'incarne toute et la domine. Il sert de repère fixe dans les périodes de tumultes, apaise les contentieux, recherche le bien de chacun et de tous, et par éducation, est au fait de la chose publique très tôt dans sa vie. La charge de roi accumule l'expérience nécessaire à l'exercice de sa fonction pendant une période plus longue que la seule vie du titulaire au moment. Le roi dont le souci premier est le legs d'un héritage toujours mieux consolidé n'est prisonnier d'aucun dogme, d'aucune idéologie, d'aucune loi supérieure à celle qui le sacre. Le roi est enfin la garantie d'un rajeunissement périodique de la clef de voûte nationale quand s'ouvre sa succession. Le modèle est naturellement évolutif.


II.- La cellule essentielle


Nous sommes responsables de cette cellule sociale, lieu de la vraie solidarité et rempart contre la précarité et l’isolement. Cette défense de la famille passe par celle de la vie, de sa conception à la mort naturelle et, au-delà, par le respect dû aux morts qui ne doivent pas devenir des enjeux de pouvoir ; elle passe par la transmission des valeurs et notamment par l’éducation qui ne peut se limiter à l’instruction. Voilà ce qu’il convient d’affirmer et surtout d’assumer malgré les embûches de législations souvent hostiles. Ceux qui attaquent la famille naturelle savent ce qu’ils font. Par la famille ils cherchent à atteindre la société toute entière et ses fondements. C’est ainsi que naissent les totalitarismes. Ce danger est actuel.

Si la cellule familiale a fait ses preuves à outrance - neuf milliards d'êtres humains sont en train de ruiner la seule planète habitable de notre système solaire - la régulation des naissances devrait interpeler l'intelligence dans la procréation au lieu de convoquer la boucherie en dernier ressort. Si Louis de Bourbon ne s'en prend pas explicitement à l'avortement-pour-tous qui est devenu l'étalonnage du progrès d'une civilisation dans l'opinion fabriquée par les médiats, on a compris qu'il est pro-vie comme d'ailleurs son cousin d'Orléans, devenu cette année un administrateur de l’Institut Jérôme Lejeune.

Cette question de la régulation par la mort est en train de monter dans tous les pays, à entendre les cris d'orfraie du camp progressiste qui anticipe une réduction de ses "droits". Il ne m'étonnerait pas que dans dix ans , nous revenions en France à la loi Veil d'origine, celle qui préservait la femme de décisions cruelles en s'arrêtant au seuil du meurtre gratuit. Les réserves de plus en plus ouvertes du corps médical vont y aider, surtout si l'Etat veut le contraindre. Le sujet mérite un article séparé, mais il n'échappe à personne qu'ici, sur ce site, l'embryon est un homme en devenir et rien de moins.

Les positions du prince recoupent celles de La Manif Pour Tous, mais il est quelqu'un de plus médiatisé que Ludovine de la Rochère, qui défend la famille traditionnelle en jetant dans la balance l'alternative qui cerne complètement la question, c'est Marion Maréchal ex-Le Pen. Déjà, à l'époque du projet de "loi famille" du gouvernement Ayrault, elle dénonçait sur les bancs de l'Assemblée nationale, la substitution d'une famille sociale à la famille biologique en des termes non équivoques, contre les promoteurs du mariage des paires stériles, de l'insémination des lesbiennes et de la grossesse commerciale, au seul motif de l'égalité des désirs. Extraits :
« On passe simplement du statut de la famille biologique à la famille sociale (...) où le tiers est au même niveau que les parents, ce que je condamne »;
« Au-delà des temps, des générations, des idéologies, papa-maman reste papa-maman et restera toujours papa-maman, c’est peut-être malheureux mais c’est comme ça »;
« Le beau-père ou la belle-mère n’ont pas le même rôle éducatif et affectif que le père ou la mère »;
« Il faut faire des enfants qui sont élevés dans la culture française, qui aiment cette nation et cette patrie, ... faire des générations qui sont les récepteurs, les héritiers de cette belle culture qui est la nôtre et qui vont pouvoir à leur tour la transférer pour l’avenir ».
(ndlr : lors d'une interview, elle a balayé à une question insidieuse de JJ Bourdin sur la couleur préférable de ces enfants : "français veut dire français !")

Sur le sujet de la famille, Louis de Bourbon et Marion Maréchal sont sur la même longueur d'onde. L'avenir de l'un et de l'autre est à écrire, mais si la bienpensance ne s'intéresse pas encore au prince, il vient juste de se déclarer franquiste et il faut un certain temps aux pornocrates pour trouver un créneau de dénigrement entre deux punchlines, par contre celui de la belle blonde qui louche est au stade de l'alarme si on en croit des gens comme Manuel Vicuña (Arrêt Sur Images) qui dénonce la presse mainstream en train de construire "le monstre" (sic) dont elle se repentira quand seront revenues les HLPSDNH ! Dans ce délai, Louis peut travailler son aisance au pupitre.

L'attelage qui nous plairait peut néanmoins se désunir dans l'amalgame "Franco-Le Pen". Même si les choses pourraient être facilitées par le départ prochain du Menhir et plus encore si Marine Le Pen se retirait sur ses terres pour réfléchir à ses impossibilités, on peut deviner que le combat sera rude face au quatrième pouvoir confisqué par les progressistes. Reste à savoir si l'Opinion y croit encore à ces heures sombres brandies à tort et à travers. Il semblerait qu'ailleurs ce ne soit plus le cas. Les élections des pays de Visegrád, celles d'Autriche, celles d'Italie et même de Suède sont un rejet du bien-penser réglementaire. Les esprits s'affranchissent des chaînes de l'esprit posées après la guerre à l'ouest et après la chute du Mur à l'est. Tout dès lors peut arriver aux prochaines élections européennes.

Entretemps Marion Maréchal promeut son nouvel institut de science politique en direction de l'Espagne dans les colonnes d'El Confidencial (clic). Une rencontre eut-elle été possible ? A refaire !


III.- Le chaînage des générations


Par deux fois le discours de Chișinău s'intéresse au "maillon" de la chaîne généalogique et à la mémoire qu'elle transporte.

Cette famille ce sont ceux qui m’ont précédé et à qui je dois d’être ce que je suis. Voyez-vous, il n’y a pas un jour où je ne pense à mes aïeux qui m’ont légué une histoire qui parfois me dépasse ; où je ne pense à mon frère trop tôt perdu, à mon Père, mort alors que j’étais trop jeune, à mes grands-parents, à ma chère grand-mère décédée il y a quelques mois. D’eux tous, je suis redevable de ce que je suis, petit maillon d’une chaîne immense. Il est absurde de vouloir croire que l’on serait des individus orphelins qui auraient tout à redécouvrir ou à attendre de l’État. Bien évidemment si cela s’applique à ceux qui nous ont précédés, cela est encore plus vrai pour ceux qui sont actuellement à mes côtés, chaque jour, chaque instant.

Le rôle social de chacun d’entre nous. Il repose sur l’expérience de l’histoire et sur l’actualité récente. Lorsque certains cherchent à rompre le pacte social, s’ils combattent dans un premier temps ceux qui s’y opposent par les idées ou par les armes, très vite et toujours ils cherchent à briser les familles. Pensons à la Vendée où femmes et enfants étaient tués encore plus que les combattants eux-mêmes et de façons atroces ; souvenons-nous des Arméniens et des politiques génocidaires qui ont suivi et qui, sur bien des points du globe continuent ; comme nous l’avons vu il y a encore peu, pour les chrétiens d’Orient. Chaque fois, sous le règne des totalitarismes rouge, brun et maintenant vert, les familles sont inquiétées pour ce qu’elles représentent, chaque fois il y a des séparations forcées, l’emprise sur les enfants pour en faire des enfant-soldats, et des mises en esclavages pour les filles et les femmes.

Bien sûr les apprentis-sorciers de la refonte sociale sont gênés par cette mémoire qui vient de loin et transmet les "tares" du monde ancien, le genre, l'altérité, l'éthique, une morale dépassée. C'est pourquoi la famille leur est suspecte. N'a-t-on pas entendu des ministres de l'Education nationale s'arroger la mission de former les consciences au-delà de la simple instruction ? En privé, on nous assure qu'il ne s'agit en fait que d'exfiltrer mentalement les enfants des familles salafistes pour leur apprendre à appliquer les droits de l'homme de notre civilisation des Lumières. Mais ce sont quand même toutes les familles de France qui sont concernées par la captation, si elles ne sont pas spécifiquement visées. Il s'avère néanmoins que les "familles" se défendent assez bien jusqu'ici puisque leurs adversaires se considèrent toujours au milieu d'un combat.



Le discours de Chișinău s'ouvre sur un appel à militer pour défendre et pérenniser la famille traditionnelle, nous en faisons notre conclusion :
Il faut connaître les manières de résister face aux attaques auxquelles la famille traditionnelle est confrontée. Elles sont multiples : accueil d’une famille nombreuse, prière, action politique, sociale ou juridique, et toujours attention et vigilance permanentes.


XII World Congress Of Families 2018 Chisinau Moldavie



Relevé des compteurs de notoriété Facebook France au jour de ce billet :

Marion Maréchal......750719 followers

Louis de Bourbon.....93353 followers

Jean d'Orléans........5928 followers





L'anschluss chinois est dans le lac !

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Appréciant le peuple taïwanais que je connais un peu, pour son urbanité et sa simplicité, j'ai arrêté mon regard sur une étude stratégique du différend sino-chinois qui sort de l'ordinaire puisqu'on n'y célèbre pas l'incommensurable puissance de la Chine communiste qui fera courber tous ses voisins pour le kowtow* impérial. Cela nous change des thuriféraires payés au mois dans les instituts prétendus d'intelligence extérieure qui envahissent les lucarnes bleues.
(*) prosternation devant le trône céleste



Tanner Greer est un spécialiste de stratégie qui fut basé un temps à Pékin. Il livre ci-dessous son analyse de la menace chinoise sur Taïwan dont on peut lire l'original ici sur Foreign Policy, un think tank de Washington. Pour en favoriser la mémorisation, nous divisons son travail en quatre parties :
La guerre préparée par la Chine continentale ; la situation exacte du théâtre d'opérations ; la simulation des premiers jours de guerre ; le doute stratégique chinois.



