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Note d'ordre sur le blogue

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Afin d'éviter toute confusion entre ce site monarchiste et les vecteurs cybernétiques du Premier Régiment d'Artillerie français qui récupère son nom de tradition*, le Piéton du roi a décidé de modifier son titre. Dorénavant les moteurs de recherche et autres robots ne mélangeront plus les fanions et tomberont sur :

ROYAL-ARTILLERIE ⚔ LE BLOG

A bon entendeur, salut !


*1er Régiment d'artillerie (clic)


Lis brodé® de RA


Catalogne, grenouille de la fable

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Carles Puigdemont, président
Le parlement de Catalogne a donc voté le 6 septembre l'organisation du référendum conduisant à l'indépendance de la nation catalane. La sécession commence par un de ces artifices parlementaires dont les gauchistes ont le secret* (lire l'article de Pellistrandi dans Telos - clic)mais nul ne doute que le 2 octobre, au lendemain d'un éventuel scrutin, l'indépendance sera proclamée, si seuls les bulletins des Macaboundeu pur-sang sont validés. Le chef de l'ancienne generalitat et nouvelle république se coiffera-t-il d'un casque sur le balcon de la présidence comme le regretté Allende ? C'est toute la question de cette pitrerie qui commence à agacer sérieusement le Galicien Mariano Rajoy, premier ministre blasonné à l'anguille que l'on a connu plus ondoyant. Il a compris que les cojones de l'insurrection - quand on aura terminé la sardane des tapettes - sont finalement les finances qu'il prend à pleines mains. S'il coupe... les virements l'affaire est pliée, du moins c'est le résultat de la simulation sur ordinateur. En attendant il se fait traiter de franquiste par les bébés-phoques de l'Indignación, ce qui lui en touche une sans faire bouger l'autre® (l'expression est déposée).

La Catalogne se voit indépendante et riche au sein d'une Europe revisitée où émergeront les Nations sans Etat libérées enfin des Etats-nations. Elle est bien la seule, nul en Europe ne l'attend ! La Catalogne n'a rien laissé encore dans l'imaginaire collectif rhénan [le lecteur peut donner sa liste dans la section "commentaires"], sauf pour les chauffeurs routiers qui la connaissent comme le bas-ventre du Sud. La Jonquera (prononcez le Ji) est le plus formidable bordel d'Europe occidentale. Aller au Paradise ou au Lady Dallas marque une vie de camionneur...
[fin de la séquence amorçage]

Il y a deux ans, Albert Gea, reporter Reuters à Barcelone, émettait des doutes sur les lendemains de l'indépendance. Autant revenir à son article publié sur RFI :

Forte économiquement aujourd'hui, la Catalogne pourra-t-elle encore le rester une fois indépendante ? En cas de victoire, Artur Mas (ndlr : aujourd'hui disparu) n'a pas l'intention de déclarer l'indépendance au lendemain des élections. Il se donne 18 mois pour entamer le processus de séparation. Dans un premier temps, il souhaite négocier avec Madrid une séparation en douceur et discuter avec Bruxelles de son maintien dans l'Union. Si les trois parties parvenaient à un accord, la Catalogne assumerait alors sa part de la dette espagnole. En revanche, faute d'accord, elle n’aurait plus aucune obligation, ce qui mettrait Madrid en difficulté, tout autant que la Catalogne qui sortirait alors de l'Union monétaire. Une menace à laquelle les indépendantistes ne croient pas. Selon eux, Bruxelles n'a aucun intérêt à exclure la Catalogne.
Pourtant, des voix s'élèvent pour contrer l'optimisme des indépendantistes. Le gouvernement espagnol bien sûr, mais surtout les milieux d'affaire catalans. Ils agitent le chiffon rouge et mettent en garde l'opinion publique contre des conséquences dramatiques pour l'économie de la région. Chute du PIB, flambée des dépenses, explosion du taux de chômage, sans oublier la fuite des capitaux vers l'étranger. Une séparation de l'Espagne serait un choc pour le pays, et pour l'Europe... Certains patrons catalans sont sortis de leur réserve et prédisent un avenir assez sombre à la Catalogne. Les entreprises subiraient une perte de leur compétitivité, ralentissant les exportations. De leur côté, les banques préviennent qu'en cas de sortie de la zone euro, elles reverront l'opportunité de rester ou non en Catalogne. De plus, Barcelone sera confrontée à la question cruciale : à quel prix pourra-t-elle se financer sur les marchés, et pourra-t-elle encore bénéficier des financements de la BCE ?

Un économiste distingué, le professeur Ferran Brunet de l'Université Autonome de Barcelone (UAB), prévoyait un avenir sombre en cas d'indépendance : L'économie catalane perdrait 14,2% de son PIB dans le meilleur des cas, et 23,5% dans pire des scénarios ; elle perdrait aussi 16% des emplois et son taux de chômage atteindrait 34% de la population active. Principale explication de cette évolution catastrophique supposée : la chute annoncée de 50% des ventes sur le marché espagnol où la Catalogne exporte plus de 40 milliards d'euros. Les économistes pro-indépendance rétorquent que le soulagement fiscal que représentera la cessation des transferts vers l'Espagne boostera l'économie au plan intérieur et résoudra tous les problèmes agités pour effrayer l'électeur. C'est faire peu de cas de l'environnement européen qui est indispensable à la Catalogne et de l'hostilité d'autres provinces aujourd'hui clientes, et surtout, de la phase de transition où les virements mensuels du Trésor madrilène des salaires publics, pensions, frais médicaux et allocations vers la Catalogne peuvent se tarir.

Il n'y a pas une vague de submersion des positions castillanes en Catalogne. Après l'attentat islamique des Ramblas, le couple royal fut applaudi sur le parvis de la Sagrada Familia après la messe de requiem plus ou moins improvisée. Mais quand la mairie indignée organisa plus tard une manifestation de recueillement Place de Catalogne les sifflets et huées fusèrent à l'endroit du roi et du président du Gouvernement, les militants indépendantistes ayant été convoqués à dessein. Assez bolivarien en somme !

Carte folklorique extraite de l'Atlas des Nations sans Etat de Mikael Bodlore-Penlaez

A côté du républicanisme de saison, c'est bien une question de fric qui va régler l'affaire. Les indépendantistes "durs", minoritaires, ne sont pas les plus motivés par le succès économique de la République industrielle mais plutôt par leur chance d'accéder aux prébendes subalternes alors que dans la masse des suiveurs il y a beaucoup d'ouvriers, employés, petits patrons dont la perplexité va croître. Tant que la Catalogne restera branchée sur les tuyaux européens rien ne se dégradera réellement sauf la dispute avec Madrid sur la Dette souveraine et les crédits de développement ; mais la République risque bien de trouver guichets clos (BCE, BERD, BIRD), sinon des taux offshore très élevés pour placer sa dette non classée par les agences de notation. Nul doute que des régions en effervescence comme le Pays basque, l'Ecosse voire la Pandanie suivront de près la guerre picrocholine entre Madrid et Barcelone, sauf s'il y a un match de Champions League à la télé.

Partir à la guerre sur la base de 50% de sympathisants locaux contre une Espagne revenue dans le concert de nations de référence est osé. Entre la mairie Podemos de Barcelone et la Generalitat c'est un vacarme de surenchères lancées sur des portées romantiques qui peut aboutir au chaos si les réticences finales de la majorité raisonnable sont trop fortes et désespèrent les partis gauchistes. Carles Puigdemont voudra-t-il sa page d'histoire à tout prix ? Ce grand lider n'est pas connu des bataillons de l'opinion au nord des Pyrénées et son sort indiffère ! On a trouvé mieux pour le martyre et Barcelone n'est pas Santiago.

Malheur aux sorciers

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En ces temps de protection d'espèces menacées de disparition, de culpabilisation de l'espèce humaine appelée en responsabilité de tout ce qui va mal sur cette planète que d'aucuns disent foutue, la société de jouissance augmentée vers laquelle doivent tendre les hommes d'aujourd'hui, à peine d'exil intérieur et d'ostracisation, il est quelque part rassurant d'entendre un des ténors de l'écologie appliquée se dresser contre le bricolage de l'enfantement. C'est bien José Bové¹ qui fait part de sa réprobation dans la revue chrétienne d'écologie intégrale Limite en des termes définitifs, mais pas moins que Noël Mamère² dans Reporterre et dans un autre compartiment d'expertise, Catherine Dolto³ au Télégramme de Brest. D'autres comme Michel Onfray ou Eric Naulleau condamnent cette avancée sociétale sous la canonnade de la bienpensance gazeuse dont un des gourous maléfiques vient d'être rappelé auprès de son créateur pour destruction définitive. Si les pointures médiatiques se réveillent, les veilleurs n'ont pas échoué.

Il tombe en effet sous le sens que le premier respect de la Nature dont la déification renaît partout dans une sorte de paganisme druidique, consisterait plutôt à respecter ses modes de perpétuation que d'en modifier les procédures. Il y a aussi une corrélation d'équilibre entre cette planète finie et le mode de régulation ancestral des gens et bêtes qui vivent dessus, que l'on appelle la sélection naturelle, combattue par la Faculté jusqu'à l'étouffement des ressources disponibles. Qui a dit qu'il faudrait deux planètes Terre pour faire vivre tout le monde en 2030 ? Le Fonds mondial pour la nature (WWF)! C'est dans ce contexte que nous répondons à une question qui nous a été directement posée (dans le but de nous ennuyer sans doute) : Etes-vous pour ou contre (1)la PMA et (2)la GPA. C'est très simple, (1)contre avec réserves et (2)contre carrément contre.

A la lecture du dossier, nous sommes sensés avoir compris que...

La procréation médicalement assistéefermée est légitime quand il s'agit de suppléer aux déficiences d'un couple naturel, quoique à pousser à fond le principe de la loi naturelle, le dit-couple est d'évidence non répétible. Dans ce cas, il n'y a pas plus de dommages physiques ou psychiques si on bypasse les voies naturelles que par copulation naturelle. Par contre procréer sur la base de pailles anonymes congelées ouvre la porte aux retours de bâton annoncés par Mme Dolto. Il faut sans doute avoir un mental assez fort pour surmonter l'obscurité de sa propre fabrication.

Utiliser cette procédure médicalisée pour satisfaire à l'envie d'enfants de la part d'individus isolés ou de paires stériles est chosifier le petit d'homme. A y être, on pourra plus tard récupérer la chose en fin de vie pour faire des gâteaux comme dans Soleil Vert.

La gestation pour autrui(Wiki) pose bien d'autres problèmes puisque les essais en vraie grandeur constatent, outre l'amoralité de la location d'utérus - l'origine du monde selon Gustave Courbet - la création d'usines et de catalogues. Les gynécées indiens et les catalogues californiens nous annoncent des lendemains qui chantent faux, non tant pour les problèmes de filiation, de morale, religion, droit international ou état civil etc, mais pour les risques à prévoir de révolte générale des synthés* :
* Clin d'œil à la série télévisée "Almost Human"

Autoriser la GPA, c'est probablement faire un grand pas vers la barbarie. Qu'est-ce qui tient les mammifères humains ensemble, dans une capacité de vivre ensemble et de se respecter les uns les autres ? Cela tient à la manière de se respecter soi-même. Ce qui est à craindre, c'est qu'un enfant qui découvre qu'il est né de GPA perde le respect pour lui-même et pour les adultes à l'origine de cette transaction et que cela déclenche en lui une très grande violence (...) Quel sera le coût humain et social d'une telle pratique ? (C. Dolto)


Inutile de poser ici la question de l'avortement qui dans mon esprit ne peut être que thérapeutique ou justifié par une abomination. Le principe de maïeutique privilégiant automatiquement l'enfant à naître sur la parturiente est en revanche à proscrire s'il est toujours dans les protocoles non dits.

C'est par la conclusion de Mme Dolto que nous terminons ce court article :

L'enfant né par GPA devient l'aboutissement de la société de consommation, la boucle finale de cette société marchande. On a réifié les animaux et on va donner aux enfants un statut d'animal, de produit dont le destin est de rendre heureux une famille, comme un petit chien comme un petit chat. On regarde d'abord la jouissance des grandes personnes. Nous sommes dans une société où la frustration est insupportable et où tout désir doit être respecté.

Dans vingt ans, produirons-nous des enfants destinés à réparer d'autres enfants qui auront échappé au crible de la viabilité garantie par votre mutuelle ? Pourrons-nous modifier l'ADN pour changer de couleur en cours de vie, ou renaître ? Que de malheurs à venir ! J'avoue ne pas être capable de percer ces ténèbres.

