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Hollande au pied du mur

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Pays touareg
C'est au pied de l'archipel des Iforas que l'histoire jugera François Normal. On arrive au cœur du sujet et l'implication des Français semble moins obligatoire, sinon annulons cinquante ans d'histoire et remettons les pendules à l'heure du temps béni des colonies. La crise malienne est antérieure à l'indépendance puisque le contentieux nord-sud est séculaire. Au Nord, les nomades touaregs et leurs alliés maures ou songhaïs on vécu de razzia et de traite nègre aux dépens des noirs du sud. Au sud et sur le fleuve Niger, les Bambaras ont accumulé la mémoire de cette époque où ils étaient la "ressource à capturer". La croissance démographique et la politique des restes dans le découpage post-colonial ont renversé les moutons sur les loups. Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) revendique la constitution d’un Etat touareg depuis 1958. Pour Mossa Ag Attaher, chargé de communication du mouvement, ce groupe insurgé est "l'émanation des aspirations des Touaregs et d'une bonne partie des Songhaï, Peuls et Maures de l'Azawad". Pour lui, le territoire de l'Azawad au Mali se compose des cercles de Tombouctou, de Gao et de Kidal. Son but : l’autodétermination de ces peuples avec droit à l’indépendance s'ils le souhaitent.

On a pu penser un moment que, sans transiger sur Gao et Tombouctou, les Maliens (noirs) finiraient par abandonner le cercle de Kidal aux nomades qui joueraient au peuple souverain aussi longtemps qu'on leur porterait à manger. Mais la recherche minière poursuivie après le départ des Français par des équipes de prospection canadienne et sud-africaine rapporte des possibilités de richesses prometteuses. Aussi, la première exigence des gens de Bamako est-elle devenue l'intégrité territoriale du Mali, point-barre ! Les Touaregs et leurs alliés doivent trouver une autre angle d'attaque sinon ils vont être attaqués par tout le monde une fois la France partie, pour la simple et bonne raison que leur revendication autonomiste découpe aussi du territoire en Algérie (gaz), au Niger (uranium) et jusqu'en Libye (pétrole). C'était d'ailleurs Mouammar Kadhafi qui s'était proclamé "Guide des sultans touaregs du Grand Sahara" en 2006. Pour survivre dignement, le MNLA doit négocier sur un autre terrain que l'appropriation des sols. A défaut, c'est le bagne à perpétuité dans l'Adrar des Iforas.

Touareg en mode pause


Les peuples du Mali ont tous de grands efforts à faire, mais les Touaregs particulièrement. Il ne peuvent pas maintenir un mode de vie pastoral agrémenté d'aubaines et petits trafics et exiger en même temps le niveau de vie des citadins impliqués dans une économie réelle. S'ils veulent participer de plein pied au développement promis par les agences internationales, ils doivent envisager de... travailler. Réciproquement, le pouvoir noir doit partager un peu et surtout former les enfants nomades et les qualifier autant que possible afin de les insérer dans le futur prometteur du pays. Il n'y a aucune échappatoire.

La France peut-elle jouer au médiateur dans la querelle ? A mon avis, non ! Ce qui ne l'empêche pas de laisser une feuille de route diplomatique qui déroulerait les voies et moyens d'un accord de coexistence. Mais à partir du moment où les rebelles sont neutralisés, le job est fait. Le temps qu'une armée malienne soit reconstituée - paraît-il que les Européens vont s'y mettre un jour !- les Africains doivent occuper le pays utile pour le pacifier et pour redémarrer les activités économiques, tout en contenant les freux dans la montagne en attendant la chasse à courre sous commandement Africom US. Vu le sans-faute jusqu'ici, on peut raisonnablement penser que le président Hollande est parti pour Bamako dire aux autorités locales et régionales qu'elles sont maintenant dans les buts !
Déjà la presse de Bamako commence à hurler que les Français ont épargné les MNLA de Kidal (qui pour eux sont les assassins d'Aguel'hok) et vont les protéger de l'assaut de la vaillante infanterie malienne, tout ça pour maintenir l'abcès purulent qui nous autoriserait à rester au Mali. Il n'aura pas fallu longtemps pour que les félicitations s'éteignent : les ONG de protection des droits, Amnesty en tête, demandent des enquêtes sur des prétendus massacres ou des dommages collatéraux aux bombardements, en impliquant ouvertement l'armée française.
Si les chefs d'Etat de la CEDEAO sont pour un maintien de notre présence qui masque leur incapacité à prendre rapidement le relais, les opinions nationales sont beaucoup plus va-t-en-guerre et veulent en découdre avec ou sans nous. C'est le moment de rentrer en bon ordre après une phase de transition qui laissera la main au Tchadiens, seuls capables en l'état de travailler efficacement au nord de la boucle du Niger.
Attendons.


Tchadien en mode pause



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