Avant-propos

Depuis le retour aux affaires du parti indépendantiste en la personne de Mme Tsai Ing-wen après les élections de 2016 qui à elles-seules ont mis en furie le pouvoir chinois (il dénie toute valeur à des élections) les menaces officielles délivrées par le président Xi Jinping lors des congrès et autres sessions du Parti communiste chinois n'ont cessé de croître jusqu'à prévoir maintenant la guerre ouverte au premier prétexte. Les chiffres que se passent les écoles de guerre donnent un avantage indéniable à l'Armée rouge. Pourtant les résultats d'analyses professionnelles laissent percer le doute car tout n'est pas dans les tonnages. Les bases de ce qui va suivre sont d'une part l'étude de Michael Beckley de la Tufts University de Boston, et d'autre part le bouquin de Ian Easton The Chinese Invasion Threat: Taiwan’s Defense and American Strategy in Asia. Les sources documentaires proviennent des statistiques, manuels d'instruction, études de planification produits par l'APL (Armée populaire de libération), éclairées par les simulations et analyses du Pentagone et du Ministère de la Défense de la République de Chine. On passe maintenant à la traduction du corps de l'article. Les intertitres sont maison.



photo-missiles-chinois

1.- LA GUERRE QUE PRÉPARE LA CHINE POPULAIRE

Les états-majors chinois (on utilisera cet adjectif pour la partie continentale et taïwanais pour la partie insulaire) craignent d'être poussés à une confrontation armée contre un ennemi mieux entraîné, motivé et mieux préparé aux rigueurs de la guerre que les troupes de l'APL.

Les documents chinois imaginent que la partie commencera avec des missiles. Depuis des mois, l'artillerie stratégique (PLA Rocket Force) aura préparé la salve d'ouverture. Dès le début de cette seconde guerre jusqu'au jour J de l'invasion, ces missiles vont rugir vers leurs cibles, les aérodromes, les nœuds de télécommunications, les unités radar, les hubs de transport, les bureaux des ministères taïwanais. Pendant ce temps, les agents dormants du parti ou des forces spéciales débarquées discrètement à travers le détroit commenceront une campagne d'assassinats ciblés du président et de son gouvernement, des leaders du Parti démocrate progressiste, des fonctionnaires dans des bureaux clés, des personnalités médiatiques en vue, des scientifiques et des ingénieurs de renom, avec leurs familles.

Le but est double : Dans sa composante purement tactique, l'APL pense détruire au sol autant d'avions des forces aériennes que possible (ndlr : c'est la seule arme où les belligérants sont encore à parité) et à partir de là, provoquer un tel chaos qu'il empêche l'Armée de l'air taïwanaise de défier la suprématie aérienne chinoise.
Le deuxième but de la campagne de bombardement par missiles est simple : la paralysie du pays. Après la mort du président, la réduction au silence des dirigeants, les télécommunications par terre et les transports impossibles, les forces taïwanaises seront abandonnées à la dérive, démoralisées et désorientées. Cette campagne d'horreur et terreur pavera la voie de l'invasion proprement dite.

Cette invasion sera la plus grande opération amphibie de toute l'histoire humaine. Des dizaines de milliers de bateaux seront rassemblés - beaucoup par réquisition de la marine marchande chinoise - pour passer en deux vagues un million de combattants d'un bord à l'autre du détroit. Le débarquement sera précédé d'une apocalypse de missiles et roquettes tirés par l'artillerie stratégique depuis la côté du Fou-xien, les chasseurs-bombardiers au-dessus du détroit et par la flotte d'escorte elle-même.

Paumées, isolées, submergées, les troupes taïwanaises qui auront survécu jusque-là seront vite à cours de ravitaillement et forcées d'abandonner les plages. Une fois la tête de pont sécurisée, la procédure recommencera ailleurs. Avec une totale supériorité aérienne, l'APL aura atteint le top de ses cibles, les états-majors taïwanais auront été détruits, et les unités taïwanaises éparses seront balayées par l'avance de l'armée chinoise. Sous une semaine elle entrera à Taïpei ; sous deux semaines elle mettra en œuvre une loi martiale draconienne pour transformer l'île en une base opérationnelle avancée docile, nécessaire à l'APL pour affronter les contre-attaques japonaises et américaines attendues.


plage anti-débarquement

2.- LA SITUATION DU THEATRE D'OPERATIONS TAIWANAIS

Le scénario repris ci-dessus est le meilleur pour l'APL. Mais un île docile et battue en deux semaines après le jour J n'est pas un résultat garanti. L'un des obstacles primordiaux à l'offensive est la surprise. L'APL ne l'aura pas tout simplement. L'invasion doit avoir lieu aux mois d'avril ou d'octobre. A cause des exigences du climat propre au détroit de Formose, une flotte de transports ne peut faire la traversée que pendant l'une ou l'autre des ces deux fenêtres météo de quatre semaines. L'envergure de l'invasion est si grande qu'aucune surprise stratégique n'est possible, étant donné le degré d'interpénétration des services de renseignement réciproque.

Easton juge que les Taïwanais, américains et Japonais sauront que l'APL prépare une guerre d'invasion sur le détroit au moins soixante jours avant le début des hostilités. Ils en auront la certitude trente jours avant que le premier missile ne soit tiré. Ceci donnera suffisamment de temps aux Taïwanais pour garer leurs états-majors et les infrastructure de commandement dans des tunnels renforcés sous les montagnes, déplacer leur flotte hors des ports vulnérables, se saisir des agents suspects et des espions actifs, d'éparpiller l'océan de mines marines, disperser et camoufler les unités militaires par tout le pays, mettre l'économie sur le pied de guerre et distribuer leur armement aux 2500000 réservistes que Taïwan aura mobilisés.

Il n'y a que treize plages de débarquement sur la côte occidentale de Taïwan que l'APL pourrait viser. Chacune d'entre elles est déjà préparée à un conflit potentiel. De longs tunnels souterrains terminés avec des dépôts de ravitaillement les sillonnent en tous sens. La digue de sable de chaque plage est couverte de plantes coupantes acérées. Des usines de traitement chimique sont courantes dans plusieurs villes côtières, signifiant que l'envahisseur doit être préparé à subir des nuages de gaz toxiques que les bombardements en tapis dégageront. C'est ainsi que les choses se présentent déjà en temps de paix.

Tandis qu'approchera la guerre, chaque plage se transformera en atelier des horreurs. La route depuis ces plages jusqu'à la capitale a été soigneusement cartographiée. Une fois l'état d'urgence déclaré, chaque étape du voyage deviendra compliquée ou piégée. Les manuels de l'APL préviennent les soldats que les gratte-ciels et les rochers dominants auront des câbles d'acier tendus entre eux pour que les hélicoptères s'y prennent ; les tunnels, ponts et passerelles seront minés pour être détruits au tout dernier moment ; et le cœur de la zone urbaine de Taïwan sera transformée en autant de redoutes, immeuble par immeuble, entraînant les unités chinoises dans des combats retardateurs rue par rue.


cadavre de soldat

3.- LA SIMULATION DES PREMIERS JOURS DE GUERRE

Pour comprendre la force réelle de ces défenses, imaginez comment un grognard de l'APL en ferait l'expérience. Comme la plupart des simples soldats, il est un garçon de la campagne, issu d'une province pauvre. Toute sa vie on lui aura dit que Taïwan a été éclipsé complètement par la puissance chinoise. Il sera impatient de remettre les séparatistes à leur place. Cependant les événements ne vont pas se dérouler comme il les a imaginés. Dans les semaines menant à la guerre, il découvre que son grand cousin, dont les versements soutenaient ses grands-parents de l'Anhui, a perdu son emploi à Shanghaï. Tous les virements bancaires depuis Taïpei ont été arrêtés et des millions de Chinois employés par les sociétés taïwanaises ont leurs salaires interrompus.

Notre simple soldat fête l'ouverture des hostilités au Shanwei, où on l'a dépêché pour un stage de trois semaines d'instruction dans les jungles fétides et inconnues de la Chine méridionale. Pour le moment, l'APL l'a maintenu dans un blackout médiatique, mais des rumeurs sont parvenues : on chuchote que le retard de dix heures sur l'horaire de train d'hier n'était pas dû à un engorgement du réseau de transport mais le fait de saboteurs taïwanais. Aujourd'hui il se chuchote que le commandant de la Première brigade de Marines a été assassiné à Zhanjiang (ndlr : première base navale chinoise en Mer de Chine du Sud à l'emplacement de la concession française de Kouang-Tchéou-WVan). Demain les hommes se demanderont si les coupures répétées d'électricité sont juste des essais d'économies d'énergie pour l'effort de guerre.

Le temps d'atteindre la zone de concentration de Fuzhou, le mythe de la Chine invincible aura été écorné plus que par des rumeurs. Les ruines grises du quartier général de l'APL à Fuzhou seront son premier contact avec la terreur d'une attaque par missile. Peut-être se rassure-t-il dans le fait que les salves provenant de Taïwan ne semble pas pouvoir égaler le nombre de salves qui la frapperont, mais de telles abstractions peuvent seulement réparer les nerfs brisés mais ne donnent pas le temps de s'accoutumer au choc ! Explosion terrifiante après explosion terrifiante, sa confiance dans l'armée chinoise qui devrait le garder sain et sauf, va s'écailler.