(1a) Lire José Bové chez Eugénie Bastié
(1b) Lire José Bové à Libération
(2) Lire Noël Mamère sur Reporterre
(3) Lire Catherine Dolto au Télégramme

Florian Philippot, le coup manqué

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Président des Patriotes
Florian Philippot a succombé à son orgueil plus qu'à ses blessures. La loi darwinienne de l'Evolution démocratique stérilise la branche qui le porte. Un homme politique, qui n'est pas autre chose qu'un entrepreneur en extraction de voix, doit avoir pour qualité première la main du docteur qui tâte le pouls de ses électeurs. Que Florian Philippot ait tout faux est moins inquiétant que de savoir qu'il a été porté par le Politburo frontiste sans reproches ni murmures pendant plusieurs années. Bien sûr il leur apportait ses talents de dialecticien, un bagage académique et une résilience en plateau médiatique qui avait disparu au départ de Bruno Mégret et de ses cadres chassés du Paquebot. Mais dans le train du diable venait aussi une arrogance bien française, le cartésianisme infaillible qui sacralise toute démonstration aboutie et voue aux gémonies son contradicteur. S'il n'a pas toujours péché par lui-même il s'est laissé impressionné par des gens à diplôme tels que Jacques Sapir de l'EHESS comme Frédéric Lordon, Charles Gave, Sciences Po Toulouse, devenu conseil en gérance de portefeuille à Hong Kong plutôt que gérant lui-même, une bonne dizaine d'autres moins connus, sans oublier le prix Nobel américain Paul Krugman qui ne supporte pas l'ombre portée de la monnaie européenne sur les bons du Trésor US.

Au lieu de se laisser éblouir par les grands crânes qui tranchent et coupent pour les autres, Florian Philippot aurait dû voyager (incognito) pour aller parler aux peuples en vraie souffrance, regroupés dans l'acronyme méprisant de GIPSIES (Grèce, Italie, Portugal, Irlande, Espagne). Il aurait entendu partout la préférence des gens pour l'euro. Les motifs lui auraient paru peu orthodoxes mais ils venaient du fond du cœur : l'euro est une monnaie allemande en laquelle on peut avoir confiance ; cette monnaie commune oblige les dirigeants à mieux gérer le pays (sauf quand ils mentent, mais c'est l'appartenance à l'Eurogroupe qui a révélé le gangstérisme grec); les piastres méridionales étaient en constante dévaluation par rapport aux monnaies du nord pour palier les déficits publics, à preuve personne n'en met dans les bas de laine au fond de l'armoire ; et à la fin de l'enquête il aurait entendu que les dirigeants des GIPSIES ne donnent pas confiance. Alors M. Philippot aurait compris à son retour en France, et après trois tournées au café du commerce de Forbach, que promouvoir l'abandon de l'euro était du perdant-perdant ! Mais M. Philippot n'est pas aussi intelligent qu'il le croit.

On pourrait faire la même démonstration de l'aveuglement des élites diplômées sur deux autres chapitres qui furent déterminants dans l'élection présidentielle : la submersion migratoire par les musulmans qui se comportent en terrain conquis ; la défense de la famille traditionnelle. Inutile d'épiloguer, l'électeur frontiste déteste les melons en chemise dans la rue et se moque du mariage des folles comme Coluche et Le Luron. Dans une lettre ouverte publiée sur le site compilatoire de La Faute à Rousseau, Pierre de Meuse développe aussi ces deux points en reprochant un certain dédain à l'endroit des conservateurs catholiques. Philippot et son team ont pris l'électeur à rebrousse-poil et ont perdu, nonobstant la médiocre prestation de Marine Le Pen largement sous-calibrée pour l'emploi visé, qui a mis la torpille en pleine sainte-barbe !

Une seule personne a dit les choses à haute voix bien avant l'élection : Marion Maréchal-Le Pen. Même Gilbert Collard (clic) a soutenu la sortie de l'euro par pure discipline alors qu'il n'était même pas encarté au Front ! S'il est un esprit délié pourtant, c'est bien le taureau de Saint-Gilles ! Qu'il se soit détourné de la voie du bon sens par des démonstrations fumeuses de gens qui parlent de l'argent des autres toujours et jamais du leur, m'étonne.
Marion Maréchal-Le Pen a plus de sens politique que tous ces courtisans, elle a senti le terrain parce qu'elle a testé ses idées à la base, jusqu'à se rapprocher de l'épiscope local ! Christian Estrosi avait bien raison de la dénoncer comme le danger fatal à sa carrière niçoise, car elle pouvait leur passer sur le ventre sans difficultés une fois libérée des consignes de Nanterre. Elle reviendra quand ils seront morts ou partis et portera le nom du mari qu'elle cherche...

L'Europe nouvelle est arrivée ?

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Drapeau étoilé de l'Union au bout du bras, Macroléon a passé le Pont au Change jusqu'au grand amphi de la Sorbonne, là-même où la madame Irma d'un président de jadis vendait les foutaises de l'astrologie à l'académie médusée. Impressionnant l'amphi ! J'en garde un souvenir ému de mai 68 parce que j'étais jeune et con à l'époque et que je ne le suis plus, jeune. Il faut entendre le discours européen du président Macron comme l'ouverture d'un grand opéra à la gloire de la fédération. C'est son choix de campagne, clair, audible, répété. Il ne trahit personne en s'engageant dans cette voie même si les réactions étrangères sont déclenchées surtout par la mise en mouvement du vieux dinosaure français. Dans Telos, Charles Wyplosz fait une critique raisonnée du discours et je vous invite à la lire en cliquant ici.

Dans Royal-Artillerie, nous avons des choses à dire à notre niveau (ce blogue est gratuit), des doutes. La fédération appelée par la France ne va pas convaincre les pays attachés au concept d'une Europe des nations, comme ceux du groupe de Visegrad, ni le Danemark ou les Pays-Bas, et peut-être pas le parti libéral allemand coalisé avec la CDU et la CSU. Pourquoi ? D'abord parce que la proposition est portée par le pays qui fut dans le passé l'archétype de l'Etat-nation, centralisé, hégémonique, autoritaire (en France, on dit jacobin) et depuis peu, "policier". Nos voisins et partenaires se méfient aussi de cette propension française à laisser gonfler l'Etat comme une baleine crevée sur la plage, qui enfle de ses propres gaz de décomposition. Quand on égrène à des étrangers les strates administratives et de commandement de notre beau pays, il est rare qu'ils comprennent la première fois. Institutionnellement nous sommes disqualifiés par notre clientélisme latin, mais ce n'est pas le pire : la France est raide comme un passe-lacet et les crédits budgétaires nécessaires à cette intégration devront venir de pays sains, appartenant plutôt à l'Eurozone, et de taxes transversales (encore des taxes !). Les autres - les malades sont les plus nombreux - se chargeront de consommer ces crédits dans la fameuse gabegie méridionale dont le reste du monde fait des films.

Laissons de côté la question militaire européenne qui a maintenant des relents de "Grande Armée". Les zélites européennes attendent des décisions appliquées, ce qui dans le domaine des dévolutions de souveraineté est une gageure, d'où le succès d'estime de M. Macron au récent sommet de Tallinn. M. Tusk va rédiger un agenda politique de la réforme. En France nous appelons cela un groupe de travail...
Ne faisons pas l'injure de l'imbécillité aux prédécesseurs de monsieur Macron. MM. Chirac, Sarkozy et Hollande (ajoutons-y Giscard d'Estaing) ne sont pas des sots malgré tous leurs défauts ; mais où ils ont échoué, il ne suffira pas d'insuffler l'optimisme d'une brillante jeunesse et d'obtenir la bise de chancelière de Prusse, les réticences sont au fond, sont sur des questions de fond ! On le voit très bien avec l'affaire de Grande Bretagne où le pouvoir conservateur ne cherche même pas à retourner l'opinion contre une décision démagogique, ayant sondé cœurs et reins pour obtenir la confirmation que le Rosbif ne sera jamais un Continental Coloured Catholic même si la matité des Commonwealth a dilué un peu les WASP du royaume !

Alice Weidel - AfD
En face, la République fédérale fait entrer au Bundestag 89 partisans d'une Europe des nations sans monnaie unique obligatoire ; Alternative für Deutschland est typiquement un parti confédéral ! Il va user les convictions de certains de ses adversaires comme la CSU bavaroise, qui partagent maintes réticences avec lui. Qui pis est, l'AfD est un parti de profs et de cadres, pas tout à fait un parti poujadiste, encore moins un parti folklorique comme La France insoumise. Quatre vingt-neuf députés allemands de bon niveau auront de l'écho sur les marches du Reich, aux Pays-Bas, Danemark, Pologne, Tchéquie, Autriche. Si les pays de la Baltique orientale comme les riverains de la Mer noire sont prêts à s'intégrer plus complètement pour rehausser leur défense contre l'ours russe menaçant, Suède, Grèce, Malte, Chypre, Espagne ont d'autres chats à fouetter avant que de verser leurs soucis nationaux dans la fédération heureuse qui plus tard se fera juge en dernier ressort de leur obéissance. Car, et nous en terminerons là, c'est bien d'une fuite en avant qu'il s'agit de la part des pouvoirs français, confrontés à des défis insurmontables par la seule magie du verbe, même s'il faut reconnaître au jeune président un talent fou pour pourrir les contestations corporatistes de l'intérieur.

Croire dissoudre les obstacles nationaux et notre gabegie endémique dans une Europe transformée par les eurobonds de relance économique est un pari osé pour monsieur Macron, à moins que ce ne soit le pari lui-même qui l'excite :
Trois déficits*, qui ne peuvent être résorbés que par une transformation complète du régime politique et social, une dette accrue de mille milliards en dix ans (pour faire quoi ?) et extrêmement dangereuse pour les équilibres sociaux si les taux remontent (Thierry Breton en a fait la démonstration chez Léa Salamé face au Premier ministre), une désindustrialisation désespérante (cf. l'article d'Eric Le Boucher dans Slate) nourrie par le mépris des éducateurs pour l'usine, une agriculture qui a ses beaux jours derrière elle puisque la PAC sera démontée par nos partenaires. Avant de régler les autres pays, ne devrions-nous pas réparer le nôtre ? Et s'il est encore temps avant la grande tabula rasa que l'on pressent, venir au balcon comme modèle à suivre plutôt que comme la vieille reine des gitans couverte de strass pas cher qui fait la pute devant l'attraction de la Foire à l'Europe. Il faudra plus que l'art et la manière.

* déficits budgétaire, commercial et social

Le discours d'un roi

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L'intervention du roi Felipe VI fait obligatoirement penser à celle de son père lors du coup d'Etat de Tejero en 1981. La fermeté de ton, l'expression de convictions solides, la primauté de la constitution démocratique de 1978 (votée aux Cortès et ratifiée par référendum), les dévolutions de souveraineté à l'intérieur du royaume, toutes ces assertions sont indispensables pour raffermir la confiance dans tout le pays.

Si le président catalaniste Puigdemont ne proclame pas l'indépendance le week-end qui vient, proclamation fondée sur des résultats acquis dans des conditions rocambolesques et retravaillés au dépouillement comme savent si bien le faire les républicains, il sera plus que temps pour le roi et la Casa Real de manifester leur compréhension à tous les habitants de Catalogne en promouvant les avantages d'un grand pays uni dans la mondialisation sauvage en suggérant sans le dire explicitement la prééminence de l'hispanité (Amérique latine) sur la catalanité qui ne va pas plus loin que le Barcarès.

Les républicains catalans ne veulent rien entendre et agitent un passé révolu dont seuls les vieillards se souviennent, pour faire monter la fièvre à leur propre bénéfice. Peut-être que de la Catalogne ils n'ont que faire puisque déjà ils parlent, comme Pablo Iglesias de Podemos, de remettre à plat la constitution de toute l'Espagne pour se débarrasser de la monarchie. Si la Catalogne se détache réellement du royaume, elle perdra tout pour la simple et bonne raison qu'elle sera coupée du système circulatoire européen et espagnol. Mais de ça, les indépendantistes ne parlent jamais au peuple fasciné par les manifestations de masse ; il y a quelque chose de vénézuélien dans leur tactique explicitement dénoncée par le roi.



[ formatage ABC Madrid ]

 

Buenas noches,

Estamos viviendo momentos muy graves para nuestra vida democrática. Y en estas circunstancias, quiero dirigirme directamente a todos los españoles. Todos hemos sido testigos de los hechos que se han ido produciendo en Cataluña, con la pretensión final de la Generalitat de que sea proclamada − ilegalmente − la independencia de Cataluña.

Desde hace ya tiempo, determinadas autoridades de Cataluña, de una manera reiterada, consciente y deliberada, han venido incumpliendo la Constitución y su Estatuto de Autonomía, que es la Ley que reconoce, protege y ampara sus instituciones históricas y su autogobierno.

Con sus decisiones han vulnerado de manera sistemática las normas aprobadas legal y legítimamente, demostrando una deslealtad inadmisible hacia los poderes del Estado. Un Estado al que, precisamente, esas autoridades representan en Cataluña.

Han quebrantado los principios democráticos de todo Estado de Derecho y han socavado la armonía y la convivencia en la propia sociedad catalana, llegando ─ desgraciadamente ─ a dividirla. Hoy la sociedad catalana está fracturada y enfrentada.

Esas autoridades han menospreciado los afectos y los sentimientos de solidaridad que han unido y unirán al conjunto de los españoles y con su conducta irresponsable incluso pueden poner en riesgo la estabilidad económica y social de Cataluña y de toda España.