La dernière et plus terrible salve tombe quand il embarque - il est un des rares chanceux à mettre le pied dans un vrai navire d'assaut amphibie, pas dans un bateau civil reconverti en navire de guerre pendant la onzième heure - mais ce n'est que le début de beaucoup d'autres horreurs sur l'eau. Certains transports sont coulés par des torpilles taïwanaises, tirées par des sous-marins réservés pour ce jour-là. Des missiles air-mer Harpoon tirés par des F-16 sortis de cavernes creusées dans les montagnes, détruiront les autres. Les pertes les plus grandes seront causées par les mines marines. Chaque bateau de la flottille devra franchir champ de mines après champ de mines, certains faisant huit nautiques en largeur. Avec le mal de mer provoqué par les vagues de gros temps dans le détroit, notre grognard ne peut faire mieux que de prier pour que son bateau atterrisse.

A l'approche de la terre la pression psychologique augmente. Le premier chaland prêt à débarquer sera, selon les travaux d'Easton, rejoint par un mur de flammes surgi de la mer provenant de pipelines immergés pleins d'essence. Tandis que son chaland franchira le feu (il a du pot, les autres autour de lui sont harponnés ou emmêlés dans des pièges de mer), il arrive à ce que Easton nomme un kilomètre de filets concertina, de planches à harpons, de bois à écorcher, de clôtures en barbelé, de fils de fer, de planches à clous, mines, barrières et obstacles anti-tank... bambous taillés, arbres abattus (ndlr : ne pas détacher le tronc de la souche), des containers ferroviaires et des casse-autos.

A ce stade, sa sûreté dépend largement de la capacité de l'Armée de l'air chinoise à distinguer les pièces d'artillerie réelles parmi les centaines de batteries de déception que le manuel de l'ALP dit avoir été créées par l'armée taïwanaise. Les chiffres sont contre lui : comme le note Beckley dans une étude parue l'automne dernier, dans la guerre du Golfe de 1990-91, les 88500 tonnes d'artillerie déversées par la coalition américaine n'ont détruit pas un seul lanceur de missiles mobile sur camion. La campagne OTAN de 78 jours contre les défenses aériennes serbes n'est parvenue à détruire que trois batteries mobiles de missiles sur les vingt-deux possédées par la Serbie. Il n'y a pas de raison de croire que l'Armée de l'air chinoise aura plus de succès contre l'artillerie mobile et les défenses anti-missile de Taïwan.

Mais si notre grognard survit aux premiers barrages sur la plage, il devra ouvrir son chemin à travers les principales unités de l'armée taïwanaise, ses 2500000 réservistes armés et dispersés dans les villes denses et les jungles de Taïwan, derrière des kilomètres de mines, de pièges et de gravats. C'est quelque chose d'énorme que de demander ça à un simple soldat n'ayant aucune expérience personnelle de la guerre. C'est encore plus énorme de le demander à un soldat qui a cru naïvement à l'invincibilité de sa propre armée.


photo d'un LPD chinois chargé de ses chalands

4.- LE DOUTE STRATÉGIQUE

Ce scénario donne du sens à l'anxiété qui s'exprime dans les manuels d'officier de l'APL. Ils savent que la guerre est un jeu terrible, même s'ils l'admettent entre eux seulement. Ceci explique aussi les réactions violentes du Parti à la moindre vente d'armes à Taïwan. Leur acharnement trahit leur angoisse. Ils comprennent que les Cassandre occidentales n'en ont pas. Les analystes américains utilisent des termes comme régime abouti de frappes de précision** ou encore guerre d'interdiction*** pour décrire les tendances technologiques qui rende extrêmement difficile de projeter des forces navales et aériennes près des côtes ennemies. Les coûts privilégient la défense : il est meilleur marché de produire un missile anti-navire que de construire le dit-navire.

(**) "mature precision-strike regime"
(***) "anti-access and area denial warfare"

Mais si cela signifie que l'armée chinoise peut contrer la projection de forces américaines pour une fraction du coût américain, il signale aussi que les démocraties chevauchant le cercle de l'Asie orientale peuvent dissuader la Chine d'une agression pour une fraction des coûts supportés par l'APL. Dans une zone qui favorise la défense, de petites nations comme Taïwan n'ont pas besoin d'un budget militaire de la taille de celui de l'APL pour maintenir la Chine à distance.

Personne n'a autant besoin d'entendre ce message que les Taïwanais eux-mêmes. Dans mes voyages à Taïwan je n'ai pas manqué de chercher à interviewer des conscrits et des soldats de métier. Leur pessimisme est palpable. Cette crise morale à la base reflète une désorganisation sévère du système de conscription qui après leur expérience militaire, a laissé sans illusion des Taïwanais fièrement patriotes.

Juste aussi grave est l'absence de connaissance chez le Taïwanais ordinaire quant à la force des défenses insulaires. Un sondage récent a montré que 65% des Taïwanais n'ont pas confiance dans la capacité de leur armée à contenir l'APL. Il manque une campagne vigoureuse pour instruire le public des chances réelles d'une résistance militaire couronnée de succès afin que le peuple taïwanais ne puisse pas juger de la sûreté de leur île par des indicateurs imparfaits, comme le nombre en diminution des pays qui maintiennent des relations officielles avec Taïpei plutôt qu'avec Pékin. La campagne prévue par l'APL est spécifiquement construite pour intimider et écraser une armée taïwanaise démoralisée. Le champ de bataille crucial doit être l'esprit même des Taïwanais. Le défaitisme est une menace autrement plus dangereuse pour la démocratie taïwanaise qu'aucune arme de l'arsenal chinois.

Les Occidentaux et les Taïwanais devraient être plus optimistes quant à la défense de Taïwan qu'ils ne le sont aujourd'hui. Certes, l'armée taïwanaise prévoit de ne pas tenir plus de deux semaines après le débarquement, mais l'APL croit aussi que si elle ne peut défaire les forces taïwanaises en deux semaines, elle perdra la guerre ! Bien sûr, la disparité entre les budgets militaires des deux côtés du détroit est grande et croît, mais les Taïwanais n'ont pas besoin d'atteindre la parité pour dissuader la Chine de les agresser. Tout ce dont ils ont besoin c'est d'avoir la liberté d'acheter les armes qui rendront l'invasion impensable. Si cette bataille politique peut être gagnée dans les couloirs de Washington, le Parti n'aura plus le pouvoir de menacer Taïwan de venir se battre sur ses plages.

Tanner Greer
dans une traduction Royal-Artillerie


photo de mer démontée

Postface

La polémologie enseigne la réponse du faible au fort depuis les grands traités de guerre dont le premier n'est pas L'Art de la guerre de Sun Tzu mais La Poliorcétique d'Énée de Stymphale, me dit-on dans l'oreillette, même si la réflexion du chinois est si riche et pertinente qu'on l'étudie encore aujourd'hui. L'Asie a réinventé le concept asymétrique dans les guerres de décolonisation mais comme le souligne l'auteur dans le quatrième chapitre, le nerf de la guerre réside aussi dans le moral des combattants et dans la résilience de l'arrière. Les doutes infusés dans les esprits par les administrations américaines successives n'y aident pas. En revanche, le durcissement japonais face aux tentatives hégémoniques de la Chine populaire dans sa zone d'intérêts peut augurer d'une embellie dans l'opinion taïwanaise qui, chez les autochtones, a conservé beaucoup d'éléments de la civilisation nipponne dans sa vie quotidienne. L'allié sûr pourrait à terme devenir le Japon.

In fine, souhaitons que les pouvoirs à Pékin doutent assez du succès de leur aventure militaire pour y substituer une dialectique diplomatique musclée et le tapage nationaliste qui va bien à l'intérieur ; mais souvenons-nous aussi de l'expédition franco-anglaise de Suez en 1956 : l'affaire a sombré en deux coups de téléphone entre acteurs extérieurs au théâtre d'opérations. Taïwan est plus un gage qu'un atout et le Taïwanais le sait.



Compléments :
Pour avitailler sa réflexion le lecteur peut consulter sur ce site deux billets qui reviennent d'actualité :
- Le Phare d'Agincourt(clic) dont la capture déclencherait la revendication d'une Z.E.E. englobant les Senkaku inhabitées ;
- Le Scandale de Quemoy(clac), île de la République de Chine à vue des côtes chinoises, avec Matsu.

Ces « prétendants » tombés du hamac

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monogramme de Siméon II
Le Csar des Bougres (comme disait mon aïeul Léopold) a commis à 81 ans un livre de combat "pour la Bulgarie" qui ramasse tous ses discours politiques et articles de fond pour servir à l'histoire et au redressement d'un pays qu'il a chevillé au cœur. Cet ouvrage "One Purpose - Bulgaria" complète une autobiographie de 2014 Un Destin singulier traduite en français par S. de Courtois, éditée chez Flammarion. Comme chacun sait, après la libération de son pays, Siméon II assura la fonction de Premier ministre et négocia l'intégration dans la Communauté européenne. A dire vrai, il n'y avait à l'époque personne de crédible en Bulgarie pour arpenter les couloirs de la Commission. La nomenklatura bulgare avait une réputation de stupidité chez tous les pays du COMECON, grâce surtout à Todor Jivkov, caricature du chef d'Etat communiste que seuls les Kim de Corée ont surpassée. La maison royale de Bulgarie a opéré un bon rétablissement et présente un site très bien fait que l'on consultera ici mais c'est bien sûr le résumé de sa vie qu'il faut lire d'abord pour bien cadrer le personnage dans son époque et la Wikipedia(clic) remplit son rôle. Le Csar est chez nous Grand Croix de la Légion d'Honneur.