En definitiva, todo ello ha supuesto la culminación de un inaceptable intento de apropiación de las instituciones históricas de Cataluña. Esas autoridades, de una manera clara y rotunda, se han situado totalmente al margen del derecho y de la democracia. Han pretendido quebrar la unidad de España y la soberanía nacional, que es el derecho de todos los españoles a decidir democráticamente su vida en común.

Por todo ello y ante esta situación de extrema gravedad, que requiere el firme compromiso de todos con los intereses generales, es responsabilidad de los legítimos poderes de l'Estado asegurar el orden constitucional y el normal funcionamiento de las instituciones, la vigencia del Estado de Derecho y el autogobierno de Cataluña, basado en la Constitución y en su Estatuto de Autonomía.

Hoy quiero, además, transmitir varios mensajes a todos los Españoles, particularmente a los Catalanes.

A los ciudadanos de Cataluña – a todos − quiero reiterarles que desde hace décadas vivimos en un Estado democrático que ofrece las vías constitucionales para que cualquier persona pueda defender sus ideas dentro del respeto a la ley. Porque, como todos sabemos, sin ese respeto no hay convivencia democrática posible en paz y libertad, ni en Cataluña, ni en el resto de España, ni en ningún lugar del mundo. En la España constitucional y democrática, saben bien que tienen un espacio de concordia y de encuentro con todos sus conciudadanos.

Sé muy bien que en Cataluña también hay mucha preocupación y gran inquietud con la conducta de las autoridades autonómicas. A quienes así lo sienten, les digo que no están solos, ni lo estarán ; que tienen todo el apoyo y la solidaridad del resto de los españoles, y la garantía absoluta de nuestro Estado de Derecho en la defensa de su libertad y de sus derechos.

Y al conjunto de los españoles, que viven con desasosiego y tristeza estos acontecimientos, les transmito un mensaje de tranquilidad, de confianza y también, de esperanza.

Son momentos difíciles, pero los superaremos. Son momentos muy complejos, pero saldremos adelante. Porque creemos en nuestro país y nos sentimos orgullosos de lo que somos. Porque nuestros principios democráticos son fuertes, son sólidos. Y lo son porque están basados en el deseo de millones y millones de españoles de convivir en paz y en libertad. Así hemos ido construyendo la España de las últimas décadas. Y así debemos seguir ese camino, con serenidad y con determinación. En ese camino, en esa España mejor que todos deseamos, estará también Cataluña.

Termino ya estas palabras, dirigidas a todo el pueblo español, para subrayar una vez más el firme compromiso de la Corona con la Constitución y con la democracia, mi entrega al entendimiento y la concordia entre Españoles, y mi compromiso como Rey con la unidad y la permanencia de España.

[verbatim Casa Real 3.10.2017 contrôlé au prononcé]

Addendum de 11h00 : A ceux des royalistes qui réclament déjà la traduction française de ce discours, le Piéton signale que l'apprentissage de la langue de Cervantès n'est pas une coquetterie en souvenir du Pacte de famille. Le prétendant légitimiste est espagnol, ses contempteurs d'Orléans sont tous mariés à des Ibéricaines et les alternatives carlistes sont d'Espagne et de Navarre. L'espagnol sans peine est de rigueur.

Réponse à Royauté-News sur le catalanisme

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Re votre article du 6 octobre 2017 : Catalogne, un tournant à négocier avec intelligence.

On y lit à propos des institutions européennes : Cet objectif (ndlr: l'indépendance) convient parfaitement à l'Union européenne, qui souhaite dépecer les États pour mieux asseoir son autorité technocratique et atlantiste, et pour qui cette principauté qui, autonome depuis des siècles, avait tout (avec l'Écosse) pour donner l'élan à un mouvement plus généralisé en Europe.

Bien que les fédéralistes soient nombreux en Europe et dans les institutions centrales, l'émiettement des Etats n'est pas l'objectif. Concrètement, si l'on a choisi dans le passé la régionalisation des crédits européens (parce que tout commence et finit au fric), c'était pour rapprocher le bailleur de l'utilisateur final et de contrôler au plus près la mobilisation des lignes budgétaires, et accessoirement, éviter le coulage possible au niveau du gouvernement national à travers des fameuses études d'impact et de faisabilité qui nourrissent les officines subventionnées. Mais on a vite vu le coulage se décentraliser...
L'Union a un mal de chien à avancer à 28 (27) chacun ne voulant voir que sa gamelle. Il ne fait aucun doute que les égoïsmes seront exacerbés par une régionalisation des pouvoirs. C'est pourquoi la Commission de Bruxelles, comme la banque centrale et le parlement ont prévenu les dirigeants de Barcelone que l'indépendance allait les chasser du cercle de famille.

Concernant la transition franquiste maintenant. Vous dites (RN1) : L'erreur des Princes Carlos Ugo et Alphonse, le Duc de Cadix, aura été de suspendre sans condition leurs légitimes prétentions au moment où s'organisait, sous les auspices franquistes, la future monarchie et se dessinait et se jouait l'après-franquisme, lorsque ces deux Princes, pour ne pas diviser le tissu espagnol, acceptaient Juan Carlos qui avait reçu la préférence du Caudillo. La faute des rois Juan Carlos puis Felipe aura été de ne pas satisfaire les légitimes aspirations des provinces selon la doctrine Carliste.

Je ne suis pas sûr que l'accession au trône de l'aîné d'Espagne aurait été pérenne. Dans un pays opprimé sur deux générations par la dictature, les peuples hispaniques n'auraient pas longtemps supporté la petite-fille du Caudillo comme reine, et son tempérament de feu aurait donné prise à médisances et calomnies jusqu'à l'émeute. Reste la régence carliste, le parti de l'Honneur, disait Brasillach. Il est indéniable que son régionalisme poussé à fond conviendrait assez bien au tempérament espagnol, dans un pays où, comme s'en agaçait Ferdinand VII, huit millions de rois gouvernent. Ramener les impatiences et la "justice" au niveau des "pays" (fueros ou chartes municipales) est une mesure sage, laissant le régalien au roi sous surveillance des Cortes. Mais le parti carliste est divisé en trois courants hostiles qui s'enterrent dans les fractures politiques espagnoles, ce qui lui ôte toute chance de succès sauf d'estime. La branche actuelle des Bourbons qui règne à Madrid est le seul choix workable. Qu'elle enthousiasme toute l'Espagne est une autre question, même si Felipe VI et sa famille se donnent à fond. Basques de souche et Catalans de souche ne les aiment pas et les Espagnols dans leur ensemble ne sont pas des royalistes acharnés, mais apprécient une représentation de qualité à l'extérieur. C'est insuffisant.

L'article de Royauté-News se termine sur le "malaise culturel" en région. Pour avoir connu l'Espagne franquiste, je ne vois pas aujourd'hui de malaise identitaire dominant en aucune des régions, ce qui explique l'insuccès du séparatisme basque et sa folklorisation. Les Catalanistes (parfois enrichis) ont choisi d'éviter l'insurrection armée qui risque votre peau, au lieu de cela ont travaillé au corps la société catalane, comme vous le dites si bien, et jusque dans les écoles, pour arriver par les urnes et fermer le ban à la cubaine. Ils n'aboutiront pas mieux que les Basques pour la simple raison que dans un monde digital et bientôt quantique, les gens sont fatigués des binious et pastourelles politiques, surtout quand ils détectent chez les chefs une soif inextinguible de pouvoir pour le pouvoir. Merci d'avoir évoqué les 60 millions d'euros externalisés par le président Jordi Pujol. En fait c'est cent millions que l'on cherche.

A noter qu'il n'a jamais existé dans l'histoire d'Etat catalan. Même les barons francs de Barcelone que l'on vit à Senlis en 987 répondaient au rex francorum. Quant à Mariano Rajoy, c'est un politicien comme il en faut pour vidanger les écuries d'Augias, avec la particularité d'être Galicien, donc sensible aux identités fortes. Est-ce pour cette qualité qu'il a anticipé l'échec de la revendication catalane ?

ISF, incitation à s'enfuir !

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Avant-propos

Royal-Artillerie avait prévu de faire pour ce lundi un "billet catastrophe" sur la marche à la falaise des lemmings catalans. Au risque de se tromper demain, nous avons jugé que les pouvoirs économiques régionaux ont amené les catalanistes à résipiscence par le départ de deux banques et l'abandon du port de Barcelone pour exporter les voitures Citroën de Saragosse, signaux déclencheurs d'un exode complet du CAC40 espagnol. S'en est mêlée l'Union européenne dans ses trois corps (CE, PE et BCE) qui ont exclu d'avance la République catalane qu'on allait retrouvée pendue au milieu de nulle part. Sont enfin apparues dimanche les manifestations monstres pour l'unité espagnole. La conjuration (selon Mario Vargas Llosa) se termine en eau de boudin, le mérite en revenant d'abord au sens du ridicule de M. Puigdemont et un peu au roi d'Espagne, bien secondé par la Cour constitutionnelle qui bloque toute issue extérieure au motif d'illégalité, et par les dispositions judicieuses prises par M. Rajoy pour vider la région de ses sièges sociaux importants ! Terminé pour nous. C'est donc sur une macronade que nous ouvrons le feu cette semaine puisqu'il s'agit de l'impôt sur la fortune.

A raison, le gouvernement français a décidé de remiser cette relique du Grand Soir dans le placard à conneries. Quelques pays conservent encore cette punition à des motifs divers et spécifiques à leurs particularismes comme la Suisse qui en finance ses cantons, la Norvège immense et peu peuplée qui taxe à 1% les établissements de tous ordres, et le Lichtenstein qui en use comme révélateur statistique de son patrimoine en obligeant à déclaration pour taxer à 0,07% ! Rien à voir avec le système spoliatoire français à 1,50%. Une douzaine de grands pays ont supprimé cette incitation pressante à l'exil.

Le problème est que nos élites administratives sont dévorées par leur fine intelligence, comme s'en plaignait pour lui-même M. le ministre de l'Economie en campagne des primaires républicaines. Et plutôt que de dire "cessons l'ISF stupide !" on trie ! On trie ce que l'on pourrait conserver, ce qui chagrine, ce qui plaît moins, jusqu'à la politique d'amendements parlementaires qui va user du temps et l'ouvrage à l'envi. Le tohubohu a commencé pour ou contre les yachts et les lingots d'or, les Beechcraft et Falcon mais aussi sur la pierre-papier et la pierre-maçonne, franchises, progressivité et détails déclaratifs... le sac de nœuds dont la France est friande pour pouvoir rémunérer des contrôleurs qui insinuent partout le pouvoir pesant de l'Etat. Pourtant l'objet de la réforme est simple : faire venir en France des gens capables de gagner de l'argent par eux-mêmes ou en réunion et qui feront travailler du monde directement ou indirectement. Le nautisme est un bon exemple. Filière d'excellence française, elle emploie vingt mille personnes et exporte beaucoup, mais nous perdons tout l'aftermarket juteux au profit de l'Italie. Cesser de cibler les yachts ne pourraient être que bénéfique, cesser de cibler la richesse tout court, aussi. C'est à cet endroit du texte qu'on devrait placer l'appât des mouches au vinaigre ! Le manque à gagner par la suppression complète de l'ISF serait compensé et bien au-delà par une taxe générale sur la connerie socialiste.

Mais quand bien même ! Non seulement les gens riches ne reviendront pas pour les raisons citées plus bas, mais d'autres arrivés à maturité choisiront de partir au simple motif que, outre les complications fiscales et bureaucratiques d'une administration tsariste, toutes ces dispositions libératrices sont peu sûres et susceptibles d'être rapportées par une nouvelle majorité politique dans quatre ans. Le startupper français qui réussit à millions va immanquablement chercher la voie d'un salut fiscal certes, mais surtout celle d'un environnement plus favorable à son développement professionnel et au bien-être de sa famille. Riche ou pas encore, on ne remue pas sa vie d'un pays à l'autre chaque lustre. La France devra faire sur une décennie au moins la preuve de sa conversion à la norme libérale OCDE pour convaincre les gros cigares. Quand on suit les débats parlementaires, s'insinue le doute, un gros doute après bien sûr l'effarement de leur médiocrité.

Pourquoi la plupart des riches ne se refiscaliseront pas en France ?

Pour une raison trop simple pour monsieur Le Maire : parce qu'ils ont déjà fait leur vie ailleurs. Les conjoints sont installés, certains dans de vrais jobs qu'ils n'auront pas en France, les enfants sont intégrés dans les cursus scolaires et fréquentent des amis, les activités périphériques sont établies et goûtées. Et une fois l'an, la famille fait un saut en France pour voir et gâter les grands-parents, apprendre les tracasseries nouvelles que le gouvernement a inventées, faire connaître aux gamins comme il est beau le pays malgré les communistes et les "arabes", et repartir les valises pleines de pinard et de produits défendus comme le foie d'oie étranglée.

Si je dis cela sur la base de mon entourage familial et professionnel, je signale aux sceptiques que de grands patrons ont calté au su de tous avec femmes et enfants (comme Jean-Pascal Tricoire de Schneider Electric à Hong Kong). Et comme je le répète parfois (mais à mon âge j'y suis autorisé) aucun de mes potes expatriés n'est revenu à la fin, sauf un (1) appelé par un rêve paysan qui meubla ses nuits toute sa vie au fin fond des déserts pétroliers. Tous les autres ont fait souche, un peu comme ces Français de Louis XV, fatigués de leur condition, qui "disparaissaient" dans la grande plaine américaine en prenant squaw et papooses. Mais peut-être avons-nous dans les gênes cette facilité à nous intégrer partout ? Notre liste d'ermites est longue, celle de nos bâtards immense. Une race à part ? On trouve des Français (ou d'anciens Français) partout sur la planète (même en Papouasie), dans des petits ou grands bizness, qui ont pour la plupart d'entre eux le sourire. Leur parler de revenir déclenche d'irrésistibles fou-rires, je n'ai jamais eu d'arguments.


Trappeurs français d'antan au Nebraska actuel


Géopolitique américaine

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Numéro 3/16
Quand l'éléphant Trump est entré dans le magasin de porcelaine américaine le 20 janvier 2017, Eric Fottorino (Le1) et François Busnel (La Grande Librairie - France 5) eurent l'idée de génie d'accompagner le massacre démagogique trimestre après trimestre, en publiant la revue America tout au long du mandat, soit (4x4) seize livraisons. La zone d'intérêt était bien sûr le territoire des Etats-Unis dans toutes ses communautés, les contributeurs, des pointures éditoriales ou des écrivains, plutôt marqués du sceau de l'âne que de celui de l'éléphant. Manque de pot, malgré les frasques du premier joueur de golf américain de plus de soixante-dix ans - on dit en plus qu'il triche si tu regardes ailleurs - l'Amérique se porte plutôt bien, l'économie frôle la surchauffe, le chômage est réduit à l'incompressible, les bulles en tout genre gonflent, et les rednecks et autres Joe-six-pack continuent à le soutenir, la winchester sur l'épaule.

Par contre c'est à l'étranger, où à part les Chinois et les Mexicains nul ne l'attendait, qu'il est le plus dangereux, voire destructeur. Les affaires étrangères ne sont pas ses affaires et le Département d'Etat dépense une incommensurable énergie à prévenir le tweet de demain ou à rattraper celui d'hier. Personne à Washington ne sait de quoi la semaine sera faite, ni la position diplomatique officielle de la première nation du monde, et Rex Tillerson est un héros. Le slogan du magazine America, l'Amérique comme vous ne l'avez jamais lue, est donc décalé des réalités du "massacre" trumpien. De plus, l'existence de cette revue m'a été révélée hier par TheNewYorker, ce qui trahit un certain déficit de notoriété...

Revue de détail:

Corée du nord(voir la carte ici) - Le seul acteur sur zone capable de faire plier Kim Jong-un est Xi Jinping. Il a déjà fortement serré le garrot au cou de la Corée dont le commerce extérieur est très lié à la Chine (aucun chiffre n'est fiable à cause du mode opératoire de Pyongyang). Après un embargo sur le charbon, le fer et le textile, la Chine a annulé les licences d'exploitation des petits commerces nord-coréens installés à Dandong et au Jilin, mais plus significatif, a décidé de combattre la contrebande de fruits de mer en Mer jaune alors qu'elle était tolérée pour maintenir un certain niveau de vie dans les pêcheries nord-coréennes. Après le 19ème Congrès du PCC, le garrot sera serré un tour de plus... sauf si le voyage de Trump à Pékin casse la dynamique par des exigences insoutenables de sa part. Si à la fin Rocket-Man plie ou est tué par le capitaine des gardes, tout le mérite en reviendra à Xi Jinping, lequel capitalisera immédiatement son succès dans le détroit de Formose et en Mer de Chine méridionale ! D'ailleurs c'est écrit déjà dans les journaux chinois de référence comme Global Times et Caixin Global. Les sanctions onusiennes appliquées réellement et appuyées par les Cinq risquent bien de suffire à l'avenir, grand message qui prend Donald Trump à contre-pied avec sa vision gaullienne du Machin.

Iran - La levée des sanctions économiques dures et consécutive au traité nucléaire porte ses fruits. La libéralisation des échanges, la reprise des productions industrielles, le commerce du superflu sont autant de ballons de monoxyde de carbone pour la République islamique. Ce gaz inodore tue plus sûrement que tout. Le peuple iranien et d'abord la classe moyenne se libère mentalement du crassier religieux à tel point qu'on parle de vie souterraine assez débauchée. Les femmes ôtent le voile une fois par semaine, les bitards de la police islamique ne peuvent pas matraquer tout le monde. Le modèle se fissure à grande vitesse ; ce n'est pas le moment de rallumer la chaudière du chauvinisme. Bien sûr que les ingénieurs planchent sur la force de dissuasion, mais la société peut pourrir le régime avant que n'aboutissent les travaux. Et l'AIEA veille. Le jeu de rôles entre Donald Trump et le Congrès des Etats-Unis est pitoyable de bêtise.


L'Iran n'est pas seulement un danger nucléaire mais aussi un acteur régional en expansion, Syrie-Liban, Qatar, Irak, qui contrôle en profondeur sa frontière afghane (Hirat et Farah). Ce n'est plus du billard à trois bandes... mais une algèbre de sous-ensembles flous, ce qui dépasse un peu les capacités de raisonnement du magnat parvenu à la Maison Blanche. L'Iran s'entend aussi avec la Russie et depuis longtemps avec la Turquie, même si ce n'est pas toujours visible ; du moins n'a-t-il aucun contentieux avec ces deux puissances régionales. Donald Trump parviendra-t-il à souder une véritable alliance russo-turco-iranienne ? Ce serait le bouquet d'autant que le groupe d'Astana existe déjà !

Mer de Chine - Le confinement des Chinois en mer de Chine (tout est déjà dans la phrase) n'est pas moins complexe que les affaires de "l'Orient compliqué". A l'exception du sultanat de Bruneï qui ne pèse rien, il existe une solidarité asiatique en Mer de Chine méridionale et les grâces que peuvent faire les uns ou les autres aux Américains sont calculées, pesées, évaluées en fonction d'intérêts immédiats, tous sachant qu'à terme la VII° Flotte refluera, peut-être même au-delà du Japon jusqu'à Hawaï. Développés par la mondialisation des échanges, aucun des pays riverains de la Mer de Chine méridionale ne se déclare incapable de contrôler les rails de navigation marchande qui passent devant chez lui. Nul n'a besoin des Etats-Unis qui changent en plus de politique à chaque mandat présidentiel ; il suffit de s'entendre avec le gorille de 900lbs dans le coin de la salle de conférences : la Chine impériale revenue de la nuit des temps ! Déjà les Philippines ont contourné un embargo américain en acceptant des conteneurs d'armement chinois pour écraser la rébellion islamiste dans le sud. Le Cambodge a été acheté (facilement) pour une alliance de revers sur l'ASEAN, le Vietnam va coopérer avec tout le monde pour rehausser son niveau militaire et venir un peu mieux habillé sur le tapis vert où l'on se dispute l'archipel des Paracels ; la Malaisie au Sabah (Bornéo) n'est impliquée que pour la territorialité des hydrocarbures marins, elle n'a pas d'agenda si loin de chez elle.

Avec sa réactivité enfantine à bout de pouces, on voit mal Donald Trump supporter dans le bureau ovale une heure d'analyses de ses services diplomatiques et en faire une synthèse décisive sur la politique maritime américaine en zone d'influence chinoise. Heureusement qu'il peut se dégonfler après des menaces aussi définitives que tonitruantes. Et soit dit en passant, l'approche copain-copain choisie par Emmanuel Macron est sans doute la bonne.


Conclusion

Le candidat Trump avait décidé de s'occuper au mieux possible des Américains qui le méritent, ses électeurs. Il serait bien inspiré de s'y mettre plus sérieusement et de lâcher la grappe au reste du monde, à la seule condition que les dirigeants européens se sortent les doigts pour nous construire un avenir sans les Etats-Unis, mais pas nécessairement contre eux. Si la chancelière allemande a déjà dit qu'il ne fallait désormais compter que sur soi-même, on attend du président français qu'il nettoie la merde collectiviste française afin de dégager voies et moyens pour protéger nos intérêts et notre sol. Malgré l'intelligence du discours, l'enthousiasme et les convictions clairement fondées, la prestation dominicale d'Emmanuel Macron et son environnement politique ne nous assurent pas d'une "transformation" suffisante (on y reviendra forcément sur Royal-Artillerie), trop de réformes dans le passé ont souffert du coitus interruptus dans l'application, sans parler des dérogations clientélistes qui ruinent les meilleures intentions. C'est maintenant que l'on mesure le temps perdu en foutaises et dilapidations depuis vingt ans, on a laissé rouiller l'épée.

Par chance, le tsar Vladimir II ne cesse de déstabiliser les anciennes marches de Russie en s'appuyant sur les minorités russophones qu'elle a laissées à marée basse, ce qui renforce la cohésion de l'Alliance atlantique, malgré le premier mouvement du biznessman à triples semelles en recherche d'impayés parmi ses alliés (pris comme des clients). C'est curieusement l'obstination stérile du Kremlin qui permettra à Donald Trump de finir son mandat la tête haute, un comble !

... in fine Raqqa chut !

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"Nous" avons vaincu l'Etat islamique, ISIS et Daech tous ensemble. Gloire aux fantassines kurdes, aux forces spéciales d'Occident, aux spotters, snipers, aux drones et lasers de guidage, aux satellites, aux Russes... gloire à tous du plus haut des cieux redevenus bleus, depuis que retombe sur les ruines de Raqqa la poussière des bombardements. Rien du tout ! Nous n'avons rien gagné du tout.
Avant de s'applaudir, il aurait fallu vaincre la nature humaine dans sa barbarie affleurante qui ne demande qu'à émerger. Les monstruosités ont été perpétrées par des hommes et des femmes libres, volontaires, à fond sur la pédale. Ils étaient normaux avant de s'engager, les rescapés vont le redevenir progressivement. Alors cherchera-t-on les pourquoi et comment, les "motivations" comme ils disent, pour y porter remède ? Idiot !

L'histoire de l'espèce humaine est un musée de l'horreur et les Daechiens ne furent pas les pires sinon les plus médiatisés. Le torrent d'atrocités n'a jamais réellement cessé sur terre, quand un hémisphère s'apaisait, l'autre prenait feu, et cela dure depuis toujours. Il n'est besoin d'aucun exemple, chacun sent le démon en lui caché, tapi. Il n'y a pas de progrès, le temps n'y fait rien, les hommes de l'Antiquité ont déjà fouillé toute la pensée humaine et regardé les malheurs qu'elle sait provoquer et s'y complaire. La civilisation n'est pas une évolution, rien n'a changé depuis. Si, nous avons compliqué l'analyse à l'infini mais la réalité, elle, est toujours aussi simple : nous sommes damnés par construction, désespérance.

Par son exterritorialisation, Daech va morpher en quelque chose de luciférien, insaisissable jusqu'à la future apocalypse (littéralement), son vivier est inépuisable.


Le discours du roi avant l'orage

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C'est depuis Oviedo où le roi Felipe VI et son épouse vinrent remettre les prix Princesses des Asturies que fut prononcé hier vendredi un discours pour l'unité espagnole, empreint de plus de chaleur que l'adresse constitutionnelle du 3 octobre à Madrid rapportée ici.
Ce discours précède les décisions du Conseil des ministres convoqué aujourd'hui par le président du gouvernement, Mariano Rajoy, qui rentre de Bruxelles assuré du soutien de tous les pays de l'Union et de ses institutions contre la sécession catalane. Quel que soit le déroulement de la crise à Barcelone, le discours d'Oviedo fera date en tant qu'ultime appel à la raison.
Lundi, Royal-Artillerie proposera un article sur le même sujet intitulé "Indignation symétrique en Espagne".


(source Casa Real)

Indignations symétriques en Espagne

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Plaça de Sant Jaume (Generalitat), Barcelona

 

155* c'est l'article 37 allemand voire l'article 16 français : pleins pouvoirs ! Carles Puigdemont et ses parrains catalanistes ont obtenu l'humiliation recherchée, sensée remettre du charbon en chaudière pour provoquer la répression qui attendrira les peuples d'Europe. On va tout entendre du coup d'Etat au déni de démocratie mais el pueblo unido jamás será vencido ! Il pleut, on rentre. L'Europe s'en fout ! Les dirigeants de Barcelone n'ont pas saisi la porte de sortie honorable que Madrid leur entrouvrait : convoquer jeudi dernier des élections législatives régionales sous soixante jours pour les perdre démocratiquement et sauver l'avenir en conservant le statut actuel. Au lieu de quoi, le président (par défaut) a passé la patate chaude à Carme Forcadell, présidente du parlement de Catalogne pour qu'elle organise un débat sur le quoi faire. Quel courage, monsieur Puigdemont ! Quel courage, mais son air d'étudiant à crinière n'augurait pas d'un tempérament guerrier. Les Catalans de tous bords vont assister la mort dans l'âme à une reprise en main. La communauté autonome rend les clefs jusqu'à meilleure fortune à des gens qu'elle a insultés. Tout va dépendre maintenant du doigté apporté par le gouvernement central dans la gestion locale de la crise. Mais si les Cortes de Madrid n'entament pas tout de suite la procédure de révision constitutionnelle, trop de gens désœuvrés ou faciles à convaincre vont fermenter et ravager une Catalogne promise à la ruine. L'Espagne doit s'autonomiser à fond : trois siècles d'histoire à effacer. Mazette, on commençait à s'ennuyer !