monogramme de Margareta de Roumanie
L'autre prince tombé du hamac est une princesse, et voisine de surcroît : Margareta de Roumanie et son époux Radu Duda sont de toutes le manifestations mémorielles ou caritatives auxquelles souvent ils représentent officiellement leur pays. Ayant récupéré du foncier après la révolution, ils offrent l'image d'une famille royale prête à régner. Les funérailles somptueuses du roi Michel à Bucarest en 2017 ont montré que le peuple de la capitale est réceptif aux faits et gestes de la maison royale qu'il apprécie. Le dénigrement général d'une classe politique aux abois est sans doute le meilleur précurseur d'une restauration. Il suffirait juste d'avoir les moyens d'acheter les prébendiers. Margareta de Roumanie a aussi sa page Wikipedia(clic) mais son handicap reste la roture de son époux et l'absence de postérité qui entame beaucoup l'intérêt pour une monarchie héréditaire, les collatéraux n'étant jamais d'un bon secours en l'affaire. Le site de la maison royale est ici(clac). Margareta est chevalière de la Légion d'Honneur.


monogramme d'Alexandre II
Nul ne s'étonnera que nous nommions ici Alexandre II de Yougoslavie. Comme ses "cousins" roumains, il assure des fonctions représentatives officielles d'ordre et pour compte, ce qui l'expose avantageusement. Ayant lui-aussi récupéré du foncier à la dislocation de la Yougoslavie dont le complexe royal de Belgrade, il a les "outils" nécessaires à une restauration sans peine. Mais la classe politique aux commandes s'estiment trop menacée encore pour se distraire d'un combat qu'elle mène, à son avis, contre tous. La normalisation des Balkans au sein ou en associé de l'Union européenne sera sans doute la période propice, mais à 73 ans aujourd'hui, Alexandre II passera son tour. Son fils Pierre Karageorgevitch est-il prêt ? On consultera avec profit la page Wikipedia(clic) qui le présente. Il est titré officiellement "Prince héréditaire de Serbie", ce qui est un bon début. Souhaitons-lui de rester éveillé pour monter dans la berline le matin venu, car connaissant un peu les Serbes, rien ne se fera en douceur. Son père a la cravate de Commandeur de la Légion d'Honneur. La famille a un super site web auquel on accède en cliquant là.


Même si d'autres familles royales conservent l'espérance de revenir au premier rang, aucun pays européen hors des trois cités n'est préparé à changer sa pointe de pyramide. Par atavisme ou mauvaise humeur chronique, le peuple français, râleur comme toujours, serait sensible à une offre d'alternative qui rebattrait les cartes, si elle était raisonnée et convenable pour le siècle où nous vivons, mais les prétendants déclarés sont un poil sous-calibrés, du moins n'ont pas l'aisance et l'entregent des rois en attente dans les pays de l'Est. Et c'est bien dommage pour nous qui subissons la classe politique la plus retardée et prétentieuse d'Europe occidentale dont nous aimerions tant nous défaire.


Lépante 447ème !

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La bataille navale de Lépante devait décider du sort de la guerre ottomane en Méditerranée centrale et orientale au XVIè siècle. Les Turcs ayant conquis sur les Vénitiens l'île de Chypre et la forteresse de Famagouste à l'été de 1570, le pape Pie V appelle à la croisade pour stopper l'énième poussée des "Barbares".

La rencontre des armées navales a lieu le 7 octobre 1571 au débouché du golfe de Patras sur la mer Ionienne, à proximité du site de la bataille d’Actium qui opposa la flotte de Marc Antoine à celle d’Octave en 31 avant JC. La Sainte Ligue écrase les Turcs, les livres d'histoire regorgent de récits, d'anecdotes et analyses ; nous n'avons pas la prétention de "refaire" l'histoire, mais relèveront deux points pour marquer cette commémoration : les forces engagées et l'issue de la guerre en Méditerranée. En attendant voici la célèbre fresque que Vasari posa au mur de la Sala Regia du Vatican en 1573 pour Grégoire XIII.



A.- Contributeurs à l'escadre de la Sainte Ligue sous le commandement de Don Juan d'Autriche (1545-1578), frère de Philippe II d'Espagne, et manœuvrée par des amiraux de talents tels que Marc-Antoine Colonna pour le Saint-Siège, le doge Sebastiano Veniero, Andrea Doria pour Gênes ou Andrea Provana di Leyni pour la Savoie à Nice :

202 galères et 6 galéasses vénitiennes armées de canons provenant des pays suivants :

- Royaume d'Espagne
- République de Venise
- République de Gênes
- Royaume de Sicile
- Royaume de Naples
- Saint-Siège
- Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (à partir de Malte)
- Duché de Savoie

La flotte de la Ligue perdra 12 galères seulement, mais 7000 hommes dans les assauts plus de nombreux blessés.

B.- Composition de l'escadre ottomane de Selim II sous le commandement d'Ali Bâcha, assisté de l'amiral Mehmed Siroco, gouverneur du Sandjak d’Alexandrie, du capitaine calabrais Ali Kilidj et du dey corsaire algérois Euldj Ali (qui capturera plus tard Miguel de Cervantès devant Barcelone):

210 galères plus 63 fustes et galiotes

Les Turcs abandonneront 117 galères à la Ligue et en laisseront 63 au fond, outre la chiourme en majorité chrétienne libérée par les captures. On parle au moins de 20000 morts au combat.




L'issue de la guerre vénéto-turque sera celle de la coalition qui se désagrègera par la détente. Les intérêts immédiats de chacun divergeaient. Les Vénitiens au contact du problème devront composer, dès lors que l'Empire ottoman avait reconstruit sa flotte et récupéré la suprématie navale en Méditerranée. Finalement Selim II conservera Chypre et l'année suivante le doge paiera tribut pour continuer à faire du commerce avec les Echelles du Levant et le bassin oriental.

La France de Charles IX et de Catherine de Médicis, embourbée dans les guerres de religion sur son propre territoire, aura d'autres priorités que de combattre le Grand Turc, avec lequel d'ailleurs François Ier avait scellé une alliance de revers contre Charles-Quint en 1536, alliance qualifiée d'impie mais qui aura l'avantage de nous ouvrir les routes commerciales de l'Orient et compliquera terriblement l'obsession française des Habsbourg. Les capitulations obtenues de la Sublime Porte (accords commerciaux) feront des jaloux chez les nations commerçantes comme les Pays-Bas ou ceux de la Hanse, mais la France moins mercantile n'en tirera pas tous les profits possibles (confer la Wikipedia).

Comme toutes les grandes pages d'histoire, Lépante est devenue une légende en Occident, de l'importance de Poitiers (732) pour la France, même si un succès militaire si éclatant ne put renverser l'équation géostratégique. Il faudra attendre que l'Empire ottoman pourrisse sur pied au XIXè siècle pour s'occuper à le détruire. Le résultat d'aujourd'hui sur ce qui fut et redevient sa zone d'intérêts n'est pas probant, les lambeaux du dépeçage Sykes-Picot peinent encore à se recoudre, et pour faire court, son aire de colonisation est à feu et à sang.

Il reste de tout ça que l'union est nécessaire parfois, et que la convergence d'intérêts européens peut les précipiter dans une force redoutable si nous voulons nous en donner les moyens, en mettant un bémol sur notre sacrosaint confort. A nous de nous en souvenir au moment où montent les périls. Les cadeaux diplomatiques n'existent pas sauf en présents de courtoisie. Nous risquons de danser sans choisir la musique si nous ne montrons pas les dents !




Climat et euthanasie

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Il y a quarante ans, partait pour les îles Marquises Jacques Brel. Il fait partie des quelques-uns qui manquent, comme Serge Gainsbourg, Alain Bashung, Leonard Cohen ou Lou Reed. Nous finirons ce billet sur "J'arrive" en version studio. Noir et désespérant ! Pourquoi déjà et où aller ?
Mais le Piéton ne s'est pas levé du pied gauche pour verser une larme : il s'agit de vous parler en urgence du réchauffement climatique. Le GIEC a dit, Canfin a dit, Jacques a dit, tout le monde a dit... que c'était foutu pour la planète si nous ne renversions pas les termes de l'équation climatique, tant nous aurons de coraux morts, de récifs submergés, de vertébrés disparus et les insectes... les mouches, les moustiques, les punaises, les frelons, disparus aussi, la vigne et l'olivier se rapprocheront sans bruit du cercle polaire, précédant le palmier-dattier en retard comme toujours.
Oui, mais quoi ?
Sans faire de la philo de zinc, mais un peu quand même, la planète croulant sous des milliards d'hommes qui ne lui apportent rien mais lui prennent beaucoup, la planète se secoue pour en faire tomber le plus possible dans le néant cosmique. Elle n'en peut plus des prédations humaines, elle va nous rendre la vie impossible pour que nous partions en détruire une autre ailleurs. La démographie mondiale est la première cause de notre rejet par la Terre, on peut la mesurer sur le site Worldometers. Bizarrement les projections au-delà de 2050 sont rares, à croire qu'elles ne serviront pas ! Garçon ? remettez-nous ça !

Nous serons dix milliards d'hommes à échéance d'une génération, en 2050, et nous n'arrivons pas à faire vivre convenablement 7,66 milliards aujourd'hui. Le progrès résoudra-t-il le défi démographique, sinon sera-ce la guerre atomique mondiale ?