Depuis l'aube du monde ce que l'on nomme dans les titres royaux "les Espagnes" commence au sud de la ligne de crête des montagnes pyrénéennes pour finir à l'Afrique. Et nul n'y changera rien. Sanche le Grand (♰ 1035) était Rex Hispaniarum, autant dire roi d'Ibérique, colossal ! Si l'on exclut le royaume de Portugal tourné vers l'outremer, le territoire de la péninsule, farci de royaumes, fut très longtemps morcelé, un peu à la manière italienne, puis partagé entre les couronnes de Castille et d'Aragon qui en firent des agrégats. Ces Espagnes ont duré jusqu'à la guerre de Succession entre les maisons de France et d'Autriche, quand vint le temps d'une unification politique et budgétaire, les suzerainetés ne suffisant plus à la gestion de l'espace. C'est le roi Bourbon Philippe V qui réorganisera tout le territoire des Espagnes autour des années 1715, répliquant plus ou moins le schéma centralisateur français (source). Cette marche à l'intégration se continuera par une assimilation forcée, que briseront les deux républiques puis que renforcera le fascisme. Le pouvoir légataire du franquisme tiendra compte de l'histoire écrite dans la terre d'Espagne après la mort du Caudillo en 1975 pour équilibrer une nouvelle constitution (1978). D'où les divers statuts d'autonomie poussée des provinces actuelles. On a repris alors la route des Espagnes à la satisfaction générale, Catalans compris. Mais la Catalogne veut toujours plus.

Citadelle-musée de Montjuïc (Barcelone)

Toujours plus, au motif que la Seconde République lui avait octroyé une quasi-indépendance. La seule question qui vaille aujourd'hui à l'adresse des leaders catalans est : pour quoi faire ? Pour brasser plus de pognon à Barcelone ? pour dépenser sans compter ? pour s'enrichir personnellement comme tous les révolutionnaires du monde ? Si l'on me parle de "culture bafouée", de "civilisation brimée", de "catalanité combattue", je dis foutaises, ce n'est tout simplement plus vrai depuis quarante ans, la dictature franquiste est loin. Mais depuis la libération, on infuse dans l'esprit des écoliers le martyre de la Catalogne opprimée ; et bien sûr, les enfants de jadis ont grandi dans ce bouillon nationaliste de synthèse, ont regardé dans le rétroviseur plus que par le pare-brise jusqu'à se couper des perceptions culturelles de la rue (les putes sont japonaises) et des réalités socio-économiques modernes (l'IBEX s'est enfui). Autant dire que le nerf de la guerre d'indépendance est en train de quitter la région rebelle, non par un complot international des Forges maçonniques et des Banques cosmopolites, mais parce que nulle entreprise, quelle que soit sa taille, n'a vocation à mourir de bêtise quand cinquante kilomètres plus loin, elle va prospérer. Et les livres se souviennent aussi de la révolution sociale de 1936 dont les partis gauchistes de Barcelone s'imaginent être les continuateurs et qui a laissé d'impérissables souvenirs.

Dans une déclaration faite juste avant le référendum extravagant du 1er octobre 2017, Mgr Sixte-Henri de Bourbon Parme, régent de la tradition carliste et grand détestateur de la constitution de 1978**, évoque "les Espagnes" comme ciment de l'union espagnole (voir la page de Katehon). A part de lui, tout converge au retour des suzerainetés médiévales sous une forme moderne. Le centralisme français d'importation ne fut jamais une réponse au-delà des Pyrénées. Les peuples espagnols sont fiers, à la limite chauvins et rétifs à l'uniformisation qui effrite le ciment national. On peut d'ailleurs les amuser adroitement de manifestations folkloriques et religieuses qui permettent de gérer le reste.

Le roi, raide et compassé en même temps, ne doit pas s'enfermer dans un juridisme étroit, même si l'intransigeance constitutionnelle de Mariano Rajoy est la seule réponse possible pour le moment. Il est le roi de toutes les Espagnes, il peut jouer le rôle du good cop comme dans le discours d'Oviedo (clic) et pousser à la réforme en sortant lui-même des rails constitutionnels s'il le faut. Le temps des juristes est venu. Tant la Catalogne que l'Euzkadi doivent restées amarrées à la couronne d'Espagne comme l'étaient jadis les provinces étrangères à la couronne d'Aragon, qui était passée au XV° siècle du statut de royaume pyrénéen à celui d'une thalassocratie méditerranéenne puissante, avec Barcelone comme tête de lignes. La Catalogne en réduction qui propose la sécession n'arriverait à rien. Sa cousine basque ne ferait pas mieux.

Possessions de la Couronne d'Aragon au XV° siècle


Quant à déteindre sur le reste de l'Europe, cette prospective des dominos est pure manipulation des centralisateurs obtus. Des entités historiques assez fortes, capables de s'extraire d'un Etat régulièrement constitué et ayant une surface suffisante pour jouer leur partie sans appeler de la Dette à chaque fin de mois, je n'en vois que deux : les héritiers du royaume d'Ecosse (qui jadis passa la Auld Alliance avec le royaume de France) et ceux d'une réunion des royaumes de Piémont et de Lombardie (la Padanie alpine). Tout le reste est "enclavé" et pour la France, stupide. La Corse est très dépendante, l'Occitanie politique n'existe pas (même réduite à la Septimanie), Bretagne, Alsace sont du folklore, le pays basque français est une question à part.
La seule équivalence à la lutte catalane serait les Flandres belges, mais comme pour la Catalogne la seule question qui vaille serait : "pour quoi faire ?". Des économies sur la Wallonie ? Une indépendance d'usufruitiers ? La création de postes prestigieux à compte des contribuables? La gloire ? Même les Hollandais les détestent.

A l'heure des Etats-continents, il est presque risible de voir certains intellectuels soutenir l'émiettement de l'Europe occidentale au motif fumeux du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, quitte à en crever (comme le Kosovo). L'Union européenne doit gagner en force pure dans le grand jeu diplomatique. Le Soft Power par le commerce et les crédits de développement ne marche plus. Attaquée de partout dans le champ démographique par des migrations massives, elle doit résoudre les déséquilibres qui provoquent l'exode du tiers-monde et combattre les offensives délibérées qui la visent. Les Etats-continents ont déclaré la guerre économique mondiale et la noix européenne doit résister entre les branches du casse-noix sino-américain. Pour ce faire, il faut passer outre les interminables conférences à 27 ou 30 en dix langues et parler d'une seule voix à Trump et Xi. A défaut de quoi L'Europe sera achetée (conquise), région par région, matée et consommée sur place comme il en fut lors de la conquête maure de 711.

Mais parce que c'est aussi une communion de peuples très anciens, souvent antagonistes, l'Europe doit trouver un juste équilibre entre les aspirations réelles d'une démocratie de proximité et la puissance continentale nécessaire à notre survie. L'Europe des régions est une proie.
En attendant l'embellie politique, on fera son profit de l'entretien donné à Royauté-News par Marie-Thérèse de Bourbon Parme, la pasionaria carliste de référence, en cliquant ici. Nous partageons avec elle l'amour des fueros ou chartes communales, franchises et immunités qui sont l'essence-même de l'enracinement des peuples dans leur diversité, s'ils savent en revanche s'unir au plus loin pour perdurer.

Europe des régions subordonnées


Notes :
(*) Artículo 155 de la Constitución española de 1978:
1. Si una Comunidad Autónoma no cumpliere las obligaciones que la Constitución u otras leyes le impongan, o actuare de forma que atente gravemente al interés general de España, el Gobierno, previo requerimiento al Presidente de la Comunidad Autónoma y, en el caso de no ser atendido, con la aprobación por mayoría absoluta del Senado, podrá adoptar las medidas necesarias para obligar a aquélla al cumplimiento forzoso de dichas obligaciones o para la protección del mencionado interés general.
2. Para la ejecución de las medidas previstas en el apartado anterior, el Gobierno podrá dar instrucciones a todas las autoridades de las Comunidades Autónomas.

(**) Sixto de Borbón à El Pais en 2013 : « Estamos en presencia de una seudoconstitución, que no puede tener principios en función de su origen bastardo y espúreo. El sistema [constitucional] del 78 se basó en la mentira, por lo que antes o después tenía que desmoronarse. El desfondamiento institucional, moral y religioso hace, sin embargo, que no podamos celebrar en exceso el fiasco »

Puigdemont, grand diseu petit feseu !

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Le président de la Généralité de Catalogne
Pour la deuxième fois depuis l'ouverture de la crise référendaire, Carles Puigdemont passe la patate chaude voire brûlante à Carme Forcadell, la présidente du Parlement de Catalogne.

La première fois, ce fut au lendemain du référendum interdit mais gagné ou presque, le 2 octobre 2017 quand la déclaration d'indépendance promise fut suspendue sans conditions, ou du moins conditions si floues qu'elles annulaient toute réplique ultérieure. Demander un dialogue et la médiation étrangère revenait à publier des vœux de prompt rétablissement à une Catalogne meurtrie.
La deuxième fois date de samedi soir, 21 octobre, en réponse à l'ouverture de la procédure de destitution de l'article 155 de la Constitution espagnole de 1978. Le président saisit son parlement qui doit "débattre", alors que pour annuler les effets de l'art. 155 il aurait suffi de dissoudre la chambre et de convoquer dans le même mouvement des élections régionales. En réaction de quoi, le Sénat aurait stoppé vendredi prochain 27 octobre la mise en route de la destitution du gouvernement catalan, le statut d'autonomie restant en vigueur d'après la décision du Conseil des ministres de Madrid.

Il suffisait alors de faire campagne en instrumentalisant la brutalité castillane (ou galicienne) vis à vis de la démocratie et en gommant le volet "solidarité européenne" qui ne s'ouvre pas ! Le bureau du Parlement annonce maintenant qu'ils se réuniront en session plénière le 26 octobre, veille de la réunion du Sénat. Est-ce pour dramatiser encore plus ? On est en plein théâtre de boulevard. Franchement, les Catalans méritaient mieux !

Ce chef indécis, c'est Louis XVI qui va se faire rattraper à Figueras. En attendant la berline, voici la teneur de la reprise en main selon ZeroHedge :

*Administration directe

Mariano Rajoy demande au Sénat de saquer tout le gouvernement de Barcelone, y compris Carles Puigdemont et Oriol Junqueras son vice-président chargé des questions économiques (un génie).
Le gouvernement central prendrait la main sur l'administration régionale autonome (elle le resterait) jusqu'aux élections législatives à organiser avant six mois.
Si l'actuel Parlement de Catalogne conserverait son rôle délibératif, le gouvernement en revanche serait mis sous la tutelle de Madrid.

*Police

Les hauts fonctionnaires nommés prendrait le contrôle des Mossos d'Esquerra qui ont été impliqués dans la rebellion avant et après le référendum illegal. La chaîne de commandement sera vérifiée et mise en ordre. Le chef des Mossos est déjà inculpé.

*Finances

Le Ministre madrilène de l'Economie a déjà resserré son contrôle des finances régionales afin de bloquer l'utilisation des fonds d'Etat destiné à soutenir la sécession. Les règlements essentiels sont dirigés depuis Madrid, et il en continuera ainsi jusqu'à normalisation.

*Médiats

TV3 Catalogne passerait sous contrôle de Madrid afin que l'information traitée par la chaîne régionale de référence soit "vérifiée, objective et équilibrée, en ligne avec le pluralisme politique, social et culturel du territoire".

Une capitale mondialisée dirigée par un petit journaliste !

Dieu te garde, Catalogne

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La proclamation de la République par le Parlement de Catalogne soulève l'enthousiasme de la moitié des habitants de la province, et le silence de l'autre moitié ne l'entamera pas. Il sera désormais très difficile d'ignorer sur place cette proclamation et au gouvernement central de passer effectivement à l'application physique des tutelles approuvées par le Sénat de Madrid aujourd'hui.


Les indépendantistes se disent prêts à tous les sacrifices pour accéder au rêve au cri de "llibertat!" mais les régionalistes de la couronne d'Espagne comptent sur Madrid pour sauver la Catalogne qui s'est mise en grand danger : l'Europe la refuse, les milieux d'affaires la fuient, la finance internationale ne lui fait pas crédit. L'exode des sièges sociaux - plus d'un millier de sociétés ont émigré - déporte avec lui les domiciliations fiscales et prive donc la Catalogne des contributions directes et indirectes des entreprises comme de leurs cotisations sociales. Le tourisme peut se rétrécir sévèrement pour des questions aussi bêtes que les surprimes d'assurances des tour-opérateurs.
Rien n'est encore fait. La mise en tutelle concernerait les ministères régionaux, la police et accessoirement la radio-télévision ; les finances sont déjà sorties. Seuls vont compter les "détails".
La République pourrait très bien mourir d'insolvabilité totale privant les fonctionnaires de leurs traitements et les services publics des subsides de base.
Pour avoir assisté intégralement à la séance historique du Parlement de Catalogne ce vendredi 27 octobre 2017 grâce à TV3-Catalunya, on ne voit aucun projet national qui sorte des incantations risibles contre le fascisme et autres oppressions castillanes que la constituante à venir va éradiquer. Au-delà de quoi la République catalane va se trouver pendue par les cheveux au milieu de nulle part.
J'avoue comme languedocien être très excité par les développements futurs de cette extravagance unique en Europe occidentale, néanmoins la Catalogne étant une nation de l'arc occitan qui a choisi volontairement de faire une grosse bêtise, nous lui souhaitons quand même bonne chance !