Alarmiste ? Pas une seconde ! Prenons un gros globe terrestre de la classe de géographie. Je le lance fort et vite, les yeux fermés, et du doigt je l'arrête : ça merde là ! La page n'y suffirait pas à énumérer les points de conflits ouverts et potentiels sur le globe, et ce serait tomber dans la facilité que de le faire. Tous les ingrédients des précurseurs de l'explosion s'amassent pour une conflagration, si tant qu'il peut être léger de croire que les puissances économiques et financières sauront éviter le désastre pour préserver la plus grande partie de leurs intérêts : cette idée du "stop" ultime s'est répandue avant chaque guerre importante, surtout parmi les peuples non informés. Mais les chevaux fous de la guerre échappent toujours aux puissants. L'enchaînement des circonstances défavorables, les hésitations d'acteurs-clés, l'incrédulité des politiques, la naïveté des princes au moment, la nature humaine tout simplement qui aujourd'hui se prend pour Dieu sans en avoir les "capacités", tout ne concourt-il pas à l'holocauste ?
Le réchauffement climatique de la Terre est une réaction de survie de la planète, et comme elle ne pense pas jusqu'à plus ample informé, c'est son Créateur qui la chauffe pour nous dégager d'un problème insoluble !
Alors nous (pas moi) repartirons de zéro. Le Jardin, la vie à poil, la chaleur, le serpent, la pomme... Imagine ! Caïn tuant Abel, c'est reparti comme en 40.





♪ J'arrive ♪

De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Nos amitiés sont en partance
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
La mort potence nos dulcinées
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Les hommes pleurent, les femmes pleuvent

J'arrive, j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois traîner mes os
Jusqu'au soleil, jusqu'à l'été
Jusqu'au printemps, jusqu'à demain
J'arrive, j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois voir si le fleuve
Est encore fleuve, voir si le port
Est encore port, m'y voir encore
J'arrive, j'arrive
Mais pourquoi moi, pourquoi maintenant
Pourquoi déjà et où aller
J'arrive bien sûr, j'arrive
Mais ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver

De chrysanthèmes en chrysanthèmes
À chaque fois plus solitaire
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
À chaque fois surnuméraire

J'arrive, j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois prendre un amour
Comme on prend le train pour plus être seul
Pour être ailleurs, pour être bien
J'arrive, j'arrive
Mais qu'est-ce que j'aurais bien aimé
Encore une fois remplir d'étoiles
Un corps qui tremble et tomber mort
Brûlé d'amour, le cœur en cendres
J'arrive, j'arrive
C'est même pas toi qui es en avance
C'est déjà moi qui suis en retard
J'arrive, bien sûr j'arrive
Mais ai-je jamais rien fait d'autre qu'arriver

Du dialogue entre la Nation et son État

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Dans Le Figaro de mardi dernier (clic), le prince Jean d'Orléans propose sa critique de la Constitution amendée de 1958 en souhaitant revenir au texte originel qui privilégie la fonction arbitrale du chef de l'Etat en appuyant le projet économique et social conçu pendant la Résistance et mis en œuvre à la Libération. D'autres que lui célèbrent le Conseil national de la résistance comme le Saint Graal à mesure que les dirigeants d'aujourd'hui s'approchent du libéralisme économique classique. Si la fonction arbitrale est aujourd'hui absente, ce n'est pas le cas du projet appuyé qui demeure encore de nos jours une calamité. A cause de ce paradigme marxiste de 1945, de tous nos voisins, nous sommes les derniers. Ce qui n'était pas le cas sous la Monarchie de Juillet que le prince-héritier a toujours en exemple, seul exemple d'ailleurs. Il a raison de plaider pour sa paroisse, le roi est l'arbitre idéal, venant de loin, au-dessus de la mêlée et des contingences subalternes, il va loin. Il est en fait le bonhomme Temps, le sage, le savant, le sphinx, le repère, l'amer, le moyeu de la nation ! Jean d'Orléans a bien raison d'en redemander, reste à prouver qu'il soit lui-même la plus sûre main à entrer dans le gant !

A cet article, le Piéton a répondu sur le site Noblesse & Royautés que « la constitution de la V° République induit le césarisme alors que son texte déploie les pouvoirs du premier ministre. Les conflits que cite le prince Jean sont génétiques à cette organisation (trop) minutieuse des pouvoirs. Aujourd’hui encore, le président sort de ses clous, et l’indépendance des pouvoirs est bafouée chaque jour. La survie de la constitution n’est pas un objectif en soi mais s’en soucier dévoile une inquiétude. Par contre la survie de l’Etat est une question autrement grave. Si les pouvoirs publics, faisant fi du clientélisme démocratique, ne réduisent pas le périmètre de l’Etat au domaine régalien avec deux ou trois exceptions, il continuera à être attaqué dans toutes ses interventions périphériques pour défaut d’efficacité ».
Fin du prologue.




Il se dit que la France aurait inventé l'Etat-nation. C'est faire bon marché de toutes les nations qui se constituées en "Etat" avant elle, en particulier les nations guerrières d'Asie, les nations précolombiennes et plus près de nous, les royaumes ethniques centralisés de Suède, Danemark, Prusse, il y en a plein sans parler de la Chine impériale ! Mais notre sujet n'est pas de débattre de l'Etat-nation mais du rapport de l'un à l'autre et de la France spécialement.

La couronne de France a décidé d'un Etat central pour sortir des complications d'un régime féodal abâtardi, et à la limite dangereux pour elle. La Fronde décida le jeune roi Louis XIV à reconstruire un Etat du modèle césariste romain, centralisé dans son droit et dans les obligations réciproques des peuples et des gens de l'Etat. A dire vrai, l'Etat central ne fut pas choisi par la nation, il lui fut imposé, puis "vendu" par les penseurs commis à sa perpétuation. De fait, la nation* subit depuis toujours l'Etat plus qu'elle ne l'a appelé à son service, et à partir de la Libération on lui a survendu l'extension de l'Etat par le confort nouveau que son débordement apportait. Il est au fil des lustres devenu la baleine morte crevée sur la plage que personne ne peut plus déplacer. Sauf à la dynamite !

(*) on parle souvent de nations au pluriel mais pour simplifier l'épure de ce billet nous en resterons à la bataille de Denain

Sauf qu'aujourd'hui l'Etat hypertrophié vit pour lui-même en pressurant la nation qui, anesthésiée, ne sait plus réagir que par la révolte sporadique et ne discute plus. Les gens de l'Etat, se sachant critiqués, ont le souci premier de la défense des avantages acquis et de la préservation d'un statut anachronique qui remonte à la bureaucratie tsariste. On sait comment tout cela a fini là-bas, il y a cent ans.

Rapporté à la nation qu'il gouverne, l'Etat français est démesuré. Ses effectifs actuels lui permettraient de gouverner l'empire de jadis dans le plus infime détail. Comparés aux autres Etats de l'OCDE, nous avons en moyenne deux millions de fonctionnaires de plus. Ceci ne veut pas dire que nous avons deux millions de surnuméraires ou de fainéants (bien que la caste défende vigoureusement sa torpeur et ses privilèges) mais que le périmètre de l'Etat est trop grand. L'Etat se mêle de tout et sa légendaire inefficacité que ses agents réfutent parce qu'ils n'ont jamais connu la vraie vie, génère des coûts insupportables dans un pays grevé de déficits énormes sous une dette souveraine qui le suce. La mauvaise gestion de l'État actionnaire, «souvent peu généreux pour cause budgétaire, parfois prodigue pour les industries en déclin ou les secteurs à la mode», fut de tout temps dénoncée par les grands commis eux-mêmes comme ici par Raymond Levy (ex-RNUR) qui parvint à privatiser Renault.
Qui pis est, c'est le domaine traditionnel de l'Etat, qu'on appelle "régalien" en souvenir de la Couronne, qui est le plus mal tenu. La nation n'a pas un rejet pavlovien de l'Etat dans ses fonctions principales mais elle commence à comprendre qu'à s'occuper de tout, jusqu'au slip du citoyen, l'Etat ne fait plus face à l'essentiel et se défausse dans des activités sociétales visibles et valorisantes comme l'égalité homme-femme, le startupping, la procréation médicale assistée pour les paires stériles et jusqu'à la consommation des drogues, des acides gras insaturés et des filles de joie !

Si le retrait de l'Etat est dramatique dans ce qu'on appelle maintenant les zones périphériques, le citoyen décentré ne réclame pas un théâtre, un juge de paix cantonal, une salle omnisport, un bar-tabac, le banquet des seniors, une salle de shoot ou le conseil municipal des enfants. Mais une Poste, une école primaire, une permanence de sécurité ouverte 7/24 (police ou gendarmerie et pompiers), un cabinet médical avec pharmacie, des édiles accessibles sans rendez-vous. Toute la vie publique n'est pas strictement du ressort de l'Etat mais l'essentiel est sa raison d'exister. Il doit faire face au défi qui monte sur son cœur de métier et répondre aux attentes basiques du citoyen à peine de s'en faire un ennemi. Et en Gaule, cela n'est pas recommandé !

Par contre lancer des mesures pour faire revenir les commerces de proximité n'est pas de son ressort mais celui des corporations et chambres de métiers ; légiférer sur l'urbanisme jusqu'à la dernière virgule, fixer le prix du gasoil, régir les conditions d'exploitation des taxis "Uber" ou la vitesse des routes départementales qui comme leur nom le suggère échappent à son autorité, non plus ! Les gens appellent l'Etat dans des missions utiles sinon primordiales, mais l'Etat n'entend pas, même s'il parle beaucoup quand on le presse. Il se pavane dans des domaines qu'on ne lui a pas confiés mais qui améliorent sa communication électorale et il s'excuse dans les autres au motif de la dureté de notre époque. Quand deviendrons-nous adultes dans ce pays ?

Le domaine régalien dont l'Etat doit être responsable sans renforts extérieurs peut être cerné assez facilement. Les dirigeants de ce pays seraient bien inspirés de se recentrer et de cesser se mettre leur vanité et leur bêtise partout, à commencer par cette addiction pathologique aux strates administratives superfétatoires que sont les communautés urbaines enchaînées de procédures et les intercommunalités plus encore liées de règlements.

Domaine régalien

Fonctions de souveraineté :
- Haute administration d'exécution
- Justice haute et maisons centrales
- Trésor public
- Armée et arsenaux
- Renseignement extérieur
- Diplomatie et agences de propagande (Alliance française, Francophonie, AFD, SOPEXA etc)

Fonctions neutres d'administration centrale :
- Cours de contrôle et conseils
- Instruction publique obligatoire du premier cycle
- Réseau sanitaire de base (dispensaires de proximité, hôpitaux généraux)
- Police criminelle et renseignement intérieur
- Recherche fondamentale
- Etablissements culturels de prestige (Opéra de Paris, Louvre, château de Versailles etc)
- L'Institut et ses académies.

Doivent sortir du périmètre de l'Etat central ceux dont les noms suivent :)
- Justice basse (juge de paix, tribunaux de première instance)
- Régime de pensions sauf caisses militaires
- Sûreté quotidienne
- Culture subventionnée
- Collèges
- Information et réseaux de communications
- Réseaux de transport
- Assurance maladie
- Assurance chômage
- Formation professionnelle et agences d'emplois
- Marchés agricoles
- Logements sociaux
- Recherche appliquée
- Universités et grandes écoles
- Think-tanks dédiés aux caprices du jour et subventionnés
- Instituts sectorisés, commissariats à..., hautes autorités de..., agences pour..., fondations de..., comités théodules, et...
- Monnaie, si l'on adopte les monnaies privées ou le free banking (mais c'est un autre débat).

A titre d'exemple, sont sortis du périmètre étatique et s'en portent bien les activités "nationales" suivantes :
- Grandes banques
- Industrie aéronautique
- Armes et recherche létale
- Industrie automobile
- Pétrole et parachimie
- Armement maritime
- Spatial
- Télécommunications
- Industries énergétiques, en partie
- Autoroutes
- Chantiers navals
-...

Ont disparu aussi les dinosaures inadaptés au temps que furent les charbonnages, la chimie lourde et la sidérurgie classique laissant parfois la place à des industries de spécialités.


justice et balance


Dès lors que cet Etat central aura ramassé dans sa main les pouvoirs essentiels à la nation, il les durcira par inclination naturelle de tout pouvoir central, et les acteurs économiques organiseront les secteurs dévolus en régime de concurrence, sans doute de manière efficace et rentable puisqu'il ne pourront plus compter sur les secours étatiques tout en faisant face au jugement des usagers et de leurs groupes de pression.

Le débarquement de deux millions de fonctionnaires est une entreprise à mener sur la base des départs en retraite pendant plusieurs années. Il nécessitera des transferts d'agents dans la période de recentrage.

Notre Etat réparé retrouvera à l'extérieur le prestige que nous avons perdu par la gestion calamiteuse des pouvoirs publics français. Nous pourrons parler fort et clair dans les enceintes de décision et ne risquerons plus des invectives humiliantes comme celles adressées cette année au président Macron par le Premier néerlandais qui dans le débat sur les solidarités Nord-Sud, l'a renvoyé à sa gabegie honteuse. Nous pourrons faire à nouveau la roue !


paon


Epilogue

La version originale de la Constitution de 1958 élit le chef de l'Etat au Congrès.
C'est la procédure la moins défavorable à une ré-instauration de la monarchie constitutionnelle. Jean d'Orléans le sait.
Outre l'ensemencement de l'opinion à l'idée du roi, il ne faut pas négliger l'entrisme dans la classe politique d'étage national comme le pratiquent certains crypto-monarchistes, en attendant Godoy.



Sécularisation ratée d'une église modernisée

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Peyrefitte (07-00)
Dans un article paru le 4 octobre 2018 dans La Manche Libre, l’abbé Henri Vallançon dénonce la communication catholique avec les mots qui vont bien (signalement de Riposte Catholique). Nous reprenons cet article in extenso, plus bas. Ce qui nous intéresse dans ce cri du cœur c'est la description de la dérive de l'Eglise dans son rapport au pays réel, et sa communication subie en lieu et place d'une propagande vigoureuse de la foi qui devrait être sa première mission. Notre propos est d'approcher la question sexuelle particulièrement prégnante dans la presse mondiale, même si la photo ci-contre du distingué pornographe Roger Peyrefitte signale aux jeunes lecteurs que l'affaire est de longue mèche, puisque, selon lui, on a de tout temps "touché" dans les institutions.

Nous ouvrons les "hostilités" avec l'expression d'un certain désarroi du cardinal Vingt-Trois de Paris qui, interrogé une énième fois sur les affaires de sexualité du bas-clergé, avait répondu dans la plus parfaite orthodoxie canonique que « l'Eglise étant l'ultime refuge des pécheurs, elle ne pouvait les chasser à quelque motif que ce soit ». Sauf que vouloir vivre dans le siècle fait obligation aux prélats de prendre toute mesure pour éviter que l'Eglise elle-même n'en soit expulsée. Or c'est bien ce qu'il se passe depuis des lustres, l'érosion des fidèles manifeste entre autres questions relevant de la métaphysique un doute quant aux mœurs, puis le rejet de ceux qui personnifient la foi. Le regard des gens a changé plus rapidement aujourd'hui avec l'avalanche des affaires glauques touchant les monsignori américains. La Curie et les épiscopes peuvent fermer les yeux et faire le gros dos, mais ils donnent prise maintenant comme jamais à leurs ennemis qui risquent bien de les broyer sous les chenilles de la calomnie. Tous les contrefeux ont échoué, l'abbé Vallançon l'expliquera à sa façon, dans un domaine parallèle au nôtre, le magistère.

La sexualité du clergé fut de tous les conciles. Les remèdes, peut-être imparfaits, chassés par la porte sont toujours revenus par la fenêtre. Deux mille ans plus tard, on en parle. Et de quoi s'agit-il au final : du mariage des prêtres quand ce n'est pas du sacrement de mariage des prêtres déjà en concubinage. Qu'on ne croit pas que cela soit un effet de mode, une conséquence de la libération sexuelle post-soixante-huitarde ou conciliaire. Sans parler des Eglises d'Orient qui ont passé l'éponge, les curés en ménage par chez nous remontent aux premiers jours de la chrétienté et la règle semble avoir été générale dès le haut Moyen-Age. Les concubines n'assuraient pas seulement le repos du guerrier (en le détournant ce faisant d'autres conquêtes en ville pour la sûreté du bourgeois en voyage) mais faisaient office de sacristain, bedeau et parfois au décès du titulaire, assuraient le service de la messe dominicale en attendant la relève. L'Eglise anglicane et ses dérivés ont tranché et ne s'en portent pas plus mal, même si les vocations n'y ont pas explosé.

Lusia et son mari Naseem, curé chaldéen de la paroisse d'Yverdon-les-Bains (sur le lac de Neuchâtel)

Les motifs du célibat des prêtres sont établis sur les évangiles et les actes des apôtres, mais la purge des textes contemporains du Christ par les Pères de l'Eglise pour aboutir au droit canon n'a pas éliminé le doute quant à la vie sociale de Jésus de Nazareth. Si on entend parler de ses "frères" - ce qui serait très normal pour récompenser le charpentier Joseph d'avoir accueilli une fille-mère de la maison de David - rien n'affirme dans les textes parvenus jusqu'à nous, ni qu'il ait été marié ni du contraire explicitement. Sa vie, pour ce qu'il en reste, nous laisse donc le choix. Procréa-t-il ? Beaucoup aimeraient le croire pour simplifier l'épure dynastique chez nous. Même si le pamphlet de l'abbé Vallançon ne débouche pas sur le mariage des prêtres mais sur l'hérésie en cours au Vatican (divorcés, homosexuels), nous persistons à penser qu'un environnement familial normal relâcherait tensions et pulsions intimes. Revenir au bréviaire (supprimé par Vatican II) devrait compléter le dispositif et remettre de l'ordre dans le tumulte des pensées. Mais sans doute est-ce archaïque ! Et les arguments des célibataires qui, faute de bases inexpugnables, ne peuvent transcender l'apologie du célibat au lieu de se vautrer dans les statistiques de la pédophilie, sont risibles tant ils se démontent facilement. Tout le monde les sait, nous ne les reprenons pas, sauf cette perversion du propos qui fait passer le mariage pour un nid d'incestes (puisque les cas de pédophilie sont majoritairement familiaux) afin d'en détourner le clergé. Il leur faut avoir l'esprit particulièrement tordu pour avancer sur une dialectique aussi biaisée. Mais le motif le plus fort à refuser le mariage gît dans la Bible juive elle-même : le premier personnage de l'histoire humaine s'appelle Eve. Dès le départ, elle a ruiné Le Projet. Et tous les ronds de fumée des docteurs de la foi pour être raccord avec l'opinion dominante ne suffiront pas à masquer la misogynie originelle de l'Eglise catholique. Ecoutons maintenant l'abbé :


Adresse de l'abbé Vallançon à sa hiérarchie :

Une nouvelle fois, l’Église est entachée par le scandale de nombreux prêtres à travers le monde ayant pratiqué des actes sexuels sur des mineurs.

Le même scénario se répète à chaque fois : des déclarations de honte et de repentance sont produites par les autorités catholiques, avec une note appuyée de compassion pour les victimes et des promesses de réforme pour l’avenir. Évidemment, l’efficacité de la réaction perd de sa force au fur et à mesure, car nous suivons, apeurés, un rythme qui nous est imposé : c’est seulement depuis que les victimes organisent leur riposte juridique que nous disons prendre conscience de la gravité de ces actes délictueux ! Il nous faut la pression des médias pour esquisser un commencement de réaction. Incapable de juger à temps les coupables et de leur appliquer les sanctions appropriées, l’institution ecclésiastique ne se détermine plus guère à partir d’un jugement objectif sur les fautes selon son droit canonique et sa doctrine théologique, mais elle se contente d’organiser avec des experts laïcs des communications de crise.