Postscriptum du lendemain qui chante :
Sont destitués à Barcelone et/ou poursuivis :

- Sr. Carles Puigdemont, président de la Generalitat
- Sr. Oriol Junqueras, vice-président de la Generalitat
- Sra. Carme Forcadell, présidente de la Chambre dissoute (pas encore)
- Le major Josep Lluis Trapero, commissaire principal des Mossos d'Esquadra
- Sr. Jordi Sànchez, président de l'ANC (assemblée nationale catalane)
- Sr. Jordi Cuixart, président d'Omnium Cultural
- Suivront cent cinquante noms de hauts fonctionnaires simplement démis de leur fonction (jusqu'à plus ample informé)...

- L'exécutif de la Communauté autonome (qui le reste) est gouverné par la Sra. Soraya Saenz de Santamaria (CV ici)
- Le chef d'escadron Ferrán López, ex-adjoint du major Trapero, est nommé chef-commissaire des Mossos d'Esquadra
- ......





Centenaire de la déclaration Balfour

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Jeudi prochain, jour des Morts chez nous, Israël commémorera les cent ans de la déclaration d'Arthur Balfour, ministre des affaires étrangères de sa gracieuse majesté, qui participa au dépeçage de l'Empire ottoman dans la grande tradition de fout-la-merde du Foreign Office ! Où que vous regardiez sur le globe sauf en Amérique latine, tous les abcès purulents actuels sont des grains de beauté suppurants infectés par les bureaux anglais. Outre maintes raisons aussi tordues que cachées, la déclaration Balfour rémunérait l'engagement des Juifs d'Europe dans les rangs britanniques au Proche-Orient (La Légion juive). Huit jours plus tard, Jérusalem était enlevée aux Turcs ; le sept novembre, le croiseur Aurora tirait au canon pour signaler le commencement de la Révolution d'Octobre à Saint-Pétersbourg. Mais dans tout ce vacarme, on oubliait les grands chefs arabes à qui les Anglais avaient tant promis. On peut lire ci-dessous le texte qui offre un atterrissage en Terre sainte au projet sioniste. Maints livres ont été écrits sur la question du "foyer juif", nous n'y revenons pas. Le centenaire va susciter un torrent d'articles*.
* Orient XXI
* AFPS
* Balfour 100
* Nuit d'Orient
* (votre propre article ici, que vous signalerez dans la section "Commentaires")


On a déjà commémoré cette année (clic) le cinquantenaire de la victoire israélo-arabe de 1967, on pense arriver à un traité de paix quand les poules génétiquement modifiées auront des dents. Israël s'est battu contre ses voisins pour s'agrandir sur un territoire ne lui appartenant pas mais où résidait une population autochtone quasiment apatride. Il y a une ressemblance dans cette captation avec la conquête de l'Arakan par la Birmanie en 1787, où résidaient (aussi) des Rohingya n'appartenant à personne. Les Birmans actuels sont en train de purger le Rakhine (Arakan) de cette anomalie insoumise, en toute cruauté mais parfaite logique. C'est ce que n'ont pas osé faire les Juifs en Cisjordanie en 1967 ; il faut dire qu'ils n'avaient pas la démographie suffisante pour compenser l'exode et qu'il fallut créer le "mythe d'Eretz Israel" pour susciter des candidatures de pionniers (ou colons si l'on veut) afin d'occuper le terrain conquis.

Israël est aujourd'hui devant le dilemme suivant : soit il accepte un Etat palestinien imbriqué entre les colonies juives (qui tiennent tous les captages d'eau), Etat qui lui sera hostile et renforcé par tout le monde arabe jusqu'à l'heure du jugement dernier ; soit il organise l'agrégation des Palestiniens à un Etat juif augmenté qui muterait en état fédéral, en contrôlant sérieusement la démographie du composé ethnique, ce qui est à la fois racialiste et dangereux, mais pas plus que les taches d'encre noire musulmanes qui s'agrandissent chez les nations européennes.

Peut-on raisonnablement penser que la paix s'obtiendra en confinant les uns et les autres ? Pourquoi ne pas bâtir ensemble la Terre sainte de demain ? Bâtir ? Oui, concrètement à chaux et à sable et pas seulement bavarder dans des micros d'estrade pacifistes ou financer des ONG bisounours. Quoi bâtir ? Bâtir quoi ? Et si par exemple on commençait par remonter la Mer morte au niveau de la vraie mer ? Impossible, on noierait trop de terres jordaniennes, mais utiliser le dénivelé entre elle et le Golfe d'Aqaba donnerait de l'hydro-électricité à toute la région, et en ajoutant une station de désalinisation sous pression, enverrait de l'eau douce partout où elle manque. Ce projet existe :

C'est en 2006 que les Etats-Unis et le Japon associés à l'Union européenne et à l'Agence Française de développement ont financé par la Banque mondiale l'étude de faisabilité. Elle a duré deux ans et a coûté un max de pognon (on parle de douze millions d'euros). Les experts pensent boucler le projet avec cinq milliards de dollars. Comment ça marche ?


On refoule l'eau du golfe dans un bassin collinaire jordanien à 600m d'altitude relative au-dessus du niveau de la Mer morte. Puis on laisse couler l'eau vers le nord dans un canal couvert de 180km de long vers l'usine à dessaler et la station hydroélectrique. Finalement, le projet a été réduit en 2013 au format boutique du Sentier : on se contentera de poser un tube depuis le Golfe vers une usine de dessalement et envoyer l'eau vers la partie méridionale asséchée de la Mer morte dont on percolerait les sols. C'est pas cher, mon fils, avec cinq cent millions de dollars tu fais plein de photos officielles. Ce projet économique (en image ci-dessus) plaît aux Juifs, aux Palestiniens et au roi de Jordanie. Il reste à appeler les dons parce que bien sûr, aucun des trois ne veut payer. C'est l'Orient quand même !

Pour finir, le Piéton du roi à la pointe du renseignement vous livre un secret : les grands Etats arabes tout autant que leurs classes moyenne et supérieure en ont ras la chéchia de l'affaire palestinienne qui s'éternise dans la lutte des egos, les revendications marxistes et la corruption des féaux : aussi « crèvent Fatah et Hamas pourris jusqu'à l'os ! ces gens ont fait la démonstration qu'ils étaient incapables de se gouverner ! on a beaucoup donné déjà... et trois guerres !».
C'est ainsi que privés de soutiens extérieurs, vont se liquéfier les embryons de pouvoirs palestiniens laissant ouverte la porte de tous les désordres dans l'indifférence de leurs voisins. Israël devra donc prendre en charge la répression et l'administration quotidienne des deux bantoustans. Il reste trente-et-un ans pour faire un compte rond à cent ans !


A l'impossible nul n'est tenu !

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Fleuriste sans clients, Pyongyang 2016

Les organisateurs de la Biennale Blanche 2017 sont rentrés dépités de la faible affluence des royalistes à leur manifestation. Cette journée à l'ASIEM de Paris avait été annoncée sur Royal-Artillerie dans la colonne de droite de façon permanente mais le nombre assez important de clics sur ce blogue pendant un mois (environ 6000) n'a semble-t-il généré aucun désir d'y participer. Nous n'y fûmes pas non plus. Désolé !

L'affaire est organisée tous les deux ans par la Charte de Fontevrault, chapelle royaliste archi-connue se réclamant du providentialisme et dont le logiciel très simple surmonte la querelle dynastique et les errances périphériques en remettant à la Providence le choix d'un roi pour la France en temps et heure. L'accompagnement de cette "dévolution" ne peut se faire valablement que dans la prière. Même les lois fondamentales du royaume le céderont à la volonté de Dieu, si un jour exprimée, car on ne peut L'encager dans une construction humaine. La Charte de Fontevrault, peut-être à son insu, supprime toutes les lices du tournoi, elle casse les codes et brise l'élan qu'ils donnent.

Aucune chapelle dynastique n'est vraiment captivée par cette prosopopée extérieure qui nie la légitimité de ses propres prétentions exclusives à toute autre. Si Dieu est dans la solution, Il ne peut que choisir le champion pour lequel on s'époumone depuis des lustres. Il n'y a rien à débattre chez les partis royalistes et la démarche œcuménique de la Charte de Fontevrault convoque l'impossible. Aussi les participations antérieures furent-elles de courtoisie et le succès d'estime jusqu'à la lassitude. Cette année, Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme est venu saluer l'organisation. Aucun autre prince ne s'est jamais montré.

Pour les nouveaux lecteurs qui l'ignoreraient, le Piéton du roi est un agnostique maurrassien qui ne dépend d'aucune obédience et ne s'en cache pas. Les refus de collaborer qu'il a opposé à certaines publications monarchistes ont toujours été motivés explicitement par cette "bizarrerie". Mais le même n'est pas athée pour autant, simplement il juge(hou, le vilain mot d'un autonomiste !) que l'affaire de la transcendance est bien plus compliquée que ne le proclament les églises du monde entier et que le Principe d'origine est hors de portée d'un cerveau de trois livres un peu lent. Encore moins imagine-t-il que Dieu (qui nous aurait fait à son image et réciproquement) puisse s'intéresser à la vie des nations sans parler même de celle des individus au quotidien comme le croient les Protestants. Le Principe originel a l'univers comme champ d'exercice et s'il est prouvé que nous sommes, nous tous, de la poussière d'étoiles, rien ne dément que le Ciel ne soit vide ou tout au moins indifférent à notre sort, quand on contemple l'immonde barbarie de l'espèce humaine. On va s'arrêter là et attendre Stephen Hawking et les frères Bogdanov sur le boson de Higgs. (fin du paragraphe distancié)

Dans nos sociétés post-modernes, la monarchie ne peut être qu'un mode d'organisation de l'Etat, encadrée d'une charte ou d'une constitution approuvées par la nation des citoyens administrés par lui. Les modalités peuvent être très différentes d'un pays à l'autre selon ses atouts propres et les avantages que les constitutionnalistes veulent retirer du régime monarchique visé. On commence en général par la fonction d'unification des peuples constitutifs de l'espace géré, puis vient la fonction d'exemple moral donné à la multitude (c'est l'origine du rex) ; viennent ensuite, s'il est prévu que la couronne s'implique dans le gouvernement de l'Etat, la fonction d'arbitre entre les ministres ou entre les partis politiques, pour aller parfois jusqu'au commandement d'un domaine réservé ou de tout le domaine régalien, les armées étant privilégiées à ce stade. Des fonctions thaumaturgiques peuvent aussi s'inscrire dans une vieille tradition et s'exercer à de rares occasions pour évoquer une transcendance spirituelle. C'est le cas de la Thaïlande, mais quelque part aussi de la Grande Bretagne. Normalement en Europe la famille royale pratique de manière ostentatoire la religion qui a fondé la nation, religion souvent majoritaire dans la culture populaire. Cela participe de la fonction de rassemblement qui est la première citée.

Cette définition de la monarchie est acceptable par toutes les chapelles dynastiques, sauf... par la chapelle providentialiste qui s'en remet exclusivement à Dieu, ce qui est son droit. Mais pourquoi inviter chez soi des royalistes qui ne partagent rien avec vous puisque c'est une question de foi, et purement de foi. La foi ne se démontre pas, n'entre pas en débat, ne s'utilise pas. C'est une grâce qui facilite la fin de vie à ses heureux bénéficiaires, ce n'est pas un argument politique. Quelle mouche pique certains à vouloir rassembler les gens qui ne s'aiment pas ?

L'œcuménisme est à la mode (on célèbre aujourd'hui les cinq cents ans du placard dévastateur de Martin Luther) jusqu'à nous faire croire que la séparation des églises chrétiennes n'était que caprice pour des détails obsolètes. Faux ! Les dogmes et les interprétations sont différents, parfois antagonistes. Qu'est-il besoin de vivre ensemble des liturgies qui s'opposent au fond ? L'œcuménisme est pure agitation, une invention d'épiscopes en mal de reconnaissance, à la limite une supercherie qui semble dire que tout cela est vain, seule la charité compte etc... et l'eschatologie, une occupation de théologien moisi sans audience.
On va jusqu'à rapprocher au plus haut niveau de la chrétienté catholicisme et islam (une religion du Livre !), alors qu'on ne procéderait pas de la sorte avec le judaïsme qui est pourtant le monothéisme fondateur ! Avec quel succès à la fin ? Aucun ! La présence divine dans les espèces est niée et même brocardée avec grossièreté. Tout le dogme marial est nié. Il suffit d'avoir des amis réformés pour comprendre que la distance ne peut se réduire, sauf à partager des œuvres caritatives. Pourquoi vouloir réussir sa vie dans l'œcuménisme royaliste où la haine affleure aujourd'hui, comme elle explosait jadis au temps des guerres de religion ? Le parti de Bourbon ne supporte pas l'arrogance d'un parti d'Orléans prétentieux, lequel se moque ouvertement de l'hispanité de la branche aînée (malgré les épouses ibéricaines de la maison de France) quand on ne s'abandonne pas à évoquer les cascades d'alcôve.