La ruine de l’autorité morale de l’Église qui en résulte la détruit de l’intérieur : elle n’existe que pour être le témoin crédible de la révélation divine. Prêtres qui vivons au contact des gens, nous sommes atteints au cœur : si nous avons perdu leur confiance, notre ministère est impossible.

Ce qui me frappe dans les réactions officielles, c’est leur impuissance à s’élever au-delà du registre émotionnel et à identifier les causes du mal. La pédophilie de ces prêtres viendrait de leur « cléricalisme » et de leur « séparation », de leur prise excessive de distance vis-à-vis des autres, etc. On se rapproche le plus possible des arguments qui conviennent aux médias, pour négocier leur indulgence.

Outre que tous les cas que je connais contredisent ces explications, la question de fond me semble la suivante : comment est-il possible que la conscience d’un prêtre soit si profondément obscurcie qu’il en vienne à poser des actes aussi graves ?

Depuis quelques décennies, un mouvement général de sécularisation du prêtre s’est emparé du clergé, un climat anti juridique et anti doctrinal s’est développé au profit de postures soi-disant pastorales, les signes distinctifs visibles ont été abandonnés dans l’habit et dans le comportement. Malaise autour des concepts de loi et de dogme, effacement des justes frontières dans les relations humaines... Comment, dans ces conditions, le prêtre peut-il garder vive la conscience qu’avec l’onction sacerdotale reçue au jour de son ordination, il est un être consacré, mis à part par le Christ pour être totalement dédié à Son service ? Peu à peu, tout se banalise. Si ce qui est le plus sacré se désacralise, le plus grave devient anodin.

Depuis quelques décennies, au catéchisme, dans les séminaires diocésains, dans les homélies se sont radicalement estompées de la formation de la conscience morale : une définition claire du péché originel, à cause duquel nul ne peut être sauvé sans la grâce de Dieu que confèrent les sacrements ; la possibilité du péché mortel, dont la conséquence est la damnation éternelle ; l’existence d’actes intrinsèquement pervers, indépendamment de l’intention de celui qui les pose ; la nécessité de l’ascèse et du sacrement de pénitence pour lutter contre le mal ; l’obéissance à la volonté de Dieu et l’acceptation de tous les sacrifices à consentir pour ne jamais la transgresser ; la place d’honneur faite à la vertu de chasteté, dans le mariage comme dans le célibat consacré ; la mise en garde vis-à-vis du monde et de ses sollicitations qui souillent la pureté de l’âme...

Tant que les hommes d’Église ne renoueront pas avec la prédication de ces vérités évangéliques, ils se laisseront eux-mêmes corrompre par le mal qu’ils ne combattent plus et entraîneront dans leur dérive ceux auxquels ils s’adressent. (HV)




Pour en revenir à nos moutons, égarés, et rester positif, le Piéton du roi fait une suggestion ciblée qui en vaut bien d'autres : quand un prêtre reconnaît des pulsions pédophiles en lui-même, il réclame la clôture à son évêque et celui-ci le place dans un monastère à cilice, silence et mâtines, laudes, tierce, sexte, none, vêpres et complies, de quoi maîtriser le testostérone comme dirait l'abbé de La Morandais.
Si le prêtre a succombé, l'évêché le prépare à affronter la justice du pays où le forfait a été commis, puis le remet aux autorités judiciaires, muni de la Practica Inquisitionis hæreticae pravitatis de Dom Bernardus. Ne souriez pas, c'est sérieux, connaissant les arcanes historiques de la garde à vue jusqu'au "mur", il avouera ou niera sans peine !



Graduel Dominabitur du Christ-Roi




Que nous apprennent les brèves du mardi ?

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Remaniement ministériel :

(1) La technostructure n'attend rien de plus d'un ministre qu'un rôle de porte-parole dans un domaine délimité de la politique gouvernementale. Il est facile de croire que des refus, s'il en fut, ont plus tenu au devoir de se lever tôt pour aller se faire engueuler chez Bourdin. A preuve, les "fragiles" du gouvernement ont déserté au premier motif possible.

(2) Les politiciens de l'opposition qui touillent dans le long délai de promulgation afin de démontrer on ne sait trop quoi, sont dans l'inutile, ou le ridicule comme Eric Ciotti, puisqu'ils savent bien depuis la présidence Sarkozy, que les ministres sont les valets de pied du Château.

(3) Les éditocrates en ont beaucoup rabattu depuis que leurs injonctions sont restées lettres mortes et que Matignon s'est ouvertement moqué d'eux. Pris à contrepied, ils encensent aujourd'hui le cabinet Philippe III. La presse vit comme la bourse, entre hystérie et panique.


Déluge audois :

Les épisodes cévenols sont imprévisibles en intensité mais pas en occurence. Un des problèmes au défaut d'alerte sur le département est-il dans la gestion des heures de sommeil des fonctionnaires de la météorologie ? Crue monstrueuse à 5h du matin, alerte rouge déclenchée à 7h quand les ponts ont déjà sautés.


Démontage du journaliste séoudien à Istanbul :

(1) Les faits détaillés seront établis par la Sûreté turque qui a pu accéder à la scène de crime, mais tout laisse penser que l'affaire a été décidée par une faction méprisée de la haute société séoudienne afin de nuire au pouvoir du Macron des Dunes "MBS", si ce n'est à la famille du roi Salmane. A moins que ce ne soit un coup de couteau d'une société secrète wahhabite excédée par les libéralités nouvelles à l'endroit des zispissdicounasses qui refusent désormais de leur pomper le nœud.

(2) Aucun pouvoir vengeur, désireux de renvoyer un opposant chez son créateur, n'aurait choisi son propre consulat, dans la Turquie d'Erdogan en plus ! Au mieux aurait-il demandé conseil au Kremlin qui lui aurait proposé de descendre l'avion de la Pan Am !

Brexit :

(1) L'affaire n'est pas comme on le croit entre l'Union européenne et le Royaume Uni, mais entre la Grande Bretagne et l'île d'Irlande ! D'ailleurs la guerre que livre Theresa May aux Communes le prouve tous les jours. Laissons-les s'entretuer (politiquement) et passons l'accord avec le vainqueur, sachant que nous sommes directement impliqués dans la solution par la République d'Irlande qui est un des fleurons libéraux de l'UE.

(2) Le Brexit ne vaut que dur ! Sinon il ne prouvera rien ! En cas d'accord de libre-échange des personnes et des biens, les partis souverainistes français auront sauté pour rien comme des cabris en criant Brexit ! Brexit !




Le Right Livelihood Award* 2018 à la France d'outremer

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Le sommet de l'OIF à Erevan fut embelli par le prix Nobel alternatif de littérature donné à Maryse Condé. Voici comment nous en parle RFi :

(article de Radio France internationale republié sous licence libre)

(*) Le nom du prix suédois, Right livelihood, qui se traduit littéralement en français par « moyens d'existence justes », fait référence au cinquième point du noble sentier octuple du bouddhisme qui enseigne que chaque individu est responsable de ses actes et doit prendre seulement une part équitable des ressources de la terre. Le prix, bien qu'appelé le « Prix Nobel alternatif » en français, n'est pas officiellement lié au Prix Nobel (source Wikipedia).

Le gag irlandais

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Les députés unionistes de Belfast refuse toute frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande après l'effectivité de la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne. Personne de sensé ne va dérouler 360 kilomètres de double concertina avec patrouille des chiens de Baskerville, poste de douane armée et autres foutaises de l'ancien temps. D'ailleurs il semble que l'équipe de Michel Barnier ait investi son temps dans une procédure de dédouanement numérique éprouvé en zone outremer, que le Piéton va vous dévoiler en exclusivité maintenant, c'est l'instant !

Ayant exporté pendant des années depuis l'Europe occidentale et les Etats-Unis vers la Chine continentale et autour, je vais vous parler du vol de documents. Pour les thèseux qui veulent pomper l'article dans une prochaine composition de grande école, disons que c'est une adaptation de la lettre de change lombarde du XIIIè siècle.

Comment ça marche ? Le colis (ou le container, palette, etc...) est individualisé par l'exportateur (ou chargeur) au moyen d'un bordereau de livraison physique (poids, dimensions, classe ONU si nécessaire) tiré d'une liasse fournie par le transitaire* ou l'agrégateur** et dont une copie est collée sur ce qu'on va appeler désormais une consignation. L'ordre d'enlèvement est alors donné par téléphone avec le numéro de la consignation qui correspond physiquement au code-barre apposé sur le colis/container/palette, en même temps qu'est transmise numériquement au transitaire/agrégateur une facture commerciale d'exportation avec le numéro du tarif douanier du Système Harmonisé (mondial).

La procédure se déclenche aussitôt que le transporteur de ramassage scanne le code-barre : elle consiste à découpler la consignation et les documents d'exportation. Le transport international va dès lors consister à propulser la liasse numérique dans les quatre tubes mis bout à bout : la douane export (qui fait un contrôle des chiffres et des statistiques), la compagnie aérienne qui va prendre en soute (dans mon cas, mais ce sera pareil au sol), la douane import (qui fait un contrôle et qui taxe), le transitaire à destination qui sera chargé de recoller les morceaux de la procédure et livrer le client final.

La durée de vol des documents (c'est une expression) est fonction de l'encombrement des tubes, de quelques heures à quelques jours, et la consignation physique n'y est pas liée, elle peut traîner une semaine ou un mois selon les capacités de fret et de manutention à chaque bout.

Pour les connaisseurs, cette procédure fournit les matrices documentaires attendues pour une lettre de crédit éventuelle mais elle n'y est pas liée, ni ne la remplace puisque elle ne crée pas de "papier". J'en vois au fond qui jouent à Super Mario !



Revenons sur l'île verte. Puisque le transport physique et la documentation peuvent être découplés, il n'est pas nécessaire de rebâtir une frontière en dur. Les échanges de marchandises entre les deux entités irlandaises (et partant, entre les pays extérieurs qui les livrent) doivent être simplement numérisées. Des contrôles douaniers aléatoires des opérations de chargement ou de déchargement vérifieront que les colis sont individualisés au code-barre dans un format réglementé et basta. Bien sûr les Douanes pourront lire le code-barre sur une tablette et connaître immédiatement la nature de la consignation, son origine, provenance, code danger, vecteur GPS (voir plus bas).

Cette façon de faire démonétise l'alarme des transporteurs qui brandissent les queues en frontières, les embauches administratives qui les ruineront et toutes histoires de loups-garous qui font rire les vrais acteurs. Question personnel servant le système, disons que déjà le transport national et international mobilise de la documentation et donc des agents administratifs chez les chargeurs, les transporteurs et les clients. Il suffira d'adapter les procédures actuelles au nouveau contexte et rééditer des formulaires (dématérialisés).

On peut monter d'un cran. Si les avions sont parfaitement identifiés et suivis pendant leur vol (transpondeur, squawk, etc), rien n'empêche d'en faire autant par le système Galilée pour les camions et les navires qui passeront une copie numérisée du manifeste (bordereau de chargement détaillé par colis) aux Douanes, le vecteur de transport y étant identifié par un code GPS.


La circulation des marchandises étant résolue, resterait la question des personnes. Ni la Grande Bretagne, ni l'Irlande ne font parties de l'espace Schengen. Que la République d'Irlande contrôle sa frontière comme aujourd'hui et refuse le transit sans visa vers l'Irlande du Nord, et le tour est joué.

Il y a donc des solutions pour contourner cette supercherie politique de la frontière et calmer ce pauvre Boris Johnson qui joue le rôle de sa vie. Comme nous le disions dans le billet de mardi dernier, l'affaire se débat aux Communes, une question d'ego et de supériorité aérienne dans un vol de grues cendrées. On amuse le bon peuple, on dramatise, on se donne de l'importance pour finalement appliquer bientôt ce que vous venez de lire.


Notes :
(*) Le transitaire est le facilitateur entre le commerçant ou l'industriel exportateur et le transporteur international. Il se charge de toute la paperasse (désormais dématérialisée). Il connaît un correspondant transitaire à l'autre bout à qui confier l'importation à destination.

(**) L'agrégateur est une société puissante qui exécute toutes les opérations de bout en bout (on dit door to door). Il dispose de flottes de ramassage, d'entrepôts sous douane, de moyens de manutention lourde et surtout de ses propres avions. A destination, c'est symétrique. Les agrégateurs les plus puissants sont UPS, Fedex, TNT et DHL.

Certaines agences maritimes en font autant avec quelques spécificités, mais elles connaissent aussi le découplement des consignations et des documents, mieux encore, elles éditent des documents de transport "interne" différents des documents classiques exigés par les lettres de crédit.

Postscriptum :
La question nord-irlandaise est loin d'être résolue dans les faits. Les communautés se regardent sans se mêler et la démographie catholique est la plus forte. A terme, 40 ans ? les catholiques seront majoritaires et il sera difficile d'empêcher la réunification de l'île sous l'autorité de Dublin. Cet article deviendra sans objet...


Jamal Khashoggi : What the Arab world needs most is free expression

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WASHINGTON POST, THURSDAY OCTOBER 18, 2018

I was recently online looking at the 2018 “Freedom in the World” report published by Freedom House and came to a grave realization. There is only one country in the Arab world that has been classified as “free.” That nation is Tunisia. Jordan, Morocco and Kuwait come second, with a classification of “partly free.” The rest of the countries in the Arab world are classified as “not free.”

As a result, Arabs living in these countries are either uninformed or misinformed. They are unable to adequately address, much less publicly discuss, matters that affect the region and their day-to-day lives. A state-run narrative dominates the public psyche, and while many do not believe it, a large majority of the population falls victim to this false narrative. Sadly, this situation is unlikely to change.

1958 - 2018
The Arab world was ripe with hope during the spring of 2011. Journalists, academics and the general population were brimming with expectations of a bright and free Arab society within their respective countries. They expected to be emancipated from the hegemony of their governments and the consistent interventions and censorship of information. These expectations were quickly shattered; these societies either fell back to the old status quo or faced even harsher conditions than before.

My dear friend, the prominent Saudi writer Saleh al-Shehi, wrote one of the most famous columns ever published in the Saudi press. He unfortunately is now serving an unwarranted five-year prison sentence for supposed comments contrary to the Saudi establishment. The Egyptian government’s seizure of the entire print run of a newspaper, al-Masry al Youm, did not enrage or provoke a reaction from colleagues. These actions no longer carry the consequence of a backlash from the international community. Instead, these actions may trigger condemnation quickly followed by silence.

As a result, Arab governments have been given free rein to continue silencing the media at an increasing rate. There was a time when journalists believed the Internet would liberate information from the censorship and control associated with print media. But these governments, whose very existence relies on the control of information, have aggressively blocked the Internet. They have also arrested local reporters and pressured advertisers to harm the revenue of specific publications.

There are a few oases that continue to embody the spirit of the Arab Spring. Qatar’s government continues to support international news coverage, in contrast to its neighbors’ efforts to uphold the control of information to support the “old Arab order.” Even in Tunisia and Kuwait, where the press is considered at least “partly free,” the media focuses on domestic issues but not issues faced by the greater Arab world. They are hesitant to provide a platform for journalists from Saudi Arabia, Egypt and Yemen. Even Lebanon, the Arab world’s crown jewel when it comes to press freedom, has fallen victim to the polarization and influence of pro-Iran Hezbollah.

The Arab world is facing its own version of an Iron Curtain, imposed not by external actors but through domestic forces vying for power. During the Cold War, Radio Free Europe, which grew over the years into a critical institution, played an important role in fostering and sustaining the hope of freedom. Arabs need something similar. In 1967, the New York Times and The Post took joint ownership of the International Herald Tribune newspaper, which went on to become a platform for voices from around the world.

My publication, The Post, has taken the initiative to translate many of my pieces and publish them in Arabic. For that, I am grateful. Arabs need to read in their own language so they can understand and discuss the various aspects and complications of democracy in the United States and the West. If an Egyptian reads an article exposing the actual cost of a construction project in Washington, then he or she would be able to better understand the implications of similar projects in his or her community.

The Arab world needs a modern version of the old transnational media so citizens can be informed about global events. More important, we need to provide a platform for Arab voices. We suffer from poverty, mismanagement and poor education. Through the creation of an independent international forum, isolated from the influence of nationalist governments spreading hate through propaganda, ordinary people in the Arab world would be able to address the structural problems their societies face.


Il y a lobby et lobby

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Stéphane Horel, journaliste indépendante et documentariste, explore de longue date l’impact du lobbying et des conflits d’intérêts sur les décisions politiques dans ses collaborations au Monde. Il n'y a pas d'erreur sur le prénom. En 2017, son livre Intoxication sur les perturbateurs endocriniens a été récompensé par le prix Louise Weiss du journalisme européen. En 2018, c'est l'Investigative Reporting Award qu'elle a eu avec Stéphane Foucart pour la série du Monde sur Monsanto.


Comment les lobbies empoisonnent-ils nos vies et la démocratie

Quatrième de couverture : Lobby des pesticides, lobby du tabac, lobbies de la chimie, de l’amiante, du sucre ou du soda. On évoque souvent les « lobbies » de façon abstraite, créatures fantastiques venues du mystérieux pays du Marché, douées de super-pouvoirs corrupteurs et capables de modifier la loi à leur avantage. Pourtant, les firmes qui constituent ces lobbies ne sont pas anonymes et leur influence n’a rien de magique. Leurs dirigeants prennent en toute conscience des décisions qui vont à l’encontre de la santé publique et de la sauvegarde de l’environnement.

C’est cet univers méconnu que Stéphane Horel, grâce à des années d’enquête, nous fait découvrir dans ce livre complet et accessible. Depuis des décennies, Monsanto, Philip Morris, Exxon, Coca-Cola et des centaines d’autres firmes usent de stratégies pernicieuses afin de continuer à diffuser leurs produits nocifs, parfois mortels, et de bloquer toute réglementation. Leurs responsables mènent ainsi une entreprise de destruction de la connaissance et de l’intelligence collective, instrumentalisant la science, créant des conflits d’intérêts, entretenant le doute, disséminant leur propagande.

Dans les cercles du pouvoir, on fait peu de cas de ce détournement des politiques publiques. Mais les citoyens n’ont pas choisi d’être soumis aux projets politiques et économiques de multinationales du pétrole, du désherbant ou du biscuit. Une enquête au long cours, à lire impérativement pour savoir comment les lobbies ont capturé la démocratie et ont fait basculer notre système en « lobbytomie » (version numérique : 15 euros à La Découverte).




Critique du Piéton oisif :

Les lobbies ont "capturé" la démocratie comme l'ont fait les partis politiques. C'est ce régime de gouvernement des hommes par le nombre, faisant levier de l'Opinion, pour promouvoir les intérêts particuliers sous couvert du général, qui créé naturellement la lutte des clans constitués en groupes de pression. Plutôt que de revenir aux guerres de religion, la bourgeoisie aux affaires a mis en place le système d'élections au suffrage universel (c'est plus facile de convaincre les cons) qui tranche et coupe pour un certain laps de temps, servant la soupe à chacun dès lors qu'il est inscrit sur les listes de rationnaires.
Les lobbies industriels ou agricoles avancent quoiqu'on dise à découvert. Les lobbies politiques en revanche ont du mal à dissimuler l'avidité personnelle des chefs de meute, comme nous le montrait hier encore le riche tribun de La France Insoumise menacé dans ses intérêts si ce n'est dans son intimité (voir dans la presse mainstream les liaisons dangereuses de l'abbé Mélenchon).

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