Le projet de rassemblement de la Charte de Fontevrault est impossible sauf peut-être au sein de la sphère intégriste par le truchement de la transcendance en laquelle tous croient ou font mine de croire. Devrait-elle remplacer la Biennale Blanche par une grand messe blanche des royalistes de toutes obédiences, à Saint-Denis par exemple, à chaque quinze août en mémoire de la consécration du royaume à la Vierge Marie par le roi Louis XIII en 1638 ? La messe est le seul bien commun à toutes les chapelles. Tout le reste diffère et les oppose. Je le suggère en toute amitié.

Comme qui dirait du jour au bout du tunnel !

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Où bien Carles Puigdemont est le génie méconnu que la Catalogne attendait depuis Charlemagne, sinon quelque Salvador Allende en fuite avant que Rajoy-Pinochet ne le cloue à la porte de la Moncloa ! Le fait est que l'application stricte (dura lex sed lex !) des lois sédition et rébellion dévie beaucoup d'eau vers la turbine indépendantiste.

La cote de l'indépendance catalane a monté subitement dès l'incarcération des ministres séditieux à Madrid (après celle des deux chefs ultras, les Jordi) à tel point que dans l'hypothèse d'un scrutin législatif demain dimanche, la libération de la communauté autonome l'emporterait, de justesse certes, mais l'emporterait en droit ! L'Indépendant de Perpignan publie (clic) un sondage du Centre d’estudis d’opinió (CEO) de la Generalitat en date du 1er novembre, qui donne 48,7% d'opinions pour l'indépendance contre 43,6% de non (le solde ne sait pas). En juin, les résultats du CEO étaient inversés : 41,1% pour et 48,7% contre, ce qui conduisit la coalition catalaniste à mafiater le référendum du 1er octobre.

On comprend bien désormais pourquoi les partis indépendantistes se ruent sur les élections régionales organisées par M. Rajoy le 21 décembre (à l'exclusion de la CUP anticapitaliste qui boude). Favorisés par une fusion des partis rebelles, les résultats dans la droite ligne du sondage seraient une magnifique revanche sur la dictature espagnole. Imaginez déjà la libération des martyrs de la prison Soto del Real sous le crépitement des flashes et le retour de Puigdemont en gare de Gérone avec deux drapeaux catalans croisés au nez de la locomotive !

Comment l'opinion a basculé ?

Par l'émotion ! En démocratie, l'émotion joue des tours aux raisonneurs. Bien sûr que la Justice espagnole est indépendante et applique les lois. Les gens qui tiennent les stylos de la rigueur judiciaire, comme Carmen Lamela sont irréprochables. Mais l'affaire n'est pas qu'anticonstitutionnelle malgré les avertissements explicites du Tribunal constitutionnel aux dirigeants catalans ; elle fut, demeure et sera politique aussi. Ce qu'a bien vu le président en exil au point de presse de Bruxelles mardi 31 octobre. Accordons-lui d'avoir anticipé la conversion de l'opinion.

L'émotion submerge les réalités, les cruelles vérités économiques par exemple, et emporte les cœurs vers un plébiscite pour l'indépendance. Les lendemains ne chanteront pas, mais le dicton "mon verre est petit mais je bois dans mon verre" aura l'avantage, d'une courte tête ou mieux, va savoir !

Il serait présomptueux ici de prédire ce que fera le pouvoir espagnol en cas de victoire démocratique des indépendantistes au scrutin législatif du 21 décembre. Un référendum national ? Déclencher la lourde procédure de la révision de la constitution de 1978 ? Laisser partir la belle province à la dérive ? Il est plus intéressant de s'inquiéter de l'Europe.



Comment basculera l'Europe ?

Les dirigeants européens unanimes excluent déjà la province rebelle de la Communauté. Mais ça c'est avant ! Avant le 22 décembre 2017. Les traités, directives et règles tiendront-ils longtemps à la poussée d'une libération des peuples ? Car le 22, la Catalogne Libre ne sera plus seule. La casserolade va gagner tout le continent au seul motif d'une victoire sur l'oppression des Etats-nations obsolètes pour garantir le bonheur des peuples, etc. Que cela soit très romantique, voire enfantin, n'en diminue pas la force. Les peuples ne sont pas adultes, c'est pourquoi ils ont de temps en temps des tyrans.

On peut parier que le Roussillon français va défiler et faire le plus de bruit possible, les Corses profiteront de l'embellie souverainiste, les Basques sortiront le drapeau de l'Euzkadi à Saint-Jean de Luz. Mais ce sont les régions lourdes que les pouvoirs européens peuvent craindre, au premier chef desquelles le Pays basque espagnol, l'Ecosse, les Flandres belges, la Vénétie. Si le concert de protestation contre l'exclusion est bien réglé, la Commission ne tiendra pas le choc. S'y agrégeront ensuite les régions folkloriques menées par des suceurs de roue en Bretagne, Alsace, Lombardie, Bavière peut-être pour augmenter le vacarme et la vieille Galice. A partir de là, tout peut arriver. Même Poutine peut s'introduire dans le désordre européen. Super-gag !
Un absent de marque au débat espagnol : Don Felipe régnant !


Une question transcendantale : la gare de Perpignan restera-t-elle le «Centre cosmique de l'Univers» ?



Le dilemme des Chrétiens d'Orient

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- Dinanderie d'argent du VIIè siècle avec saint Julien d'Emèse à cheval -

Une exposition sur les chrétiens d'Orient est proposée à l'Institut du monde arabe de Paris jusqu'au 14 janvier 2018. Allez-y, c'est bien. Lire la présentation de l'expo par l'IMA en cliquant sur l'assiette est très instructif. Plus vieilles communautés orientales du Moyen Orient avec les communautés hébraïques et zoroastriennes, les chrétiens reçoivent l'assaut des musulmans sunnites travaillés au corps par la propagande wahhabite de l'Université et des imams. S'y joignent les barbares du califat pulvérisé et par endroit les Turcs.

Le mouvement laïque baassiste de Michel Aflak (1910-1989) qui s'étendit sur toute la Mésopotamie et influença l'Egypte nassérienne fut le seul à garantir par défaut leur place aux chrétiens d'Orient à travers, malheureusement, deux dictatures féroces que sont et furent celle des familles Assad en Syrie et Hussein en Irak.

L'amalgame est vite fait entre la manifestation de la foi et les positions de pouvoir prises par certains chrétiens dans les gouvernements ou les armées. Si l'Irak chiite a purgé complètement sunnites et chrétiens de son administration - on a vu en 2014 décamper de Mossoul son armée de "militaires" chiites payés au mois, laissant derrière elle ses arsenaux pleins -, la Syrie d'Assad a enrôlé beaucoup de chrétiens pour pallier la désertion de cadres démocrates ou carriéristes, attendant à Paris un morceau de la proie.

Le pouvoir irakien a poussé à l'exode pour redistribuer les accaparements obtenus à ses propres clients. Le pouvoir syrien, bien que dérivant de la même branche islamique (chiite-alaouite) a maintenu la laïcité de sa constitution puisque minoritaire en démographie. Même si les chrétiens furent brimés sous Hafez el-Assad pour faire sa place à la communauté alaouite, le régime de son fils ne peut se couper des dix pour cent chrétiens de la population totale, qui lui sont favorables implicitement, même s'il est régulièrement interpellé sur des réformes à faire par certains penseurs chrétiens. Le cas des églises de diverses obédiences est à part. Elles sont maintenues dans l'expression visible de leur foi comme preuve rusée d'une fonction Père de la Nation que Bachar el-Assad aime cultiver. Quoiqu'il en soit, il ne sont pas pourchassés et voit l'Alaouite comme un rempart.

On relèvera le paradoxe entre la zone d'influence russe et la zone d'influence américaine. En Syrie, s'exerce une réelle pacification multiculturelle, en Irak, le pouvoir a beaucoup de mal à cacher son parti-pris contre tout ce qui n'est pas chiite, jusqu'à lâcher les hyènes des milices Sadr sur les villes reconquises pour étancher leur soif de sang sunnite.

L'actualité oblige à dire un mot du Liban, même s'il ne participe pas à la querelle présente. Relevons juste que le premier ministre sunnite Hariri, bloqué au royaume des Séouds, aurait échappé aux sicaires du Hezbollah allié du président maronite Aoun qui s'est rangé derrière les flagellants chiites ! Le chef des Druzes Joumblat aurait préféré qu'il combatte l'accaparement du Sud-Liban par la République islamique d'Iran. Au péril de sa vie ? (Clic : actu sur l'Orient-Le Jour de dimanche 5.11.17) Le Liban est un monde à soi-seul, un chaudron où bouillonnent tous les problèmes du Proche-Orient. Qu'il soit aussi un Etat chrétien ET musulman est exemplaire si, il fonctionne, ce que certains détestent. Aussi est-il déstabilisé en permanence. Les Libanais de tous bords ont pris le parti de vivre de crise en crise. En voilà une encore avec la démission surprise de Saad Hariri, qui tiendra bien jusqu'à l'Epiphanie !

L'avenir des chrétiens d'Orient n'est pas écrit. Peut-être que la lassitude populaire devant les massacres gratuits et les destructions immenses changera les mentalités musulmanes et laissera sa place à chacun. Comme on dit, la "Rue arabe" peut aussi en avoir marre des imams et autres feignants encore en chemise de nuit à midi passé, qui ne cessent de prêcher la haine d'autrui.
Pour le moment, on ne peut compter que sur Vladimir Poutine pour éviter une reprise de l'urticaire islamiste envers les communautés orthodoxes, mais jusqu'à quand ? Ses moyens d'intervention sont limités et dispendieux. Les autres communautés chrétiennes dépendant de Rome sont moins assurées de leur survie avec un pontife particulièrement indulgent sur la mise en mouvement des masses islamiques en quête de prestations sociales meilleures qu'au pays. En attendant le beau temps, on ne perd pas son temps en soutenant l'association SOS Chrétiens d'Orient qui en plus est classée à droite toute par la presse conforme !


Autres billets de Royal-Artillerie sur la question :
- Chrétiens perdus par l'Empire (2007)
- Syrie, une laïcité sans avenir (2013)
- ND du Liban (2016)


Le Danton (1909-1917)

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Les billets commémoratifs de Royal-Artillerie publiés pour le onze novembre n'ont jamais fait sa part à la Marine nationale. Voici pour l'avant-dernier, une évocation des batailles navales de cette année 1917.

La Mission du Centenaire recadre la guerre maritime à l'intérieur d'une note donnée par le professeur Frank :

« Les batailles en mer sont moins sanglantes mais décisives en 1917. La bataille du Jutland de la fin mai 1916 avait confirmé l’incapacité de la marine de surface allemande face à la supériorité de la marine britannique même si celle-ci avait subi des pertes plus importantes dans cet affrontement naval. Au blocus maritime infligé par la Grande-Bretagne qui provoque de graves pénuries, préjudiciables à ses industries de guerre, à son ravitaillement et au moral de sa population, l’Allemagne répond par l’attaque des navires de commerce par ses sous-marins. En janvier 1917, elle décrète même "la guerre sous-marine à outrance" dont les premiers succès sont indéniables. En avril, plus de 860000 tonnes de bâtiments marchands sont envoyés par le fond. Après les empires centraux, les alliés connaissent donc à leur tour de sérieux problèmes de ravitaillement. Mais, le Royaume-Uni, avec l’aide des Américains, gagnent cette bataille de l’Atlantique en organisant des convois pour protéger les navires civils. Les pertes tombent à 400000 tonnes en décembre et à 300000 au début de l’année suivante. La dissymétrie est rétablie : les pénuries frappent plus durement l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie que la France ou la Grande-Bretagne. Surtout, même si les Allemands en ont mesuré le risque, la guerre sous-marine provoque l’entrée en guerre des Etats-Unis contre eux.»

Ah, les aquarelles de marine !

La France avait laissé l'Atlantique orientale et la Mer du Nord à la Royal Navy pour mettre ses plus gros moyens navals en Méditerranée afin de protéger ses convois coloniaux et le débouché du canal de Suez. En Méditerranée la 1ère Armée Navale fit face aux marines des empires centraux et jusqu'en 1915 à la marine italienne. Les Austro-hongrois opéraient à partir des ports de l'Adriatique-nord comme Trieste et Pola (à la pointe de l'Istrie) où ils hébergèrent deux croiseurs allemands venus en renfort.

Une curiosité d'abord : En avril 1917 arrive à Malte le contre-amiral japonais Kōzō Satō sur le croiseur Akashi avec deux flottilles de quatre destroyers japonais (9 navires en tout) pour libérer la Royal Navy de ses missions d'escorte au commerce. L'Akashi était un croiseur de la classe Suma sur plans japonais (post-Bertin) mais surentraîné par les dommages subis lors de la guerre russo-japonaise de 1905-1906, croiseur qui avait fait entre autres la bataille de Chemulpo, le blocus de Port-Arthur, la bataille de Tsushima, jusqu'au blocus de Tsingtao en 1914. Le 1er juin, une troisième flottille de quatre destroyers rejoint Malte derrière le croiseur Izumo qui relève l'Akashi. Fin 1917, la Marine française se fait livrer à Port Saïd douze destroyers de fabrication japonaise du type Kaba. Elle avait déjà acheté 34 chalutiers nippons en 1916 pour les transformer en patrouilleurs. Même si les choses se gâteront plus tard, il y avait à cette époque une proximité certaine entre les militaires français et nippons, depuis Napoléon III en fait. L'ingénieur naval Emile Bertin (1840-1924) travailla quatre ans aux arsenaux nippons pour construire la flotte de l'empereur Mutsuhito. Les Russes lui doivent le désastre de Tsushima où 45 navires du Czar furent coulés par les fabrications et copies "Bertin", mais surtout parce qu'il avait fait assimilé aux amiraux nippons le combat d'escadre.

Aujourd'hui nous allons évoquer la classe révolutionnaire* Danton, des cuirassés lancés à partir de 1909 dans le cadre du Plan naval de 1905. Cette série "surclassée" par les Dreadnoughts anglais fit quand même le job au convoyage et sur le barrage du canal d'Otrante ; le principe de la cuirasse compartimentée sauva des milliers de vies dont celles de l'équipage du Voltaire torpillé deux fois au large de Milos en Mer Egée, qui put rejoindre Toulon. Le Danton, premier de la série - sa fiche détaillée et ses campagnes sont ici - était un cuirassé de 145 mètres de long et 18500 tonnes, propulsé par les nouvelles turbines à vapeur Parsons donnant 22500 chevaux ; le monstre filait 19 nœuds mais était limité en rayon d'action par une forte consommation des soutes dans ses 26 chaudières à charbon. Son armement était composé de deux tourelles doubles de 305mm, six doubles de 240, seize canons Schneider de 75, dix canons rapides Hotchkiss de 47 et deux tubes à torpilles de 450mm.

Le cuirassé Danton, escorté par le contre-torpilleur Massue (un bâtiment de la classe Claymore lancé à Toulon en 1906 avec des tubes de 450mm, commandé par le Lieutenant de vaisseau Cantener), appareilla de Toulon le 18 mars 1917 à 17h30 pour Corfou avec 946 officiers, officiers-mariniers, matelots d'équipage et 155 marins passagers rejoignant leur bord en Adriatique. Le signalement de sous-marins ennemis en Mer Tyrrhénienne obligea le commandant, capitaine de vaisseau Delage, à modifier sa route en choisissant la côte occidentale de Sardaigne plutôt que de doubler le Cap Corse vers Messine, et à se prémunir contre toute surprise en doublant ses vigies ; le convoi avançait en zigzag ; ce qui ne suffit pas.

Au milieu de la journée du lendemain (rapport du naufrage ici), par brise de nord-ouest, mer clapoteuse peu "lisible", au large de l'île San Pietro à la pointe occidentale de Sardaigne, la vigie de hune signala un sillage suspect à 500 mètres seulement. Un coup de canon de 47 fut tiré au jugé. A 13h17 selon la radio, le Danton recevait par son bâbord avant sous la chambre de commande de la tourelle de 305 puis en plein flanc au niveau des machines contre la chambre des dynamos, deux torpilles allemandes du sous-marin U-Boot 64 (Kapitänleutnant Robert Moraht - 1884-1956) qui sera grenadé et canonné ensuite le 17 juin 1918 par HMS Lychnis.

Le commandant Delage engagea le combat, mais les équipements électriques tombaient en panne les uns après les autres, jusqu'à la barre qui devint inopérante. Le contre-torpilleur qui ouvrait la route rebroussa chemin pour grenader le submersible. Dix minutes passées, le navire commençait à donner de la bande et les potences électriques des canots étaient inutilisables. L'équipage évacua sur ordre en se jetant à la mer pour rejoindre le Massue et un peu plus tard les chalutiers accourus sur zone. La ceinture d'acier alvéolée donna le temps nécessaire au Danton pour évacuer son équipage mais c'est l'honneur qui engloutit le commandant qui refusa de quitter la passerelle. Il y eut 296 morts, congestionnés ou noyés. Le grand Danton mit une demi-heure pour chavirer sur son bâbord et partir au fond, Delage restant cramponné à la passerelle criant "Vive la France". Ironie du sort : Delage était sous-marinier dans l'âme, ayant commandé auparavant le Gymnote, le Gustave-Zédé puis la 1ère Flottille sous-marine de Toulon en 1909.


Mais Joseph Delage (1862-1917) était plus que cela : il sortit de l'Ecole navale à dix-huit ans. Après une carrière dans l'Empire comme à l'Hôtel de la Marine à Paris, il entre en guerre à la tête du 1er régiment de fusiliers-marins et toujours devant aux combats d'Ypres, de l'Yser et de Dixmude, il est blessé le 23 octobre 1914, ce qui ne le prive pas de commander encore la manœuvre... Bref, un sacré tempérament de gaulois indestructible. On le retrouve en photo en août 1915 dans les tranchées à Furnes en conversation avec l'amiral Ronarc'h... puis il embarque à Toulon sur le Danton à la Noël 1915.

Des sondages hollandais pour un tracé de gazoduc repérèrent la gigantesque épave en 2008 par plus de mille mètres de fond. Bizarrement la descente du navire l'avait fait dériver de plusieurs nautiques, les coordonnées de 2008 ne correspondant pas à celles de 1917 (25 milles au SW du phare de Capo Sandalo), ce qui nous indique qu'il avait une carène fluide. La Marine de guerre perdit 19945 marins auxquels s'ajoutent 3200 marins au commerce (source Paul Chack). Quant à la brigade de fusiliers-marins de l'amiral Ronarc'h qui combattit sur l'Yser, elle fut consommée en totalité en seize mois (6500 hommes) selon ses propres mémoires. A l'armistice de 1918, les pertes matérielles françaises totalisaient 4 cuirassés, 5 croiseurs, 6 croiseurs auxiliaires, 23 contre-torpilleurs, 13 sous-marins, 75 avisos, patrouilleurs et chalutiers réquisitionnés. La guerre maritime ne s'achèvera pour la Royale qu'en mai 1919 quand cesseront les opérations de supériorité navale prévues en Mer Noire par l'armistice de Moudros entre les Forces de l'Entente et l'Empire ottoman (30 oct 1918).


Hommage à nos marins morts pour la France !

19 mars 1917, le cuirassé Danton va chavirer par bâbord


* Six cuirassés : Danton, Voltaire, Diderot, Condorcet, Mirabeau, Vergniaud
** Source principale Marine nationale
*** Ndlr : les billets du Onze Novembre sont tous libellés "1111"


Epave du Danton latitude: 38°45'51''  longitude: 8°11'01''


Le coup mou catalan

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Le royaume au sang noir a la chance d'être gouverné par une médiocratie périphérique qui le sauve des rusés et autres habiles en agitation, propagande et victoire. Avec 43% d'indépendantistes déclarés en Catalogne, Lénine en aurait fait une bouchée.

Carme Forcadell, parlement de Catalogne
Ne doutant de rien, c'est pourtant ce vieux schéma que choisirent les catalanistes dès l'instauration de la Communauté autonome il y a quarante ans. Laver les cerveaux des générations montantes aux souffrances d'une République injustement vaincue, imposer par tous moyens une langue locale entendue de soi-seul, purger l'université des tièdes, multiplier les passe-droits aux pensent-droit, s'envelopper de la toge démocratique tout en travaillant les scrutins, exciter l'oppression franquiste en continu, et dans la pleine arrogance du sot, ignorer les avertissements de Bruxelles et Madrid. Le Parti communiste français suivait pareil schéma soviétique dans les années cinquante, c'est peu dire qu'il s'est planté, la société avança sans lui !

Dans ces circonstances dramatisées à outrance il fallait des pointures à la manœuvre plus qu'au pupitre. A part la tchache on n'a rien vu de probant. Embastillés sans résistance aucune, les ministres ont fini par "abjurer" leur foi et déclarer qu'ils œuvreraient désormais dans le cadre de la constitution espagnole de 1978 s'ils continuaient jamais à faire de la politique (mort de rire !). La présidente du Parlement de Catalogne a plié devant la Fiscalia, payé 150000 euros pris sur les dons et cotisations populaires, pour rentrer chez elle faire des tartes aux poires à ses gosses. Mais le plus beau est la fuite en Egypte du président de la République nouvelle, esquivant les sicaires d'Hérode !

Soraya de Santamaria
gouvernement de la Generalité
Justement, puisqu'on parle de Mariano Rajoy, revenons au principal. C'est un politicien très moyen avec une petite licence en droit de Galice, ayant grimpé les échelons dans l'écurie du phalangiste José María Aznar. Il tient dans son fauteuil comme bouche-trou de la charge de président du gouvernement afin que nul ne s'en empare parmi la classe politique espagnole passablement déconsidérée. Dans l'affaire catalane, après les semonces d'usage, il a malgré tout le mérite d'avoir écrit la jurisprudence des décrets d'application de l'article 155 de la constitution, inédit jusqu'ici, dont les termes vagues laissaient place à toute interprétation.
Ceci fait, il a passé la patate chaude à l'institution judiciaire qui, elle, ne fait pas de politique mais comme la Sainte Inquisition de jadis, applique des textes sans grand discernement, ce qui a fait peur aux catalanistes emprisonnés, menacés de trente ans de cage par un tribunal de lézards à sang froid. Derrière la présidente du Parlement de Catalogne, Carme Forcadell, ils ont tous levé les deux bras comme les Panoupanou du Congo, promettant de rester en pensées, en paroles et en action au sein du royaume honni. Bien qu'ancienne présidente de l'ANC (Assamblea Nacional Catalana) et égérie indiscutée du mouvement de libération catalan, elle n'a pas osé participer à la manifestation monstre de samedi dernier à Barcelone pour exiger la levée d'écrou de huit capitulards du gouvernement Puigdemont et des deux Jordi enchaînés à leur obstination séditieuse qui fait d'eux les bons lampistes. Reste le Dalaï Lama !

Ada Colau, alcade de Barcelone
Depuis la Belgique où il est assigné à résidence, Carles Puigdemont appelle au front patriotique pour les élections législatives du 21 décembre, mais les pertes de charge en ligne obèrent tout rassemblement des partis unis dans la précédente législature. Il lui faudrait être dans les couloirs du mouvement pour convaincre les uns et les autres d'une synthèse hollandienne, en dépit du fait qu'il ait fui comme un péteux, laissant tout le monde affronter la Santamaria. La CUP voulait récupérer sa posture révolutionnaire "sans frais" contre les partis bourgeois qui l'ont trahie, mais les militants chauffés à blanc ont forcé hier le politburo à aller aux élections ; les autres partis catalanistes veulent chacun compter leurs voix et iront dispersés tandis que l'alcade (Podemos) de Barcelone, Ada Colau, n'a pas assez d'insultes en rayon pour stigmatiser l'irresponsabilité des dirigeants indépendantistes qui ont joué avec la Catalogne jusqu'au "désastre" (sic) !

Comme Royal-Artillerie le suggère depuis le début de l'affaire, c'est le fric et le travail qui seront juges en dernier ressort. Les révolutions identitaires ou prolétariennes sont impossibles dans un monde brassé comme le nôtre, qu'on le regrette ou pas. Sauf imparable sursaut de la cause indépendantiste lors du scrutin 21-D, mais il faudrait dépasser 60% des sièges pour que ça fonctionne, la Catalogne va entrer en grand carénage à la Noël. Puisse le peuple pour moitié dégoutté, comprendre l'impasse d'une nostalgie romantique non étayée par les réalités de notre époque, même si le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point (Pascal). Le peuple fut sincère. Ses dirigeants n'étaient pas de taille (pour rester gentil); comme le dirait encore Marie-France Garaud : "nous attendions le marbre dont on fait les statues, c'était de la faïence à bidet".

On peut sur ce blogue poser la question au prince Louis-Alphonse de Bourbon, madrilène de souche et français de racines : « Qu'en pensez-vous franchement, Monseigneur, face au soleil levant ?»


Pica del Canigó 2784m



Catalunya triomfant,
tornarà a ser rica i plena.
Endarrera aquesta gent
tan ufana i tan superba.

Bon cop de falç !
Bon cop de falç, defensors de la terra !
Bon cop de falç !

Ara és hora, segadors.
Ara és hora d'estar alerta.
Per quan vingui un altre juny,
esmolem ben bé les eines.

Bon cop de falç !
Bon cop de falç, defensors de la terra !
Bon cop de falç !

Que tremoli l'enemic,
en veient la nostra ensenya.
Com fem caure espigues d'or,
quan convé seguem cadenes.

Bon cop de falç !
Bon cop de falç, defensors de la terra !
Bon cop de falç !

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